Chant de révolte
"L'humain d'abord, pas la finance"
Version originale et adaptations de la complainte de Mandrin
Paroles de la version populaire
Nous étions vingt ou trente
Brigands dans une bande,
Tous habillés de blanc
A la mode des, vous m'entendez,
Tous habillés de blanc
A la mode des marchands.
La première volerie
Que je fis dans ma vie,
C'est d'avoir goupillé
La bourse d'un, vous m'entendez,
C'est d'avoir goupillé
La bourse d'un curé.
J'entrai dedans sa chambre,
Mon Dieu, qu'elle était grande,
J'y trouvai mille écus,
Je mis la main, vous m'entendez,
J'y trouvai mille écus,
Je mis la main dessus.
J'entrai dedans une autre
Mon Dieu, qu'elle était haute,
De robes et de manteaux
J'en chargeai trois, vous m'entendez,
De robes et de manteaux
J'en chargeai trois chariots.
Je les portai pour vendre
A la foire de Hollande
J'les vendis bon marché
Ils m'avaient rien, vous m'entendez,
J'les vendis bon marché
Ils m'avaient rien coûté.
Ces messieurs de Grenoble
Avec leurs longues robes
Et leurs bonnets carrés
M'eurent bientôt, vous m'entendez,
Et leurs bonnets carrés
M'eurent bientôt jugé.
Ils m'ont jugé à pendre,
Que c'est dur à entendre
A pendre et étrangler
Sur la place du, vous m'entendez,
à pendre et étrangler
Sur la place du marché.
Monté sur la potence
Je regardai la France
Je vis mes compagnons
A l'ombre d'un, vous m'entendez,
Je vis mes compagnons
A l'ombre d'un buisson.
Compagnons de misère
Allez dire à ma mère
Qu'elle ne m'reverra plus
J' suis un enfant, vous m'entendez,
Qu'elle ne m'reverra plus
J'suis un enfant perdu.
Louis Mandrin, une sorte de robin des bois pour les uns, un bandit pour les autres qui, à la fin du XVIIIe siècle, organisait un réseau de contrebande au nez et à la barbe de la Ferme générale (collecteurs d'impôts indirects), l'institution la plus puissante et la plus impopulaire de l'Ancien régime. Véritable héros aux yeux du peuple, il lui permettait d'acquérir à bas prix des produits coûteux comme le sel ou le tabac, des marchandises rares ou prohibées. Pour les autorités, il était l'homme à abattre. Mais l'histoire de Mandrin est hautement plus passionnante encore...
Le chant, la chanson ou la musique, dit de révolte ou qualifié de protestataire, engagé ou contestataire est un genre musical dont les thèmes lyriques sont associés à une envie immédiate de changement social ou politique. Un certain nombre de chansons populaires s'y apparentent. Les genres musicaux varient entre ballades folks et hip-hop, punk ou pop. Des artistes ou groupes internationaux y participent tels que Gilles Servat en France, Bob Dylan, Tracy Chapman ou Rage Against the Machine aux États-Unis, The Clash ou Chris TT en Grande-Bretagne, Bob Marley en Jamaïque, Fela Kuti ou Femi Kuti au Nigeria, Jan Hammarlund en Suède, ou Silvio Rodríguez à Cuba.
En France, La complainte de Mandrin ayant eu un succès à la veille de la Révolution française en est un exemple. Les chants des esclaves noirs sont, par excellence, des chants contestataires. À l'Île de la Réunion, la pratique du rouleur, un tambour fait dans un tonneau de bateau, symbole des esclaves, est resté interdite jusqu'en 1981. En 2013, Kent, animateur d'une émission (Vibrato) de radio française, consacrée à la vie de la musique, réalise une émission sur le sujet : « On confond chanson engagée et chanson révoltée. On pourrait dire qu’une chanson engagée est partisane et militante tandis qu’une chanson révoltée peut simplement se contenter de dénoncer. La position du chanteur n’est pas la même dans l’un ou l’autre des cas [...] une chanson qui dénonce simplement la misère ou qui vitupère contre la société sans proposer de solutions n'est pas une chanson engagée. C'est une chanson révoltée. »
Les sardinières de Douarnenez : un symbole des luttes de classes
Auguste Louis Sebastien Faure
Né en 1858 à Saint-Etienne, France, décédé en 1942 - Royan, France
Issu d’une famille de la haute bourgeoisie catholique, le jeune Sébastien Faure envisageait de devenir missionnaire. La mort de son père le contraignit à y renoncer pour se consacrer à sa famille.
Le contact avec la vie quotidienne l’amena à réfléchir, à lire des auteurs jusque-là proscrits. Il perdit la foi et décida de rompre avec le milieu d'où il était issu. Il s’enrôla dans l’infanterie mais la vie militaire le déçut rapidement et il termina son engagement simple soldat.
Après un séjour d’un an en Grande-Bretagne, devenu inspecteur dans une compagnie d’assurance, il épousa une jeune femme protestante malgré l’opposition de sa mère. Ils s’installèrent à Bordeaux.
Sébastien Faure s’intéressait alors aux questions sociales et commença sa carrière de militant. D’abord adepte de Jules Guesde, il fut candidat du Parti ouvrier aux législatives d’octobre 1885, recueillit 600 voix et fit découvrir son talent d’orateur. Ses activités militantes provoquèrent la séparation des époux Faure.
Installé à Paris, il se détacha peu à peu du guesdisme et s’intéressa au mouvement anarchiste. Il devint un ardent propagandiste de l’idéal libertaire, parcourant la France en tout sens pour présenter des conférences aux titres percutants ou provocateurs : Douze preuves de l’inexistence de Dieu, La Pourriture parlementaire, Ni commander, ni obéir... Ses tournées, minutieusement préparées, obtinrent bientôt un grand succès. Ses principales cibles étaient l’État, le Capital et la religion.
Sa bibliographie est abondante et les titres de journaux ou périodiques qu’il fonda ou auxquels il a collaboré sont nombreux. Il attira ainsi l’attention de la police et fut plusieurs fois arrêté, condamné et emprisonné. En pleine période terroriste (la propagande par le fait), les lois scélérates permirent même la tenue du spectaculaire procès des Trente (août 1894) dans lequel il fut impliqué.
L’affaire Dreyfus l’absorba à partir de février 1898. Il rédigea un J’accuse plus violent que la lettre de Zola, publia une brochure, Les Anarchistes et l’affaire Dreyfus, multiplia les conférences et entraîna avec lui les libertaires qui avaient d’abord considéré que la question ne les regardait pas.
Il s’investit ensuite dans la propagande néo-malthusienne aux côtés d’Eugène Humbert, puis, désireux de concentrer ses efforts sur une œuvre unique au lieu de les disperser au hasard des circonstances, il entreprit de faire vivre une communauté éducative fondée sur les principes libertaires : La Ruche.
La guerre de 1914-1918 révéla de profondes divergences au sein du mouvement anarchiste. Tandis que Pierre Kropotkine et Jean Grave se ralliaient à L’Union sacrée, Errico Malatesta restait résolument antimilitariste. En France, Sébastien Faure fut un des premiers à prendre ouvertement position en publiant un manifeste intitulé Vers la paix qui lui valut une convocation au ministère de l’Intérieur au cours de laquelle il fut persuadé par Louis-Jean Malvy d’interrompre sa campagne pacifiste. Celle-ci fut reprise par d’autres militants anarchistes : Louis Lecoin, Pierre Ruff, Pierre Chardon, Émile Armand, puis plus tard par Sébastien Faure lui-même avec la publication d’un hebdomadaire de quatre pages intitulé Ce qu’il faut dire.
Cependant Sébastien Faure sortit physiquement ébranlé, moralement et politiquement brisé. Victime d’une campagne de calomnies et de rumeurs malveillantes il surmonta néanmoins une congestion pulmonaire et mit sur pied l’imprimerie La Fraternelle, fit paraître en 1922 le premier numéro de Le Revue anarchiste qui compta 35 livraisons, puis assuma la direction et la coordination de L’Encyclopédie anarchiste.
Il participa encore à une vaste campagne de soutien aux victimes de la guerre d’Espagne et se rendit à Barcelone et sur le front de Saragosse, mais les prises de position de la C.N.T.-F.A.I. le conduisirent à prendre ses distances puis à dresser un bilan plutôt négatif de l’expérience espagnole.
Pendant la Seconde guerre mondiale, quelque peu dépassé par les événements, il séjourna à Royan avec sa femme qu’il avait retrouvée après quarante ans de séparation. Il y mourut d’une congestion cérébrale le 14 juillet 1942.
Nous sommes les persécutés
De tous les temps et de toutes les races
Toujours nous fumes exploités
Par les tyrans et les rapaces
Mais nous ne voulons plus fléchir
Sous le joug qui courba nos pères
Car nous voulons nous affranchir
De ceux qui causent nos misères
Église, Parlement,
Capitalisme, État, Magistrature
Patrons et Gouvernants,
Libérons-nous de cette pourriture
Pressant est notre appel,
Donnons l'assaut au monde autoritaire
Et d'un cœur fraternel
Nous réaliserons l'idéal libertaire
Ouvrier ou bien paysan
Travailleur de la terre ou de l'usine
Nous sommes dès nos jeunes ans
Réduits aux labeurs qui nous minent
D'un bout du monde à l'autre bout
C'est nous qui créons l'abondance
C'est nous tous qui produisons tout
Et nous vivons dans l'indigence
L'État nous écrase d'impôts
Il faut payer ses juges, sa flicaille
Et si nous protestons trop haut
Au nom de l'ordre on nous mitraille
Les maîtres ont changé cent fois
C'est le jeu de la politique
Quels que soient ceux qui font les lois
C'est bien toujours la même clique
L'engrenage encor va nous tordre :
Le capital est triomphant ;
La mitrailleuse fait de l'ordre
En hachant la femme et l'enfant.
L'Usure folle en ses colères
Sur nos cadavres calcinés
Soude à la grève des Salaires
La grève des assassinés.
Pour défendre les intérêts
Des flibustiers de la grande industrie
On nous ordonne d'être prêts
À mourir pour notre patrie
Nous ne possédons rien de rien
Nous avons horreur de la guerre
Voleurs, défendez votre bien
Ce n'est pas à nous de le faire
Son dernier album, daté de 2016, s’intitule Saluts !. Auteur, compositeur et interprète, Il est né le 25 septembre 1940 à Bressuire, dans les Deux-Sèvres, de parents réfugiés là depuis les Ardennes. Jean Vasca aura consacré sa vie à la chanson de texte. Les siens, ceux des auteurs qu’il admire, Ferrat, Brassens, Ferré. Après ses débuts sur les scènes des cabarets parisiens dans les années 1960, le jeune artiste va produire une émission de poésie intitulée la Présence du verbe, puis il réalisera un premier album , les Routes, en 1964. Une trentaine d’autres jailliront de son amour de la langue, poétique, libre et libertaire. Isabelle Aubret, Francesca Solleville, Christine Sèvres ou encore Morice Benin et Marc Ogeret ont interprété ses chansons qui lui valurent des prix prestigieux.
Le beau Chant des ouvriers a été écrit en 1846 par Pierre Dupont.
Ce dernier, fils d’un forgeron, naquit à Lyon en 1821. Il fréquenta le petit séminaire, avant de renoncer à la prêtrise et de travailler comme ouvrier dans le textile, puis comme employé de banque. Monté à Paris, il s’y fit connaître comme chansonnier (interprétant lui-même ses compositions) et travailla pour le Dictionnaire de l’Académie française. Il se lia avec Nerval, Baudelaire (qui parle très élogieusement de lui) et le compositeur Charles Gounod. Il écrivit la célèbre chanson Les boeufs (« J’ai deux grands boeufs dans mon étable,/Deux grands boeufs blancs marqués de roux… »). Républicain, il composa le Chant des ouvriers juste avant la Révolution de 1848. Militant contre le futur Napoléon III, notamment par le Chant des paysans, il fut condamné à 7 ans de déportation. Il ne dut sa grâce qu’à un ralliement au régime. Entre 1853 et 1860 il chanta en compagnie de sa femme. A la mort de celle-ci, il retourna vivre à Lyon, mais malgré l’affection dont les Lyonnais l’entouraient, il sombra dans le découragement et la maladie, et mourut en 1870.
Le Chant des ouvriers est remarquable du point de vue de la composition. L’influence du style romantique (« Cependant notre sang vermeil/Coule impétueux dans nos veines ») n’exclut pas le réalisme qu’on trouve dans ces vers, qui ne peuvent mieux exprimer la contrainte du lever matinal des travailleurs: « Nous dont la lampe, le matin,/Au clairon du coq se rallume/Nous tous qu’un salaire incertain/Ramène avant l’aube à l’enclume ». Les couplets illustrent avec des images puissantes les mauvaises conditions de travail et l’injustice dans lesquelles vivent les ouvriers. La vie pénible qu’ils sont forcés de mener est aussi décrite dans des passages comme ceux-ci: « Nous qui des bras, des pieds, des mains/De tout le corps luttons sans cesse », « Nos bras sans relâche tendus », « Nous ne sommes que des machines », « Mal vêtus, logés dans des trous,/Sous les combles, dans les décombres ». Alors que l’injustice s’exprime dans ces lignes: « Pauvres moutons, quels bons manteaux/Ils se tissent avec notre laine », « La terre nous doit ses merveilles/Dès qu’elles ont fini le miel/Le maître chasse les abeilles », « A chaque fois que…/Notre sang coule sur le Monde/C’est toujours pour quelques tyrans/Que cette rosée est féconde ». Alors que le refrain, par contraste, est un appel à la lutte pour un monde nouveau résumé dans l’expression quelque peu énigmatique d' »indépendance du monde » (c’est sans doute la liberté à l’égard de toutes les formes de tyrannies, économiques et politiques, que cette expression signifie, mais j’en ignore l’origine philosophique). Cette lutte passe par la fraternité et l’amitié (« aimons-nous »), la convivialité des banquets (« nous unir pour boire à la ronde »), dressées contre la peur de la répression (« que le canon se taise ou gronde »), et le « buvons » répété trois fois affirme la force de la décision commune, qui s’enracine dans l’amitié et la fête, et annonce avec confiance la libération.
Le Chant des ouvriers
Nous dont la lampe, le matin,
Au clairon du coq se rallume,
Nous tous qu’un salaire incertain
Ramène avant l’aube à l’enclume,
Nous qui des bras, des pieds, des mains,
De tout le corps luttons sans cesse,
Sans abriter nos lendemains
Contre le froid de la vieillesse,
Aimons-nous, et quand nous pouvons
Nous unir pour boire à la ronde,
Que le canon se taise ou gronde,
Buvons, buvons, buvons,
À l’indépendance du monde !
Nos bras, sans relâche tendus,
Aux flots jaloux, au sol avare,
Ravissent leurs trésors perdus ;
Ce qui nourrit et ce qui pare :
Perles, diamants et métaux,
Fruit du coteau, grain de la plaine ;
Pauvres moutons, quels bons manteaux
Il se tisse avec notre laine !
Aimons-nous, etc.
Quel fruit tirons-nous des labeurs
Qui courbent nos maigres échines ?
Où vont les flots de nos sueurs?
Nous ne sommes que des machines.
Nos Babels montent jusqu’au ciel,
La terre nous doit ses merveilles :
Dès qu’elles ont fini le miel,
Le maître chasse les abeilles.
Aimons-nous, etc.
Mal vêtus, logés dans des trous,
Sous les combles, dans les décombres
Nous vivons avec les hiboux
Et les larrons amis des ombres ;
Cependant notre sang vermeil
Coule impétueux dans nos veines ;
Nous nous plairions au grand soleil,
Et sous les rameaux verts des chênes.
Aimons-nous, etc.
À chaque fois que par torrents
Notre sang coule sur le monde,
C’est toujours pour quelques tyrans
Que cette rosée est féconde ;
Ménageons-la dorénavant,
L’amour est plus fort que la guerre ;
En attendant qu’un meilleur vent
Souffle du ciel ou de la terre,
Aimons-nous, etc.
Jamais plus! était le quatrième album du groupe de rock espagnol Canallas. Il a été lancé en 2000 par le label Bliss et c’était un album dans lequel étaient rassemblées plusieurs chansons de la partie républicaine pendant la guerre civile espagnole, en plus d’hymnes révolutionnaires tels que Bella Ciao et Bandiera Rossa de la résistance version de Hasta siempre, commandant de Carlos Puebla. L'album a compté avec la collaboration du chanteur de Barcelone, Loquillo y de Azagra, artiste régulier sur El Jueves qui a réalisé la couverture. Liste des chansons Si tu veux m'écrire Étape de l'Èbre Bella ciao La Tarara Dans le puits Mª Luisa Bandiera rossa Hymne de l'irrigation L'Estaca Hasta Siempre Le pin vert Sur la place de ma ville
Canallas - Si me quieres escribir
Si me quieres escribir
Si vous voulez me écrire
ya sabes mi paradero.
vous savez mes allées et venues.
Si me quieres escribir
Si vous voulez me écrire
ya sabes mi paradero.
vous savez mes allées et venues.
Tercera Brigada Mixta,
Third Brigade mixte,
primera línea de fuego.
ligne de feu.
Tercera Brigada Mixta,
Third Brigade mixte,
primera línea de fuego.
ligne de feu.
Aunque me tiren el puente
Bien que je jette le pont
y también la pasarela.
et aussi la passerelle.
Aunque me tiren el puente
Bien que je jette le pont
y también la pasarela
et aussi la passerelle
me verás pasar el Ebro,
Je vais passer l'Ebre,
en un barquito de vela
dans un petit bateau à voile
me verás pasar el Ebro,
Je vais passer l'Ebre,
en un barquito de vela.
dans un petit bateau à voile.
Diez mil veces que los tiren,
Dix mille fois le tournage,
diez mil veces los haremos.
dix mille fois la volonté.
Diez mil veces que los tiren,
Dix mille fois le tournage,
diez mil veces los haremos.
dix mille fois la volonté.
Tenemos cabeza dura
Nous têtu
los del Cuerpo de Ingenieros.
le Corps of Engineers.
Tenemos cabeza dura
Nous têtu
los del Cuerpo de Ingenieros.
le Corps of Engineers.
En el Ebro se han hundido
Dans l'Ebre, ils ont coulé
las banderas italianas.
drapeaux italiens.
En el Ebro se han hundido
Dans l'Ebre, ils ont coulé
las banderas italianas
drapeaux italiens
y en los puentes sólo ondean
et les ponts ne voltigent
las que son republicanas
dont ils sont républicain
y en los puentes sólo ondean
et les ponts ne voltigent
las que son republicanas.
dont ils sont républicains.