La musique peut tout entreprendre, tout oser et tout peindre, pourvu qu'elle charme et reste enfin, et toujours, de la musique. Ravel (extrait de Esquisse autobiographique).
Un passé historique marquant, des sonorités spécifiques, des mélodies plus conceptuelles, l’harmonie sonore, valorisation de l’instrumental, des styles et des instruments divers, la musique ancienne brille en authenticité. Composée avant la fin du XVIIIe siècle, la musique ancienne donne lieu aux premières partitions musicales. À travers l’évolution de cette musique d’époque, passant d’un caractère monodique à polyphonique, différentes périodes musicales se succèdent, dévoilant ainsi toute l’étendue de la musique ancienne.
La musique médiévale, à la fois religieuse et profane
La musique occidentale du Moyen-âge traduit plus de 800 ans d’histoire. Elle marque l’apparition des formes vocales et instrumentales, avec l’utilisation des quintes et octaves. Sacrés et vocaux, le chant grégorien de l’Église catholique romaine (fin du VIIIe siècle) et le trope de l’Église orthodoxe (courte prière chantée à la gloire d’un Saint), s’imposent durant cette ère médiévale.
Des genres nouveaux fleurissent alors, avec l’organum (chant polyphonique, XIe-XIIe), le déchant (superposition de lignes mélodiques en contrepoint, XIe), le conduit (chant au ton moralisateur, marqué par Léonin, chanoine de Notre-Dame de Paris en 1192), le faux-bourdon (procédé d’harmonisation musicale, XIIIe), le gymel anglais (pendant de l’organum, XIIe), le motet (dérivé de l’organum, à connotation religieuse, se joue avec ou sans musique, XIIIe) et le madrigal du Trecento (pièce vocale polyphonique dans le genre fruste, XIVe).
La période médiévale est marquée par de grandes périodes, dont les Écoles de Saint-Martial de Limoges (848) et Notre-Dame de Paris (1245), l’Ars Antiqua d’un genre vocal et sacré (1240-1320), l’Ars Nova aux mélodies profanes (XIVe siècle) et l’Ars Subtilior au style maniéré (fin du XIVe).
La musique médiévale se joue avec les hauts instruments pour le plein air (cornemuse, bendir, chalemie, cornet à bouquin, sacqueboute, veuze et chalumeau) et les bas instruments (citole, crouth, flûte à bec, guiterne, harpe, luth, lyre, vièle…). Une musique ancienne, gravée dans le temps et marquée par le talent de Philippe le Chancelier, poète et chancelier de l'église de Paris (1165-1236) et Adam de la Halle, monodiste et polyphoniste (1240-1287). La période médiévale, plus festive que jamais, laisse place à la Renaissance.
La musique de la Renaissance, aux influences antiques romaines et grecques
La musique de la Renaissance (1400-1600) traduit une page musicale nouvelle. Tendances contrastées, sonorités pleines, mélodies simples, tierces et sixtes, consonance et dissonance…, traduisent un genre nouveau, ponctué par la prédominance de la musique franco-flamande polyphonique.
Le contrepoint atteint son apogée. La musique polyphonique sacrée s’affirme. Le madrigal prend ses aises avec plus de complexité. Le style polychoral (1550-1610) révèle des sonorités grandioses. La chanson polyphonique se diffuse (cathédrales du Nord à Anvers, Cour du duc de Bourgogne à Dijon). Le motet se réaffirme avec le compositeur italien Giovanni Pierluigi da Palestrina (1524-1594). La messe accompagne les rites religieux.
Une époque riche musicalement et ponctuée de genres spécifiques. Ainsi, la musique du Siècle d’or espagnol appelle à l’émotion et au mystique. La canzone, chanson provençale, s’inscrit en poème lyrique (“Voi che sapete” des Noces de Figaro de Mozart). La cantate, vocale et instrumentale, est magnifiée par l’allemand Jean-Sébastien Bach (1685-1750) et l’italien Antonio Vivaldi, virtuose du violon (1678-1741). Le madrigal reste une musique descriptive et qualitative.
À partir de ce moment, la musique se diffuse facilement à travers les tablatures avec l’invention de l’imprimerie (Gutenberg 1455). La musique de la Renaissance brille à travers cinq générations de compositeurs, dont Josquin des Prés (1440-1521), illustrateur de la polyphonie vocale. Son œuvre “Nymphe des Bois” connu un grand succès.
Divers instruments (flûte de pan, bombarde, cromorne, trombone, trompette, clavecin, orgue, tambourin, viole de gambe, viola da braccio, cithare, vihuela, violon) inscrivent de nouveaux sons à la musique de la Renaissance, avant de laisser place à la musique baroque.
La Renaissance en musique va de la moitié duxvesiècle au début duxviiesiècle et correspond à l’âge d’or européen de la polyphonie. Elle s’est exprimée dans plusieurs formes : notamment la frottola et la laude avec les musiciens du quattrocento italien ; la messe, le motet et la chanson avec les Bourguignons et les Franco-Flamands.
On désigne par musique de la Renaissance la musique européenne composée entre le xvesiècle, fin de lamusique médiévaleet le xviiesiècle qui marque le début de lapériode baroque. Il s'agit d'une convention : si la dernière date n'est guère contestable avec, par exemple, l'avènement de l’opéra, il n'en est pas de même pour le début de cette période située, en ce qui concerne la musique, entre leMoyen Âge tardifet de lapré-Renaissance.