Dvořák: 9. Sinfonie (»Aus der Neuen Welt«) hr-Sinfonieorchester – Frankfurt Radio Symphony. Andrés Orozco-Estrada et Brahms: 3. Sinfonie ∙ hr-Sinfonieorchester – Frankfurt Radio Symphony ∙ Andrés Orozco-Estrada
A la tête d'un répertoire qui compte plus de 200 oeuvres, Antonín Dvořák incarne, aux côtés de Bedřich Smetana, une des figures principales de la musique tchèque. Mais connaissez-vous vraiment ce « musicien tchèque tout simple » auteur de la célèbre Symphonie n°9 « du Nouveau Monde » ?
Amoureux de la Bohême qui l'a vu naître, Antonín Dvořák_ _a su capter l'essence de l'identité tchèque, magnifier sa culture et inventer une esthétique musicale qui dévoile aux yeux du monde la culture slave. Grand gaillard taciturne, l'homme demeure mystérieux, souvent éclipsé par la figure du compositeur de génie.
Il aurait dû devenir aubergiste-boucher
A l’âge de treize ans, Antonín poursuit ses études dans la petite ville de Zlonice dans le but d’apprendre l’allemand - langue nécessaire à l’exercice du métier de commerçant - afin de reprendre l'auberge de son père, comme le veut la tradition familiale. Avec la complicité de l’un de ses maîtres, Antonín Liehmann, le jeune Dvořák a pu développer ses talents de musicien et convaincre son père de le laisser choisir sa voie.
Altiste, il intègre un orchestre dirigé par Liszt et Wagner
Durant ses études à l'Ecole d'orgue de Prague, Dvořák rencontre Antonín Apt, chef de l'Association musicale Cäcilien-Verein, qui organise des concerts afin de faire connaître la musique de Wagner. Se produire avec cet orchestre lui permet de s’assurer un revenu minimum, mais surtout de se familiariser avec la musique de ces grands compositeurs, et ce durant les dix années qu'il passe à jouer dans la fosse.
Dès 1862 il signe ses œuvres “Antonín Leop Dvořák, Chvála Bohu !” Expression qui signifie Dieu Merci et qu’il mentionnera par la suite sur toutes les pièces de son répertoire.
Comme Haydn et Mozart, Dvořák épouse la cadette de la femme qu’il aime
En 1865, il fait la connaissance de Joséfina Cermak à qui il va alors dispenser des leçons de musique. Or il se fait rapidement éconduire par la belle et épousera alors sa soeur cadette Anna en 1873. De cette union naîtront neuf enfants dont trois meurent malheureusement en bas âge.
Il reçoit une bourse de l’Etat tant il était pauvre
En 1875, alors marié depuis deux ans, il sollicite une bourse d’Etat pour « artistes pauvres et bien doués » tout en joignant à sa requête sa troisième symphonie. Il décroche cette fameuse bourse qui lui sera renouvelée jusqu’en 1880.
Il a perdu ses trois premiers enfants en deux ans
Ces drames successifs l'incitent par ailleurs à terminer son Stabat mater (qu’il avait commencé dès la mort de sa fille Joséfina le 21 septembre 1875), un grand ouvrage choral qui le propulse sur la scène internationale puisque la première se déroule à Londres au Royal Albert Hall. Ce concert va lui permettre de s'imposer sur la scène internationale comme le plus grand compositeur tchèque de son époque.
Il est admis dans l’ordre de la Croix de fer, sur déclaration de l’empereur
Depuis toujours, la culture slave est méprisée par la cour de l’empereur. Nul doute qu’un patriote plus fervent comme Smetana aurait boudé cette faveur. A l’époque, les tensions entre Tchèques et la cour n’ont jamais été aussi fortes, on peut donc voir dans ce geste une tentative d’apaisement diplomatique de la part de l’empereur. En avril, Dvořák est également promu Docteur honoris causa de l’université tchèque de Prague, puis est élu à l’Académie des sciences et des arts.
Il veut corriger son prénom Anton par Antonín
Tout comme les accents sur son patronyme, Dvořák insistait pour pour que son prénom soit écrit comme le veut la langue Tchèque avec un accent aigu sur le -i. Il se brouillait régulièrement avec son éditeur berlinois, Fritz Simrock, qui lui avait été présenté par son ami Johannes Brahms.
Il vouait une passion pour les pigeons et les locomotives
Outre sa passion pour la musique, Dvořák profitait de ses étés passés dans le petit village de Vysoká, mais aussi de son séjour New-Yorkais, afin de contempler le plus souvent possible pigeons et locomotives.
Statue sur la tombe d'Antonín Dvořák, © AFP / Catherine Leblanc / Godong / Leemage
L'Histoire de la très célèbre 3e symphonie de Johannes Brahms.
Ce fameux thème du 3e mouvement de la 3e symphonie de Brahms est une des pages les plus célèbres de la musique classique. Vous l’avez peut-être déjà entendu dans des publicités, des films, ou repris par des chanteurs. Cette 3e symphonie de Brahms dans son ensemble est une des plus belles œuvres de Johannes Brahms.
Brahms est un compositeur allemand né en 1833, il y a 182 ans à Hambourg. Son père est musicien, et très jeune Johannes apprend le cor, le violoncelle et le piano. Ce qui l’intéresse aussi, ce sont les musiques traditionnelles et les chansons folkloriques, qui l’influenceront souvent dans ces œuvres comme les célèbres danses hongroises. Johannes Brahms est un excellent pianiste qui donne des concerts un peu partout en Europe. En 1853, il rencontre le compositeur Robert Schumann, à qui il interprète ses œuvres pour piano. Robert est sous le choc, il pense être face à un génie, il souhaite aider Brahms à devenir un grand compositeur et un grand musicien. La femme de Robert Schumann, Clara est pianiste et compositrice. Elle est aussi sous le charme de l’artiste et du jeune homme. Une relation ambiguë s’installe entre Johannes Brahms et madame Schumann, on dirait qu’il y a de l’amour dans l’air…
Brahms n’écrit pas seulement pour piano, c’est aussi un très bon compositeur pour la musique de chambre, pour les orchestres aussi et même pour les chœurs. Une de ses plus belles œuvres, s’intitule le requiem allemand, écrite pour chanteurs solistes, chœur et orchestre.Une œuvre magistrale ! La 3e symphonie est aussi une œuvre célèbre et remarquable. Il l’a composée entre 1882 et 1883, Brahms avait 50 ans. A sa création c’est un succès, tout le monde est impressionné par cette symphonie. Pour Clara Schumann : « cette œuvre est un tout, un seul battement de cœur. Du début à la fin on est enveloppé par le charme mystérieux des bois et des forêts ».
Le début de cette 3e symphonie est majestueux. Majestueux, mais un peu inquiétant.
On entend une tension dès le début et tout le long de ce mouvement. Une tension qui est provoquée par l’alternance entre le mode majeur et le mode mineur.
Un accord majeur, ce sont des notes superposées qui donne l’impression de clarté ou même de gaité. Alors que l’accord mineur, lui est plus sombre, plus mélancolique, triste si on exagère un peu.
C’est comme ça que Brahms joue avec nos impressions et avec nos émotions tout au long de ce mouvement.
Le 2e mouvement débute calmement, Andante c'est-à-dire ni trop vite, ni trop lentement. Là encore on croit entendre une mélodie assez claire, comme une chanson, mais de sombres accords viennent assombrir le paysage, comme de lourds nuages noirs menaçants.
On a envie de chanter de danser.
Puis on a envie de se cacher, on se sent menacé.
Le 3e mouvement, Le mouvement le plus célèbre de cette symphonie, doux et mélancolique, a inspiré de nombreux artistes et notamment des chanteurs comme : Serge Gainsbourg qui écrit pour Jane Birkin Baby Alone in Babylone.
Un autre chanteur a repris ce thème de la 3e symphonie de Brahms, Yves Montand et sa chanson Quand tu dors près de moi.
On retrouve l’autre côté de l’Atlantique, un des plus célèbres crooners des Etats-Unis, qui chanta la mélodie du 3e mouvement de la 3e symphonie de Brahms, Frank Sinatra : Le 4e et dernier mouvement, est très impressionnant, tout ce que l’on entend précédemment s’y trouve. La tension, la gaieté, le chant, la danse, l’explosion de l’orchestre, et le thème du début de l’œuvre qui revient à la fin de ce mouvement comme si Brahms avait voulu fermer la boucle, mettre en musique un cycle, un cercle. Aborder Brahms par la 3e, la plus insaisissable de ses quatre symphonies, c'est l'aborder par l'essentiel : l'œuvre résume ce qu'il a de plus novateur et en même temps - la science de l'écriture n'étant pas seule en cause - de plus achevé sur le plan de la beauté des couleurs. Le clair-obscur que ces couleurs produisent correspond si bien à la richesse multiforme des structures qu'il n'existe ici aucun hiatus entre la pensée et la sonorité. Mais ce qui frappe d'abord, c'est l'invention rythmique.