Isabelle Aubret chante Aragon, Ferrat
Isabelle Aubret chante Aragon,Ferrat

La chanson des pipeaux
[Coulonges/Ferrat] (live 1965)
(Refrain)
Les bergers de la lande
Appellent leurs troupeaux,
Où sont ceux qui entendent
La chanson des pipeaux ?
Ma mémoire s'en va sous les pins où je rêve
Je n'entends plus mon pas où craque le bois mort
Je n'entends plus les cordes qui gonflent sur la sève
Ma mémoire s'en va sous les pins où je dors
(au Refrain)
Les rues de mon village étaient blanches
Et les vignes, si elles menaient bien au bistrot,
C'est que ce qu'on y buvait
Etait meilleur que l'eau
(au Refrain)
Pour le 11 novembre, il y avait la musique
Qui allait faire un tour devant le monument
Mais on ne parlait de bombe atomique
Et j'aimais l'air sérieux qu'avaient les paysans.
Paroles: Georges Coulonges.
Musique: Jean Ferrat
Nous dormirons ensemble
Poète : Louis Aragon (1897-1982)
Recueil : Le Fou d'Elsa (1963).
Que ce soit dimanche ou lundi
Soir ou matin minuit midi
Dans l'enfer ou le paradis
Les amours aux amours ressemblent
C'était hier que je t'ai dit
Nous dormirons ensemble
C'était hier et c'est demain
Je n'ai plus que toi de chemin
J'ai mis mon cœur entre tes mains
Avec le tien comme il va l'amble
Tout ce qu'il a de temps humain
Nous dormirons ensemble
Mon amour ce qui fut sera
Le ciel est sur nous comme un drap
J'ai refermé sur toi mes bras
Et tant je t'aime que j'en tremble
Aussi longtemps que tu voudras
Nous dormirons ensemble.
Nous dormirons ensemble [Aragon/Ferrat] (live 1965)
Nuit et Brouillard
Paroles de Jean Ferrat la chanson
Ils étaient vingt et cent, ils étaient des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiraient la nuit de leurs ongles battants
Ils étaient des milliers, ils étaient vingt et cent
Ils se croyaient des hommes, n'étaient plus que des nombres
Depuis longtemps leurs dés avaient été jetés
Dès que la main retombe, il ne reste qu'une ombre
Ils ne devaient jamais plus revoir un été
La fuite monotone et sans hâte du temps
Survivre encore un jour, une heure, obstinément
Combien de tours de roues, d'arrêts et de départs
Qui n'en finissent pas de distiller l'espoir
Ils s'appelaient Jean-Pierre, Natacha ou Samuel
Certains priaient Jésus, Jéhovah ou Vishnou
D'autres ne priaient pas, mais qu'importe le ciel
Ils voulaient simplement ne plus vivre à genoux
Ils n'arrivaient pas tous à la fin du voyage
Ceux qui sont revenus peuvent-ils être heureux
Ils essaient d'oublier, étonnés qu'à leur âge
Les veines de leurs bras soient devenues si bleues
Les Allemands guettaient du haut des miradors
La lune se taisait comme vous vous taisiez
En regardant au loin, en regardant dehors
Votre chair était tendre à leurs chiens policiers
On me dit à présent que ces mots n'ont plus cours
Qu'il vaut mieux ne chanter que des chansons d'amour
Que le sang sèche vite en entrant dans l'histoire
Et qu'il ne sert à rien de prendre une guitare
Mais qui donc est de taille à pouvoir m'arrêter
L'ombre s'est faite humaine, aujourd'hui c'est l'été
Je twisterais les mots s'il fallait les twister
Pour qu'un jour les enfants sachent qui vous étiez
Vous étiez vingt et cent, vous étiez des milliers
Nus et maigres, tremblants, dans ces wagons plombés
Qui déchiriez la nuit de vos ongles battants
Vous étiez des milliers, vous étiez vingt et cent