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Publié par J.L.D.

Histoire du piano

Écrit par :

  •  : musicologue, analyste, chef de chœur diplômée du Conservatoire national supérieur de musique de Paris, chargée de cours à Columbia University, New York (États-Unis)

L'ancêtre direct du piano est le clavicorde, petit instrument à clavier apparu, semble-t-il, en Italie à la fin du XIVe siècle. Cet instrument comporte des cordes de métal, un agent de percussion pour mettre les cordes en vibration, ainsi qu'un dispositif pour étouffer les sons. S'il manque de puissance, il permet cependant d'exécuter les dynamiques.

Aux alentours de 1700, un facteur de clavecins italien, Bartolomeo Cristofori, construit le premier instrument à clavier muni d'un mécanisme à marteaux, que Scipione Maffei dénomme en 1711 « gravecembalo col piano, e forte » (« clavecin avec [des nuances] douces, et fortes »), signifiant par là que cet instrument peut être joué doucement ou fort. Dès sa création, l'instrument comprend l'essentiel de la mécanique du piano moderne.

Tout au long du XVIIIe siècle, en Italie, en Allemagne, en Autriche ou en Angleterre, des facteurs comme Johannes Zumpe ou John Broadwood – qui place directement les étouffoirs sous les cordes des instruments et invente les pédales – jouent un rôle décisif dans l'amélioration du mécanisme de ce qui porte alors le nom de pianoforte.

La fin du XVIIIe siècle et le XIXe siècle voient croître l'intérêt des compositeurs pour le pianoforte : Jean-Sébastien Bach, Wolfgang Amadeus Mozart, Muzio Clementi, puis Ludwig van Beethoven, Frédéric Chopin ou France Liszt participent à l'évolution de l'instrument, pour lequel ils écrivent des pages parmi les plus belles.

En 1808, le facteur français Sébastien Erard met au point le premier mécanisme à répétition ; en 1821, il crée le principe du double échappement, qui facilite les répétitions.

C'est l'Allemand Heinrich Engelhard Steinweg, fondateur de la firme américaine de pianos Steinway, qui associe cordes croisées et cadre en fer dès 1855 sur un piano carré et, en 1859, sur un piano à queue. L'instrument moderne est né.

Écrit par :

  • Juliette GARRIGUES, « PIANO, en bref », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 29 janvier 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/piano-en-bref/

Le piano

Production Pierre Singaravélou sur : https://www.franceculture.fr/

Si sa fabrication à base d'ivoire et d'ébène le lie à l'Afrique, le piano a d'abord été associé à la culture bourgeoise occidentale avant de s'exporter au gré des conquêtes coloniales. A queue, droit et désormais numérique, le piano s'est transformé. On en joue aujourd'hui aux quatre coins du monde.

Histoire de la musique, histoire de la conquête européenne de la planète, l’histoire du "plus vieux piano du monde" est d’abord celle d’un bouleversement social sur le continent européen. S’affirmant contre l’aristocratique clavecin, le triomphe du piano fut en effet au XIXe siècle celui des bourgeoisies occidentales, tel que nous le raconte l’historien Sylvain Venayre dans Le Magasin du monde, ouvrage qui nous sert de référence pour ces chroniques.

Un vecteur de la culture européenne 

Le premier piano est apparu en 1720, à Florence, en Italie. Il tire son nom de la modulation (forte ou piano) des sons que permettent ses petits marteaux pour frapper les cordes. Né dans une ville emblématique de la Renaissance, il a longtemps été associé à la notion de civilisation apparue à la même époque de lui. Son essor en Europe traduit en effet l’avènement d’une nouvelle classe sociale : la bourgeoisie. Pour être un vrai bourgeois à partir de la fin du XIXe siècle, il suffit de posséder un piano. En jouer, écouter des virtuoses interpréter des compositions classiques, voilà la preuve d’un vrai raffinement du goût. Flaubert n’écrit-il pas dans son Dictionnaire des idées reçues : "Piano : indispensable dans un salon" ? On comprend mieux ainsi pourquoi le piano a accompagné l’expansion de la culture européenne dans le monde entier. Après Florence, des facteurs de piano se sont installés en Allemagne, en Autriche, en Angleterre puis en France. En 1800, les fabricants produisent 2000 instruments par an, réservés à quelques happy few. Mais la production augmente rapidement, passant à 50 000 unités en 1850, puis à 500 000 pianos par an en 1900

Conquérant... et prédateur
Dès le milieu du XIXe siècle, le piano a essaimé aux quatre coins de la planète, de la Tunisie à Tahiti. Un clavier accompagne même l’expédition de Fridtjof Nansen au pôle Nord en 1893. Les migrants et autres colonisateurs européens l’introduisent partout. Aux Etats-Unis, le piano au beau milieu du saloon devient l’emblème de la Conquête de l’Ouest. La mode se répand même au Japon où un certain Torakusu Yamaha fabrique le premier piano japonais en 1900… Yamaha qui est aujourd’hui le premier facteur de piano dans le monde, même si la concurrence des Coréens et des Chinois augmente.

Dans cette histoire d’expansion planétaire, il ne faut pas oublier que l’histoire du piano est aussi intimement liée au continent africain. Dès le début du XIXe siècle, les touches noires sont recouvertes de bois d’ébène tandis que les touches blanches sont fabriquées avec de l’ivoire. Des millions d’éléphants de la savane africaine ont été tués pour fournir les factures de pianos en Europe et aux Etats-Unis. Pour obtenir toujours plus d’ivoire, les Européens ont favorisé en Afrique l’essor d’une économie de prédation, où la chasse était associée au commerce des esclaves, dont les circuits étaient semblables à ceux de l’ivoire. Ce trafic a profondément fragilisé les pouvoirs locaux dans une grande partie du continent, et leur effondrement a favorisé à la fin du XIXe siècle le succès des entreprises coloniales.

Popularisation 

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, le piano se démocratise. Alors qu’il coûtait douze mois de salaire d’un professeur britannique en 1850, il ne représente plus que trois mois de salaire 50 ans plus tard. La taille de l’instrument s’adapte progressivement aux moyens financiers des différents publics, jusqu’au "piano à bretelles", plus connu sous le nom d’accordéon, des classes populaires. Pour les nouveaux adeptes du piano, on crée de nouvelles œuvres plus accessibles, popularisées par les music halls et les cafés-concerts, avant que le ragtime et le jazz états-uniens renouvellent les manières d’en jouer. Depuis les années 1980, ce sont les pianos numériques, avec leurs touches en matière synthétique, qui ont pris le relais, continuant à témoigner de la révolution mondiale opérée par le piano dans l’histoire de la musique.

Production Pierre Singaravélou sur https://www.franceculture.fr/emissions/40-objets-de-la-mondialisation/lepiano#:~:text=Le%20premier%20piano%20est%20apparu,la%20m%C3%AAme%20%C3%A9poque%20de%20lui.

Qui ne s’est jamais laissé transporter par un air

de piano légendaire, de Beethoven, Mozart,

Schubert ou encore Liszt ? Si ces grands

compositeurs ont marqué l’Histoire de la

musique classique, ils ont surtout inspiré de

nombreux pianistes par la suite. Grands

interprètes ou compositeurs, souvent enfants

prodiges, voici une sélection des  meilleurs

pianistes du monde.

Introduction au plus grands pianistes

de l’Histoire de la musique

Rédigé par Camille V. le 21/03/2019 

https://www.kelprof.com/a/piano/48/introduction-aux-10-plus-grands-pianistes-de-lhistoire-de-la-musique

Vladimir Horowitz, le “numéro 1” du piano

Rédigé par Camille V. le21/03/2019 sur https://www.kelprof.com

Sensibilité, puissance, technicité et interprétation font de Vladimir Horowitz un des meilleurs pianistes de l’Histoire, considéré comme le “numéro 1” par ses pairs contemporains.

Né en 1903 à Kiev, alors dans l’Empire Russe, dans une famille bourgeoise et cultivée, il est plongé dans la musique dès le berceau. A 5 ans, Horowitz commence l’apprentissage du piano, avant d’entrer au Conservatoire de Kiev en 1912 et d’assurer son premier concert solo en 1920.

Rachmaninov, grand compositeur et pianiste russe, devenu son ami et l’un de ses plus grands admirateurs, redonnera sa forme originelle et complexe à sa Deuxième Sonate pour Horowitz, qu’il jugeait seul capable d’interpréter son oeuvre avec brio. Liszt, Chopin et Tchaïkovsky complètent le répertoire classique de ce pianiste à l’âme torturée, ainsi que de nombreux arrangements d’oeuvres existantes.

Vladimir HOROWITZ 

(1903-1989)

Biographie

Par Olivier Bellamy
Publié le  Modifié le 

Pour Clara Haskil, Horowitz fut « Satan au piano », Richter ne pouvait le souffrir et Martha Argerich affirma qu’il était « l’amant idéal du piano ». Il n’a cessé de diviser le monde musical. Il reste néanmoins l’un des grands virtuoses dans la lignée d’un Liszt ou d’un Rachmaninov.

Vladimir Horowitz en 10 dates 
  • 1903 : naissance en Ukraine
  • 1914 : rencontre Alexandre Scriabine
  • 1925 : départ d’URSS
  • 1928 : rencontre Serge Rachmaninov à New York
  • 1933 : épouse la fille de Toscanini
  • 1935 : première dépression nerveuse
  • 1965 : « Historic Return » à Carnegie Hall
  • 1978 : concert du jubilé
  • 1986 : retour à Moscou
  • 1989 : mort à New York
  • « Je suis un artiste du XIXe siècle. Je joue librement dans le grand style », avait l’habitude de dire Vladimir Horowitz.

    La sonorité unique d’Horowitz était le fruit d’une mystérieuse alchimie. Il jouait les doigts à plat, les poignets très bas et possédait un jeu très clair sur un clavier très léger avec des touches qui réagissaient au moindre effleurement. Donc un jeu à grand risque. Sa riche palette de couleurs provenait d’un amour du chant, d’une grande imagination sonore et d’un usage des pédales autorisant des alliages harmoniques inconnus avant lui. Ce jeu fait merveille dans la musique romantique, Schumann, Chopin, Liszt et Rachmaninov en particulier.

    « On ne discute pas la beauté des chutes du Niagara, on remercie Dieu de les avoir créées. C’est pareil avec Horowitz », a dit son ami le violoniste Nathan Milstein.

    Vladimir Horowitz naît le 1er octobre 1903 à Berditchev en Ukraine, dans une famille de la bourgeoisie juive cultivée. Il reçoit ses premières leçons de sa mère et entre au Conservatoire de Kiev. Il joue devant Scriabine qui l’encourage. De ses professeurs, il se souvient surtout de Felix Blumenfeld. En 1925, il quitte l’Union soviétique pour Berlin et fait la connaissance d’Artur Schnabel. Il provoque un malheur à Hambourg avec le Concerto n° 1 de Tchaïkovski. Il fait la conquête de Paris et rencontre Maurice Ravel. En 1928, il fait ses débuts aux États-Unis et rencontre son idole Serge Rachmaninov qui l’accompagne au deuxième piano dans son Concerto n° 3 chez Steinway à New York.

    « Voilà comment j’ai toujours rêvé qu’on joue mon concerto », dit Serge Rachmaninov lors d’un concert d’Horowitz à Hollywood Bowl.

    Dans les années 1930, Horowitz enregistre à Londres plusieurs œuvres dont la Sonate en si mineur de Liszt. Ces disques demeurent parmi les plus beaux de sa carrière. Arthur Rubinstein l’entend jouer à Paris et décide de réviser toute sa technique. En 1933, Horowitz rencontre Arturo Toscanini et épouse sa fille Wanda. Il apprend la mort de sa mère restée en Russie alors que sa femme met au monde une fille en 1934. Ses nerfs sont mis à rude épreuve et provoquent son premier retrait de la scène : « J’étais devenu un pianiste qui jouait à la chaîne. » Il reprend peu à peu confiance en lui et renoue avec le triomphe.

    Horowitz fait la connaissance de Rudolf Serkin. Les deux artistes qui sont aux antipodes resteront amis toute leur vie.

    En 1939, le clan Toscanini s’installe aux États-Unis. Horowitz signe un contrat d’exclusivité avec RCA. Il gagne énormément d’argent en donnant des concerts dans le monde entier. En 1953, il fête ses 25 ans de carrière américaine à Carnegie Hall. Un mois plus tard, il s’effondre nerveusement et se terre dans son appartement de Manhattan. Sa retraite va durer douze ans. En 1955, CBS enregistre chez lui un disque consacré à Clementi, puis un miraculeux florilège de sonates de Scarlatti. La rumeur d’un retour à Carnegie Hall fait la une du New York Times. Il a lieu le 9 mai 1965 et la bande du concert donne lieu à un disque mythique. En 1968, il joue pour les caméras de télévision venues chez lui et devient très populaire. En 1969, il se retire de nouveau de la scène. Il reprend en 1974 avec de nouvelles exigences. Ses concerts doivent commencer à 16 h, uniquement le dimanche, et il exige 80 % de la recette. On raconte qu’il compte les billets avec sa femme à l’entracte. En 1975, il apprend le suicide de sa fille Sonia.

  • Pour fêter son jubilé américain, il joue le Concerto n° 3 de Rachmaninov avec Eugene Ormandy à Carnegie Hall en 1978.

    Dans les années 1980, Horowitz entreprend une grande tournée mondiale. Il joue au Théâtre des Champs-Élysées alors qu’il n’a pas joué en France depuis trente ans. Martha Argerich, Nelson Freire, Krystian Zimerman sont dans la salle. En 1986, c’est le retour historique en Russie. Après soixante ans d’absence, l’émotion est immense. En 1987, Horowitz joue le Concerto n° 23 de Mozart (son amour tardif) avec Carlo Maria Giulini. Cette merveilleuse rencontre est enregistrée, filmée et donne lieu à un documentaire. À quatre-vingts ans, à Vienne, à Berlin, à Hambourg, à Amsterdam, Horowitz montre qu’il demeure l’un des plus grands magiciens de tous les temps. Il meurt le 5 novembre 1989. Il est enterré dans le caveau des Toscanini au cimetière central de Milan. Avec Alfred Cortot, il est toujours le pianiste préféré des jeunes pianistes cultivés d’aujourd’hui.

  • Par Olivier Bellamy
    Publié le  Modifié le 

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Kinderszenen, "Scènes d'enfance", Opus 15 est un ensemble de treize morceaux de musique pour piano écrits au cours du printemps 1838. Dans cet ouvrage, Schumann nous propose avec ses réminiscences adultes d'enfance. Lorsque Schumann a écrit Kinderszenen, il était profondément amoureux de Clara Wieck, qui allait bientôt devenir sa femme malgré les objections de son père autoritaire. Le compositeur travaille à un rythme effréné, composant ces pièces en quelques jours seulement. En fait, il a écrit une trentaine de petites pièces, mais les a réduites aux treize qui composent l'ensemble. Les 13 pièces témoignent de l'imaginaire musical de leur créateur au sommet de sa clarté poétique. En conséquence, les Kinderszenen sont depuis longtemps des incontournables du répertoire en tant que miniatures tout à fait charmantes mais substantielles, le genre d'essais compacts pour clavier dans lesquels le génie de Schumann a trouvé sa pleine expression. En mars de cette année-là, Schumann écrivit à Clara : « J'attendais ta lettre et j'ai entre-temps rempli plusieurs livres avec des morceaux... Tu m'as dit un jour que j'avais souvent l'air d'un enfant, et j'ai soudainement inspiré et fait tomber environ 30 petits morceaux pittoresques... J'en ai sélectionné plusieurs et les ai intitulés Kinderszenen. Vous les apprécierez, même si vous devrez oublier que vous êtes un virtuose lorsque vous les jouez. Les Kinderszenen sont un hommage touchant aux souvenirs et aux sentiments éternels et universels de l'enfance d'un point de vue adulte nostalgique. Ils sont assez simples en termes d'exécution et, bien sûr, leur sujet traite du monde des enfants. Des jeux animés au sommeil et au rêve, Kinderszenen capture les joies et les peines de l'enfance dans une série d'instantanés musicaux. Schumann a décrit les titres comme "rien de plus que des conseils délicats pour l'exécution et l'interprétation". Schumann a affirmé que les titres pittoresques attachés aux pièces avaient été ajoutés après coup afin de fournir des suggestions subtiles au joueur, un modèle que Debussy a suivi des décennies plus tard dans ses Préludes. La scène n° 1, "Von fremden Ländern und Menschen" (Des terres et des peuples étrangers), s'ouvre sur une belle mélodie dont la substance motivique de base, en apparaissant sous plusieurs formes vagues dans de nombreuses autres pièces, sert d'élément unificateur général. La septième scène, " Träumerei " (Rêverie), est de loin la pièce la plus célèbre de l'ensemble; sa mélodie charmante et son pouvoir apaisant l'ont recommandé à des générations de pianistes de concert qui souhaitent calmer le public après une longue série de rappels entraînants. Les Kinderszenen contiennent de nombreuses touches musicales délicates; La scène n° 4, « Bittendes Kind » (Enfant suppliant), par exemple, n'est résolue harmoniquement que lorsqu'une force invisible (un parent ?) cède et exauce le souhait de l'enfant au début de la n° 5, « Glückes genug » ( Plutôt heureux). Dans la pièce finale, "Der Dichter spricht" (Le poète parle), Schumann s'éloigne un peu de la rêverie indulgente pour formuler la vision omnisciente d'un narrateur sur l'enfant. Tranquillement, doucement, les nombreuses humeurs et sentiments que Schumann a évoqués au cours de cette œuvre remarquable de 20 minutes sont rappelés avec amour, et la composition se termine, satisfaite, dans la même tonalité de sol majeur dans laquelle il a commencé. Le septième élément ici, " Träumerei " (Rêver), est le plus populaire de l'ensemble. C'est une représentation de l'innocence, de la vulnérabilité et de la douceur de l'enfance. De nombreux pianistes ont interprété cette pièce de manière sentimentale, presque sucrée, tandis que d'autres (Horowitz notamment) ont insisté sur une approche plus objective. Le thème principal est doucement innocent et sentimental, représentant clairement la vision affectueuse de Schumann adulte des aspects de sa propre enfance. La mélodie est inoubliable, les harmonies simples mais distinctives et l'ambiance générale rêveuse et apaisante. Parmi les nombreux thèmes associés aux enfants - celui de la Berceuse de Brahms, plusieurs de Pierre et le loup de Prokofiev - la mélodie "Träumerei" est parmi les plus mémorables. L'ensemble dure moins de trois minutes, mais est le plus long de l'ensemble Kinderszenen.

Sergueï Rachmaninov, immense compositeur de l’Empire Russe

Rédigé par Camille V. le21/03/2019 sur https://www.kelprof.com

S’il est surtout connu pour ses talents de compositeur, Sergueï Rachmaninov est évidemment le meilleur interprète au piano de ses oeuvres romantiques, inspirées de Chopin notamment mais aussi des chants traditionnels orthodoxes russes.

L’Île des Morts, la Rhapsodie sur un Thème de Paganini et la Symphonie n°3 sont autant de pièces virtuoses qu’il a laissées à sa postérité.

Né dans l’Empire Russe en 1873, naturalisé américain comme bon nombre de ses pairs après la Révolution Russe, Rachmaninov entre au Conservatoire de Saint-Pétersbourg en 1882, puis à celui de Moscou. Son professeur, voyant en lui un immense potentiel, le prend sous son aile et lui impose une stricte discipline, dont on connaît aujourd’hui le résultat…!

Rédigé par Camille V. le21/03/2019 sur https://www.kelprof.com

 

Sergueï Rachmaninov

(1873-1943)

Ecrit par Stéphane Friédérich
Publié le  Modifié le 

Dernier compositeur romantique dans la lignée des Chopin, Liszt et Tchaïkovski qu’il vénérait, Rachmaninov a choisi l’exil lors de la Révolution russe de 1917. Toute son œuvre, est portée par le lyrisme tumultueux de la culture russe et de la nostalgie du pays.

Serge Rachmaninov en 10 dates :

  • 1873 : Naissance à Oneg, en Russie
  • 1892 : Aleko, premier opéra
  • 1897 : Echec de la Symphonie n°1
  • 1901 : Création triomphale du Concerto pour piano n°2. Début de la composition des Préludes
  • 1907 : Symphonie n°2
  • 1909 : Concerto pour piano n°3
  • 1917 : Fin de la composition des Etudes-Tableaux. Exil définitif de Russie
  • 1935 : Installation aux Etats-Unis
  • 1940 : Danses symphoniques
  • 1943 : Mort à Los Angeles
  • Pour le jeune Rachmaninov, les encouragements de Tchaïkovski sont décisifs : il sera compositeur !

    Né à Oneg, dans le district de Novgorod, le 1er avril 1873, Serge Rachmaninov témoigne de dons de pianiste précoce. A l’âge de douze ans, il entre au conservatoire de Moscou dans la classe de Nikolaï Zverev pour le piano, Anton Arenski pour la composition et Sergei Taneiev pour le contrepoint. On ne peut alors rêver mieux d’autant que son cousin Alexandre Siloti, pianiste déjà considéré comme une “légende”, lui donne quelques cours.

    Il a dix neuf ans, lorsqu’il compose en 1892, son premier opéra, Aleko, qui est son épreuve de sortie du conservatoire. La même année, il termine ses Pièces-fantaisie pour piano. C’est sur les encouragements de Tchaïkovski qu’il se met à composer des pièces avant tout pour le piano comme la Fantaisie-Tableau pour deux pianos, en 1893. Un étonnant poème symphonique, Le Rocher voit le jour ainsi que le Prélude pour piano en ut dièse mineur op.3 n°2 qui deviendra un “tube” planétaire. Toutefois, Rachmaninov ne se destine pas encore à la composition, mais à une carrière de concertiste. Le jeune musicien possède déjà une technique phénoménale qui se caractérise par un jeu à la fois limpide et d’une très grande expressivité.

  • A cause de l’échec de sa Première Symphonie, Rachmaninov envisage d’arrêter la composition

    Le premier écueil à cette activité créatrice apparaît en 1897 : c’est l’échec public de sa Première Symphonie, certes mal dirigée par Alexandre Glazounov, apparemment ivre. Le traumatisme qui s’en suit est si profond que Rachmaninov arrête toute composition. La même année, il entame une carrière de chef d’orchestre, dirigeant l’opéra privé de Mamontov, à Moscou. Il se lie d’amitié avec la basse Fédor Chaliapine. Après une psychothérapie auprès du docteur Niels Dahl,qui pratique l’hypnose, il se remet à la composition, offrant au public russe la plus populaire de ses compositions : le Concerto pour piano n°2 (1901). Le triomphe est au rendez-vous. Il reprend l’écriture et achève, la même année, la Sonate pour violoncelle et piano.

    C’est grâce au Concerto pour piano n° 2 que Rachmaninov reprend confiance en lui-même. Les succès internationaux s’enchaînent sans discontinuer

    En 1902, Rachmaninov épouse sa cousine Natalie Satina. Il est engagé pour diriger deux saisons au Théâtre du Bolchoï de Moscou. Il acquiert une superbe technique de chef d’orchestre. Entre 1906 et 1909, le couple s’installe à Dresde, une ville au centre de l’Europe qui permet au pianiste invité par les plus grandes salles de concert, d’être disponible pour se produire n’importe où. Dans les années qui suivent, Rachmaninov compose la plupart des grandes partitions de son catalogue, qu’il s’agisse des pièces pour le piano ou bien pour l’orchestre : Francesca da Rimini (1905), la Seconde Symphonie (1907), son œuvre symphonique la plus célèbre, mais également le poème symphonique l’Ile des morts (1909) puis le Troisième Concerto pour piano (1909) sans oublier les Préludes dont la composition débutée en 1901 s’achève en 1910. Ces derniers associés aux gigantesques Etudes-Tableaux (1911-1917) forment le socle de sa technique pour le piano et de ses recherches sonores. N’oublions pas non plus plusieurs cycles de mélodies, près de quatre-vingt-dix en tout et qui sont l’expression la plus secrète de l’âme slave du musicien.

    En 1909, Rachmaninov effectue son premier voyage aux Etats-Unis. Il y est accueilli triomphalement, à tel point qu’il lui est proposé la direction du prestigieux Orchestre Symphonique de Boston. Il refuse et revient en Europe.

  • La Révolution russe de 1917 brise les attaches du musicien avec sa patrie 

    Bien que menant sa carrière en dehors de son pays, Rachmaninov célèbre, dans ses œuvres, la culture slave et l’une de ses composantes fondamentales : la religion orthodoxe. Ainsi, comme Tchaïkovski, il se penche sur la création musicale d’offices religieux au XXe siècle. La Liturgie de Saint Jean de Chrysostome (1910) et les Vêpres (1915) deux chefs-d’œuvre de la liturgie, associent mélodies traditionnelles et magnificence sonore. Les autres répertoires ne sont pas pour autant négligés. C’est ainsi que l’étonnante partition, Les Cloches, poème symphonique pour chœur et solistes et la Sonate pour piano n° 2, monument de la littérature pianistique voient le jour en 1913. 

    Entre 1910 et 1917, Rachmaninov entreprend une carrière de chef d’orchestre à la tête de la Société Philharmonique de Moscou. En décembre 1917, il profite d’une tournée en Suède pour quitter la Russie. Il refuse de rester dans son pays en proie à la violence révolutionnaire. Il ne peut se douter qu’il n’y reviendra jamais contrairement à son compatriote Serge Prokofiev. Toute sa vie durant, et malgré une reconnaissance internationale, Rachmaninov souffrira du mal du pays.

    Entre l’Europe et les Etats-Unis, Rachmaninov mène une prodigieuse carrière de concertiste. Le compositeur passe au second plan

    « Je ne suis jamais parvenu à savoir si ma véritable vocation est celle de compositeur, de pianiste ou de chef d’orchestre » avoue Serge Rachmaninov… Il s’installe Etats-Unis où il réside jusqu’en 1928 puis en France et en Suisse. Ce n’est qu’en 1935, qu’il s’établit définitivement en Amérique. Après la Première Guerre mondiale, sa production se ralentit. Quelques œuvres voient le jour : le Concerto pour piano n°4 (1926), les Variations sur un thème de Corelli (1931), la Rhapsodie sur un thème de Paganini (1934) et des partitions peut être moins novatrices comme la Symphonie n°3 (1936). Son génie de l’orchestration est toujours aussi vif. Il ne revendique aucune filiation esthétique, indifférent à la modernité des années trente et quarante lorsqu’il compose ses fameuses et géniales Danses Symphoniques (1940), son testament musical. Chez Rachmaninov, c’est la primauté du chant et de la tonalité dans le prolongement de l’écriture romantique du XIXe siècle qui dominent. En témoignent les nombreux enregistrements qu’il a laissé à la postérité, aussi bien en tant que pianiste ou chef d’orchestre.

    Serge Rachmaninov meurt le 28 mars 1943 à Beverly Hills. Quelques semaines auparavant, il s’était fait naturaliser américain.

    Stéphane Friédérich sur:

  •  https://www.radioclassique.fr/magazine/compositeurs-interpretes/serguei-rachmaninov/

  • TOP 5 Serge Rachmaninov (1873-1943)

  • Ecrit par Sixtine De Gournay

  • Publié le  | Modifié le 

Les concertos de Rachmaninov sont joués par les pianistes du monde entier. Né en Russie au temps des tsars, le compositeur est mort pendant la seconde guerre mondiale. Pourtant son œuvre reste attachée au lyrisme post-romantique, contrairement à nombre de ses contemporains résolument tournés vers la modernité. Rachmaninov émigre aux Etats-Unis pour fuir la Révolution russe. Il ne reverra jamais son pays

Encouragé par le vieux Tchaïkovsky Rachmaninov compose pour le piano, son instrument. Mais c’est avant tout comme concertiste virtuose et chef d’orchestre qu’il mène une brillante carrière à l’étranger. En 1917, il profite d’une tournée pour fuir la Révolution russe. Il s’installe aux Etats-Unis, et séjourne également en France et en Suisse. Contrairement à Prokofiev, il ne retournera pas en Russie et restera à jamais nostalgique de son pays natal. Rachmaninov a touché à tous les genres. Ceux qui impliquent le piano bien-sûr : concertos, mélodies, musique de chambre, et pièces pour piano seul. Mais il s’aventure aussi dans les domaines de l’opéra (Aleko), de la musique religieuse (Vêpres) et des symphonies. Si son style évolue quelque peu au fil des années, il reste néanmoins profondément ancré dans l’esthétique de la fin du XIXème siècle.

Ecrit par Sixtine De Gournay sur:

https://www.radioclassique.fr/magazine/articles/top-5-serge-rachmaninov-1873-1943/

Le Concerto pour piano n°2, l’oeuvre qui a sauvé Rachmaninov

Ecrit par Stéphane Friédérich
Publié le  Modifié le 

Le Concerto pour piano n°2 de Rachmaninov ne déroge pas à la tradition romantique héritée de Tchaïkovski, comme la forme classique en trois mouvements (vif – lent – vif). Toutefois, l’œuvre apparaît davantage comme une immense improvisation. La liberté du discours s’écarte du concerto traditionnel, et les grandes phrases mélodiques qui s’imbriquent permettent un enchaînement naturel entre les trois mouvements. Rachmaninov aurait probablement cessé sa carrière de compositeur si le Deuxième Concerto pour piano avait été un échec.

 Revenons quelques années plus tôt. Le 15 mars 1897 à Saint-Pétersbourg, Alexander Glazounov (1865-1936), plongé dans un état d’ébriété avancé, dirige la Première Symphonie du jeune Rachmaninov alors âgé de 24 ans. Sa direction est si médiocre, que la réaction du public est négative. Le fiasco est amplifié dans la presse, qui joue de la rivalité ancestrale entre les musiciens moscovites (Rachmaninov était considéré comme tel) et l’intelligentsia de la capitale impériale, Saint-Pétersbourg. Le désastre de la création entraîne chez Rachmaninov une véritable dépression. Il n’en sort que grâce à une psychothérapie auprès de l’hypnotiseur Nikolaï Dahl. Rachmaninov détruit le manuscrit de la symphonie (fort heureusement, la partition a été reconstituée grâce aux parties d’orchestre préservées). Pendant de nombreux mois, il abandonne toute envie d’écriture.

  Le triomphe du Deuxième Concerto sauve le jeune Rachmaninov, qui retrouve le goût de composer.

Rachmaninov fait une nouvelle tentative pour affronter le public, lors d’un concert privé le 15 décembre 1900. Il dirige alors les deux derniers mouvements de son Deuxième Concerto pour piano, qui est à l’origine une commande de la Société Philharmonique de Londres. Le 27 octobre 1901, Alexandre Ziloti assure la création du concerto dans son intégralité. Le public moscovite découvre la célèbre introduction avec ses premiers accords au piano, qui sont comme l’écho du carillon de la cathédrale de Novgorod, la ville de la province dans laquelle Rachmaninov vit le jour en 1873. Ce passage est bien le seul hommage probablement involontaire que rend Rachmaninov à l’archaïsme slave revendiqué quelques années plus tôt par le Groupe des Cinq (Modeste Moussorgski, Mily Balakirev, César Cui, Nikolaï Rimski-Korsakov et Alexandre Borodine). Le triomphe est à la mesure de la catastrophe de 1897.

L’œuvre fascine le public par la beauté de ses thèmes

Le Moderato s’ouvre sur le glas des accords puis il lance toute l’énergie vitale de l’orchestre et du piano comme le signe d’une résurrection. Rachmaninov y assume ses doutes et exprime sa volonté de liberté. Les rythmes, les contrastes s’accumulent dans un flot sonore révélant l’hypersensibilité du musicien. Le climat nostalgique se mêle aux traits les plus martelés du maestoso. Le mouvement s’achève avec légèreté, mais dans une virtuosité éblouissante. L’Adagio sostenuto qui s’enchaîne évoque autant un choral religieux que des danses archaïques avec quelques réminiscences empruntées aux concertos de Liszt. Le dialogue du soliste avec la flûte et la clarinette crée une impression d’immobilité d’une étrange beauté avant de revenir à une reprise abrégée du début de l’adagio. L’Allegro scherzando clame l’espoir retrouvé. Il surgit avec une verve lyrique triomphante, puisant dans les ultimes ressources techniques du soliste, toujours dans l’esprit des concertos de Tchaïkovski. La virtuosité cède le pas dans une séquence mélodique irrésistible. Le second thème est traité sous forme de variations, puis le final offre une coda triomphale, la tonalité d’ut mineur cédant la place à celle d’Ut Majeur.

Ecrit par Stéphane Friédérich sur :

https://www.radioclassique.fr/magazine/articles/le-concerto-pour-piano-n2-loeuvre-qui-a-sauve-rachmaninov/

 Concerto pour piano n°2, 2ème mouvement (Khatia Buniatishvili, Filarmonica Teatro Regio Torino, Giandrea Noseda)

Prélude pour piano seul en ut dièse mineur opus 3 n°2 (Evgeni Kissin)

Rhapsodie sur un thème de Paganini, 18ème Variation (Daniil Trifonov, Philadelphia Orchestra,Yannick Nézet-Séguin)

Prélude pour piano seul en sol mineur opus 23 n°5 (Valentina Lisitsa)

Vocalise (Mischa Maisky au violoncelle, et sa fille Lily au piano)

Arthur Rubinstein, l’un des plus grands pianistes du 20ème siècle

Rédigé par Camille V. le21/03/2019 sur https://www.kelprof.com

Né en 1887 en Pologne, naturalisé américain en 1946, Arthur Rubinstein a marqué à jamais l’univers du piano. Pianiste prodige, il pose ses doigts sur les touches d’un clavier pour la première fois à l’âge de 4 ans. Frappés par son talent inné et son oreille affûtée, ses parents l’inscrivent à ses premiers cours de violon en Pologne.

C’est le point de départ d’une immense carrière qui l'amènera aux 4 coins du monde, de la Russie à l’Amérique du Sud, pour un nombre incalculable de concerts. Artiste populaire et très médiatisé, il s’est fait remarquer par un répertoire varié, des grands classiques à des œuvres plus récentes, de Ravel à Saint-Saëns.

Certains disent d’ailleurs de lui qu’il est le meilleur interprète de Chopin, mais ses versions de Brahms, Beethoven ou Schumann ne sont pas en reste.

Rédigé par Camille V. le21/03/2019 sur https://www.kelprof.com

 

Arthur RUBINSTEIN 

(1887-1982)

Arthur Rubinstein

Par Olivier Bellamy
Publié le  Modifié le 

Modèle de l’artiste cultivé, bon vivant et au goût parfait, Arthur Rubinstein fut universellement aimé des pianistes. « Je suis la personne la plus heureuse que j’aie rencontré de ma vie », disait-il. Entre ses débuts en 1900 et ses adieux en 1976, il a donné 6 000 concerts dans le monde entier… sans en annuler un seul.

Arthur Rubinstein en 10 dates :

  • 1887 : naissance à Lódz (Pologne)
  • 1904 : s’installe à Paris
  • 1915 : première tournée en Espagne
  • 1928 : premier enregistrement
  • 1908 : tentative de suicide
  • 1946 : naturalisation américaine
  • 1958 : retour en Pologne
  • 1969 : L’Amour de la vie, film de François Reichenbach
  • 1976 : fait ses adieux avec le Concerto n° 1 de Brahms
  • 1982 : mort à Genève
  • « Il faut vivre dangereusement. Qui a envie d’entendre jouer quelqu’un avec précaution ? »

    Sur les 200 enregistrements qu’il a laissés et qui englobent un très large répertoire, aucun n’est démodé, chacun représente une sorte d’équilibre parfait entre l’intelligence et le cœur. Arthur Rubinstein possédait le génie de la communication. Quand on lui demandait comment il obtenait ce ton narratif, cette sonorité chaleureuse, cette manière unique de raconter des histoires sans jamais trahir le texte, il répondait qu’il ne jouait pas pour une salle entière mais pour une seule personne du public. Ainsi chaque auditeur avait l’impression qu’Arthur Rubinstein jouait pour lui seul. Il avait aussi un secret pour trouver ce climat de confidence dans ses disques. Il ne jouait jamais pour le micro mais pour les ingénieurs du son. « J’ai toujours peur qu’ils s’ennuient alors je fais tout pour qu’ils aient le sentiment que je leur donne quelque chose. » Il estimait en outre qu’un artiste se devait de prendre des risques : « Si vous ne perdez pas deux kilos et dix gouttes de sang, c’est que vous n’avez pas donné de concert. »

    « Quand je joue en public, il y a un moment où je les sens tous là, je peux faire n’importe quoi. C’est un grand, grand moment. »

    Arthur Rubinstein naît le 28 janvier 1887 à Lódz, la deuxième ville de Pologne qui fait alors partie de l’empire russe et où vit une importante communauté juive. Dernier d’une famille de sept enfants, il veut faire du piano comme sa grande sœur alors que son père aurait préféré qu’il joue du violon. Il donne son premier concert à l’âge de six ans. En 1898, il rencontre Joseph Joachim qui le prend sous sa tutelle et le confie à Karl Heinrich Barth : « un homme très sévère et sans aucune fantaisie ». Il s’installe donc à Berlin et rencontre Busoni, Kreisler, Ysaÿe. À seize ans, il claque la porte de son professeur et s’installe à Paris où il joue le Concerto n° 2 de Saint-Saëns en présence du compositeur. Introduit dans les meilleures familles, il vit une existence légère et mondaine. Paul Dukas le sauve : « Alors que je prenais mon petit-déjeuner en terrasse du Fouquet’s à six heures du soir, il m’a objurgué de rentrer travailler en Pologne. » Le pianiste obtempère et travaille l’œuvre de Chopin pour lui rendre toute sa noblesse alors que Paderewski, idole des foules, en donne une image dénaturée.

    En 1906, il part en tournée aux États-Unis. Sur le bateau, alors qu’une tempête fait rage, il joue pendant neuf heures d’affilée pour distraire les passagers.

    En 1908, Arthur Rubinstein traverse une période difficile. Seul et ruiné à Berlin, il décide de mettre fin à ses jours, mais s’en tire et décide d’aimer passionnément la vie. Il passe la guerre à Londres et effectue une tournée historique en Espagne en 1915. Parti pour donner quatre concerts, il en donne finalement cent vingt. La veuve d’Albéniz lui dit : « Vous jouez exactement comme le voulait mon mari. » Il donne l’intégrale d’Iberia (dont il n’a malheureusement enregistré que des extraits) à Madrid et obtient un triomphe. Il se lie à cette occasion avec Manuel de Falla. Aux États-Unis, la critique le bat froid et lui préfère Rachmaninov ou Hofmann. Mais il triomphe en Amérique du sud. À Rio, en 1920, il fait la connaissance de Villa-Lobos dont il défend la musique. En reconnaissance, le compositeur lui dédiera Rudepoema. À cette époque, Stravinsky transcrit trois scènes de son ballet Petrouchka pour Rubinstein. En 1924, il s’installe dans le quartier bohème de la butte Montmartre à Paris. Lors d’une tournée en Pologne, il retrouve une amie d’enfance, Nela, qu’il épouse en 1932 et qui lui donnera cinq enfants. À la fin des années 1930, Rubinstein devient enfin une star aux États-Unis.

  • Assistant à un concert d’Horowitz, Rubinstein sent que le Russe est un plus grand virtuose que lui. Pendant plusieurs mois, il peaufine son jeu et lustre sa technique pour rattraper son « retard ».

    Fuyant la guerre en Europe, Arthur Rubinstein s’installe aux États-Unis. En 1942, il enregistre le Concerto de Grieg avec Eugene Ormandy et l’Orchestre de Philadelphie. Le disque remporte un grand succès commercial. Il s’amuse à raconter que les royalties lui ont permis d’acheter une maison que jamais le compositeur n’aurait pu s’offrir. À cette époque, un chef d’orchestre raconte qu’on pouvait réveiller Rubinstein au beau milieu de la nuit et qu’il aurait pu jouer de mémoire l’un des quarante concertos de son répertoire. Le 29 octobre 1944, Arturo Toscanini l’invite à jouer en après-midi le Concerto n° 3 de Beethoven. Rubinstein doit donner un récital le soi même à Carnegie Hall, mais il accepte. Cette rencontre historique donne lieu à un enregistrement qui est l’un des plus beaux disques de l’histoire. Malgré son immense répertoire, Rubinstein ne joue jamais une œuvre si elle ne le touche pas très directement. C’est ainsi qu’il nourrit une passion pour Mozart. « Je le ressens comme je ressens Chopin, mais je n’ose le jouer car on va dire que je le joue comme du Chopin. »

    Reconnu comme l’interprète idéal de Chopin, Arthur Rubinstein répond souvent que Brahms est son compositeur préféré.

    Naturalisé américain en 1946, Arthur Rubinstein se rapproche néanmoins de l’Europe qui lui manque. Il s’installe dans un hôtel particulier de l’avenue Foch en 1954. En 1958, il effectue un retour en Pologne où il n’a pas joué depuis longtemps et va se recueillir sur la tombe de Szymanowski. Il refuse obstinément de jouer en Allemagne, au motif que plusieurs membres de sa famille ont péri dans les camps à cause des nazis. Lors d’un dîner, à la femme de Karajan qui tente d’infléchir sa position et le faire venir jouer à la Philharmonie de Berlin, il répond : « Vous avez de si beaux yeux, chère Madame, pourquoi me parler de votre mari ? » L’humour de Rubinstein est proverbial et son goût des femmes ne l’est pas moins. Teresa Berganza raconte qu’à la fin de sa vie, presque centenaire et totalement aveugle, il s’émoustillait encore de la présence d’un représentant du beau sexe qu’il détectait au parfum.

    Un jour Zubin Mehta demande à Arthur Rubinstein : « Par quoi commence-t-on ? Beethoven ou Saint-Saëns ? »  Rubinstein répond du tac au tac : « Beethoven. L’église d’abord, le bordel ensuite. »

    La musique de chambre a toujours occupé une place essentielle dans le répertoire d’Arthur Rubinstein. Il est l’un des rares virtuoses à lui avoir accordé autant d’attention et de soin. Ses enregistrements avec Henryk Szeryng et Pierre Fournier appartiennent à l’histoire. Il a aussi formé avec Heifetz et Piatigorski (ou Feuermann) un trio fameux. Et ses réalisations avec le Quatuor Guarneri demeurent incomparables. Son impressionnante discographie provient du fait qu’il enregistra les mêmes œuvres à plusieurs reprises. Par exemple, on trouve une première version des Nocturnes de Chopin dans les années 1930 pour His Master’s Voice, puis dans les années 1950 pour RCA et dans les années 1960 en stéréo pour le même éditeur. Toujours avec un rubato naturel et une grande pureté de jeu. 

    Comme dit Sviatoslav Richter : « Rubinstein joue à un âge où on a cessé de jouer depuis longtemps avec une technique sans défaillance. »

    Arthur Rubinstein effectue un grand retour en Union Soviétique en 1964. Des scènes de liesse et de ferveur rythment six concerts fabuleux. À la même époque, il joue durant tout un mois à Carnegie Hall avec dix programmes différents. Les dernières années d’Arthur Rubinstein sont parsemées d’honneurs et de médailles. Il les accepte avec un mélange de rigueur et de charme qui est l’exact reflet de son tempérament artistique. En 1969, il accepte de tourner un film avec François Reichenbach, Arthur Rubinstein – L’amour de la vie, qui obtient un beau succès et remporte l’oscar du meilleur documentaire. Dans les années 1970, son autobiographie en trois gros volumes paraît chez Robert Laffont. À l’âge de 90 ans, devenu quasi aveugle, il grave son dernier disque, le Concerto n° 1 de Brahms avec Zubin Mehta. L’année suivante, il quitte sa femme pour Annabelle qui a le tiers de son âge. La légende veut que ce grand amoureux de la vie ait écouté Le Barbier de Séville avant de pousser son dernier soupir dans un sourire le 20 décembre 1982 à Genève. Un grand seigneur a vécu, un noble artiste demeure. 

  • Olivier Bellamy sur:https://www.radioclassique.fr/magazine/compositeurs-interpretes/rubinstein-arthur-biographie/

Arthur Rubinstein en 1963 par Erling Mandelmann

 Academic, 2000-2021

https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/140236

Né dans une famille juive de Łódź, Arthur Rubinstein n'a aucun lien de parenté avec le célèbre pianiste et compositeur russe Anton Rubinstein (1829-1894).

Il donne son premier concert dans sa ville natale en 1894 et, dès 1898, le violoniste Joseph Joachim le prend sous sa protection et l’envoie étudier à la Hochschule für Musik de Berlin. Il entame sa carrière dans la capitale allemande et commence très vite à jouer dans d’autres pays, notamment en Pologne. Pendant son adolescence, il ne va pas au lycée, mais son précepteur lui donne une culture si solide que, dès ses quatorze ans, il lit les littératures polonaise, russe, française, anglaise et allemande dans le texte.

En 1904, il se rend à Paris où il rencontre Ravel, Dukas et joue même le Second Concerto pour piano de Saint-Saëns en présence du compositeur. En 1906, il fait ses débuts aux Etats-Unis avant de s'installer à Paris. En 1908, endetté et profondément déprimé, il tente de mettre fin à ses jours. La tentative échoue. C’est le signe du destin. Dès lors, débute une vraie carrière internationale entre les États-Unis, l’Australie, l’Italie, la Russie et la Grande-Bretagne. Durant la première guerre mondiale, il vit surtout à Londres puis en Espagne où en 1916, il entame une grande tournée de concerts ainsi qu'en Amérique du Sud, ce qui fera de lui un spécialiste de la musique latino-américaine. Ces voyages lui ont en effet permis de connaître les compositeurs tels que Falla, Granados, Albeniz ou même Villa-Lobos. Ce dernier lui dédie d’ailleurs une pièce.

Mais il faut attendre les années 1930 pour que le pianiste jouisse vraiment d’une renommée internationale. En effet, jusqu’à cette date, les grands pianistes tels que Sergueï Rachmaninov ou Josef Hofmann font de l’ombre à Rubinstein, et plus globalement à tous les autres pianistes. Mais les années 1930 marquent la fin de carrière de ces deux géants, et laissent la place aux « jeunes ». Or, la plupart sont peu intéressants et percutent le piano. Rubinstein, avec son tempérament romantique, trouve alors sa place : à la fois successeur des grands pianistes post-romantiques et représentant d’une nouvelle génération.

En 1932, le pianiste se retire quelques mois de la scène pour travailler sa technique et son répertoire. Il se marie avec Anelia Mlynarska. Durant la Seconde Guerre, il s’installe aux États-Unis et devient citoyen américain à part entière en 1946. En 1954, il se réinstalle à Paris, avenue Foch, dans la maison qu'il détenait avant guerre (et qui avait été réquisitionnée par la gestapo), une ville dont il restera amoureux[2]. Sa fille Eva y vit toujours. Il refusera à jamais de se produire sur le sol allemand après l’Holocauste durant lequel il perdit toute sa famille de Pologne. (NB : après le commencement de la guerre en 1914, il ne joua plus jamais en Allemagne comme le premier tome de son autobiographie l'affirme). Il donnera toutefois des concerts aux frontières de l'Allemagne pour le peuple allemand qui apprécie son art. En grand amoureux de la vie, il continuera à parcourir le monde et en famille durant trente ans, malgré un début de cécité qui se déclare en 1975. Son dernier concert a lieu le 10 juin 1976 à Londres. Le premier tome de sa biographie paraît en 1973, le dernier en 1980. Il s'éteint deux ans plus tard, toujours jeune et plein d'humour mais presque aveugle, à l'âge de 95 ans, à Genève en Suisse. À la question de Jacques Chancel lors de l'émission de télévision française Le Grand Échiquier qui lui est consacrée : « Croyez-vous à l'au-delà? », il répond: « Non, mais ça me ferait une bonne surprise! ». Le 20 décembre 1983 (premier anniversaire de sa mort), une urne contenant ses cendres est enterrée en Israël, sur un terrain dédié maintenant surnommé "Forêt Rubinstein" qui surplombe la forêt de Jérusalem              (cela fut décidé avec les rabbins pour que la forêt principale ne tombe pas sous le coup des lois religieuses gouvernant les cimetières). 

Rubinstein est l’interprète inoubliable des Romantique promenant sur le clavier la grâce naturelle de son talent là ou d’autres émergeaient à force de travail opiniâtre. Il contribue de façon majeure a faire sortir les œuvres de Frédéric Chopin de certaines dérives maniéristes exercées par plusieurs générations d’interprétation maleureuses.

Il propage par le disque, nouvellement apparu, interprétation lyrique et sans fards qui tâcha de souligner, selon ses mots, « la magnifique qualité d'esprit viril qui se cachait en     Chopin ». En effet, s’il garde l’esprit romantique, Rubinstein épure son style, et enlève tout le maniérisme qui peut émaner du jeu des pianistes comme Paderewski. Il garde les meilleurs éléments du courant romantique, mais en rejette les excès. Il est cependant parfois critiqué pour son jeu trop brillant et pas assez intérieur.

Pour Rubinstein, l’interprète doit refléter le message du compositeur tout en l’interprétant. Car sinon, un robot pourrait tout aussi bien le faire. Dans cette optique, il jette un regard peu laudatif a la jeune génération des années 1960 : dans une interview donnée en 1964, il critique ces jeunes, qui « sont trop précautionneux avec la musique, n’osent pas assez, et jouent automatiquement et pas assez avec leur cœur ». Rubinstein joue en effet avec son cœur, sans larmoiement. Le pianiste Eugen Indjic rapporte que Rubinstein supportait mal, surtout vers la fin de sa vie, que les temps ne soient pas respectés. Autrement dit, il existe une fine limite entre le rubato approprié, et le rubato de mauvais goût. Limite que Rubinstein ne franchissait pas. Son jeu très apprécié lui a permis d’obtenir de nombreuses récompenses, notamment un Grammy award pour ses interprétations de Beethoven et Schumann, mais aussi des Grammy awards récompensant ses interprétations en musique de chambre avec Pierre Fournier (violoncelle) et Henryk Szeryng (violon) ; le pianiste lui-même a donné son nom à un concours de piano à Tel-Aviv, qui récompense de jeunes pianistes talentueux.

Bibliographie

  • Sélection du Reader's Digest. Novembre 1948. Rubinstein  l’aristocrate du piano  par Winthrop Sargeant.
  • Sélection du Reader's Digest. Août 1966. Rubinstein virtuose  de la vie.  Condensé de Time.
  • Bernard Gavoty, Arthur Rubinstein. Édit. Kister, Genève 1955. Collect. « Les grands interprètes ».
  • Arthur Rubinstein : Mes longues années (3 volumes),  éd. Robert Laffont, 1973-1980

 Academic, 2000-2021

https://fr-academic.com/dic.nsf/frwiki/140236

MARTHA ARGERICH

 (Buenos Aires, 1941)

Martha Argerich

Biographie de la Documentation de Radio France, octobre 2013

https://www.radiofrance.fr/personnes/martha-argerich

Pianiste incontournable depuis les années soixante, Martha Argerich est douée d’une grande maîtrise technique et d’une personnalité affirmée et charismatique. Elle se produit sur scène dès son plus jeune âge en Argentine, son pays natal, puis embrasse une carrière de soliste internationale jalonnée de succès, tout en gardant jalousement son indépendance artistique.

Les dons musicaux de Martha Argerich sont remarqués et encouragés dès l’âge de 3 ans. A 5 ans elle prend des leçons de piano avec Vincenzo Scaramuzza  et à huit ans elle se produit en récital dans le Concerto en ré mineur de Mozart et celui en ut majeur de Beethoven. En 1955, elle se rend en Europe pour poursuivre ses études musicales auprès de Madeleine Lipatti  et Nikita Magaloff  à Genève, et auprès de Friedrich Gulda  à Vienne. A 16 ans, elle obtient le premier prix Buzoni  à Bozen, le Premier Prix du Festival de Genève. 9 ans plus tard elle confirme son prodigieux talent en remportant à Varsovie le Prix Chopin. Dès lors, sa carrière internationale connaît un véritable envol. Malgré de nombreuses tournées aux Etats-Unis, au Japon et en Europe qui rencontrent un grand succès auprès des critiques et du public, Martha Argerich réalise peu d'enregistrements en studio, refusant tout contrat d'exclusivité et préférant rester libre de ses choix et de sa carrière. C'est pourquoi sa discographie se caractérise en grande partie par des enregistrements publics.

Si son tempérament la porte vers les œuvres du grand répertoire pianistique, le répertoire de Martha Argerich est très étendu. Elle trouvera notamment dans la musique de chambre un champ d'exploration exceptionnel, ainsi multiplie-t-elle les collaborations avec Gidon Kremer, Mischa Maisky, Itzhak Perlman, Yuri Bashmet, Mstislav Rostropovitch, Stephen Kovacevich, Evgueni Kissin  et Nelson Freire  pour ne citer qu'eux. Martha Argerich s'est aussi consacrée au soutien de jeunes musiciens. Elle fait régulièrement partie du jury de grands concours instrumentaux, et dirige depuis 1998 le festival de Beppu  au Japon. En 1999, elle créé un concours international de piano à Buenos Aires, ainsi que le Progetto Martha Argerich  (Projet Martha Argerich) à Lugano, en Suisse en 2002. Artiste passionnée, elle a acquis la réputation d'une musicienne fascinante mais imprévisible. Son parcours de soliste internationale est aussi bien marqué par ses brillantes interprétations des œuvres les plus astreignantes du répertoire que par ses interruptions de carrière ou ses annulations de concerts.

Martha Argerich en 6 dates :

  •  1957 : Premiers prix d’interprétation au piano aux concours de Genève et Busoni

  •  1960 : 1er enregistrement (Deutsche Grammophon)

  •  1980 : Démission du Concours Chopin de Varsovie suite à l’éviction d’Ivo Pogorelich

  • 1999 : Lancement du Concours de Piano Martha Argerich à Buenos Aires.

  •  2007 : Le Festival de Piano de la Ruhr (Essen, Allemagne) lui attribue un prix pour l’intégralité de sa carrière.

  •  2013 : Sortie du film Argerich «Bloody Daughter» de Stéphanie Argerich

​​​​​​​​​​​​​​Biographie de la Documentation de Radio France, octobre 2013

https://www.radiofrance.fr/personnes/martha-argerich​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​​

Naturellement authentique

Textes:

Melissa Härtel, Charles Sigel, Julian Sykes 

 

Références:

Olivier Bellamy, "Martha Argerich, l'enfant et les sortilèges, éd. Buchet-Chastel, 2016

RTS Culture:

Septembre 2020 - Actualisation en juin 2021

On la considère – à raison – comme la plus grande virtuose de sa génération. En dépit de son art de vivre bohème, d’une carrière par moments interrompue, elle est restée d’une constance remarquable.

Elle aurait pu se complaire dans des interprétations figées dans le marbre ou, au contraire, essayer de se distancier de son personnage volontiers qualifié de fantasque en fabriquant une sorte d’émotion musicale. Mais Martha reste Martha. Sur scène, elle ne triche jamais (même son trac se voit) elle est d’un naturel confondant.     

Verbier Festival 2012 Argerich

Elle, qui peut tout jouer, se concentre aujourd’hui sur quelques œuvres, toujours les mêmes, le Concerto en sol de Ravel, le Deuxième et le Troisième de Prokofiev, des Rachmaninov à deux pianos avec Nelson Freire, Nelson Goerner ou Daniel Barenboim, des sonates avec Renaud Capuçon… Ce qui est frappant, c’est qu’elle trouve toujours de nouveaux accents, un contrechant à la main gauche qu’on n’a jamais entendu jusque là. C’est qu’il y a dans son toucher une fermeté, quelque chose d’impérieux et d’évident qui n’est qu’à elle, elle est de plein pied avec ces grands nerveux que furent Schumann ou Chopin, comme si elle était en conversation intime avec eux. On voit ses lèvres bouger sans cesse quand elle joue. Que dit-elle? Parle-t-elle à ses mains, si sèches, si dures, mais si tendres quand il le faut? Comment et pourquoi les pianos sonnent-ils différemment sous ses doigts (on pourrait le dire de tout grand pianiste)? En tout cas, il y a un son Argerich. C’est un grand mystère. Certains disent être dans le secret. Elle travaillerait inlassablement, au plus profond de la nuit, quand tout dort, vers trois ou quatre heures du matin. Allez savoir!  En général, les pianistes deviennent légendaires longtemps après leur mort, Hoffman, Moisewitsch, Godowsky, Cortot… Argerich le fut tout de suite, dès qu’elle eut remporté le Concours de Genève en 1957. On la voit sur les photos de l’époque. La silhouette était nerveuse et l’immense chevelure d’un noir de jais. La bouche déjà boudeuse, elle consentait à poser avec les messieurs du jury. Insolente et libre.

Pianist Martha Argerich

Martha Argerich, photographiée ici en 1996,

Une enfant prodige

Martha Argerich est née le 5 juin 1941 à Buenos Aires (Argentine) dans une famille de la classe moyenne, plutôt mélomane et originale. Très jeune, elle montre des dispositions exceptionnelles pour le piano. Pour son père, ce talent doit mûrir naturellement. Ce n'est pas l'avis de sa mère, Juanita, obstinée et volontaire, qui se met dès lors à la recherche d'un professeur. Martha Argerich débute sans véritable enthousiasme dans la classe de piano de la fondatrice d'une école pour enfants prodiges de Buenos Aires. Quelques années plus tard, elle entre dans la classe d'un nouveau professeur, Vincenzo Scaramuzza, une légende - terrifiante - du piano. 

A sept ans déjà, elle donne son premier concert au Teatro San Martín, malgré un trac redoutable. Elle rencontre à cette époque le jeune pianiste (puis chef d'orchestre) Daniel Barenboïm, presque son contemporain, avec qui elle donnera par la suite de nombreux concerts. Tout comme le pianiste brésilien Nelson Freire, autre ami fidèle depuis l'adolescence.

En 1955, Martha déménage à Vienne avec toute sa famille pour étudier avec Friedrich Gulda, un maître du piano dont l'enseignement la marquera durablement. A l'âge de 16 ans, en 1957, malgré ses appréhensions à jouer en public mais par goût de la compétition, elle remporte coup sur coup à quelques jours d'intervalle les premiers prix de deux prestigieux concours: le concours Busoni et celui de Genève (dans la catégorie féminine, le concours distinguant alors hommes et femmes). Elle débute alors avec des grandes tournées de concerts, en Allemagne et en Italie. A la même époque, elle s'établit à Genève, où elle travaille sous la houlette de Madeleine Lipatti, veuve du pianiste Dinu Lipatti. A Vevey, elle fait la connaissance de Clara Haskil, qui lui dit lors de leur première rencontre: "Si j'avais vos possibilités,  je resterais toute la journée au piano". Pour Martha, Genève est une ville ennuyeuse et peu stimulante. Elle y vivra pourtant de longues années, seule, puis bien plus tard avec ses trois filles, Lyda, fille du chef d'orchestre Robert Chen, Annie, fille de Charles Dutoit et Stéphanie, fille du pianiste et chef d'orchestre Stephen Kovacevic. En tant qu'artiste, son lieu de vie ne revêt pas d'importance particulière. Il lui faut simplement être entourée d'amis et imaginer avec eux de nombreux projets. 

Une mémoire hors norme

Martha Argerich possède une mémoire extraordinaire, qu'elle dissimule pour ne pas passer pour un phénomène de foire. Très jeune, elle reproduit sans peine des motifs joués au piano puis apprend des concertos entiers en très peu de temps. Elle joue son répertoire par coeur et ne connaît pas les trous de mémoire. Mais le plus étonnant est qu'il lui suffit de lire une fois la partition pour la connaître, révèle Olivier Bellamy dans sa biographie de l'artiste parue chez Buchet-Chastel. Son plaisir est de jouer, et non de "rejouer". Contrairement à la plupart des solistes, qui entraînent inlassablement leurs pièces de concert pour les maîtriser sur le bout des doigts, Martha Argerich possède des capacités qui lui permettent de travailler moins pour un résultat techniquement impeccable et d'une sensibilité extrême. "Elle n'est pas structurée comme nous et se donne beaucoup de mal pour encadrer le plus fabuleux des instincts musicaux", dit d'elle le chef suisse Charles Dutoit, qui fut son époux pendant cinq ans, de 1969 à 1974. En 1972, un reportage de la Télévision Suisse romande les montre dans leur maison de Jouxtens (VD). Charles Dutoit résume les choses ainsi: "Elle a des facilités colossales....mais elle est un tout petit peu paresseuse. Elle aime vivre, elle s'intéresse à d'autres choses et elle n'est pas une fanatique de la carrière de concertiste. Tout cela, mêlé à une sorte de frustration d'un enfant prodige, fait qu'il y a un espèce de problème entre son devoir de concertiste internationale et son envie réelle de le faire".

Farouchement libre et indépendante, Martha Argerich a connu de longues périodes pendant lesquelles elle ne touchait plus un piano. Elle a rapidement décidé de ne plus signer de contrat d'engagement, afin de garder la liberté d'annuler le concert au dernier moment.

Ce toucher ensorcelant

Les doigts courent sur le clavier; les poignets vibrent comme des piles électriques. La technique de Martha Argerich repose sur une souplesse extraordinaire, une élasticité qui lui permet de dessiner des phrases d’un galbe étonnant. Doigts de feu, doigts d’amour: au détour d’une phrase, ce toucher libère un moelleux sublime. Et avec les années, elle peaufine toujours plus son nuancier.

Un trac légendaire

Martha Argerich, c’est d’abord une présence rayonnante sur scène. Sa nervosité avant d’entrer sur scène est légendaire. Pour conjurer ses vieux démons, elle fait mine d’être relax et s’avance d’un pas chaloupé vers le piano. Puis, elle s’assied à l’instrument, règle éventuellement en deux-trois mouvements la hauteur du siège, et jette négligemment un mouchoir chiffonné sur le rebord du piano. Soudain, c’est parti: elle se concentre dans l’introduction orchestrale quand elle joue un concerto, tapotant nerveusement des doigts juste avant son entrée pianistique.

 Entre rigueur et liberté

On lui a trouvé des excès, des contrastes d’humeur et de "tempi" par ailleurs très excitants. Quand elle est nerveuse, elle devance l’orchestre et précipite certains traits. Mais l’impétuosité n’a jamais faibli. Elle remet sur le métier des œuvres qu’elle a fréquentées depuis des décennies sans se complaire dans des formules toutes faites. A chaque fois c’est nouveau et, pourtant, ça reste toujours elle; il y a une signature Argerich, sur la brèche entre rigueur et liberté. Depuis de longues années, elle a renoncé à jouer seule sur scène – ou alors de manière très rare. Elle aime s’entourer d’amis, partager les joies du duo, de la musique de chambre, tour à tour meneuse et suiveuse. En 2001, elle crée le "Progetto Martha Argerich" à Lugano, une grande fête de la musique où elle réunit ses amis de longue date et de jeunes talents. A presque 80 ans, elle interprète aujourd'hui un nombre restreint de concertos, toujours les mêmes, des œuvres qu’elle a mises en doigts depuis la fin des années soixante. Elle a enregistré le 3e Concerto de Beethoven, sous la direction de Claudio Abbado (un CD Deutsche Grammophon), mais elle s’estime incapable de traduire la grâce céleste et mystique du 4e Concerto, délaissant les assauts impériaux du 5e Concerto dit L’Empereur. Elle en reste aux Concertos 1 et 2, plus juvéniles, plus primesautiers.

 Un délicatesse impalpable

Son jeu s’est arrondi avec les ans, d’une délicatesse impalpable dans certains passages, comme murmurés du bout des doigts: au tempérament fantasque, extraverti de la tigresse, répond aujourd’hui une voix secrète, d’une grande qualité d’introspection. Toujours à l’écoute de ses partenaires en musique de chambre, elle mène le jeu mais sait aussi leur tisser un écrin très mobile. Sa réputation de "plus grande pianiste vivante" l’a davantage paralysée que libérée. Sans cesse, elle a dû surmonter son trac pour ne pas tomber du piédestal. Sa haute exigence nous prive d’un répertoire solo plus large qu’elle serait parfaitement à même de nous livrer. Mais il lui arrive de faire des exceptions, et Martha a fait un beau cadeau récemment aux internautes. Elle a accepté de livrer pour les caméras du net une interprétation de la Sonate pour piano Nr. 3 en si mineur Op. 58 de Chopin enregistrée à la Laeiszhalle de Hambourg. 

On y voit l’artiste dompter les écueils et surfer à travers les grandes mélopées avec un art souverain du phrasé. C’est comme un retour aux sources, elle qui avait enregistré cette œuvre en 1967. Rien que l’essentiel, les forces antagonistes de Chopin dominées sans effet ostentatoire. La jeunesse et la force de l’âge. 

En coulisses

Animateur et producteur sur RTS-Espace 2, Charles Sigel a présenté durant de nombreuses années les concerts du Festival de Verbier. Dans les coulisses, et ailleurs, il a côtoyé la pianiste à de nombreuses reprises. Il livre ici quelques souvenirs:

 "Argerich!

C’est à Verbier que je l’aie vue, de loin et assez souvent de près.

En général, on dit Argerich tout court. "Est-ce qu’Argerich sera là?" Ou alors, si on veut se hausser du col, on dira "J’étais hier à un dîner. Il y avait Martha".

On la voit passer, pas très grande, le plus souvent un peu boudeuse, avec de grands sacs, genre cabas. On se retourne sur son passage, enfouie dans la masse de ses cheveux, désormais plus sel que poivre.

Je la revois à une répétition d’Evgueny Kissin. Un concerto de Beethoven, le premier ou le second. Et l’embarquant à la fin. "Viens un peu là, mon petit, il y a deux ou trois choses qu’il faut que je t’explique…"  

Je la revois pendant la grande panne d’électricité, il y a quelques années. Yuja Wang interrompue en plein Troisième Concerto de Prokofiev. Tout le monde se retrouve en coulisses. On attend dans la pénombre, à la lumière verdâtre des lampes de secours. Charles Dutoit, qui dirigeait, patiente comme tout le monde. On va reprendre, mais quand? Argerich à Dutoit: "Mais enfin, tu ne vas pas faire recommencer la petite depuis le début. Avec la cadence? Tu te rends compte?" La petite, dans sa robe rouge cousue sur elle, était vautrée sur le grand canapé, rouge aussi, à l’autre bout de la coulisse et tapotait sur son iPhone en attendant que ça se passe. Finalement, on reprit depuis le début." 

"Le Premier Concerto de Tchaikovsky. Argerich et Dutoit. Ils l’ont beaucoup joué ensemble, jadis et naguère. Elle prend un train d’enfer. Dutoit essaie de calmer le jeu pour éviter une catastrophe. Elle ne veut rien savoir. A un moment, d’un coup de menton, elle fait signe aux violoncelles, qui sont dans sa ligne de mire, de démarrer. Les violoncelles ne bronchent pas et attendent le signe du chef. A la fin, elle salue de mauvaise humeur. Le public en délire réclame un bis. Au bout de trois ou quatre rappels, toujours pas de bis. Finalement, Dutoit la prend par la main et la pose sur le tabouret. Impossible de reculer. Elle consent à jouer le prélude des "Scènes d’enfants" de Schumann. Quarante-cinq secondes maximum! Et elle sort, visiblement furieuse. Dutoit: "Un tempo pareil! Elle ne se rend pas compte! C’est pas Cleveland que j’ai devant moi!"

"Un soir de direct, je suis dans la coulisse avec mon micro. Avec moi, ma collègue Françoise D. de Radio Canada qui fait du faux-direct (elle enregistre sa présentation pour une diffusion ultérieure), nous "meublons" en attendant le début du concert. Argerich, qui jouera un concerto tout à l’heure, sort de sa loge avec dans chaque main une chasuble sur un cintre. "Elle avise Françoise, vient vers elle: "Je mets laquelle à votre avis?" Ce sont deux chasubles en mousseline noire avec des points argentés, à porter sur sa robe noire, assez semblables. "Plutôt celle-ci", dit Françoise, pour dire quelque chose. "Oui, je crois aussi", dit Argerich. Et elle repart dans sa loge. Françoise enchantée… "Mon micro était ouvert, c’est dans la boîte!". Un peu plus tard, on verra Argerich sortir de sa loge (où on l’aura entendu s’échauffer sur le petit piano électrique), avec l’autre chasuble. Evidemment. "Un autre soir, Argerich donne un concert en solo sur l’immense scène des Combins. Le fait est rarissime. Elle est terriblement traqueuse. Elle ne joue plus qu’en musique de chambre, souvent à deux pianos, ou avec orchestre. Ce soir-là, elle donnera notamment une version d’anthologie de la deuxième partita de Bach. Elle est en coulisses, prête à entrer en scène. A l’évidence, elle fait tout pour retarder ce moment. A côté d’elle, Annie, sa fille. "Fais-un bisou à ta maman…" Bisou. Elle monte les quatre marches qui mènent au plateau. Elle se concentre derrière le rideau. Un temps. Elle redescend les marches. "Encore un bisou". Et enfin elle y va. Il y a ses saluts que j’aime beaucoup aussi. Elle se casse en deux, une fois, deux fois, puis elle sort en coulisses en causant avec ses partenaires, j’imagine en commentant ce qui s’est passé. Elle ressort, toujours en causant, se re-casse en deux. La masse de cheveux voltige. Tout le cérémonial, elle s’y prête puisqu’il le faut, mais le moment qui compte, le seul, est passé."

Textes:

 

Melissa Härtel, Charles Sigel, Julian Sykes 

 

Références:

Olivier Bellamy, "Martha Argerich, l'enfant et les sortilèges, éd. Buchet-Chastel, 2016

RTS Culture:

Septembre 2020 - Actualisation en juin 2021 sur:

https://www.rts.ch/info/culture/musiques/11562206-martha-argerich-80-ans-et-une-indomptable-sagesse.html#chap08​​​​​​​

Dinu Lipatti

1917/1950

Dinu Lipatti | Discographie | Discogs

Malgré la brièveté de sa carrière, le pianiste roumain Dinu Lipatti est aujourd’hui salué comme l’un des plus grands pianistes du 20e siècle.

Texte et proposition: Catherine Buser

Le pianiste roumain Dinu Lipatti  (1917-1950) fait partie de la triste famille de ces artistes disparus trop tôt, emporté par la maladie à l’âge de 33 ans. Sa notoriété est un cas unique dans l’histoire de l’interprétation: elle repose presque exclusivement sur ses enregistrements, peu nombreux certes, mais salués comme "de l’or pur". Dinu Lipatti est une véritable figure de légende. Tous les artistes de son temps s’accordent à lui reconnaître une dimension mythique. Ainsi Francis Poulenc le considérait comme un artiste rempli de spiritualité divine. Frank Martin de son côté disait qu’il était "marqué par l’aura d’un monde insaisissable". Même Yehudi Menuhin a contribué à enrichir le mythe en saluant en lui "la manifestation d’un monde spirituel dépourvu de souffrance et de tristesse."

Elève d'Alfred Cortot

C’est peut-être Alfred Cortot qui, le premier, a pressenti le formidable talent de Dinu Lipatti. Le pianiste français faisait partie des membres du jury lors du Concours international de piano de Vienne en 1933 auquel participe Lipatti. Il n’a alors que 16 ans. Cortot fasciné par la jeunesse et la fougue de ce jeune musicien, suggère qu’on lui remette le premier prix, mais les membres du jury lui préfèrent un autre pianiste. Du coup, Cortot démissionne en signe de protestation et quitte Vienne pour Paris non sans avoir félicité chaleureusement le lauréat. Il l’invite à le suivre en France. L’année suivante, répondant à l’invitation de Cortot, Lipatti se rend à Paris et entre à l’École Normale de musique. Il perfectionne son jeu pianistique sous la houlette de Cortot et d’Yvonne Lefébure, mais il prend également des cours de compositions auprès de Paul Dukas et d’Igor Stravinsky et des cours de direction d’orchestre dans la classe de Charles Munch. 

Cortot était un professeur extrêmement exigeant et sans compromission. Il faisait jouer à son élève les mêmes études pendant des semaines avant de passer à une autre pièce. Lipatti a adopté la discipline mentale de son professeur et s’est imposé pour habitude de ne jamais jouer une œuvre en public avant de l’avoir entièrement comprise. Il étudiait des œuvres pendant des années avant de la présenter en concert.

A lire également: le Grand Format RTS Culture sur Alfred Cortot Alfred Cortot, poète du piano

Nadia Boulanger, un modèle

Dinu Lipatti a fréquenté à Paris le salon de Nadia Boulanger. Cette formidable pédagogue n’a pas fait long avant de découvrir son talent. Non seulement elle a salué l’intelligence musicale exceptionnelle de l'interprète, mais elle a également encouragé et reconnu la force de l’expression musicale du compositeur qu’il était.

Dinu Lipatti avait beaucoup d’affection pour Nadia Boulanger et voyait en elle un modèle musical autant qu’une mère spirituelle. Il existe un enregistrement où l’on entend Lipatti à quatre mains avec elle. Ils interprètent quelques-unes des Valses de Johannes Brahms. Un magnifique souvenir des années parisiennes.

"Écoutez les disques de Dinu Lipatti. Écoutez-les de nombreuses fois. Entourez-les de silence, sans lequel il n’y a pas de réelle attention et vous comprendrez quel message ils nous délivrent".

Nadia Boulanger

En tournée

Sa carrière de concertiste commence peu après son installation à Paris. Dès 1936, il part en tournée. Il se produit aussi bien en soliste qu’en compagnie d’autres musiciens. Ses enregistrements ne le laissent pas vraiment supposer, mais il adorait la musique de chambre. Durant ses années à l’École normale de Paris, il avait constitué un trio avec des amis étudiants, notamment avec la violoniste Ginette Neveu et le violoncelliste Antonio Janigro. Il fera même une tournée en Suisse avec ce dernier et réalisera avec lui plusieurs enregistrements qui ne seront jamais édités de son vivant.

Les mains du pianiste Dinu Lipatti [DP]

Les mains du pianiste Dinu Lipatti [DP]

Parmi les partenaires de chambre de prédilection figure son compatriote Georges Enescu, compositeur, pianiste et violoniste qui était également son parrain et son mentor.

Sa vie à Genève

Après quatre années au cours desquelles les deux artistes se produisent un peu partout en Roumanie, Dinu Lipatti décide en 1943 de fuir son pays et de s’installer en Suisse avec sa femme Madeleine Cantacuzène, elle-même professeur de piano réputée. Le couple s’établit à Genève. Dinu Lipatti se voit confier une classe de virtuosité au Conservatoire. C'est à ce moment-là qu'apparaissent les premiers signes de la maladie de Hodgkin qui devait l’emporter sept ans plus tard. Le pianiste est contraint de diminuer la fréquence de ses concerts. Mais la notoriété du pianiste roumain ne pouvait pas manquer d’attirer l’attention d’Ernest Ansermet, autre Genevois illustre, qui ne tarde pas à inviter le pianiste à se produire au Victoria Hall. Ensemble ils donneront plusieurs concerts et enregistreront également quelques disques inoubliables. Ils ont notamment gravé une version mémorable du 1er concerto de Franz Liszt et, en 1950, du Concerto de Schumann.

Des enregistrements mémorables

En 1946, il signe un contrat avec Walter Legge, producteur musical britannique et découvreur de talents qui travaille alors avec les plus grandes stars de la musique de l’époque, Karajan, Callas, Furtwängler ou encore Schwarzkopf. Dinu Lipatti entre donc dans l’écurie EMI qui, dès l’année suivante, commence à publier les enregistrements qui vont faire sa renommée internationale. Son enregistrement du concerto d’Edouard Grieg compte parmi les best-sellers publiés du vivant du pianiste. Ce disque est sans doute un des meilleurs exemples de la vivacité de son art, de son étourdissante virtuosité, doublé d’un lyrisme tendre et d’une sonorité incroyablement riche et ample.

"Il s’agit non seulement d’une exécution pianistique extraordinaire, mais d’une manière totalement nouvelle de jouer du piano."

Arthur Schnabel à propos de l'interprétation du Concerto d'Edouard Grieg par Dinu Lipatti

Son jeu unique se distingue alors par sa fidélité au texte et sa technique exceptionnelle, utilisée de manière judicieuse et toujours musicale. Lipatti prend le temps de dire ce qu’il a envie de dire, c’est un véritable poète du piano qui parle. On est bien loin de la virtuosité pure. Parfois le pianiste met des notes à côté, mais quelle poésie, quelle force, quelle énergie dans ce jeu où chaque note a un sens.

Son dernier concert à Besançon

L’enregistrement de son dernier concert à Besançon en 1950 est devenu mythique. Il y joue des Valses de Chopin qui donnent une idée de la vitalité, du panache et de l’éclat dont le pianiste était capable. Il fait preuve de sensibilité sans jamais tomber dans le sentimentalisme. Attentif aux contrastes, il développe une expression très distinguée. 

"Jésus que ma joie demeure", choral extrait de la cantate "Jesus bleibet meine Freude" arrangé pour piano par Myra Hess est l’une des œuvres que l’on associe le plus souvent à Dinu Lipatti. Il la donnait volontiers en concert ou alors comme bis. Elle a inauguré son tout premier récital à Paris et conclut son dernier concert à Besançon en 1950.

Texte et proposition: Catherine Buser

Réalisation web: Andréanne Quartier-la-Tente

https://www.rts.ch/info/culture/musiques/8541541-dinu-lipatti-un-pianiste-de-genie.html#scroll-first-element

Le dernier récital de Dinu Lipatti

Besançon, 16 septembre 1950

 

Ecrit Le 17 avril 2019 par  Mis à jour le 06/06/2019 sur : https://www.resmusica.com/2019/04/17/le-dernier-recital-de-dinu-lipatti-version-integrale-solstice/

Il paraissait que tout avait été dit au sujet de ce récital, mais il s’avère que non. Et bien que cette nouvelle parution de Solstice soit une reprise du matériel sonore déjà repiqué de multiples fois, et ce, par plusieurs labels (comme EMI / Warner ou, plus récemment, Profil Medien), un vent de fraîcheur souffle sur elle, tellement elle est révélatrice du point de vue technique et éditorial. Ce dernier récital de , donné dans le cadre du troisième festival de musique de Besançon, son adieu à l’auditoire, est probablement le concert public le plus connu dans l’histoire de la phonographie. Il est désormais disponible dans une version nouvellement restaurée depuis des bandes magnétiques.

Le concert

Ce n’est qu’à cause de la maladie que  avait arrangé un programme « moins fatigant », qu’il rodait à partir de 1949, le jouant pour la première fois à Berne en décembre de cette année, et le proposant aussi à Besançon. Selon les témoignages de l’époque, l’état du pianiste – venu dans le Doubs la veille du concert en compagnie de quatre personnes, parmi lesquelles il faut mentionner sa femme et son médecin –, s’est brusquement aggravé le jour même où il allait jouer devant le public : il avait de la fièvre et des crises douloureuses. Il est donc devenu évident que ce récital serait annulé. Néanmoins quand l’artiste apprit que la salle était pleine déjà à 15 heures, soit deux heures avant le début prévu de l’événement, il revint sur sa décision, d’autant que la crise avait été temporairement apaisée et qu’il se sentait mieux. Malgré cela, à l’arrivée dans la salle du Parlement, il ne fût pas en mesure de monter les escaliers sans le soutien de ses proches, ce qui rappelle la dernière apparition publique de , au Guildhall à Londres, le 16 novembre 1848. Les photos prises lors du concert de Besançon nous font voir un être à bout de forces. Cet épuisement, en revanche, n’est pas perceptible dans ses interprétations, données sur un piano Gaveau. Pour la Partita en si bémol majeur de Bach, il en propose une lecture à la fois vigoureuse et poétique, baignée dans les rayons du soleil et débordante de lyrisme. Son Mozart est, à son tour, brillant et énergique, mais également d’une simplicité d’expression extraordinaire, renvoyant quelque peu à celui de  dans ses dernières années. En ce qui concerne la célèbre exécution des deux pages de Schubert, le moment particulièrement émouvant est celui de la découverte de la fausse note à la basse au début de la mesure 20 de l’Impromptu en sol bémol majeur. Le jeu de Lipatti est humain comme jamais auparavant, et mis au service de la sincérité et de la passion. On se délectera aussi bien de la précision de l’articulation que d’une large gamme de demi-teintes qui rendent cette prestation tantôt savoureuse, tantôt douloureuse.

Il est à noter que pour l’interprétation des Valses de Chopin, Lipatti en présente son propre ordonnancement, les faisant entendre dans un enchaînement légèrement différent de celui trouvable en gravure de studio, pour laquelle l’agencement du programme était conditionné, entre autres, par la durée d’une face de 78 tours (de quatre à cinq minutes). Tout comme le Bach, le Mozart et les Schubert, les Chopin de Lipatti – les plus naturels possible, paraît-il – sont pleines de délicatesse, de douceur et de franchise, tout autant qu’empreints de brio, nous faisant percevoir la profondeur et l’agilité des trilles perlés, ainsi que la mise en valeur de la finesse du contour mélodique. Si cette prestation ravit par la rondeur du timbre, ce toucher de velours qui saisissait dès le début de sa carrière, l’élégance des phrasés et une musicalité hors norme, elle nous fait remarquer également quelques menues erreurs digitales, omissions des reprises et abréviations dues à la progression de la fatigue, par exemple dans la Valse en la mineur op. 34 n° 2 (8e du programme) et dans les Valses op. posth. 70 n° 2 et 3 (10e et 11e du programme). Dinu Lipatti arrête ce récital au début de l’exécution de la « quatorzième » valse, celle en la bémol majeur op. 34 n° 1, car il se sent trop faible pour continuer. Sauf erreur de notre part, ce moment n’a pas été capté par le matériel de prise de son, de même d’ailleurs que les trois bis que l’artiste joua au retour à la scène, parmi lesquels figuraient des œuvres de  : la transcription du choral Jésus, demeure ma joie (extrait de la cantate Herz und Mund und Tat und Leben BWV 147) faite par Myra Hess, soit la même pièce que Lipatti avait exécutée à son premier récital parisien, en 1935, ainsi que deux autres miniatures qui ne furent pas reconnues ou, du moins, listées par les critiques ayant chroniqué ce concert. On suppose qu’il s’agissait de la Pastorale BWV 590 dans son propre arrangement, et de la Sicilienne (de la Sonate pour flûte en mi bémol majeur BWV 1031) adaptée par .

Ecrit Le 17 avril 2019 par  Mis à jour le 06/06/2019 sur : https://www.resmusica.com/2019/04/17/le-dernier-recital-de-dinu-lipatti-version-integrale-solstice/

Dernier récital de Dinu Lipatti : Besançon, 16 septembre 1950

Un transfert du légendaire coffret de 2 LP du grand pianiste roumain Dinu Lipatti lors du dernier concert public du troisième Festival international de Besançon, le 16 septembre 1950. Le pianiste était alors extrêmement malade de la maladie de Hodgkin et s'en est approché de très près. à annuler le concert mais a insisté pour jouer. Il recevait des injections dans une pièce à côté de la scène entre les œuvres et a réussi à passer la majeure partie du récital, mais il n'a pas pu jouer la dernière des 14 valses de Chopin qu'il avait programmées. Il mourut deux mois et demi plus tard.

Après la première parution des 2 impromptus de Schubert de ce récital dans un coffret Columbia de 5 disques (FCX 491-495) paru en 1955 pour le 5e anniversaire de la mort du pianiste, le récital est paru aux États-Unis sur le label Angel d'EMI (Angel 3556 B) et sur la Colombie française (33FCX 698-699) au début de 1957. Les branches internationales d'EMI étaient réticentes à publier la performance en direct, qui comportait en grande partie un répertoire déjà enregistré en studio par Lipatti dans un meilleur son, mais l'ensemble était si acclamé par la critique - c'était la couverture du numéro du 27 avril 1957 du magazine Saturday Review aux États-Unis - qu'il a été publié peu après à l'international sur EMI (33CX 1499-1500) et a été salué comme l'un des enregistrements classiques les plus importants jamais émis.

Il manquait aux disques la tentative ratée de Lipatti de commencer la dernière valse qu'il avait programmée et le Bach qu'il a joué par la suite. Il est maintenant apparu que Lipatti a peut-être joué jusqu'à trois rappels de Bach : le Bach-Hess "Jesu, Joy of Man's Desiring", le Bach-Kempff "Siciliano" et l'un de ses propres arrangements, probablement le Malinconico de une Pastorale qu'il vient de transcrire. Les témoignages des participants survivants du concert quant au nombre de rappels ont été incohérents, mais un article de journal contemporain parle de trois rappels de Bach. Le récital n'a pas été retransmis en direct en raison des craintes concernant la santé de Lipatti, il n'est donc pas clair si cette partie de la performance a déjà été diffusée et si un enregistrement existe.

Il y a encore de l'audio inédit du récital qui comprend les arpèges `` préludants '' d'une beauté exquise de Schubert et Chopin, qui ne sont pas inclus sur les disques (pour des raisons inconnues, étant donné que les applaudissements et les préludes avant la sortie de Bach et Mozart), ainsi que des moments supplémentaires d'applaudissements et de bruit ambiant. Malheureusement, la plupart des rééditions de CD du récital ont omis le prélude trouvé sur le LP et quelques applaudissements. La performance telle qu'elle est publiée ici est ce qui a été trouvé sur l'ensemble LP original de 1957.

Le programme:

Bach : Partita n°1 en si bémol majeur, BWV 825
Mozart : Sonate pour piano n° 8 en la mineur, K 310
Schubert : Deux Impromptus D.899
- N°3 en sol bémol majeur
- N°2 en mi bémol majeur
Chopin : 13 valses
- n°5 en la bémol majeur op.42
- No.6 en ré bémol majeur Op.64 No.1
- No.9 en La Majeur Op.69 No.1
- No.7 en do dièse mineur Op.64 No.2
- No.11 en Sol Bémol Op.70 No.1
- No.10 en Si Mineur Op.69 No.2
- No.14 en Mi Mineur Op.Posth
- No.3 en La Mineur Op.34 No.2
- No.4 en Fa Majeur Op.34 No.3
- No.12 en Fa Mineur Op.70 No.2
- n°13 en ré bémol majeur op.70 n°3
- No.8 en La Bémol Majeur Op.64 No.3
- N°1 en mi bémol op.18

Il convient de noter que l'ordre des valses ici est différent de celui des 78 et des LP commerciaux, bien que cette version et cette performance en direct ne soient pas dans l'ordre chronologique mais dans une autre séquence choisie par Lipatti. Le pianiste a déclaré que parce que les valses de Chopin n'étaient pas écrites comme un ensemble mais plutôt sur une longue période de temps, en les jouant ensemble, il était plus logique de les présenter dans un ordre différent. La séquence sur l'enregistrement commercial a très probablement été impactée par la longueur des disques 78 tours originaux, alors qu'il n'y aurait pas eu de telles contraintes dans ce concert.

Les images présentées dans la vidéo sont :

Bach - le programme de concert du récital de Lipatti, tel que reproduit dans l'ensemble LP original
Mozart - une photo prise le matin du récital alors que Lipatti répétait dans la Salle du Parlement
Schubert et Chopin - deux images que le photographe local Michel Meusy avait prises de Lipatti au cours du récital.

Lipatti joue un piano Gaveau dans ce récital

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Le Prince des pianistes

Écrit par :

Pierre BRETON : musicographe

La trop courte carrière de Dinu Lipatti a cependant laissé dans l'histoire de l'interprétation pianistique une trace ineffaçable. À l'âge où tant d'autres atteignent à peine leur maturité artistique, une implacable leucémie mettait un point final à un message musical qui avait su trouver dans l'intériorité la forme la plus parfaite de l'émotion. Les quelques souvenirs sonores qu'il nous laisse restent pour tous le modèle absolu du mariage idéal de la rigueur et de la sensibilité. Il n'y a qu'un seul Dinu Lipatti. 

Constantin Lipatti naît à Bucarest le 19 mars 1917. Rarement milieu familial a été plus favorable à l'éclosion des dons musicaux d'un enfant : sa mère est une pianiste de talent, c'est avec Pablo de Sarasate et Carl Flesch que son père a étudié le violon ; quant à son parrain, il n'est autre que le grand compositeur et violoniste roumain Georges Enesco. Les dispositions du jeune Dinu sont telles que, dès ses quatre ans, il se produit dans des concerts de charité et commence à composer. Mihail Jora – fondateur et président de la Société des compositeurs roumains – est l'un de ses premiers professeurs. Il lui faut une dispense spéciale pour entrer, bien avant l'âge minimal, au Conservatoire de Bucarest, où il travaille avec Florica Musicescu (qui sera, plus tard, le mentor de Radu Lupu). En 1934, il obtient le second prix au concours international de Vienne. Outré que le premier prix ait été refusé à « une vraie révélation à l'horizon des pianistes », Alfred Cortot démissionne avec éclat du jury. Dinu Lipatti s'établit alors à Paris pour étudier avec lui et Yvonne Lefébure. Charles Münch l'initie à la direction d'orchestre. Il se forme à la composition avec Paul Dukas pendant les derniers mois qui précèdent la mort du musicien français, puis avec la grande pédagogue Nadia Boulanger et Igor Stravinski. Ses premières tournées de concerts, à Berlin et en Italie, datent de 1936. C'est à cette époque que Walter Legge le découvre et commence à l'enregistrer en compagnie de Nadia Boulanger dans des pièces de Brahms (1937).

Survient la Seconde Guerre mondiale, dont il passe la première partie (1939-1943) en Roumanie, se produisant avec Georges Enesco et Willem Mengelberg. Il est cependant contraint de se réfugier en Suisse avec son épouse, la pianiste Madeleine Cantacuzène. Le Conservatoire de Genève lui confie alors la classe de virtuosité. Dès la fin des hostilités, il reprend sa vie de concertiste et joue régulièrement à Genève, Londres et Zurich. Il se dépense sans compter pour faire découvrir la musique trop méconnue de Georges Enesco et donne, en 1947, sous la baguette d'Ernest Ansermet, la première audition européenne du Troisième Concerto pour piano de Béla Bartók.

Pierre BRETON, « LIPATTI DINU - (1917-1950) », Encyclopædia Universalis [en ligne], consulté le 20 février 2022. URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/dinu-lipatti/

Nelson Freire

1944/2021

Nelson Freire

Biographie

https://www.radiofrance.fr/personnes/nelson-freire

Pianiste brésilien (Boa Esperanza, Brésil, 1944 - 2021)

Nelson Freire est un des plus grands pianistes de la deuxième moitié du XXe siècle et certainement un des plus singuliers. Solitaire et discret, c’est au clavier qu’il traduit sa grande sensibilité en une expressivité et une force volcaniques.
Nelson Freire est né à Boa Esperanza, dans une famille qui a très tôt reconnu et soutenu son talent précoce. Initié au piano par sa sœur dès l’âge de trois ans, cet enfant maladif et fragile trouve dans la musique son terrain de jeu privilégié et à partir de cinq ans commence à étudier le piano avec Nise Obino  and Lucia Branco. Il franchit les étapes à grands pas et à treize ans, il est le lauréat du Concours international de piano de Rio de Janeiro  avec le Concerto Empereur de Beethoven, triomphe qui lui vaudra une bourse d’études à Vienne, auprès de Bruno Seidlhofer.

C’est en tant que jeune étudiant à Vienne que Nelson Freire rencontre son âme sœur avec qui il restera complice en musique et dans la vie, la pianiste argentine Martha Argerich,  avec qui Nelson Freire joue souvent en duo.
Issu de la fameuse école brésilienne des pianistes , Nelson Freire a une admiration sans bornes pour notamment Guiomar Novaës. Son domaine de prédilection reste le répertoire romantique : il a réalisé des enregistrements de référence de Schumann, Chopin  ou de Brahms, tout en réservant une place de choix dans son répertoire aux compositeurs brésiliens.​​​​​​​

Nelson Freire en six dates
1949  Premier concert public à cinq ans : la Sonate KV.331 de Mozart
1957  remporte le Premier concours de piano de Rio de Janeiro devant Marguerite Long, Lili Kraus et Guiomar Novaes
1959  il part à Vienne, où il rencontre Martha Argerich
1964  médaille d’or Dinu Lipatti à Londres, Grand prix du concours Vianna da Motta à Lisbonne
1967  grave ses premiers disques chez CBS
2002  signature d'un contrat chez DECCA

Nelson Freire en six interprétations
Brasileiro
 Nelson Freire
 Villa-Lobos & Friends
 DECCA 2012
Chopin : Nocturnes
 Nelson Freire
 DECCA 2010
Debussy : Préludes, Children's Corner, Suite bergamasque
 Nelson Freire
 DECCA 2009
Salzburg : Brahms, Rachmaninov, Schubert, Ravel
 Martha Argerich, Nelson Freire
 Deutsche Grammophon 2009
Brahms : Concertos pour piano
 Nelson Freire, Riccardo Chailly, Orchestre Gewandhaus
 DECCA 2006
Schumann : Récital
 Nelson Freire
 DECCA 200

https://www.radiofrance.fr/personnes/nelson-freire

Nelson Freire, souvenirs en forme de mosaïque

Le 4 novembre 2021 par Stéphane Friédérich

Le pianiste brésilien Nelson Freire nous a quittés. La relecture des interviews qu’il accorda à Stéphane Friédérich entre 2001 et 2014, nous rappelle la personnalité de ce musicien attachant, sa manière si pudique et parfois drôle de se confier sur sa vie et son art. Voici quelques thèmes abordés avec lui. Ils composent une mosaïque révélatrice de l’un des grands artistes de notre temps.

La découverte du piano

« Au Brésil, j’étais un enfant très indiscipliné. Je jouais tout ce qui me passait dans les mains. Ce n’est qu’avec Lucia Branco et surtout Nise Obino que j’ai véritablement structuré ma personnalité musicale. Une partition doit toujours mûrir au contact d’autres répertoires. Il faut la laisser s’enrichir avant de la reprendre et décider de la donner en public. »

Les études à Vienne

« Je n’aimais pas la Vienne d’alors. J’avais 14 ans et j’ai passé deux années d’absolue solitude, sans contact avec ma famille. À l’époque, les lettres arrivaient deux fois par semaine, en provenance de Lisbonne. Ce n’est vraiment pas un très bon souvenir. Les femmes d’un certain âge avaient l’habitude de me donner de petites tapes sur la tête, ce qui me rappelait nos mères brésiliennes. Quoi qu’il en soit, j’adore la Vienne d’aujourd’hui. La ville est tellement belle. »

Chopin

« C’est un musicien dont je joue l’œuvre depuis mon enfance et d’ailleurs mon premier disque gravé à Rio de Janeiro, j’avais 12 ans, lui était consacré. J’ai grandi en écoutant les grands pianistes, Novaes, Horowitz, Gieseking… Ils ont formé mon goût musical. »

Schumann

« Je suis fou de sa musique ! Je la ressens viscéralement. Elle est si puissante qu’elle se suffit à elle-même, sans ses rapports pourtant si étroits avec la littérature. Contrairement à Chopin et à Liszt, Schumann n’a pas inventé un langage. Il était du signe des gémeaux, un signe complexe, fait de dualités que l’on rencontre chez beaucoup de grands artistes. »

Le romantisme et… la violence

« Je suis dans la nostalgie de l’époque romantique dont je sais par ailleurs à quel point elle fut violente. Ce qui me séduit aussi dans l’époque romantique, c’est que la notion du temps, des rapports humains était tout autre. Il fallait parfois des semaines pour recevoir la réponse à une lettre. Tout comme je suis nostalgique du cinéma noir américain. La violence n’y était jamais gratuite. Dans ce cinéma, elle demeurait « artistique ». »

Enseigner la musique

« Mon approche technique de la musique a toujours été centrée sur l’importance du son et non sur la mécanique digitale. C’est la raison pour laquelle même enfant, je n’ai jamais travaillé plus de deux heures par jour. J’ai toujours estimé que la chose la plus importante était la concentration dans le travail. Si vous l’obtenez, vous pouvez réaliser en deux heures ce que vous feriez mécaniquement en six heures !

Je reçois chez moi des jeunes qui attendent que je les conseille. Mais je m’exprime peu. Vous le savez, je n’aime pas non plus les interviews… Si j’avais le don de parler en public comme Alfred Cortot, je ferais des classes de maître. »

La tradition

« J’ai été formé au Brésil et en Autriche. Je serai bien en peine de distinguer deux écoles. Au début des années cinquante, au Brésil, on parlait encore de traditions nationales, de la présence des écoles allemande, russe, française… Mais, déjà, mes professeurs ne croyaient pas en ces écoles. Pour eux, le piano ne se résumait qu’à l’interprétation de chacun, dans l’instant.

La philosophie de mes professeurs, Luisa Branco (disciple d’Arthur de Greef qui fut lui-même élève de Liszt) et Nise Obino était de ne pas chercher à transmettre une tradition. Cela étant, il m’arrive de reconnaître un pianiste français ou un hongrois, voire un sud-américain par certaines pulsations ou phrasés. De toute façon, le but de toute école est la recherche du son. Tout est là. »

Les instruments anciens

« Je préfère le piano moderne, même quand il n’est pas très bon à un pianoforte. L’important est la compréhension de l’esthétique et non le choix de l’instrument. Quant à la mécanique proprement dite… Je ne regarde jamais dans le moteur d’une voiture. »

La virtuosité

« La virtuosité, c’est la qualité du son et de l’expression. La technique acquise, perfectionnée laisse s’épanouir le chant. À la limite, la virtuosité doit être imperceptible. Ecoutez la Burlesque de Richard Strauss. Je l’ai enregistrée, mais très peu jouée. C’est une œuvre terriblement difficile, très concentrée, délicate sur le plan rythmique et qui ne fait pas beaucoup d’effet sur le public. »

Ses propres enregistrements

« J’ai réalisé mes premiers disques avec orchestre sous la direction de Rudolf Kempe. Je ne crois pas que nous ayons parlé musique avant les premières séances d’enregistrements – quatre concertos gravés tout de même ! – ni même au cours des nombreux concerts qui ont suivi. Je déteste écouter mes enregistrements, et je ne le fais parfois que longtemps après qu’ils sont sortis. Sur le moment, j’entends des choses qui ne me plaisent pas. Je me console parfois en écoutant les disques d’autres interprètes dont certaines lectures ne me satisfont pas non plus. »

Les grands interprètes du passé

« Je garde une passion pour la pianiste brésilienne Guiomar Novães. Ses disques témoignent d’une personnalité hors du commun. »

Les voyages

« Je déteste les voyages, mais j’adore changer plus ou moins longtemps dans un endroit puis passer à un autre. Si je dispose suffisamment de temps dans une ville, j’aime la découvrir en profondeur. Les gens voyagent pour se détendre. Moi, c’est l’inverse. J’aime la familiarité des lieux. »

Les concours

« Je m’y sens mal à l’aise. J’étais au jury du Concours Chopin parce qu’il y avait Martha Argerich. En 2011, je suis parti après les premières épreuves du Concours Tchaïkovski. Ce n’est vraiment pas ma tasse de thé. Je ne peux pas préserver une concentration optimale et comme je veux être juste… »

La programmation des concerts

« Dans les années 70, la mode a été de programmer des récitals indigestes. Qui peut écouter les trois dernières sonates de Beethoven à la suite ? Je pars du principe qu’un concert doit être préparé comme un bon repas, ce qui m’arrange car je suis très gourmand et gourmet. Je m’intéresse davantage aux hors-d’œuvre qu’au plat principal (d’où ma passion pour les cuisines moyen-orientales et orientales !). Je m’étonne toujours que le public aime à ce point les choses roboratives… Aime-t-il souffrir ? Comme si la musique classique devait être exclusivement grave et sérieuse… »

Le jazz

« J’éprouve de la vénération pour Errol Garner, Art Tatum… Je regrette de ne pas jouer de jazz. Quand j’étais petit, j’improvisais. Cela ne compte pas. Jazz et classique empruntent des voies trop divergentes. On ne peut pas faire les deux choses en même temps, du moins à un niveau professionnel. À mon époque, en tout cas, c’était impossible. Friedrich Gulda fut une exception, même si je le considère davantage en tant que musicien classique que jazzman »

Le fou rire en concert

« C’était au Japon, avec Martha Argerich. On jouait le Rondo en la majeur à quatre mains. Tout à coup, elle se trompe et me dévisage aussitôt avec un air de reproche. C’était tellement spontané que j’ai eu envie de rire. Quelques mesures plus loin, nos deux mains s’étant rapprochées, elle a volontairement accroché mon petit doigt. Il restait deux pages à jouer. Je suffoquais et je n’ai pas pu me retenir. J’ai explosé de rire en faisant passer cela pour une toux irrépressible. Il faut bien s’amuser parfois. »

L’émotion

« J’ai été pris parfois par l’émotion. Je me rappelle un Intermezzo de Brahms joué en “bis”. Il m’est même arrivé de pleurer en concert. C’est gênant. Je fais en sorte que le public ne le voie pas »

L’avenir de la musique

« Je suis raisonnablement optimiste. L’enthousiasme des publics, le nombre de pianistes amateurs, ne serait-ce qu’en Asie… La musique sauvera peut-être l’Humanité. Retrouvons la valeur des choses importantes. Il vaut mieux vivre avec un clavier au bout des doigts qu’un téléphone portable, vous ne pensez pas ? »

Ecrit par Stéphane Friédérich sur: 

https://www.resmusica.com/2021/11/04/nelson-freire-souvenirs-en-forme-de-mosaique/

Le pianiste Nelson Freire, subtil interprète des grands romantiques

Ecrit par Christian Merlin
Publié le 01/11/2021 à 17:36, mis à jour le 01/11/2021 à 17:50

 Le virtuose brésilien est mort le 1ᵉʳ novembre 2021  à son domicile de Rio de Janeiro a l'age de 77 ans. Empêché par le covid, il n'était pas remonté sur scène depuis une fracture en 2019.

Avec lui disparaît bien plus qu'un pianiste, un musicien dans l'âme, profondément humain, qui avait su tisser malgré (ou grâce à) sa grande pudeur et humilité un lien authentique avec le public, fondé sur la sensibilité plus que sur la virtuosité. Et pourtant, elle était immense, sa virtuosité, hors norme même.

Né en 1944 dans le village de Boa Esperança, dans l'État du Minas Gerais, dans les collines où l'on cultive le café, il est fils de pharmacien. C'est pour sa sœur que les parents achètent un piano, et pourtant c'est le petit qui est irrésistiblement attiré par l'instrument, dont il sait jouer immédiatement, presque naturellement : ses premiers professeurs le diront déjà formé. La musique est bien la seule chose qui coule de source pour cet enfant de quatre ans farouche et fragile, dont la vie est empoisonnée par une allergie cutanée qui exige des soins permanents, et par une inaptitude à accepter la discipline des adultes. Ses parents renoncent à leur vie bien ordonnée pour déménager à Rio quand il a six ans, afin qu'il ait les meilleurs professeurs. Mais comment l'apprivoiser ? Son professeur, Lucia Branco, élève d'un disciple de Liszt, le confie à son assistante, Nise Obino, forte femme en avance sur son temps, et qui saura trouver les mots et le comportement pour le canaliser et lui apprendre à mettre sa technique au service de sa musicalité. Une bourse du gouvernement brésilien permet à l'adolescent de quinze d'aller étudier à Vienne auprès du grand pédagogue Bruno Seidlhofer : il y fait la connaissance d'une condisciple, son aînée de trois ans, qui allait être l'amie intime et indéfectible de toute une vie : Martha Argerich, venue quant à elle de son Argentine natale, et qui doit être inconsolable aujourd'hui. Leurs duos sont irrésistibles car il est l'un des rares à pouvoir lui tenir tête.

Un son toujours chaud et sensuel

Après plusieurs échecs lors de concours internationaux, la victoire au prix Vianna-da-Motta en 1964 donne le signal de la carrière et de ses premiers enregistrements. Ses incroyables interprétations de Liszt dessinent l'image d'un pianiste à la virtuosité féline, indomptable. Image juste mais insuffisante. Car au-delà de sa dextérité, dont il reconnaissait volontiers qu'elle lui avait facilité les choses, au-delà aussi de sa mémoire exceptionnelle et de sa capacité hors norme à jouer à vue des partitions inconnues en mettant déjà tout en place, ce qui l'intéressait était la vérité profonde de la musique. Celle qu'il trouvait en écoutant les disques de son idole de toujours, la pianiste brésilienne Guiomar Novaes. Cela se traduit, dans le jeu de Nelson Freire, avant tout par le son. Le sien n'est jamais lourd ni percussif, mais toujours chaud et sensuel, d'une grande variété de couleurs, si bien qu'avec lui des musiques facilement sirupeuses ou superficielles comme celles de Tchaïkovski ou Rachmaninov n'étaient jamais vulgaires. C'est surtout dans la dernière phase de sa carrière discographique, chez Decca, que l'enregistrement a rendu justice à la beauté de sa sonorité et de son toucher, particulièrement dans Chopin, Brahms ou Schumann. Il pouvait lui arriver de paraître un peu absent, quand il n'avait pas envie : le contraire d'un robot. Cet homme pudique aimait moins que tout se mettre en scène, sa quête de la vérité musicale était trop intérieure pour se satisfaire des paillettes du star-system.

Ecrit par Christian Merlin
Publié le 01/11/2021 à 17:36, mis à jour le 01/11/2021 à 17:50 sur:

https://www.lefigaro.fr/musique/le-pianiste-nelson-freire-subtil-interprete-des-grands-romantiques-decede-a-77-ans-20211101

Valentina Lisitsa est née à Kiev en Ukraine en 1973. Elle commence à jouer dès l’âge de 3 ans et fait son premier récital à 4 ans. Son rêve était de devenir joueuse d’échecs professionnelle. Cependant, elle intégrera l’école de musique de Lysenko, puis le conservatoire de Kiev où elle rencontra son futur mari, Alexei Kuznetsoff. Son professeur fut le docteur Ludmilla Tsvierko. C’est à cette époque et avec la rencontre d’Alexei qu’elle décida sérieusement d’envisager une carrière dans la musique et qu’ils gagnèrent ensuite le premier prix dans le concours Murray Dranoff. La même année, ils emménagent aux États-Unis pour prolonger leur carrière de pianistes. Cette carrière débuta en 1995 avec le Mostly Mozart Festival au Centre Lincoln.

https://www.musicalille.fr/les-meilleurs-pianistes-du-monde/

 

Valentina Lisitsa

1973/

https://www.radiofrance.fr/personnes/valentina-lisitsa

Le Wall Street Journal ne se trompe pas en dénommant la jeune ukrainienne Valentina Lisitsa « la Justin Bieber du piano classique ».85.000 abonnés, 233 vidéos disponibles, 58.000.000 de vues. La page You Tube de Valentina Lisitsa est la raison de son succès et le point de départ de la sortie de son premier album pour DECCA consacré aux Quatre Concertos pour piano de Rachmaninov, complétés par la Rhapsodie sur un thème de Paganini.Né à Kiev en 1973, Valentina Lisista s'établit dès 1992 en Amérique du Nord. En 2006, elle autoproduit un DVD où elle interprète les 24 études de Chopin. Face à l'échec commercial de cette sortie, elle décide de le mettre en ligne sur You Tube. Résultat : les ventes du DVD font un carton.Le piano est sa passion ; Internet sera sa destinée.En 2009, elle hypothèque sa maison pour rassembler les fonds nécessaires pour enregistrer les Concertos pour piano de Rachmaninov au côté du London Symphony Orchestra dans les célèbres Abbey Road Studios.En parallèle, elle décide de mettre gratuitement en ligne les vidéos filmées du même enregistrement. Résultat encore gagnant: Valentina Lisitsa est invitée en 2012 au Royal Albert Hall pour un concert à guichet fermé et retransmis en direct sur Internet.Au printemps 2012, elle signe avec DECCA qui édite en DVD/CD ce concert-évènement avant de sortir le présent album ; « probablement le défi le plus ambitieux qu'un pianiste puisse relever au cours de sa carrière » selon l'artiste.Une sortie qui, outre son succès sur la toile, prouve que Valentina Lisitsa est une pianiste des plus virtuose. « La première chose qui frappe est son autorité pianistique, tout comme sa conviction absolue que chaque phrase peut être articulée d'une certaine manière d'où découle sa propre conception artistique. » (Norman Lebrecht).

https://www.radiofrance.fr/personnes/valentina-lisitsa

 

Valentina Lisitsa 

https://www.deccaclassics.com/en/artists/valentina-lisitsa/biography

Avec plus de 83 millions de vues sur YouTube et quelque 165 000 abonnés à sa chaîne, Valentina Lisitsa est l'une des musiciennes classiques les plus regardées sur Internet, utilisant l'innovation numérique pour défendre la musique classique et la performance. Impressionné par son succès sur YouTube, le Royal Albert Hall, dans une étape sans précédent, a ouvert ses portes pour les débuts de Valentina à Londres le 19 juin 2012. Ce concert, enregistré et filmé par Decca Classics, est devenu sa première sortie sur le label ; il s'agissait également du tout premier flux HD en direct de Google.
Avec son jeu aux multiples facettes décrit comme « éblouissant », Lisitsa est à l'aise dans un vaste répertoire allant de Bach et Mozart à Chostakovitch et Bernstein ; son répertoire orchestral comprend à lui seul plus de 40 concertos. Elle a une affinité particulière pour la musique de Rachmaninov et de Beethoven et continue d'enrichir son vaste répertoire chaque saison. 
Née à Kiev, en Ukraine, en 1973, Lisitsa a commencé à jouer du piano à l'âge de trois ans, donnant son premier récital solo un an plus tard. Elle a obtenu une place à l'école de musique Lysenko pour enfants surdoués et a ensuite étudié avec Ludmilla Tsvierko au Conservatoire de Kiev. En 1991, elle remporte le Murray Dranoff Two Piano Competition avec Alexei Kuznetsoff. Le couple se marie l'année suivante et fait le pari énorme de s'installer aux USA. En 1995, Lisitsa fait ses débuts à New York au Mostly Mozart Festival au Lincoln Center. Depuis lors, elle s'est produite dans le monde entier et s'est produite dans des lieux tels que le Wigmore Hall de Londres et le Musikverein de Vienne. Alors que sa carrière semblait s'essouffler, elle a été spectaculairement relancée par un DVD fait maison, tourné par son mari en 2006, de Valentina jouant les 24 Études de Chopin. Offert sur Amazon, les ventes de l'enregistrement non édité ont grimpé en flèche après que le couple l'a publié sur YouTube. Valentina Lisitsa avait trouvé une renommée internationale en ligne. Les vidéos YouTube ultérieures ont élargi sa suite, culminant avec le récital d'Albert Hall en 2012.
En février 2013, elle fait ses débuts dans l'auditorium principal de la Philharmonie de Berlin et, au cours de l'année, donne également des récitals dans toute l'Europe, à Washington, Brisbane et Séoul. En plus de retourner à la Philharmonie de Berlin pour un récital en décembre, Valentina est également apparue à New York le 19 octobre pour ouvrir la série 92nd St. Y avec un programme choisi par le public en ligne. Les engagements de concerto de l'année l'ont emmenée à travers les États-Unis ainsi qu'à Mexico, Hong Kong, Taiwan et les BBC Proms à Londres. 2014 comprenait des concerts à Dresde, Los Angeles, Paris, Vienne, Istanbul, Milan, Sao Paulo, Leipzig et en tournée au Japon ainsi que des récitals à Saint-Paul, Paris, Bucarest, Québec, au Wigmore Hall de Londres, aux Bristol Proms et Menuhin Gstaad Festival et en tournée aux Pays-Bas et en Allemagne.
En 2012, Valentina Lisitsa a signé un accord exclusif avec Decca Classics. Son récital de juin 2012 à l'Albert Hall, immédiatement disponible en CD et DVD en précommande le soir du concert, a été suivi d'une sortie en 2 CD des concertos complets de Rachmaninov et  Paganini Rhapsody  avec le London Symphony Orchestra sous la direction de Michael Francis . . 2013 a vu la sortie d'un passionnant récital tout Liszt sur CD et LP. Au printemps 2014, Decca a publié  Chasing Pianos , l'enregistrement de Valentina de la musique pour piano de Michael Nyman, à l'occasion du 70e anniversaire du compositeur. Avec de la musique des bandes sonores de Nyman à des films bien-aimés tels que  The Piano  et  Wonderland, la version numérique associée représente l'œuvre complète publiée de Nyman pour piano, d'une durée de plus de 110 minutes. Novembre 2014 a vu la sortie d'  Études , un album comprenant les  Études symphoniques de Schumann  ainsi que toutes les contributions de Chopin au genre. Dans sa prochaine sortie Decca, prévue pour avril 2015, Valentina joue la musique pour piano de Philip Glass.
1/2015

https://www.deccaclassics.com/en/artists/valentina-lisitsa/biography

Valentina Lisitsa

Sur : https://www.universalmusic.fr/artistes/30434451424

Pianiste virtuose originaire d'Ukraine, Valentina Lisitsa (née à Kiev le 11 décembre 1973) acquiert ses lettres de noblesse aux États-Unis où elle s'installe avec son mari Alexei Kuznetsov en 1992. Révélée au festival Mostly Mozart, elle peine à étendre sa notoriété malgré l'enregistrement de récitals en solo et en duo. Associée à la violoniste Hilary Hahn, elle signe son retour au premier plan par une série de tournées et un album de Sonates pour piano et violon du compositeur américain Charles Ives (2010). En 2012 paraît son premier récital en public enregistré au fameux Royal Albert Hall de Londres. Son interprétation des quatre Concertos pour piano de Rachamaninov enregistrés en 2009 voient le jour en 2013. En 2014, l'album Plays Liszt se concentre sur des thèmes rares et des transcriptions d'oeuvres de Schubert et de Verdi. La même année voit la sortie de Chasing Piano en duo avec Michael Nyman et d'un récital consacré aux Études de Chopin et de Schumann. Un double album constitué de compositions pour piano de Philip Glass suit en 2015. L'année suivante, ce sont diverses pièces de Scriabine qui sont rassemblées dans le récital Nuances, suivi en 2016 par Love Story: Piano Themes from Cinema's Golden Age.

Pianiste depuis l'âge de trois ans, l'Ukrainienne Valentina Lisitsa (née à Kiev le 11 décembre 1973) prend très tôt goût à la scène. Après seulement une année d'apprentissage, elle donne son premier récital telle une enfant prodige. Élève douée, elle fait ses classes à l'école Lysenko puis au Conservatoire de Kiev sous la férule de Ludmilla Tsvierko.

La rencontre de son futur mari Alexei Kuznetsov est déterminante pour Valentina Lisitsa qui délaisse définitivement les échecs (sa seconde passion) pour la musique. Ensemble, le tandem travaille à la renommée de la pianiste qui glane les premiers prix de concours, à commencer par celui de Murray Dranoff à Miami (1991), avant de s'installer définitivement aux États-Unis, en Caroline du Nord.

En 1995, Valentina Lisitsa fait une forte impression au festival Mostly Mozart du Lincoln Center à New York. Ce récital lance une carrière internationale qui l'amène à jouer en solo ou en duo dans des salles prestigieuses comme le Carnegie Hall (New York) ou le Musikverein de Vienne (Autriche). Son premier album, le récital Valentina publié par Audiofon en 1996, est consacré à des oeuvres de Mozart, Beethoven, Weber, Prokofiev, Chopin, Liszt et Rachmaninov. Il témoigne de l'éclectisme de la pianiste dont la préférence va aux compositeus de l'ère romantique. L'Ukrainienne réalise ensuite une série d'enregistrements avec son mari pour le même label : Virtuosa Valentina ! et Virtuosa Valentina 2 !.

Après une période à soigner son répertoire et poster des vidéos de ses prestations sur Youtube, Valentina Lisitsa revient au premier plan par une vague de concerts à travers les États-Unis en 2007 puis en Europe avec la violoniste Hilary Hahn. C'est avec cette dernière qu'elle enregistre les quatre Sonates pour piano et violon de Charles Ives, éditées en octobre 2011. Entre temps sort chez Naxos un récital consacré à Beethoven, Schumann, Liszt et Thalberg (2010). Devenue l'égérie des pianos Bösendorfer, Valentina Lisista signe un premier récital public enregistré au Royal Albert Hall de Londres, paru à l'été 2012.

La pianiste signée par le label Decca Records publie en 2013 la série des quatre Concertos pour piano de Rachmaninov réalisée quatre ans auparavant avec le London Symphony Orchestra dirigé par Michael Francis. Un enregistrement financé par l'hypothèque de la maison familiale, très bien reçu par la critique spécialisée. En avril 2014, le nouvel album Play Liszt se concentre sur des thèmes rares tel le Rondeau fantastique sur un thème espagnol (« La Contrabandista ») et des transcriptions pour piano d'oeuvres de Schubert et de Verdi. Plus tard dans l'année suivent un dialogue à deux pianos avec Michael Nyman (Chasing Piano: The Piano Music of Michael Nyman) et une lecture croisée des Études op. 10 et op. 25 de Chopin et des Études symphoniques op. 13 de Schumann.

En mars 2015, c'est un double album des oeuvres pour piano solo de Philip Glass qui voit le jour. La star du piano interprète la musique du film The Hours et deux autres pièces contemporaines, Metamorphosis et Mad Rush. L'année suivante, ce sont diverses pièces de Scriabine qui sont rassemblées dans le récital Nuances, suivi en 2016 par l'interprétation au piano de grands thèmes du cinéma hollywoodien sur Love Story.

Sur : https://www.universalmusic.fr/artistes/30434451424 le 23/02/2022

Valentina Lisitsa :

Beethoven Brahms Schumann Schubert Liszt

Valentina Lisitsa (piano)
Ludwig van Beethoven
Piano Sonata No. 17 In D Minor 'The Tempest'
0:34 - 1st Movement (Largo, Allegro)
10:08 - 2nd Movement (Adagio)
17:09 - 3rd Movement (Allegretto)
Robert Schumann 
Symphonic Studies Op. 13
23:52 - Theme - Andante
25:27 - Etude I (Variation 1) - Un poco più vivo
26:24 - Posthumous variation I - Andante, Tempo del tema
27:23 - Etude II (Variation 2) - Andante
30:05 - Posthumous variation II - Meno Mosso
32:12 - Posthumous variation III - Allegro
33:39 - Posthumous variation IV - Allegretto
36:30 - Posthumous variation V - Moderato
38:48 - Etude III - Vivace
40:05 - Etude IV (Variation 3) - Allegro marcato
41:04 - Etude V (Variation 4) - Scherzando
42:12 - Etude VI (Variation 5) - Agitato
42:47 - Etude VII (Variation 6) - Allegro molto
43:28 - Etude VIII (Variation 7) - Sempre marcatissimo
45:50 - Etude IX - Presto possibile
46:26 - Etude X (Variation 8) - Allegro con energia
47:34 - Etude XI (Variation 9) - Andante espressivo
49:25 - Etude XII (Finale) - Allegro brillante (based on Marschner's theme)
Johannes Brahms
55:56 - Intermezzo Op. 76 no. 7
58:00 - Intermezzo Op. 116 no. 2
1:00:39 - Intermezzo Op. 116 no. 4
1:05:00 - Intermezzo Op. 117 no. 1
1:09:07 - Intermezzo Op. 117 no. 2
1:12:48 - Intermezzo Op. 118 no. 1
1:13:45 - Intermezzo Op. 118 no. 2
1:18:18 - Ballade Op. 118 no. 3
1:20:56 - Romance Op 118. no. 5
1:24:03 - Intermezzo Op. 118 no. 6
1:28:19 - Intermezzo Op. 119 no. 1
1:31:40 - Intermezzo Op. 119 no. 2 
1:35:37 - Capriccio Op. 76 no. 2
1:38:00 - Ballade Op. 10 no. 1 
Franz Liszt
1:43:32 - Schubert-Liszt Ave Maria 
1:48:45 - Paganini-Liszt La Campanella 
1:53:20 - Franz Liszt Hungarian Rhapsody No. 12

Recorded on November 24th 2014 at the Grand Théâtre de Québec TV Director Julien Condemine

Valentina Lisitsa Schwanengesang ("Swan Song") de Schubert si-dessus

Ce sont les toutes dernières chansons que Schubert a écrites avant sa mort à l'âge de 31 ans. Il existe peu d'autres pièces qui correspondent à la profondeur du désespoir, de la dépression et du désespoir dans cette musique. Il est vain de décrire ce qui se passe dans cette musique, quelle est l'histoire... Les paroles sous-titrées sont assez éloquentes. Si vous avez besoin du texte dans des langues autres que l'allemand et l'anglais d'origine, voici un lien :
http://www.recmusic.org/lieder/assemb...
J'aimerais pouvoir dire "Enjoy" mais ce n'est PAS de la musique pour le plaisir mais plutôt pour la catharsis. Bonne chance pour ton voyage. 

00:02La ville, la ville
03:47La pêcheuse, la pêcheuse
06:51Auftenhalt, ma demeure
10:06Am Meer, au bord de la mer
14:48Adieu, un adieu
19:31Au loin, loin
26:11Sérénade, sérénade
33:08Ta photo, sa photo
36:16Désir de printemps, désir de printemps
38:32Message d'amour, message d'amour
41:22L'Atlas, l'Atlas
44:06Le Double, L'Ombre
49:33Die Taubenpost, Le Pigeon Post
54:41Le pressentiment du guerrier

Cela c'est passé en 2015 !

L’orchestre de Toronto exclut la pianiste Valentina Lisitsa

Publié le :

vendredi 10 avril 2015 à 10h26 sur:

https://www.radiofrance.fr/francemusique/l-orchestre-de-toronto-exclut-la-pianiste-valentina-lisitsa-8760554

L’Orchestre symphonique de Toronto a décidé d’annuler le concert qu’il devait assurer avec la pianiste Valentina Lisitsa en raison de ses messages critiques contre les autorités ukrainiennes.
Meilleur ami de la pianiste Valentina Lisitsa, Internet est en train de devenir son pire ennemi. Celle qui s’est fait connaître grâce aux dizaines de millions de vues de ses vidéos publiées sur Youtube vient d’être exclue de l’Orchestre symphonique de Toronto en raison de ses messages publiés – sous pseudonyme - sur Twitter. Valentina Lisitsa devait interpréter avec la phalange canadienne le Concerto pour piano n°2 de Rachmaninov.
Sur le réseau social, la pianiste née à Kiev et résidant aux Etats-Unis critique vivement les nationalistes de son pays natal, dont les actes sont comparés à ceux des Nazis pendant la Seconde guerre mondiale. Des
lourds de sens : « Si l’Europe ne réussit pas à guérir l’Ukraine du virus nazi, la Russie a une médecine traditionnelle qui fonctionnait très bien la dernière fois :) », et des images tout aussi explicites, juxtaposant une photographie légendée « 22 Mars 1943 : Villageois de Khatyn brûlés vivants par les collaborateurs nazis ukrainiens » à une autre, « 2 mai 2014 : Citoyens d’Odessa brûlés vivants par les petits-enfants des collaborateurs nazis ukrainiens », le tout commenté par la pianiste : « Les images parlent plus fort que les mots ». Depuis l’annulation annonc ée – succinctement – par l’orchestre de Toronto, un vaste débat s’ouvre en Amérique du Nord sur la liberté d’expression. Selon Valentina Lisitsa , la direction de l’orchestre a cédé face aux pressions d’un « petit lobby militant » ukrainien. La pianiste dénonce une « censure », dont l’Orchestre de Toronto se défend, argumentant qu’en tant qu’organisme culturel, l’orchestre « ne veut pas faire de place à des opinions pouvant être offensantes ». Quelques personnes ont manifesté mercredi à Toronto, tenant des pancartes « la liberté d’expression est un droit fondamental de la Charte canadienne », mais c’est surtout sur les réseaux sociaux que la pianiste trouve un large soutien, grâce au mot d’ordre « #letvalentinaplay » (« laissez jouer Valentina »).

Publié le :

vendredi 10 avril 2015 à 10h26 sur:

https://www.radiofrance.fr/francemusique/l-orchestre-de-toronto-exclut-la-pianiste-valentina-lisitsa-8760554

La pianiste Ukrainienne Valentina Lisitsa menacée et censurée par le Toronto Symphony Orchestra

PUBLIÉ PAR HILDEGARD VON HESSEN AM RHEIN LE 6 AVRIL 2015 sur: 

Le site Dreuz.info

https://www.dreuz.info/2015/04/la-pianiste-ukrainienne-valentina-lisitsa-menacee-et-censuree-par-le-toronto-symphony-orchestra-82829.html

La pianiste virtuose Ukrainienne, Valentina Lisitsa, est menacée de mort, ainsi que toute sa famille, par les extrémistes nazis Ukrainiens, et interdite de concert par le Toronto Symphony Orchestra, pour avoir tweeté ce qu’elle estime être la réinformation sur son pays, l’Ukraine.
Et elle doit certainement viser juste, puisqu’elle est intimidée et menacée…
Non seulement elle et sa famille sont menacées de mort, mais ils s’en prennent à son statut d’artiste virtuose pour l’empêcher de se produire cette semaine avec le Toronto Symphony Orchestra. 

Il faut savoir que la diaspora Ukrainienne la plus importante vit en Amérique du Nord et qu’elle est partie responsable de la situation en Ukraine.

Hildegard von Hessen am Rhein

YUJA WANG

 (Beijing, 1987- )

Yuja Wang, portrait pour bio

Presque quinze ans après son arrivée en fanfare sur la scène musicale internationale, Yuja Wang reste, par sa personnalité hors du commun, un véritable phénomène du piano.

Yuja Wang peut même s’enorgueillir d’avoir inspiré un roman : dans Piano chinois, d’Étienne Barilier, deux critiques se déchirent à propos d’une pianiste chinoise sur laquelle leurs opinions diffèrent. Wang n’inspire en effet pas d’opinions tièdes. Mais il ne faut pas déduire de sa personnalité flamboyante que ses interprétations, fondées sur une technique incroyable et une curiosité débordante, ont quoi que ce soit de fantaisiste : elles sont au contraire particulièrement rigoureuses et portées par une grande exigence. Elle a décidé de ne plus annoncer ses programmes de récital à l’avance, afin de pouvoir interpréter en toute liberté ce qui fera sens pour elle au moment du concert.

https://philharmoniedeparis.fr/fr/activite/recital-piano/22905-yuja-wang

 

YUJA WANG
Le jeu de Yuja Wang pourrait se « résumer » ainsi: Jouer vite et (plus que) bien.
Quand a-t-elle eu la certitude qu’elle serait une pianiste professionnelle ? La réponse fuse du tac au tac dans un grand éclat de rire : « Toujours, bien évidemment ! Ma mère voulait que je sois danseuse, comme elle. Avec un second choix, mais vraiment très secondaire : le piano. C’est vers l’âge de 16 ans, lorsque j’ai signé mon premier contrat avec un manager aux États-Unis que j’ai compris que je ne serais jamais… danseuse ! ». Et on dis tant mieux! Yuja à des doigts fins, immenses, modelés pour des déplacements très rapides et des accords percutés.

https://www.musicalille.fr/les-meilleurs-pianistes-du-monde/

 

Yuja Wang (Biographie)
pianiste sino-américaine (Beijing, 1987- )

Biographie de la Documentation Musicale de Radio France (Avril 2014) sur: https://www.radiofrance.fr/personnes/yuja-wang

Yuja Wang est une pianiste chinoise reconnue mondialement pour sa virtuosité technique et son jeu spontané et audacieux. Au-delà de sa technique, elle est également appréciée pour son répertoire éclectique de piano solo et de musique de chambre qui s’étend du 18ème siècle jusqu’au 20ème siècle.
Fille de musicien, Yuja Wang est initiée à la musique très jeune. Elle commence à apprendre le piano à l'âge de six ans avec Luo Zhengmin. Elle étudie ensuite auprès des professeurs Ling Yuan et Zhou Guangren au Conservatoire central de musique de Pékin, des professeurs Hung Kuan Chen et Tema Blackstone au Mount Royal College Conservatory à Calgary au Canada, et de Gary Graffman au Curtis Institute of Music de Philadelphie.
Elle donne ses premiers concerts en 2003 et se produit en concert ensuite avec de nombreux grands orchestres tels que les orchestres symphoniques de New York, de Chicago, de San Francisco, de Houston, et notamment l’Orchestre Philharmonique de Chine. En 2009, elle est parmi les rares musiciens invités pour le concert du YouTube Symphony Orchestra au Carnegie Hall, initiative musicale mondiale et prestigieuse. Elle signe la même année un contrat avec Deutsche Grammophon et produit son premier disque, lequel est très bien reçu. Depuis, la carrière de Yuja Wang s’étend mondialement, et elle est programmée dans les plus grandes salles de concerts européennes, américaines et orientales. Elle se produit aux côtés des plus grands chefs d’orchestre, tels que Claudio Abbado, Daniel Barenboim, Gustavo Dudamel, Daniele Gatti, Charles Dutoit, Valery Gergiev, Mikko Franck, Manfred Honeck, Pietari Inkinen, Lorin Maazel, Zubin Mehta, Kut Masur, Antonio Pappano, Yuri Temirkanov et Michael Tilson Thomas.

Yuja Wang en 6 dates :

2006 Reçoit le Gilmore Young Artist Award
2009 Signe un contrat d'exclusivité avec Deutsche Grammophon
2009 Nommée Young Artist of the Year par Classic FM
2009 Produit son premier disque consacré à Chopin, Ligeti, Scriabin, et Liszt, choisi comme Best Debut Album par le magazine International Piano, et nominé aux Grammy Awards
2011 Produit son troisième disque consacré à Rachmaninov, enregistré avec le Mahler Chamber Orchestra sous la direction de Claudio Abbado (album nominé aux Grammy Awards)
2014 Produit son cinquième disque consacré à Rachmaninov et Prokofiev, enregistré avec l'orchestre symphonique Simón Bolívar sous la direction de Gustavo Dudamel
Site officiel

Biographie de la Documentation Musicale de Radio France (Avril 2014) sur: https://www.radiofrance.fr/personnes/yuja-wang

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R
incroyable que vous ne parliez pas de Daniel Barenboim ... parti pris ?
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J
Bonsoir<br /> Aaaa non ! Daniel Barenboim n'est pas un simple pianiste. C'est quelqu'un de bien plus grand, musicalement bien sur en premier lieu, mais pas que. Donc j'ai prévu de réaliser un article comme je l'ai déjà fait pour d'autres intitulé " Autour de..."<br /> Cordialement <br /> JL Deparis