Les chants de La resistance Espagnole 1939/1980
Mardi 16 mai 2023. Source : Jacques Serieys Sélection 40
Sur : https://www.gauchemip.org/spip.php?article16816
Ce chant s’inscrit dans le combat lourdement payé par le prix du sang mais efficace mené par les volontaires républicains face à la marche rapide des unités d’élite franquistes en direction de Madrid.
Les quatre chefs militaires principaux du coup d’état militaire sont :
- - le général Emilio Mola, ancien chef de la police devenu gouverneur militaire de Pampelune
- - le général Sanjurjo, monarchiste en exil à Lisbonne
- - le général Goded Llopis, gouverneur militaire des Baléares
- - le général Joaquín Fanjul, marqué à l’extrême droite depuis longtemps et proche de Mola
Suite à plusieurs échecs et décès, c’est le général Francisco Franco y Bahamonde, gouverneur militaire des Canaries, qui prendra la tête de l’armée fasciste.
Notre site a déjà mis en ligne un article sur la bataille de Madrid et l’importance de tenir le fameux "pont des Français" évoqué dans cette chanson
Mardi 16 mai 2023. Source : Jacques Serieys Sélection 40
Sur : https://www.gauchemip.org/spip.php?article16816
Los cuatro generales (Popular española)
Los cuatro generales,
mamita mía, que se han alzado,
que se han alzado.
Para la nochebuena,
mamita mía, serán ahorcados,
serán ahorcados.
Madrid, qué bien resistes,
mamita mía, los bombardeos,
los bombardeos.
De las bombas se ríen,
mamita mía, los madrileños,
los madrileños.
Por la Casa de Campo,
mamita mía, y el Manzanares,
y el Manzanares,
quieren pasar los moros,
mamita mía, no pasa nadie,
no pasa nadie.
La Casa de Velázquez,
mamita mía, se cae ardiendo,
se cae ardiendo
con la quinta columna,
mamita mía, metida adentro,
metida adentro.
Les quatre généraux
Les quatre généraux,
ma petit maman, se sont levés,
se sont levés.
Pour la veille de Noël,
ma petite maman, ils seront pendus,
ils seront pendus.
Madrid, comme tu résistes bien,
ma petite maman, les bombardements,
les bombardements.
Ils rient des bombes,
ma petite maman, les madrilènes,
les Madrilènes.
A la Casa de Campo,
ma petite maman, et les Manzanares,
et les Manzanares,ils veulent passer les maures,
ma petite maman, personne ne passe,
personne ne passe.
La Maison de Velázquez,
ma petite maman, elle tombe en flammes,
elle tombe en flammes
avec la cinquième colonne,
ma petite maman, coincée à l'intérieur,
coincée à l'intérieur.
Rédigé par caroleone Publié le 22 Janvier 2020
Chanson traditionnelle espagnole traduction carolita
Publié dans #Chanson du monde, #Guerre d'Espagne, #Nueva canción, #Espagne, #Chili, #Chanson non crétinisante
Sur : http://cocomagnanville.over-blog.com/2020/01/chansons-reprises-los-cuatro-generales.html
Par Viviane Petit - Université Lumière Lyon 2
Publié par Christine Bini le 02/05/2014
Sur : https://cle.ens-lyon.fr/espagnol/civilisation/histoire-espagnole/guerre-civile-et-dictature/la-censure-sous-le-franquisme#section-0
L'article présente les différentes formes de censure en Espagne durant la dictature du Général Franco (1939-1975).
Sommaire
La censure de 1940 à 1960
État des lieux
Le roman
La presse
La censure de 1960 à 1970
Situation politique
La loi Fraga
La censure, le sexe et la morale
La censure après 1970
La Movida
Bibliographie
La censure de 1940 à 1960
- El exilio interior (en ligne)
La censure de 1960 à 1970
La censure après 1970
Le 1er avril 1939, un communiqué de Franco proclame la fin de la Guerre Civile qui déchirait l’Espagne depuis trois ans et annonce la victoire des nationalistes. Au sortir de la guerre, le territoire espagnol a subi de lourdes pertes humaines et matérielles et vit une forte crise économique. L’approche de la Seconde Guerre Mondiale qui va entraîner les pays voisins dans un long et terrible conflit ne va pas arranger l’état de l’Espagne, même si elle n’y participe pas. De plus, ce n’est pas parce que la guerre est finie qu’il n’y a plus de rivalité entre les deux camps espagnols. Pour asseoir son pouvoir, une dure répression contre « los rojos » va être menée par le franquisme. De fait, ce n’est qu’en 1948 que l’état de guerre qui avait été déclaré en 1936 est abrogé, permettant jusque là de juger tout acte ou toute parole hostile au régime sous l’inculpation de rébellion militaire. Au début des années 40, le régime est très conservateur et très proche de l’Église ; l’ordre moral est surveillé de très près par cette dernière, qui veut contrôler la vie quotidienne des citoyens, autant sur le comportement que sur les vêtements, les mœurs, etc., utilisant la répression pour se faire entendre. La vie culturelle n’est pas épargnée, l’isolement économique et politique du pays va même aggraver son cas. La censure va donc également concerner tous les arts, que cela soit les productions espagnoles ou bien des ouvrages ou des films venant de l’étranger. Durant la dictature, quel que soit l’art dont on parle, il n’y a pas vraiment de groupe culturel qui ressort, de génération qui se démarque. Tout d’abord parce qu’une grande partie des artistes se sont vus obligés de s’exiler dans d’autres pays, notamment en France et en Amérique Latine. Nombreux se sont retrouvés dans les camps de concentration de France. Les artistes exilés eux non plus n’ont pas formés de groupe homogène, n’ayant pas forcément eu la même formation avant leur départ et ne vivant pas forcément le même exil. Certains vont réussir à s’introduire dans les galeries ou expositions collectives d’artistes du pays où ils sont, tandis que d’autres vont rester dans le milieu de l’exil, en participant à des expositions organisées par les institutions des exilés ou en faisant des illustrations de livres et revues de l’exil, etc. Cependant, il est vrai que, pour chacun d’entre eux, l’on retrouve dans leurs œuvres la question du déracinement, qu’ils vivent tous. Parmi les grands artistes exilés on peut compter le poète Rafael Alberti, parti d’abord en Argentine pendant dix-huit ans puis en Italie, lorsque l’Argentine connaît elle aussi des troubles politiques et que la dictature s’éternise dans son pays natal. Il ne reviendra en Espagne qu’à la demande du roi Juan Carlos, après la mort de Franco. On peut aussi parler du poète Emilio Prados, de Luis Cernuda, de Juan Rámon Jiménez, de Pedro Salinas, le réalisateur et scénariste Luis Buñuel, de la philosophe et essayiste María Zambrano, et de nombreux autres grands noms. Pour les artistes restés en Espagne, deux groupes se forment, ceux qui soutiennent les nationalistes et le franquisme et les pro-républicains. Ce sont surtout ces derniers qui vont nous intéresser vu qu’ils subiront le plus la censure lors de cette période. On parlera même d’ « exil intérieur » pour eux, la censure ne leur permettant pas de s’exprimer comme ils le voudraient.
La dictature de Franco va connaître plusieurs étapes et nous allons nous baser sur cette chronologie pour voir l’évolution que va connaître la censure durant cette période qui va de 1939 à 1975, année durant laquelle meurt le « Caudillo ».
La censure de 1940 à 1960
État des lieux
Ces années sont connues comme étant les « années noires ». Le régime dictatorial s’installe, il se montre ferme et sans pitié envers les vaincus, afin d’asseoir son autorité. L’économie est au plus bas et les années 50 sont marquées par une terrible famine. Il n’y a pas de politique culturelle sous Franco, d’art propre au système, de pensée esthétique franquiste. Cependant, l’administration des affaires culturelles ne pouvait être laissée sans surveillance et devait être contrôlée car elle était un des moyens par lequel l’opposition au régime pouvait s’exprimer et lutter contre lui. En 1941, c’est la phalange unifiée qui a le contrôle et la diffusion de l’ensemble des objets culturels par la création du vice-secrétariat de l’Éducation populaire qui comptera parmi ses services ceux de la Presse et la Propagande. Tout d’abord, en terme de censure se pose la question de l’héritage culturel plus ou moins récent laissé par les auteurs libéraux. Valait-il mieux, pour le régime, condamner totalement cet héritage aux idées politiques trop progressistes à leur goût ou bien s’en servir pour l’idéologie nationale en mettant en avant le patriotisme de ces auteurs, qui est un des points phares du régime franquiste? Devant penser aux intellectuels qui ont fait allégeance au régime et qui pourraient ne pas apprécier la perte de tout un pan de la culture espagnole, ainsi qu’au fait que cette culture est internationalement connue et qu’il faut garder une certaine image devant l’étranger – surtout à un moment où beaucoup d’artistes et intellectuels ont dû ou bien fuir l’Espagne ou bien se sont retrouvés emprisonnés ou même tués et que déjà de nombreuses œuvres ont été brûlées – c’est la deuxième solution qui est choisie mais d’une manière toute calculée, où les œuvres des artistes et intellectuels sont manipulées et réinterprétées pour montrer seulement ce que le régime accepte qu’elles montrent. Par exemple, selon le philologue Joaquín de Entrambasaguas, le théâtre national du Siècle d’Or est tout entier « esprit de la race »[1] alors que la revue Vértice, revue d’idéologie phalangiste, présente les œuvres des peintres Velázquez et le Greco, tous deux du Siècle d’Or également, comme des représentations parfaite de l’hispanité de par la foi et le patriotisme qui s’en dégagent, signes qui sont censés représenter à l’époque le véritable Espagnol.
En ce qui concerne les œuvres des auteurs et artistes de l’époque, tout passe par la censure également. Cette dernière est régie par la Loi de la Presse de 1938 qui restera théoriquement en vigueur jusqu’en 1966. Avant de pouvoir être publiée, toute production artistique (littérature, cinéma, peinture, etc.) ainsi que la presse, doit être examinée par la censure qui doit vérifier que l’œuvre respecte le dogme et la morale, qu’elle ne contient pas de diffamation ou d’insultes contre le régime, qu’elle ne va pas troubler l’ordre public, etc. Toute production qui ne répond pas à ces critères se voit interdite de publication ou bien les passages en question sont supprimés, peu importe la taille qu’ils peuvent faire. Pour le cinéma, ce sont surtout les films étrangers qui sont fortement surveillés puisque la production espagnole est aux mains des nationalistes. Les scènes considérées comme immorales sont coupées, et les doublages changent les dialogues lorsqu’ils ne respectent pas la morale imposée (un amant peut ainsi devenir un mari, un cousin, un frère…) – ce qui peut parfois entraîner des scènes assez déroutantes. Tout film étranger est donc obligatoirement doublé, plus aucun ne passe en langue originale. Le cinéma est utilisé par la propagande pour répandre l’idéologie franquiste aux quatre coins de l’Espagne, tout comme la radio. Avant chaque film, le NO-DO (Noticiario documental español), qui avait l’exclusivité sur l’information et les reportages, passait un court-métrage qui permettait de diffuser les informations que le régime voulait partagées, garantissant ainsi une information uniforme qui pouvait atteindre l’ensemble de la population espagnole, qu’elle soit citadine ou rurale, cultivée ou non. En littérature, la censure est telle qu’elle oblige beaucoup d’écrivains à s’exiler ou à être publiés en Amérique latine ou d’autres pays d’Europe, sauf l’Espagne. Des maisons d’éditions espagnoles comme Aguilar, vont suivre le mouvement et se transférer dans d’autres pays de peur de faire faillite. Pour pouvoir publier à cette époque, les écrivains devaient se plier à certaines exigences et s’autocensuraient pour ne pas voir leur œuvre interdite de publication et qu'eux-mêmes soient fichés pour d’éventuelles futures oeuvres, car le moindre mot ou personnage décalé pouvait aboutir à cette non autorisation. Ainsi, la romancière Mercédes Fórmica dévoile que pour son livre La ciudad perdida (1951), « le dénouement était faux. La censure n’aurait pas permis le suicide du personnage ».[2] La censure pesait énormément sur les écrivains, pas seulement sur leur travail mais aussi sur leur moral, comme le raconte la romancière Elena Sorano qui pendant trente ans s’est vu refuser la publication de son roman La playa de los locos : « Le roman fut rejeté en totalité, du début jusqu’à la fin, bien que j’ai tout essayé pour le sauver. […] Et pendant tout ce temps, il s’est formé en moi un complexe de culpabilité, un sentiment d’humiliation, de persécution et d’impuissance réellement kafkaïen : je ne comprenais pas et personne ne m’expliquait mon délit, personne n’écoutait mes protestations face à une évidente discrimination par rapport à d’autres écrivains qui à la même époque publiaient et diffusaient en Espagne des romans beaucoup plus forts ».[3]
[1] Joaquín de Entrambasaguas, « Valor hispánica de los autos sacramentales », Consigna, n°17, juin 1942.
[2] Mercédes Fórmica, Espejo roto y espejuelos, Madrid, Huerga y Fierro, 1998.
[3] Elena Soriano, La playa de los locos, prologue, Barcelone, Argos Vergara, 1984.
Le roman
L’un des genres littéraire qui s’est bien développé dans les premières années du franquisme est le roman à l’eau de rose, les histoires sentimentales. Centrés sur le personnage de la femme, ces romans permettaient de manière implicite de montrer qu’elle était la voie que la femme devait suivre dans la société, ses envies de tenir une belle maison et de faire un beau mariage, de fonder une famille, de vivre de manière pieuse. Nous pouvons voir par exemple dans le roman Malén de María Sepúlveda que l’héroïne de son histoire correspond parfaitement aux critères voulus par le franquisme :
« - Hay que ver la alhajita que se llevará el que se case con esta muchacha. Para ella nada hay difícil. Lo mismo te hace un primoroso bordado que te adereza un guiso ; tan fácilmente se pone un traje de baile, como el delantal de la cocina. Éstas, éstas son las mujeres que hacen hogares felices ».[1]
Le régime franquiste et sa censure frappaient le contenu d’un livre mais également sa couverture. Par exemple, si l’histoire se déroulait sur une plage et que la couverture voulait représenter ce moment, les personnages se devaient d’être vêtus décemment, il ne fallait pas voir trop de peau.
Les auteurs étrangers n’étaient pas épargnés par la censure non plus. Ainsi, les œuvres d’auteurs tels que Joyce, Faulkner, Hemingway, etc. ont connu également des problèmes de publication au début de la période franquiste.
Dans les années 50 et 60, en plus du roman à l’eau de rose, le roman réaliste a un certain succès. Le réalisme utilisé par certains auteurs est aussi un moyen de s’élever contre la censure qui dominait alors le pays. Geneviève Champeau le démontre merveilleusement bien en analysant les premières œuvres de l’écrivain Juan Goytisolo, où l’on s’aperçoit, par exemple, que les relations entre les personnages sont bien plus profondes qu’il n’y paraît : une amitié virile, par le choix des mots utilisés, peut en fait faire penser à une relation homosexuelle, ce que la censure, normalement, ne permet pas de publier. Mais si tout reste implicite, platonique, cela rappelle plus « l’exaltation de la virilité dans le camp nationaliste »[2] qu’autre chose et la censure passe à côté du véritable sujet. Si l’on fait une lecture minutieuse des ses œuvres et que l’on cherche l’intertextualité, on se rend compte que Juan Goytisolo parvient à glisser un message non conforme à l’idéologie dominante de l’époque : ce que l’on pense être des rédemptions sont en fait des condamnations, ses personnages sont pour la plupart des adolescents, beaucoup de choses sont racontées du point de vue de l’innocence enfantine, tout est implicitement dit mais les censeurs, qui devaient sûrement se contenter d’une lecture superficielle et qui n’avaient peut-être pas toutes les compétences culturelles nécessaires ainsi que le temps, vu le nombre d’œuvres qu’ils devaient examiner, ne voyaient pas tout cela.
[1] María Sepúlveda, Malén, Ediciones Betis, 1943, p. 129.
[2] Geneviève Champeau, Censure, morale et écriture à l’époque du « réalisme social », in Mélanges de la Casa de Velázquez, 1991, vol.27, n°27-3, p.159.
La presse
La presse, qui est l’un des moyens de communication par lequel les opposants au régime aurait pu le mieux s’exprimer, a de par cette position, subi également une lourde surveillance de la censure. Elle devient une sorte d’institution nationale et, de ce fait, l’État peut tout contrôler : quels journaux peuvent être publiés, ce qui peut être dit ou non, la manière dont cela doit être dit, à quel moment l’information doit être donnée. La consommation de papier était elle aussi étroitement surveillée. Le manque de papier était d’ailleurs une excuse de l’État pour ne pas faire revenir certains journaux ou pour empêcher ou retarder la publication d’un numéro. Pour avoir le contrôle sur les journalistes qui écrivaient les articles, ces derniers devaient signer tous leurs textes sans exception. Même les textes anonymes ou ceux sous pseudonymes devaient avoir une version signée par le nom et prénom de l’auteur, gardée au moins six mois par le journal. Si les règles établies par le régime n’étaient pas respectées, plusieurs condamnations étaient possibles. Cela pouvait être une amende (qui pouvait monter jusqu’à un prix très élevé, 50 000 pesetas), ou bien la destitution du directeur. On pouvait également retirer son nom du Registre des Journalistes, ou bien saisir le journal. Le quota de papier du journal pouvait également être réduit et l’on pouvait empêcher un rédacteur d’exercer son métier ou suspendre un journaliste pendant un certain laps de temps. Certains journalistes ont connu la prison pour avoir écrit des articles qui n’ont pas plu au gouvernement et d’autres ont même subi l’humiliation de se faire raser les cheveux et être obligé de boire de l’huile comme ce fut le cas pour José García Díaz dans le début des années 40. Malgré la censure, certains journaux ou revues, telle La Codorniz, revue humoristique qui a existé de 1941 à 1978, réussissaient parfois à se jouer de la censure. Comme par exemple, avec l’une de ses couvertures présentant la Tour de Pise avec à côté d’elle une magnifique femme en maillot de bain, sans aucun commentaire accompagnant le dessin. À regarder ainsi, on se demandait où se trouvait la plaisanterie jusqu’à ce que l’on se rende compte que la tour n’était pas penchée mais bel et bien droite, comme une érection. La censure passait à côté de ce genre de messages subtils alors qu’une telle audace pouvait être sévèrement punie, dans une Espagne où le sexe était un sujet totalement tabou. Felix de Azúa décrit la revue La Codorniz comme étant « la luz humorística en la noche del franquismo ».
La censure de 1960 à 1970
Situation politique
Quand arrivent les années 60, la situation de l’Espagne n’est plus la même qu’au début de l’ère franquiste. La guerre froide a éclaté et Franco, de par sa position anticommuniste, intéresse les Etats-Unis pour combattre les pays de l’Est. Dans les années 50, des accords ont eu lieu entre les deux pays, qui autorisent les Etats-Unis à avoir quatre bases militaires en Espagne pour pouvoir atteindre l’URSS, en échange de quoi ils offrent une aide en argent, en alimentation, en technologie et en matériel militaire. De plus, l’Espagne fait désormais partie de l’UNESCO et de l’ONU. Elle a donc renoué avec les autres pays internationaux, elle commence à s’ouvrir sur le monde et connaît une tendance à la libéralisation de l’économie. Mais cela se fait maladroitement au début et le pays connaît une terrible inflation. En 1957, il y a un remaniement politique et l’Espagne souhaite pouvoir intégrer la CEE, qui deviendra par la suite l’Union Européenne. Elle doit aligner son économie sur les pays qui en font déjà partie. À cette fin, ce qui s’appelle le « Plan de stabilisation » va avoir lieu et par des mesures spéciales et strictes comme la limitation des dépenses publiques par l’augmentation du prix des services publics (transports, téléphone, gaz, électricité, etc.), la libération du prix de plusieurs produits alimentaires jusque là soutenus par l’État, la légalisation du chômage jusqu’alors interdit par le système autarcique, la dévaluation de la peseta de 43% pour encourager les exportations et le tourisme et bien d’autres encore, permettent d’endiguer et de faire s’effondrer l’inflation. Les entreprises étrangères peuvent plus facilement investir en Espagne. Forcément, ce changement économique entraîne également un changement social. Alors que le pays s’appuyait plus sur l’agriculture, il devient beaucoup plus industriel et urbanisé. L’ouverture de l’Espagne vers l’extérieur fait que sa population a beaucoup plus de contacts avec les populations étrangères, grâce aux touristes qui viennent passer quelques temps dans le pays mais aussi grâce aux Espagnols qui décident de partir travailler dans un autre pays. Ils découvrent des pays beaucoup plus libres, avec des lois démocratiques. On note ainsi que le rôle de la femme va être remis en question et que le salariat féminin va commencer à augmenter. L’Église, quant à elle, va perdre un peu de son influence. Tous ces changements vont évidemment avoir des répercussions sur la censure. Il devient évident qu’elle ne peut plus s’appuyer sur la loi de 1938, devenue inadaptée à la situation.
La loi Fraga
En 1966, une nouvelle loi va donc remplacer celle de 1938, la loi Fraga (du nom du ministre de l’Information, Fraga Iribarne). La censure préalable est remplacée par une censure « volontaire », c’est-à-dire que c’est à l’écrivain, à l’éditeur ou au directeur de publication de prendre la responsabilité de ne publier que des textes en conformité avec les critères moraux, politiques et religieux qui restent en vigueur. Cela va entraîner chez certains une autocensure encore plus sévère que la censure officielle mais d’autres vont tenter de défier cette loi, au risque de subir des amendes ou des saisies et suspensions en ce qui concerne les journaux.
En littérature, à cette époque, le genre littéraire du réalisme critique jusqu’ici dominant ne satisfait plus vraiment – même s’il est toujours nécessaire en vue de l’Histoire elle-même – et la prose va également connaître une rénovation, avec une certaine modernisation. Un grand boom va avoir lieu avec la littérature hispano-américaine et les auteurs tels que Julio Cortázar, Gabriel Gracía Márquez, etc. L’arrivée de cette littérature dans la péninsule va ouvrir les écrivains sur de nouvelles possibilités d’écriture, avec de nouvelles influences, autant pour l’imaginaire que pour la forme et les mots. De plus, jusqu’à présent, la seule langue autorisée pour la littérature était le castillan, les autres langues régionales étant considérées comme un signe de désunion du pays. Mais avec l’ouverture que connaît le pays, le régime s’adoucit un peu aussi sur cette règle et de nouvelles maisons d’éditions apparaissent, comme des maisons d’édition qui revendiquent la langue catalane, telle que Edicions 62. Cette maison d’édition va proposer de nombreuses traductions d’œuvres étrangères en langue catalane. Même si Edicions 62 revendique le catalanisme, la censure va la laisser publier ses livres tant qu’elle est assurée qu’ils sont apolitiques, c’est-à-dire qu’ils ne remettent pas en question les idéaux du régime et qu’ils n’incitent pas les Catalans à la rébellion. Les choix des textes étaient donc sérieusement réfléchis avant de les proposer en lecture à la censure pour obtenir son accord. Les éditeurs pouvaient déjà pratiquer un peu d’autocensure dans les traductions ou textes originaux avant de les présenter, pour essayer d’éviter l’interdiction. Les livres pouvaient également être acceptés car les censeurs devaient suivre une certaine logique, s’ils existaient en castillan il n’y avait pas de raisons de les interdire en catalan. De plus, en acceptant la publication de certains ouvrages, cela permettait au régime de redorer son image publique et de discréditer l’opposition. Parfois, une œuvre devait passer par plusieurs lectures avant d’être oui ou non admise, et si les censeurs ne parvenaient pas à se mettre d’accord ou s’ils refusaient l’autorisation mais que la maison d’édition demandait une révision de cette décision, le texte pouvait mettre des années avant d’être accepté. Certains livres étaient plus facilement autorisés pour la publication s’ils avaient en leur faveur l’appui d’un censeur. Avec la nouvelle loi de 1966, les éditeurs ne sont plus obligés de présenter les livres à la consultation mais beaucoup préfèrent tout de même le faire pour éviter que des interventions aient lieu sur des ouvrages déjà imprimés, comme des saisies ou des dénonciations judiciaires, afin que le prix de production ne soit pas trop élevé. En revanche, les maisons d’éditions catalanes telle que Edicions 62 sont, elles, obligées de continuer à présenter leurs livres, car elles sont accusées de vouloir diffuser des théories qui vont contre les idées du régime, comme le communisme par exemple. Les raisons qui amènent les censeurs à refuser la publication d’une œuvre se montraient assez aléatoires, voire même des fois contradictoires. Les éditeurs ne pouvaient pas vraiment délimiter ce qui motivait vraiment l’interdiction. Il y avait même parfois certaines œuvres qui parvenaient à avoir l’autorisation d’être publiées une première fois mais qui ne l’obtenaient pas pour une deuxième édition, comme ce fut le cas par exemple pour l’œuvre La familia de Pascual Duarte de Camilo José Cela.
La censure, le sexe et la morale
Question morale, la censure reste intraitable, tout ce qui a trait au sexe, à l’érotisme, ne doit pas apparaître dans les œuvres, que cela soit en peinture, en sculpture, en littérature ou dans les films. Les films contenant des scènes érotiques ou d’amour étaient diffusés tels quels dans les autres pays, mais en Espagne il y avait une version plus soft, sans violence et sans sexe. Si les Espagnols voulaient voir des films pornographiques, ils devaient traverser la frontière pour aller les voir en France. Les auteurs devaient donc tout faire dans la subtilité s’ils voulaient faire apparaître ces thèmes dans leurs productions. Par exemple, comme le démontre Emmanuel Larraz[1], Luis García Berlanga a dû faire preuve d’imagination pour pouvoir contourner la censure et aborder ces thèmes-ci dans son film El verdugo (1963). Tout ce qui était trop direct se faisait supprimer par la censure, comme Emmanuel Larraz le fait remarquer pour une scène entre José Luis et sa femme Carmen, où il est demandé de «Supprimer la phrase: Nous allons avoir deux enfants par an avec cette invention » alors que José Luis fait allusion au matelas du lit. « Supprimer également l'invitation amoureuse de José Luis à Carmen. Supprimer l'allusion de Carmen au fait qu'elle a enlevé sa robe de chambre ». Tout doit passer par des codes que le spectateur doit chercher à comprendre. Ainsi, dans la scène où José Luis prend une jeune touriste en photo, sa phrase « está muy buena » qui semble dire que l’appareil photo est de bonne qualité, peut en fait être interprétée comme un compliment pour la femme. Ou encore, il était totalement impensable de parler de l’avortement à l’époque, mais quand Carmen va apprendre à José Luis qu’elle est enceinte, lorsque José Luis répond que si ce bébé doit naître «avec l'instinct de son grand-père, il vaudrait mieux qu'il ne naisse pas», c’est bien à ça qu’il fait allusion. Le film est rempli d’allusions de ce genre pour tous les thèmes que la censure n’accepte pas. Le film en soi, même si tout est dit sous la forme de l’humour, est une critique de la société espagnole de l’époque. Et s’il a pu paraître grâce au fait que c’est un film coproduit par l’Espagne et l’Italie, quand il a été présenté au festival de Venise, l’ambassadeur d’Espagne en Italie, Alfredo Sánchez Bella, n’a pas caché son indignation face à ce film qui critiquait le régime et la société espagnole. Berlanga, par la suite, a alors dû attendre sept ans avant de pouvoir à nouveau tourner en Espagne.
[1] http://www.cervantesvirtual.com/obra-visor/la-representation-grotesque-de-l-amour-dans-el-verdugo/html/ff4242f2-82b1-11df-acc7-002185ce6064_2.html
La censure après 1970
Mort de Franco
En 1970, on approche de la fin du franquisme et la dictature se fait moins forte. La censure n’est plus aussi restrictive que ce qu’elle était auparavant mais est toujours présente. L’écrivain Juan Marsé, par exemple, pour pouvoir publier son livre Si te dicen que caí en 1973, doit passer par le Mexique. Un changement s’opère dans la littérature espagnole, dont on voit une approche dans cette oeuvre. Le silence semble de mise à propos de la dictature mais quelques auteurs tels que Juan Marsé refusent de laisser sombrer dans l’oubli tout ce qui s’est passé en Espagne ; la récupération de la mémoire devient importante pour ces auteurs. De plus, Juan Marsé s’éloigne du réalisme social qui a marqué la littérature durant la dictature pour se rapprocher d’un nouveau genre qui prend son essor dans les années 60-70 : le roman expérimental. Il entraîne de nombreux changements dans la forme ; le point de vue devient multiple, le monologue intérieur n’est pas différencié du style indirect, les allers-retours entre passé et présent sont récurrents, la structure n’est plus la même, les styles et les tons sont mélangés, des mots sont inventés, la ponctuation n’est plus respectée… Puis vers le milieu des années 70 et définitivement dans les années 80, les écrivains vont retourner vers une écriture plus traditionnelle et classique. Le roman historique va être très prisé. Avec la mort de Franco et la fin de la censure, qui sera totalement abolie en 1978, les livres des autres pays vont envahir l’édition espagnole, et les langues régionales vont réapparaître dans ce domaine, aussi bien le catalan que le galicien, le basque ou le baléare. La presse va se développer et de nouveaux journaux vont faire leur apparition, comme El País, dont le premier numéro est publié en 1976. Paradoxalement, beaucoup de journaux qui ont existé durant la dictature et qui désiraient un retour à la démocratie ne vont pas réussir à survivre à la Transition. D’une part parce qu’à l’époque de la dictature, les lire montrait que l’on faisait parti du mouvement de la résistance. Or, avec la venue de la démocratie, il n’y a plus besoin de se démarquer de cette manière et les lecteurs se sont intéressés aux autres nombreux nouveaux titres, ayant un plus large choix de sources d’informations. Et d’autre part parce qu’avec la venue de la démocratie, les journaux ont pu représenter tous les courants politiques qu’ils désiraient, et les lecteurs des journaux existant durant l’ère franquiste étaient très hétérogènes du point de vue politique. Avec l’apparition de journaux politisés, le lectorat s’est divisé, chacun allant vers sa préférence politique.
Avec la mort de Franco, le processus démocratique donnait l’espoir que tous les livres jusque là retenus par la censure allaient pouvoir être sortis au grand jour. Mais ce fut loin d’être le cas, une sorte de rupture s’opérant entre la dictature et l’après franquisme, comme s’il était interdit de revenir sur ce sujet. Mais il y a bien toutes sortes de romans qui apparaissent dans le secteur de l’édition ; les romans policiers, les romans populaires, les romans historiques, etc. et le marché littéraire devient un vrai commerce. Il y a certes une plus grande quantité de livres qui sont publiés, mais cela ne veut pas dire que la qualité suit forcément. Les best-sellers sont recherchés par les écrivains, les agents littéraires font leur apparition dans les années 80 pour aider les auteurs dans leur négociation de leur contrat et de leurs droits.
La Movida
La fin de la dictature et de la censure font lever les tabous sur tout ce qui était interdit à l’époque, ce qui se ressent dans la vie quotidienne des Espagnols tout comme dans la littérature ainsi que dans tous les autres arts. C’est ce que l’on appelle la Movida. Elle débute dans la ville de Madrid, à Malasaña, coeur de la contre-culture espagnole, soutenue par le maire de la ville, Enrique Tierno Galván. Puis elle s’étend dans les autres villes d’Espagne, telles Barcelone et Séville, afin d’amener le pays à la modernité. La population espagnole, jusque là bridée par le régime franquiste, connaît une période de liberté exacerbée que les artistes représentent dans leurs œuvres. Des groupes de musique punk et hard rock apparaissent, contestataires et rebelles, s’attaquant aux bonnes mœurs, la pop refait surface également, la drogue et le sexe sont des sujets mis en avant, l’homosexualité et le travestissement deviennent des symboles de la perte des valeurs du régime. Le célèbre réalisateur Almodóvar est un grand représentant de cette période de la Movida, avec par exemple ses films Pepi, Luci, Bom et autres filles du quartier (Pepi, Luci, Bom y otras chicas del Montòn) ou encore Le labyrinthe des passions(Laberinto de pasiones) qui datent respectivement de 1980 et de 1982. En peinture, un des représentants de cette période est le peintre illustrateur et créateur graphique Ceesepe, de son vrai nom Carlos Sánchez Pérez, dont les œuvres hautes en couleurs n’hésitent pas à se révéler provocantes. Il a également fait des affiches pour certains films d’Almodóvar, comme Pepi, Luci, Bom y otras chicas del Montòncité ci-dessus ou bien La ley del deseo (1987). La Movida prend un tel envol non seulement parce que la jeunesse madrilène et espagnole en général souhaite retrouver une liberté trop longtemps perdue, mais aussi car les mouvements culturels défendus par les jeunes et amenés en Espagne grâce à l’ouverture au tourisme avaient déjà commencé à préparer un peu le terrain dans les années soixante. La Movida va permettre à l’Espagne de s’intégrer dans l’Europe démocratique.
Certains artistes et intellectuels exilés vont décider de revenir en Espagne, plusieurs générations qui ne s’étaient pas croisées auparavant vont se retrouver sur le même territoire. Vétérans et jeunes générations n’ont rien en commun mais l’admiration les uns pour les autres est réciproque. Les créateurs exilés peuvent enfin publier ou exposer dans leur pays d’origine. Les pièces ou textes écrits par les écrivains assassinés par les fascistes sont enfin publiés, comme pour l’œuvre de Federico García Lorca par exemple. Tout ne se fait pas du jour au lendemain, le silence qui régnait sous la dictature de Franco a, d’une certaine manière, perduré après sa mort et au début du retour de la démocratie, pour avantager la réconciliation internationale et ne pas risquer de provoquer de nouvelles divisions dans le pays. D’un point de vue politique, il existait encore une sorte de censure, un tabou au sujet du franquisme et ce qu’il s’est passé durant cette période, tabou qui a commencé à s’écrouler dans les années 90 et surtout 2000, avec le premier gouvernement de Zapatero, qui a rouvert le sujet avec son projet de loi souhaitant rendre justice aux victimes du franquisme. Encore de nos jours, le franquisme reste un sujet sensible pour les Espagnols.
Bibliographie
La censure de 1940 à 1960
- - El exilio interior (en ligne) http://www.unitedexplanations.org/2013/11/27/cultura-durante-el-franquismo-autores-que-triunfaron-aun-y-ser-contrarios-al-regimen/(consulté le 26/04/2014)
- - La Codorniz (en ligne) http://www.ciberniz.com/codorniz.htm (consulté le 26/04/2014)
- - La novela rosa del franquismo (en ligne http://bolsilibrosbruguera.wordpress.com/591-2/ (consulté le 26/04/2014)
- - L’art de l’exil républicain espagnol, Violeta Izquierdo (en ligne) http://www.cervantesvirtual.com/obra-visor/artistes-de-lexil-republique-espagnole-retirada-1939-en-region-de-toulousaine--0/html/ffa3c720-82b1-11df-acc7-002185ce6064_82.html (consulté le 26/04/2014)
- - Histoire politique des femmes espagnoles. De la IIe République à la fin du franquisme, Carmen Domingo, Adaptation et traduction par Denis Rodrigues, Presses universitaires de Rennes, Collection « Didact Espagnol », Rennes, 2008, 299p.
- - L’art et les expositions en Espagne pendant le franquisme, Ramón Tió Bellido, Isthme éditions, Paris, 2005, 317p.
- - La censura de Prensa durante el franquismo (1936-1951), Justino Sinova, Espasa Calpe, Madrid, 1989, 310p.
- - L’Espagne du XXe siècle : le franquisme, Françoise Peyregne, Éditions Ellipses, Paris, 2000, 127p.
- - Propagande et culture dans l’Espagne franquiste (1936-1945), Marie-Aline Barrachina, ELLUG, Université Stendhal, Grenoble, 1998, 328p.
La censure de 1960 à 1970
- - Camilo José Cela à propos de la censure franquiste (vidéo en ligne) http://fresques.ina.fr/europe-des-cultures-fr/fiche-media/Europe00136/camilo-jose-cela-a-propos-de-la-censure-franquiste.html(consultée le 26/04/2014)
- - Juan Goytisolo et l'Espagne de Franco (vidéo en ligne,http://fresques.ina.fr/europe-des-cultures-fr/fiche-media/Europe00019/juan-goytisolo-et-l-espagne-de-franco (consultée le 26/04/2014)
- -Censure, morale et écriture à l’époque du « réalisme social », In Mélanges de la Casa de Velázquez, Geneviève Champeau, Tome 27-3, 1991, Époque contemporaine, pp.139-162.
- - La novela española durante el franquismo, Santos Sanz Villanueva, Editorial Gredos, Madrid, 2010, 575p.
- - Le roman espagnol face à l’histoire (1955-1995), Textes réunis par Marie-Linda Ortega, ENS Éditions Fontenay/Saint-Cloud, Fontenay-aux-Roses, 1995, 199p.
- - Résister, Anita Gonzalez-Raymond, Pulm, Montpellier, 2011, 443p.
- - Un parlement de papier : la presse d’opposition au franquisme durant la dernière décennie de la dictature et la transition démocratique, Isabelle Renaudet, Casa de Velázquez, Madrid, 2003, 566p.
La censure après 1970
- - Almodóvar, symbole de la Movida (en ligne)http://almovida.blogspot.fr/p/partie-i_09.html (consulté le 26/04/2014)
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- - Mythologies 80 : Movida (vidéo en ligne http://videos.arte.tv/fr/videos/mythologies_80_movida_--3249856.html (consultée le 26/04/2014)
- - Pour en finir avec Franco : la démocratisation du roman espagnol, Adélaïde de Chatellus (en ligne http://www.fabula.org/revue/cr/376.php (consulté le 26/04/2014)
- - Imaginaires et symboliques dans l’Espagne du franquisme, Bulletin d’Histoire Contemporaine de l’Espagne, n°24, décembre 1996, CNRS Maison des Pays Ibériques, Talence, 1997, 499p.
- - La culture espagnole : les mutations de l’après franquisme (1975-1992), Bernard Bessière, L’Harmattan, Paris, 1992, 415p.
- - Le roman espagnol face à l’histoire (1955-1995), Textes réunis par Marie-Linda Ortega, ENS Éditions Fontenay/Saint-Cloud, Fontenay-aux-Roses, 1995, 199p.
- - Les enjeux du réalisme dans le roman sous le franquisme, Genenviève Champeau, Casa de Velázquez, Madrid, 1995, 418p.
- - Réinventer la littérature : démocratisation et modèles romanesques dans l’Espagne post-franquiste, Emmanuel Bouju, Presses Universitaires du Mirail, Toulouse, 2002, 374p.
Pour citer cette ressource :
Viviane Petit, "La censure sous le franquisme", La Clé des Langues [en ligne], Lyon, ENS de LYON/DGESCO (ISSN 2107-7029), mai 2014. Consulté le 01/09/2024. URL: https://cle.ens-lyon.fr/espagnol/civilisation/histoire-espagnole/guerre-civile-et-dictature/la-censure-sous-le-franquisme
Eres alta y delgada
Chanson de Rolando Alarcón
Tu es grand et mince
Eres alta y delgada
comme ta mère
Como tu madre
brune salée
Morena salada
comme ta mère
Como tu madre
Béni soit la branche
Bendita sea la rama
qui sort dans le coffre
Que al tronco sale
brune salée
Morena salada
qui sort dans le coffre
Que al tronco sale
Fille, j'ai passé la nuit
Niña, pasó la noche
Fille, je pense à toi
Niña, pensando en ti
Pour ton amour je meurs
Por tu amor yo me muero
depuis que je t'ai vu
Desde que te vi
brune salée
Morena salada
depuis que je t'ai vu
Desde que te vi
tu es comme une rose
Eres como una rosa
Depuis Alexandrie
De Alejandría
brune salée
Morena salada
Depuis Alexandrie
De Alejandría
Coloré la nuit
Colorada de noche
Blanc le jour
Blanca de día
brune salée
Morena salada
Blanc le jour
Blanca de día
Fille, j'ai passé la nuit
Niña, pasó la noche
Fille, je pense à toi
Niña, pensando en ti
Pour ton amour je meurs
Por tu amor yo me muero
depuis que je t'ai vu
Desde que te vi
brune salée
Morena salada
depuis que je t'ai vu
Desde que te vi
Source : Musixmatch
Chansons Contre la Guerre - Eres alta y delgada
Canzoni contro la guerra
https://www.antiwarsongs.org › canzone
20 déc. 2023 — Eres alta y delgada como tu madre, morená saladá, como tu madre. Bendita sea la rama que al tronco salé, morená saladá, que al tronco sale.
Une chanson des exilés républicains espagnols
Bourg-Madame est une commune française proche de la frontière espagnole. Ce fut le premier lieu d'exil pour de nombreux exilés républicains vaincus lors de la guerre civile espagnole.
Cancion de Bourg-Madame
Españoles, salís de vuestra patria
después de haber luchado contra la invasión:
Caminando por tierras extranjeras
mirando hacia la estrella de la liberación
Caminando por tierras extranjeras
mirando hacia la estrella de la liberación
Camaradas caídos en la lucha
que disteis vuestra sangre por la libertad:
Os juramos volver a nuestra España
para vengar la afrenta de la humanidad
Os juramos volver a nuestra España
para vengar la afrenta de la humanidad
A ti Franco traidor vil asesino
de mujeres y niños del pueblo español:
Tú que abriste las puertas al fascismo
tendrás eternamente nuestra maldición
Tú que abriste las puertas al fascismo
tendrás eternamente nuestra maldición
Chanson De Bourg-Madame
Espagnols, vous quittez votre patrie
après avoir lutté contre l'invasion :
Marcher à travers des terres étrangères
regardant vers l'étoile de la libération
Marcher à travers des terres étrangères
regardant vers l'étoile de la libération
Camarades tombés au combat
que tu as donné ton sang pour la liberté :
Nous jurons de retourner dans notre Espagne
venger l'affront de l'humanité
Nous jurons de retourner dans notre Espagne
venger l'affront de l'humanité
À toi Franco traître ignoble meurtrier
des femmes et des enfants du peuple espagnol :
Toi qui as ouvert les portes du fascisme
tu auras notre malédiction pour toujours
Toi qui as ouvert les portes du fascisme
tu auras notre malédiction pour toujours
Pueblo que canta no die
Vincanto chante la Résistance espagnole
"Pueblo que canta no morirà" est un voyage avec Vincanto dans l'Espagne anti-franquiste ; des chansons nées sur les barricades républicaines, pleines d'espoir, de fierté, aux chansons sarcastiques et mélancoliques nées pendant la dictature, à une époque où se souvenir de la guerre signifiait pour beaucoup se souvenir d'une terrible défaite, mais où personne ne s'arrêtait toujours avertissant que si les fleurs d'Espagne étaient mortes en avril (le 1er avril 1939, Franco proclama la fin de la guerre et la naissance du régime), ces fleurs seraient revenues, car "al pueblo y a las flor no los mata el fusil".
Des chansons qui sont de véritables pages d'histoire, filtrées par la sensibilité artistique d'un groupe qui s'occupe habituellement de musique de tradition orale italienne et recueillies en grande partie par des chercheurs italiens qui se sont principalement occupés de la musique populaire de notre pays, au cours d'un voyage mémorable en Espagne qui a duré lieu à l'été 1961, en pleine dictature de Franco, dans le but de recueillir les voix des opposants au régime. Leurs noms étaient Michele Straniero, Sergio Liberovici, Margherita Galante Garrone et d'autres. Un projet à certains égards absurde, mais aussi très risqué : ils ne savaient pas s'ils trouveraient quelque chose, alors qu'il était certain que la police de Franco aurait pu causer de sérieux problèmes.
Des chants nés souvent sur les mélodies de chants et de danses populaires préexistants, ou sur les airs d'hymnes d'autres guerres et révoltes antérieures, certes importants comme documents, mais aussi beaux musicalement et poétiquement. Chaque chanson a sa propre histoire liée à la vie des personnes qui la chantent. Vincanto essaie de raconter cette histoire aujourd'hui.
"Pueblo que canta no morirà" a été produit par l'ISGREC (Institut historique de la résistance et de l'époque contemporaine de Grosseto) et créé au Teatro degli Industri de Grosseto dans le cadre de la conférence "Despuès de lawar. Antifascistes italiens et toscans entre la guerre d'Espagne, France des champs, Résistances", en janvier 2011.
Ilaria Savini, Voix
Simone Faraoni, Fisarmonica, Voix, flûte dolce soprano
Alessandro Cei, Chitarra et voix
Dende que Franco e Falanxe
Aferrollaron Espana
Somos un povo de ilotas
Que nos quiedamos sin patria
Ay la la, ay la la
Ay la la la la la la
Mina nài mina naicina
Eiqui non podo vivir
Tanto cura e tanto frade
Non teno sitio pra min
Santo Cristo de Fisterre
Santo da barba dourada
Axudademe a pasare
A negra noite de espana
Cando chegarà o dia
De ver libre a nosa patria
Que o vento libre reponse
na porta de cada casa?
Da quando franco e la falange
Soggiogarono la spagna
Siamo un popolo di Iloti (schiavi)
Rimasti senza patria
Ay la la, ay la la
Ay la la la la la la
Mamma mammina mia
Qui mi è impossibile vivere
Troppi preti troppi frati
Non c'è più posto per me.
Santo Cristo di Fisterre
Santo dalla barba dorata
Aiutami a superare
Questa nera notte di Spagna
Quando verrà quel giorno
Che vedremo libera la nostra patria
E il vento libero riposerà
Sulla soglia di ogni casa?
Dende que Franco et Falanxe
Aferrollarón España
Nous sommes quelques hilotes
Nous sommes quiedamos sin patria
Ay la la, ay la la
Ay la la la la la la
Mina nài mina naicina
Je ne peux pas vivre ici
Tant de soins et tant de soins
Je n'ai pas de site depuis min
Saint Christ de Fisterre
Saint rasage dourada
Permettez-moi de passer
Un bruit noir en Espagne
Cando chegarà ou dia
Être libre dans notre patrie
Ce vent libre a répondu
à la porte de chaque maison ?
Depuis Franco et la Phalange
Ils ont soumis l'Espagne
Nous sommes un peuple d'Hilotes (esclaves)
Resté sans pays
Ay la la, ay la la
Ay la la la la la la
Maman mia mia
Il m'est impossible de vivre ici
Trop de prêtres, trop de frères
Il n'y a plus de place pour moi.
Saint Christ de Fisterre
Saint à la barbe d'or
Aide-moi à m'en sortir
Cette nuit noire espagnole
Quand ce jour viendra
Que nous verrons notre patrie libre
Et le vent libre se reposera
Aux portes de chaque maison ?
Gallo rojo, gallo negro, chanter la dissidence de la rue à l’histoire
À propos de l'auteur :
Florence Belmonte : https://doi.org/10.4000/lengas.395
Sur : https://journals.openedition.org/lengas/395?lang=en
La chanson Gallo rojo, gallo negro date des années soixante. Anonyme à l'époque, elle était reprise dans les rues lors des manifestations étudiantes comme un hymne de reconnaissance des opposants à la dictature du général Franco. Elle est l’œuvre de l'auteur compositeur interprète Chicho Sanchez Ferlosio (1940-2003), personnalité singulière des milieux anarchistes espagnols. Actuellement, elle passe souvent pour une chanson des combattants républicains de la guerre civile.
Termes d'index
Mots-clés : Gallo rojo gallo negro, Chicho Sanchez Ferlosio, chanson espagnole, contestation, anarchisme, francoïsme
1. Gallo rojo, gallo negro est une chanson composée dans les années soixante. Anonyme à l’époque, elle était reprise dans les rues lors, entre autres, des manifestations étudiantes, comme un hymne de reconnaissance des opposants à la dictature du général Franco. Elle est l’œuvre de l’auteur compositeur interprète Chicho Sanchez Ferlosio (1940-2003), personnalité singulière des milieux anarchistes espagnols. Actuellement, dans l’esprit d’une part de la population, et même de personnes engagées dans les mouvements de récupération de la mémoire historique de la guerre civile et du franquisme ou de militants antifascistes du monde hispanique, elle passe souvent pour une chanson des combattants républicains de la guerre civile. Il s’en trouve même pour la chanter en concert et la présenter comme datant de 1939, un an avant la naissance de son auteur. Des montages vidéo que l’on retrouve aisément sur internet sont emblématiques de l’utilisation qui peut en être faite. Dans ce cas de figure, la chanson est diffusée accompagnée de la légende : « la version originale de la chanson sur une série d’affiches de l’époque », tandis que se déroule un catalogue d’affiches toutes éditées par le camp républicain, en temps de guerre civile.
Gallo rojo, gallo negro,
Chicho Sanchez Ferlosio
Paroles
Cuando canta el gallo negro
Es que ya se acaba el día, (bis)
Si cantara el gallo rojo
Otro gallo cantaría. (bis)
Quand chante le coq noir,
C’en est fini de l’espoir,
Si le coq rouge chantait,
Coq noir, c’est toi qui déchanterais.
Refrain
Ay,
Si es que yo miento
Que el cantar que yo canto
Lo borre el viento,
Ay,
Qué desencanto
Si me borraro el viento
Lo que yo canto.
Ah
Si je mens,
Que le vent emporte
mon chant,
Ah,
Quelle déception
Si le vent emportait
Ma chanson.
Se encontraron en la arena
Los dos gallos frente a frente (bis)
El gallo negro era grande
Pero el rojo era valiente. (bis)
Sur le sable, face à face
les deux coqs se sont trouvés.
Le coq noir était puissant
Mais le rouge était un brave.
Se miraron cara a cara
Y atacó el negro primero, (bis)
El gallo rojo es valiente
Pero el negro es traicionero. (bis)
Face à face, les deux coqs,
Le coq noir a attaqué,
Le coq rouge est un brave
Mais le noir est un félon.
Gallo negro, gallo negro,
Gallo negro te lo advierto, (bis)
No se rinde un gallo rojo
más que cuando está ya muerto. (bis)
Coq noir, coq noir,
Tiens-toi le pour dit,
Un coq rouge ne rend jamais les armes,
car à se rendre, le coq rouge préfère mourir.
2. Quels mécanismes conduisent à l’association de cette chanson avec l’épisode de la guerre civile, puis à sa projection postérieure au rang des hymnes de la revendication sociale ?
3. La guerre civile espagnole, on le sait, est interprétée à juste titre comme la lutte des combattants de la liberté contre le fascisme, la chanson s’y réfère d’ailleurs sans équivoque : le combat des coqs renvoie à la violence supposée des Espagnols dont cette pratique serait une des expressions notoires, — qui contribue d’ailleurs à sa légende noire. La célèbre métaphore des Deux Espagnes est reprise avec le coq rouge — Républicain —, et le coq noir — fasciste. On lit aussi dans les paroles de cette chanson le combat social, avec ses déséquilibres — l’un est puissant, l’autre n’a que son courage —, ses héros et ses traîtres, ses luttes tragiques et sans merci. Bref, le texte puise sa force dans la synthèse à laquelle il parvient par la représentation des luttes et des souffrances des opprimés de la dictature franquiste qui rejoint celle des opprimés de l’histoire universelle. Dans un style minimaliste, Chicho Sanchez Ferlosio dont l’écriture dans d’autres textes se singularise pourtant par sa très grande créativité linguistique, souligne les mots clés par le recours à des structures et des rimes très simples soutenues par le martèlement des accords. Son style pour l’occasion ne s’écarte pas des chemins de l’écriture accessible à tous, au service d’une cause. Découvert dans les pages d’un livre (Jiménez, Prada, Cupián, 2008), le texte, un des premiers de Chicho Sanchez Ferlosio, est presque terne, ou du moins il emprunte pour convaincre d’autres chemins que ceux de l’esthétisme, ce qui ne lui ôte ni son intérêt, qui est d’un autre ordre, ni son pouvoir d’émotion. Il semble sorti de la tradition populaire. On le retient très vite, on peut le chanter tout aussi vite, l’essentiel étant de partager et de transmettre. Certaines rimes très pauvres sont mises en valeur justement pour cette même raison, parce qu’elles sont pauvres mais soutiennent un terme important, un mot clé qui lui-même touche à une réalité historique et humaine éternelle et brûlante. Gallo rojo, gallo negro de Chicho Sanchez Ferlosio éveille l’émotion et appelle à la communion sociale.
4. Une fois éclairés les points qui conduisent à l’erreur de datation de cette chanson, reste toutefois à expliquer le processus qui l’a conduite à traverser les décennies affranchie de la signature de son auteur et à être reprise postérieurement, y compris dans les manifestations contre la crise actuelle. La question de l’effacement à la fois imposé et voulu de cet auteur est alors en jeu. Pour la saisir, il faut se souvenir d’abord qu’être espagnol et anarchiste sous le franquisme relevait de l’héroïsme, presque de l’impossible. En effet, dans un contexte d’épuration sociale et politique, de représailles, de violence physique, d’exclusion, ainsi que d’une manipulation culturelle qui visait au nivellement des comportements et des savoirs en vue de l’adhésion au Régime, depuis le point de vue des Vainqueurs, « être espagnol » était un titre qui se méritait. Pour cela il fallait remplir des conditions incontournables. Les « vrais » Espagnols, pour le Régime, étaient ceux qui ne parlaient pas de coup d’État mais de rébellion militaire contre la République ; ceux qui avaient interprété la guerre comme étant un affrontement entre la « Russie » et l’Espagne ; ceux qui avaient adhéré à la thèse selon laquelle grèves et revendications sociales paralysaient la vie de la population et ruinaient ses sources de richesses ; les intellectuels qui n’avaient pas hésité, en 1936, à justifier l’interventionnisme de l’État dans la culture et avaient participé à la construction de ce même État tenté par le totalitarisme ; enfin, le clergé et ses fidèles catholiques étaient eux aussi espagnols aux yeux du Régime parce qu’ils parlaient non pas d’une guerre mais d’une Croisade au nom de l’Espagne, d’une guerre d’Espagne, de leur guerre, dans leur pays — l’Espagne authentique — contre un ennemi dont l’identité pour la circonstance s’enrichissait d’une dimension peu banale en Europe dans le premier tiers du xxe siècle, celle de l’hérésie ; bref, les Espagnols, les vrais aux yeux du Régime, c’étaient tous ceux qui avaient apporté leur concours à l’anéantissement de la République, à savoir les arrogants tenants de l’intolérante Espagne franquiste. On aura compris qu’il ne faisait pas bon, c’est bien entendu un euphémisme, être anarchistes. La violence de la répression franquiste provoqua donc une fracture sociale profonde dont toute la nation se ressentit. Cependant, à l’inverse de l’effet voulu par la dictature, les marques identitaires de la démocratie en furent renforcées. En effet, avoir à souffrir de la violence ou devoir cacher ses convictions démocratiques ne put empêcher la germination et la postérieure extension de l’esprit de dissidence. La trajectoire personnelle de Chicho Sanchez Ferlosio épouse ce cheminement de rejet de l’idéologie dominante, depuis une attitude complexe faite tout à la fois d’anonymat, de retrait, mais aussi de provocation, posture qui lui était en partie permise par ses origines sociales et la position privilégiée occupée par sa famille.
5. Auteur-compositeur-interprète à titre principal, José Antonio Sanchez Ferlosio est connu sous le nom de Chicho Sanchez Ferlosio (Belmonte 2009). Il porte, on le voit, un prénom surprenant. Quelle relation autre que la distance peut exister entre José Antonio et Chicho ? Le substantif espagnol Chicho signifie anglaise au sens capillaire du terme, le dictionnaire de la RAE parle d’une bouclette, une frisette, qui tombe sur le front des femmes ou des enfants. Par ailleurs, le diminutif Ciccio désigne dans la langue italienne, celle de sa mère, un petit enfant. Première opération de distanciation, rien de plus éloigné qu’une anglaise de l’état capillaire du José Antonio Sanchez Ferlosio adulte. Mais outre cet aspect, qu’il s’agisse d’une sorte de diminutif rescapé de l’enfance ou d’une invention plus tardive importe moins que de voir disparaître dans la construction de l’homme le prénom José Antonio (Julio Onésimo) — membres fondateurs, en 1933, du parti d’inspiration fasciste la Phalange Espagnole — prénom d’autant plus fortement connoté que l’on est un des quatre fils de l’écrivain phalangiste et homme politique Rafael Sanchez Mazas qui avait vécu sept ans en Italie où il s’était impliqué de façon active aux côtés du mouvement fasciste. De retour en Espagne en 1929, il était devenu le conseiller de José Antonio Primo de Rivera, avait participé à la fondation du parti Falange Española, le 29 octobre 1933, et en fut un membre actif, l’un des leaders, jusqu’au déclenchement de la guerre civile. En tant qu’intellectuel, il fut présent à la création de l’hebdomadaire El Fascio, interdit par les autorités dès la publication de son second numéro et l’un des auteurs du Cara al sol, hymne de la Phalange. Par la suite, on peut résumer son parcours en disant qu’il fut un homme du régime. Il est permis de penser donc, pour revenir au prénom José Antonio, que, né en 1940 dans la culture de l’élitisme, de l’intolérance et de la volonté de domination, José Antonio Sanchez Ferlosio a certainement opté pour une prise de distance politique — et familiale — symbolique, matérialisée par l’abandon d’un prénom à bien des égards pesant.
6. Entre continuité et transgression envers la personnalité littéraire et politique de son père, Chicho Sanchez Ferlosio choisit une voie, la chanson, qui le situe à la charnière du monde des Arts et des Lettres et de l’engagement politique. Il rejoint très tôt les rangs de l’opposition au régime. C’est au début des années 1960 qu’il compose quelques-unes des chansons antifranquistes les plus populaires. C’est à cette même période que commencent, malgré la protection dont il pouvait bénéficier, ses démêlés avec les autorités franquistes, la police et la justice de la dictature dont il dénonçait l’arbitraire dans ses chansons, lors de manifestations, dans des tracts et, bien sûr, lors de récitals clandestins, les seules occasions de se produire — en dehors de la rue — pour un auteur-compositeur-interprète militant dans l’opposition, raison pour laquelle ses chansons circulent dès lors, souvent dissociées du nom de leur auteur. Pas de passage à la radio, pas de disque enregistré, juste la prudence nécessaire pour passer au travers des mailles du filet. Cet effacement était d’autant plus imposé que son militantisme ne s’arrêtait pas, bien sûr, à Gallo rojo gallo negro, — d’autres chansons étaient sans ambiguïté quant à leur date de composition, car elles étaient en prise avec l’actualité, attaquant ministres, dignitaires et notables ayant pignon sur rue. Le thème de l’emprisonnement était bien entendu très présent comme en atteste cette chanson dédiée à Julian Grimau — une prise de risque maximum car l’affaire de son exécution en 1962 avait fait grand bruit sur le plan international à un moment où le général Franco faisait procéder à une série de réformes institutionnelles de façade visant à prouver qu’il n’était pas le chef d’État d’une dictature :
1 / Me enteré una mañana de un crimen / Mi sentencia es del color de la sangre humana / Las nubes y las balas fueron los únicos testigos (...)
Una mañana viví un crimen
el color de mi dolor es la sangre humana.
Sólo nubes y plomo,
Ellos lo presenciaron:
Julián Grimau, hermano,
Te asesinaron, te asesinaron.1
2 Contrarreloj, Círculo de Bellas Artes. Tecla de discos de marcación.
7. Condamné donc à une forme d’effacement, ce compositeur pourtant prolifique n’a qu’un seul disque officiel connu, un trente-trois tours, enregistré en 1978, A contratiempo2 (À contretemps), en quelque sorte une devise, sa façon d’être. Il s’est aussi approprié des airs de répertoires étrangers ou du répertoire traditionnel et a cultivé tous les rythmes, tous les styles, adapté et mis en musique des textes d’auteurs, — en particulier du philologue, poète et libre penseur, Agustin Garcia Calvo — professeur des universités réduit à la misère en 1965 par un renvoi pour manifestation contre le Régime. Leurs trajectoires sont comparables : même désir de rester en marge de la culture officielle, même application à ne se produire qu’à l’endroit et au moment qui leur ont convenu, même désintérêt pour l’aspect commercial de leur profession.
3 Canción adúltera.
8. Dans le processus d’effacement de son image au bénéfice de ses idéaux l’on trouve aussi ses choix vestimentaires, ses choix de vie : au visionnage des séquences que l’on conserve de lui et qui sont accessibles sur le site YouTube ainsi que sur bon nombre de sites anarchistes, notre regard depuis ce début du xxie risque de ne retenir que des cheveux mi-longs peu domestiqués, une guitare sèche, une chemise paysanne à carreaux, un jean « patte d’éph » et la décontraction qui sont les signes distinctifs des « soixante-huitards » au sens large, une image désormais banalisée, à l’occasion moquée. Pour Chicho Sanchez Ferlosio, il faut y lire aussi qu’il se fait, en les adoptant, le vecteur pour l’Espagne des valeurs de la démocratie pour un secteur avide de changement et de reconnaissance sociale et politique, de liberté. Il contribue à l’importation et à la définition de signes esthétiques vestimentaires et comportementaux alors emblématiques de l’adhésion à un projet démocratique universel. Signalons que ses chansons abordent parfois aussi la douloureuse et fondamentale question de la liberté sexuelle si combattue par le régime3. Sa guitare sèche se détourne d’ailleurs aussi d’emblée des canons définis par la tradition espagnole —tout autant que de ses reprises folkloristes en temps de dictature — pour adhérer au style mélodique de l’utopie sociale de la jeunesse des années de croissance des pays industrialisés et en reprenant et explorant des rythmes venus de tous horizons.
9. Chicho Sanchez Ferlosio disparaît ensuite tout simplement d’Espagne. Sa trajectoire personnelle, dans les années soixante et soixante et dix, est tournée vers l’exploration du monde, de cultures différentes. Il suit le parcours de la jeunesse du moment : la Suède, la France, l’Italie (dont sa mère était ressortissante), l’Albanie. Ensuite, dans une fourgonnette transformée en caravane, c’est le Sud de l’Europe, la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan, le Pakistan, l’Inde, le Sri Lanka. Il est à la conquête de la liberté en vue de rejoindre le cercle — pas idéalisé du tout dans son cas — de la modernité occidentale.
4 Grosso Ramos, Alfonso (Sevilla 1928-1993). Escritor.
10. Il a par ailleurs laissé son œuvre en friche. Répertorier sa discographie, est actuellement une tâche quasiment impossible. Mais si seul le disque A contratiempo est à ce jour officiellement enregistré, sa musique est téléchargeable par voie informatique, offerte, en accord avec l’esprit de l’auteur, sur des sites anarchistes. Il existe un disque introuvable enregistré en 1974 à Stockholm — Spanska motstånds sånger [Canciones de la resistencia española] — à partir d’une simple bande de magnétophone datant semble-t-il de 1964, que Chicho Sanchez Ferlosio avait confiée à l’écrivain Alfonso Grosso4. Il s’agit d’un vinyle dont la pochette présentait un coq rouge sur fond noir et indiquait que le nom de l’auteur avait été tu par mesure de sécurité. De ce prudent anonymat vient que l’on ait cru devoir dater ces chansons de la guerre civile alors que c’est à l’occasion de la grève des mineurs des Asturies en 1962 que leur auteur les avait composées. On peut estimer que cette date de composition inscrit Chicho Sanchez Ferlosio dans la ligne historique de la chanson espagnole avec le titre de premier cantautor.
11. On comprend donc la profondeur du refus de cet authentique auteur-compositeur-interprète de se soumettre aux diktats du franquisme tout comme aux règles du monde du spectacle, préférant cultiver la distance, préférant aussi que d’autres artistes que lui, nombreux, soient ses interprètes et diffusent ses chansons dans le monde entier : Joaquin Sabina, Amancio Prada, Soledad Bravo, le groupe Quilapayun, Victor Jara, Joan Baez, Rolando Alarcon. Chicho Sanchez Ferlosio était un chanteur des rues, il vivait dans une maison délabrée héritée de sa mère et faisait la manche, c’était un artiste du direct, entre chanteur des rues et chansonnier, qui ne s’est soumis à l’exercice de l’enregistrement que sous l’amicale et insistante pression de ses amis, à l’écart de toute préoccupation d’un succès ou d’un enrichissement personnels. Il suffit pour s’en convaincre de l’observer dans son univers quotidien qu’il a laissé pénétrer lors de la réalisation du documentaire Mientras el cuerpo aguante car, en contradiction seulement apparente avec son désir de fuir la popularité, il est actuellement le seul chanteur espagnol à qui l’on ait consacré un film. Ce documentaire inclassable de Fernando Trueba, tourné en 1982 — téléchargeable — est visiblement guidé par l’improvisation et les suggestions de l’intéressé lui-même. La caméra de Fernando Trueba suit Chicho Sanchez dans ses occupations journalières. Il se laisse observer dans une volonté évidente non pas de procéder à l’autopromotion de l’artiste mais de transmettre les valeurs qui cimentent sa vie : une biographie d’une simplicité frôlant le dénuement, à base de vin, de tabac, de questionnements incessants, de réflexion, de composition, de discussion, de musique, d’amitié, d’amour et d’humour, bref, de partage dans l’intimité.
12. La vie de Chicho Sanchez Ferlosio est en effet restée toujours et à tout instant celle d’un bohème qui fuit le système, mais d’un bohème toujours actif, qui vit à peu près comme il veut, à peu près libre, avec la conviction profonde que rien d’autre n’a de valeur, et certainement pas le succès qu’aurait pu s’attirer le chanteur engagé qu’il était dans le contexte donné. Dissident dans l’âme, la transgression est sa façon d’être. En ce sens, son succès auprès des progressistes de sa génération n’étonne pas, non plus que son aura au delà de ce cercle jusque dans les secteurs libertaires de la jeunesse actuelle. On observe que des groupes de rock libertaires reprennent actuellement ses chansons, les adaptent à leurs canons esthétiques, eux qui pourtant se montrent d’ordinaire pour le moins critiques envers l’héritage que leur laissent les « soixante-huitards » dont Chicho Sanchez Ferlosio est une des premières expressions espagnoles. Passant visiblement outre sa guitare sèche, ses cheveux longs et de sa culture ouvriériste maintenant datée, ils hurlent leur désir de rupture avec l’ordre établi, avec la morale dominante. Gallo rojo, gallo negro est désormais déclinée avec tous les accents du monde hispanique, sur fond de drapeau de la république ou anarchiste, sur fond de photos de la guerre civile, de mouvements sociaux nationaux ou internationaux, de violences plus récentes et actuelles, de lutte contre le capitalisme et sa crise, le coq noir peut prendre les traits de Rajoy ou de Merkel ; qu’importent l’époque, le cadre, le pacifisme et le nom de Chicho Sanchez Ferlosio ? Quelle plus grande réussite pour lui que celle de disparaître mais de subsister dans cette chanson intemporelle entrée au patrimoine de la revendication sociale ?
Bibliographie
Belmonte, Florence, 2009, « L’esprit de dissidence. Chicho Sanchez Ferlosio (1940-2003), auteur-compositeur libertaire », Orsini-Saillet Catherine (ed.), Transmission-transgression. Hispanistica XX-XXI, Dijon, EUD.
Jiménez, Rosa, Prada, Lisi F., Cupián, Francisco (éd.), 2008 Par Chicho Sánchez Ferlosio, chansons, poèmes et autres textes, Hiperión, Madrid
Notes
1 /J'ai su d'un crime, un matin/Ma peine est couleur sang humain/Nuages et plombs en furent seuls témoins/Julian Grimau, ô mon frère,/Ce sont des assassins, ce sont des assassins./
2 Contre la montre, Círculo de Bellas Artes. Touche de disques de cadran.
3 Chanson adultère.
4 Grosso Ramos, Alfonso (Séville 1928-1993). Écrivain.
Références
Florence Belmonte, « Gallo rojo, gallo negro, chanter la dissidence
De la rue à l'histoire », Lengas [En ligne], 74 | 2013, mis en ligne le 10 décembre 2013, consulté le 26 août 2024.
URL : http://journals.openedition.org/lengas/395 ; DOI : https://doi.org/10.4000/lengas.395
À propos de l'auteur :
Florence Belmonte Université Paul-Valéry Montpellier 3
Sur : https://journals.openedition.org/lengas/395?lang=en
Gallo Rojo, Gallo Negro
Chanson de Chicho Sánchez Ferlosio
Paroles
Quand le coq noir chante
Cuando canta el gallo negro
La journée est déjà finie
Es que ya se acaba el día
Quand le coq noir chante
Cuando canta el gallo negro
La journée est déjà finie
Es que ya se acaba el día
Si le coq rouge chantait
Si cantara el gallo rojo
un autre coq chantait
Otro gallo cantaría
Si le coq rouge chantait
Si cantara el gallo rojo
un autre coq chantait
Otro gallo cantaría
Oh, si je mens
Ay, si es que yo miento
C'est le chant que je chante
Que el cantar que yo canto
le vent l'a effacé
Lo borre el viento
Oh, quelle déception
Ay, qué desencanto
Si le vent m'effaçait
Si me borrara el viento
ce que je chante
Lo que yo canto
Ils se sont rencontrés dans le sable
Se encontraron en la arena
Les deux coqs face à face
Los dos gallos frente a frente
Ils se sont rencontrés dans le sable
Se encontraron en la arena
Les deux coqs face à face
Los dos gallos frente a frente
Le coq noir était gros
El gallo negro era grande
Mais le rouge était courageux
Pero el rojo era valiente
Le coq noir était gros
El gallo negro era grande
Mais le rouge était courageux
Pero el rojo era valiente
Oh, si je mens
Ay, si es que yo miento
C'est le chant que je chante
Que el cantar que yo canto
le vent l'a effacé
Lo borre el viento
Oh, quelle déception
Ay, qué desencanto
Si le vent m'effaçait
Si me borrara el viento
ce que je chante
Lo que yo canto
Ils se regardèrent face à face
Se miraron cara a cara
Et le noir a attaqué en premier
Y atacó el negro primero
Ils se regardèrent face à face
Se miraron cara a cara
Et le noir a attaqué en premier
Y atacó el negro primero
Le coq rouge est courageux
El gallo rojo es valiente
Mais le noir est traître
Pero el negro es traicionero
Le coq rouge est courageux
El gallo rojo es valiente
Mais le noir est traître
Pero el negro es traicionero
Oh, si je mens
Ay, si es que yo miento
C'est le chant que je chante
Que el cantar que yo canto
le vent l'a effacé
Lo borre el viento
Oh, quelle déception
Ay, qué desencanto
Si le vent m'effaçait
Si me borrara el viento
ce que je chante
Lo que yo canto
Coq noir, coq noir
Gallo negro, gallo negro
Coq noir, je te préviens
Gallo negro, te lo advierto
Coq noir, coq noir
Gallo negro, gallo negro
Coq noir, je te préviens
Gallo negro, te lo advierto
Un coq rouge n'abandonne pas
No se rinde un gallo rojo
Plus que quand il est déjà mort
Más que cuando está ya muerto
Un coq rouge n'abandonne pas
No se rinde un gallo rojo
Plus que quand il est déjà mort
Más que cuando está ya muerto
Oh, si je mens
Ay, si es que yo miento
C'est le chant que je chante
Que el cantar que yo canto
le vent l'a effacé
Lo borre el viento
Oh, quelle déception
Ay, qué desencanto
Si le vent m'effaçait
Si me borrara el viento
ce que je chante
Lo que yo canto
Source : Musixmatch
Paroliers : Jose Antonio Sanchez Ferlosio
GROSSETO 19-20 janvier 2011 :
Espagne, Après la guerre… souvenez-vous des antifascistes italiens mercredi 19 janvier à 21h30 au Teatro degli Industri de Grosseto Pueblo que canta no die
Sur : https://www.radiomaremmarossa.it/agenda-rossa/5777-2/
Vincanto chante la Résistance espagnole
«Je veux chanter et si je ne chante pas, je mourrai» , ainsi commence une chansonnette que Sandro Portelli a recueillie en 1970 auprès de deux femmes émigrées des Abruzzes et enfermées à Rome près de l'aqueduc Felice. Dans le monde populaire, le chant redonnait présence et dignité même à ceux qui étaient contraints de vivre une vie de pauvreté et possédaient à peine leur propre voix. Nous avons chanté pour reprendre le contrôle de nous-mêmes, pour nous rappeler que nous existons, pour survivre à la fatigue, à l'aliénation du travail, aux abus du patron, à la pauvreté, à la guerre, voire à la dictature. Nous avons chanté pour ne pas mourir, pas du tout métaphoriquement.
"Pueblo che canta no morirà", une sorte de voyage dans l'Espagne anti-franquiste ; des chansons nées sur les barricades républicaines, pleines d'espoir, de fierté, aux chansons sarcastiques et mélancoliques nées pendant la dictature, à une époque où se souvenir de la guerre signifiait pour beaucoup se souvenir d'une terrible défaite, mais où personne ne s'arrêtait toujours avertissant que si les fleurs d'Espagne étaient mortes en avril (le 1er avril 1939, Franco proclamait la fin de la guerre et la naissance du régime), ces fleurs seraient revenues, car "al pueblo ya las flor no los mata el fusil "
Des chansons qui sont de véritables pages d'histoire, recueillies en grande partie par des chercheurs italiens qui se sont principalement intéressés à la musique populaire de notre pays, lors d'un mémorable voyage en Espagne qui a eu lieu à l'été 1961, en pleine dictature de Franco.
Des chants nés souvent sur les mélodies de chants et de danses populaires préexistants, ou sur les airs d'hymnes d'autres guerres et révoltes antérieures, certes importants comme documents, mais aussi beaux musicalement et poétiquement. Chaque chanson a sa propre histoire liée à la vie des personnes qui la chantent. Essayons de raconter cette histoire aujourd'hui.
Le voyage des Vincantos commence dans la Toscane rurale il y a plus d'un siècle, avant de toucher de nombreuses autres régions et périodes historiques. Dans leur répertoire, les chants de résistance, les chants des migrants italiens et ceux des anarchistes, ne manquent pas, dans un voyage visant à redécouvrir les valeurs et la poétique de la classe ouvrière, également protagonistes à juste titre de l'histoire.
l’internement dans les camps du sud de la France, peine à émerger dans la conscience collective. C'est un régime démocratique qui a résolu l'urgence de la « marée humaine » qui, à l'hiver 1939, s'est déversée sur la France, au-delà de la frontière des Pyrénées, rassemblant les vétérans , épuisés par trois années d'une guerre horrible et par la défaite subie, avec les civils des Camps de la plage. Ce qui a été le résultat de l’un des exodes forcés de populations les plus impressionnants de l’Europe du XXe siècle est documenté par des images photographiques et des séquences vidéo. Les archives françaises conservent d'abondantes traces de ce calvaire qui a conduit de nombreuses personnes à de longs séjours dans les camps de l'intérieur, devenus au fil du temps aussi des lieux de ségrégation pour les victimes de nouvelles persécutions politiques et raciales. Les cartes véhiculent souvent l’image de conditions de vie extrêmes, mais aussi d’une récupération progressive de l’énergie et de la volonté politique. Gurs, Vernet, comme d'autres camps, sur une période allant de la Retirada aux années Vichy, furent aussi des lieux de nouvelle agrégation d'anciens miliciens et de volontaires des Brigades internationales, d'apprentissage politique pour les plus jeunes. La sortie des camps fut dans bien des cas le début d’une nouvelle expérience de lutte, dans la Résistance, en France ou en Italie.
À travers le fragment d’histoire que les recherches sur les volontaires toscans ont tenté de recomposer, il est possible de saisir les traces de la continuité d’un antifascisme, qui dépasse largement les chronologies et les événements des histoires nationales. Ce qui était en jeu, selon les termes de Carlo Rosselli, c'étaient « de si grandes valeurs, tout l'espoir d'une époque, le besoin d'émancipation, la paix elle-même, le sort des peuples opprimés » (1937).
Sur : https://www.radiomaremmarossa.it/agenda-rossa/5777-2/
Joan Manuel Serrat est né le 27 décembre 1943 à Barcelone. C’est l’une des figures les plus emblématiques de la chanson d’auteur en espagnol et en catalan. Sa carrière s’étend sur plus de cinq décennies. Il fut l’un des pionniers de la Nova Canció, ce mouvement qui émergea dans les années 60-70 pour défendre la langue et la culture catalane pendant la dictature franquiste.
Ce chanteur est un poète au style éclectique qui chante en catalan et en espagnol. Sa notoriété dépasse largement les frontières puisque des artistes cubains ont repris ses chansons dans deux CD: Cuba le canta a Serrat.
Joan Manuel Serrat — Paroles et traduction des paroles de la chanson Para la Libertad
Para la libertad sangro, lucho, pervivo.
Para la libertad, mis ojos y mis manos,
como un árbol carnal, generoso y cautivo,
doy a los cirujanos.
Para la libertad siento más corazones
que arenas en mi pecho: dan espuma mis venas,
y entro en los hospitales, y entro en los algodones
como en las azucenas.
Porque donde unas cuencas vacías amanezcan
ella pondrá dos piedras de futura mirada
y hará que nuevos brazos y nuevas piernas crezcan
en la carne talada.
Retoñarán aladas de savia sin otoño
reliquias de mi cuerpo que pierdo en cada herida.
Porque soy como el árbol talado, que
retoño: aún tengo la vida
Para La Libertad Sözleri, AkorMerkezi.com'da yayınlanmıştır.
Pour la liberté, je saigne, Je me bats, je vis.
Pour la liberté, mes yeux et mes mains,
comme un arbre charnel, généreux et captif,
Je donne aux chirurgiens.
Pour la liberté je ressens plus de cœurs
quels Sables sur ma poitrine: mes veines mousse,
et je vais dans les hôpitaux, et je vais dans le coton
comme dans la lys.
Parce que là où les bassins vides aube
elle mettra deux pierres pour l'avenir
et cela fera pousser de nouveaux bras et de nouvelles jambes
dans la coupe de la chair.
Poussera des ailes de sève sans automne
les reliques de mon corps que je perds à chaque blessure.
Car je suis comme l'arbre abattu, qui
sprout: j'ai encore la vie
Pour la liberté Sözleri, AkorMerkezi.com " da yayınlanmıştır.
De la Nova Cançó à la Novíssima Cançó 1
Mathias Ledroit
HAL Id: hal-01693759
https://hal.science/hal-01693759
Preprint submitted on 26 Jan 2018
Sur : https://hal.science/hal-01693759/document
Résumé :
En 1959, en pleine dictature franquiste où la langue catalane fait l'objet d'une totale interdiction, le poète Lluís Serrahima publie, dans la revue Germinàbit, un article intitulé « Ens calen cançons d'ara » qui, très vite, fait figure de manifeste de la Nova Cançó catalane. Si, à l'origine, ce texte avait pour vocation d'encourager la chanson en langue catalane, très vite il fait l'objet d'un grand engouement et la Nova Cançó devient un mouvement de contestation et canalise l'opposition et la résistance au franquisme. Aujourd’hui, de nombreux chanteurs en langue catalane, qu'ils soient originaires de Catalogne, de Valence ou des Baléares, se réclament de l'héritage légué par des chanteurs et des chanteuses tels que Raimon, Lluís Llach et Maria del Mar Bonet. Par leurs chansons, ils entendent suivre les pas de leurs modèles et dénoncer les travers de la société,espagnole actuelle.
Mots-clé : Nova Cançó, chanson catalane, 50ème anniversaire, Centre d'Études Catalanes.
Extrait du texte de : Mathias Ledroit. De la Nova Cançó à la Novíssima Cançó 1. 2018. ffhal-01693759f
Ramon Pelegro Sanchis, originaire de Xàtiva, compose une chanson aux apparences anodines, mais qui ne passe pas inaperçue : « Al Vent ». Le premier concert que le jeune Raimon donne à Barcelone le 13 décembre 1961 remporte un tel succès qu’Els Setze Jutges lui proposent de collaborer avec eux, ce qu’il accepte volontiers sans devenir membre du groupe pour autant. En 1963, la maison de disque Edigsa publie le premier album de Raimon qui se vend à environ 40 000 exemplaires. Les retombées de ce brillant début de carrière sont immenses pour la Nova Cançó dont la popularité ne cesse dès lors de croître tant en Espagne qu’à l’étranger, grâce notamment au premier concert que Raimon donne à l’Olympia en 1966.
Ce succès commence à inquiéter le régime franquiste qui se met à exercer une censure de plus en plus rigoureuse sur les textes, sans que cela ne nuise au mouvement, bien au contraire. Le collectif d’Els Setze Jutges ne cesse de grandir et accueille, en 1965, Joan Manuel Serrat, le premier à revendiquer une double culture, catalane et castillane. Son habitude de composer des textes dans les deux langues préoccupe fortement le régime qui craint que ses chansons ne contribuent à renforcer la popularité de la Nova Cançó dans toute l’Espagne. L’année 1968 est une date charnière dans l’histoire de la Nova Cançó. Alors que sa popularité atteint des sommets et qu’Els Setze Jutges accueillent leur seizième juge, Lluis Llach, le collectif se dissout. Comment expliquer cette dissolution du groupe à un moment où sa popularité est à son comble ?
Extrait du texte de : Mathias Ledroit. De la Nova Cançó à la Novíssima Cançó 1. 2018. ffhal-01693759f
Al Vent
(original)
Al vent
La cara al vent
El cor al vent
Les mans al vent
Els ulls al vent
Al vent del món
I tots
Tots plens de nit
Buscant la llum
Buscant la pau
Buscant a déu
Al vent del món
La vida ens dóna penes
Ja el nàixer és un gran plor:
La vida pot ser eixe plor;
Però nosaltres
Al vent
La cara al vent
El cor al vent
Les mans al vent
Els ulls al vent
Al vent del món
I tots
Tots plens de nit
Buscant la llum
Buscant la pau
Buscant a déu
Al vent del món
(Traduction)
Dans le vent
Le visage au vent
Le coeur dans le vent
Mains dans le vent
Les yeux dans le vent
Au vent du monde
Et tout le monde
Tout plein de nuit
A la recherche de la lumière
A la recherche de la paix
à la recherche de dieu
Au vent du monde
La vie nous donne des peines
La naissance est déjà un grand cri :
La vie peut être ce cri ;
Mais nous
Dans le vent
Le visage au vent
Le coeur dans le vent
Mains dans le vent
Les yeux dans le vent
Au vent du monde
Et tout le monde
Tout plein de nuit
A la recherche de la lumière
A la recherche de la paix
à la recherche de dieu
Au vent du monde
Son navire, c'est la poésie. Sa boussole, les sons et les chansons de cette mer qui unit les peuples et les continents. Une très grande voix des Pays Catalans !
Maria del Mar Bonet i Verdaguer (née à Palma de Majorque en 1947) est une chanteuse de langue catalane.
Biographie
Elle fit des études artistiques de céramique, puis décida de s’adonner à la chanson. Elle arriva à Barcelone en 1967, où elle commença à chanter avec le groupe Els Setze Jutges, et à partir de ce moment-là, elle a déjà édité beaucoup de disques de musique folk en catalan, malgré les interdictions pendant la dictature de Franco. De plus, elle a fait plusieurs concerts en Europe, le nord d'Afrique et Amérique latine et elle participe toujours à la recherche de nouvelles formes d’expression artistiques.
En 1984 elle reçoit la Creu de Sant Jordi, distinction décernée par la Generalitat de Catalogne.
En 2010, elle reçoit la Médaille d'or du mérite des beaux-arts par le Ministère de l'Éducation, de la Culture et des Sports.
Elle est la sœur du chanteur Joan Ramon Bonet.
Discographie
- Maria del Mar Bonet (Maria del Mar Bonet) 1969
- Maria del Mar Bonet (Maria del Mar Bonet) 1971
- Maria del Mar Bonet (Maria del Mar Bonet) 1974
- A l'Olympia (Maria del Mar Bonet) 1975
- Cançons de festa (Maria del Mar Bonet) 1976
- Alenar (Maria del Mar Bonet) 1977
- Saba de terrer (Maria del Mar Bonet) 1979
- Quico-Maria del Mar (Maria del Mar Bonet + Francesc Pi de la Serra) 1979
- Sempre (Maria del Mar Bonet) 1981
- L'àguila negra (Maria del Mar Bonet) 1981
- Jardí tancat (Maria del Mar Bonet) 1981
- Breviari d'amor (Maria del Mar Bonet) 1982
- Cançons de la nostra mediterrània (Maria del Mar Bonet + Al Tall) 1982
- Anells d'aigua (Maria del Mar Bonet) 1985
- Gavines i dragons (Maria del Mar Bonet) 1987
- Ben a prop (Maria del Mar Bonet + Manel Camp) 1989
- Bon viatge faci la cadernera (Maria del Mar Bonet) 1990
- Coreografies (Maria del Mar Bonet) 1990
- El·las (Maria del Mar Bonet) 1993
- Salmaia (Maria del Mar Bonet) 1995
- Primeres cançons (Maria del Mar Bonet) 1997
- El cor del temps (Maria del Mar Bonet) 1997
- Cavall de foc (Maria del Mar Bonet) 1999
- Raixa (Maria del Mar Bonet) 2001
- Cants d'Abelone (Maria del Mar Bonet + Rafael Subirachs) 2001
- Collita pròpia (Maria del Mar Bonet) 2003
- Amic, amat (Maria del Mar Bonet) 2004
- Terra Secreta (Maria del Mar Bonet) 2007
- Bellver (Maria del Mar Bonet) 2010
Paroles de Què Volen Aquesta Gent
(original)
De matinada han trucat,
són al replà de l’escala;
la mare quan surt a obrir
porta la bata posada.
Què volen aquesta gent
que truquen de matinada?
«El seu fill, que no és aquí?»
«N'és adormit a la cambra.
Què li volen al meu fill?»
El fill mig es desvetllava.
La mare ben poc en sap,
de totes les esperances
del seu fill estudiant,
que ben compromès n’estava.
Dies fa que parla poc
i cada nit s’agitava.
Li venia un tremolor
tement un truc a trenc d’alba.
Encara no ben despert
ja sent viva la trucada,
i es llença pel finestral,
a l’asfalt d’una volada.
Els que truquen resten muts,
menys un d’ells, potser el que mana,
que s’inclina pel finestral.
Darrere xiscla la mare.
De matinada han trucat,
la llei una hora assenyala.
Ara l’estudiant és mort,
n'és mort d’un truc a trenc d’alba.
Traduction
Ils ont appelé le matin,
ils sont sur le palier de l'escalier ;
la mère quand elle sort pour ouvrir
il porte sa robe.
Que veulent ces gens ?
comment s'appellent-ils le matin ?
"Votre fils, n'est-il pas là ?"
"Il dort dans la chambre.
Que veulent-ils pour mon fils ? »
Le deuxième fils se réveillait.
Mère sait très peu de choses,
de tous les espoirs
de son fils étudiant,
à quel point il était engagé.
Il n'a pas beaucoup parlé depuis des jours
et chaque nuit il était agité.
Il tremblait
craignant un piège à l'aube.
Pas encore tout à fait réveillé
l'appel est déjà vivant,
et se jette par la fenêtre,
sur l'asphalte d'un autopont.
Ceux qui appellent restent muets,
sauf l'un d'entre eux, peut-être celui qui dirige,
qui se penche par la fenêtre.
La mère couine derrière.
Ils ont appelé le matin,
la loi fixe une heure.
Maintenant l'étudiant est mort,
il est mort d'un tour à l'aube
Maria Del Mar Bonet — Paroles et traduction des paroles de la chanson Mercè
Paroles
Mercè
Palma n'és llunyana
Sóc lluny dels carrers
Lluny dels ametllers
I d’aquells carrers que clou la murada
Mercè
Lluny del teu esguard
I del vent tranquil
De la casa clara
Mercè
Lluny d’aquells terrats
On els gorrions s’estimen i canten
I les monges estenen
Els pecats del món i la roba blanca
I un frare balla
Arran de teulada
Esperant prendre el vol
Cap al cel tan blau
Faldilles enlaire
Mercè
Taronges i flors damunt de la taula
Les gavines t’acompanyin
El lent caminar cap a l’hora baixa
Sempre tornaré
A la nostra platja
Les ones no em deixen, mu mare
Allunyar-me'n massa
Traduction des paroles
Miséricorde
Palma est lointaine
Je suis loin des rues
Loin de les amandiers
Et de ces rues qui se terminent par le mur
Miséricorde
Loin de votre regard
Et le vent calme
De la maison de claire
Miséricorde
Loin de ces toits
Où les gorrions qu'ils aiment et chantent
Et les religieuses répartis
Les péchés du monde et les vêtements blancs
Et une danse de frère
Comme un résultat de toit
En attente de prendre son envol
Le ciel si bleu
Jupes soufflé
Miséricorde
Oranges et fleurs sur la table
Les mouettes accompagneront
La marche lente aux heures basses
Toujours revenir
Sur notre plage
Les vagues me de ne pas partir, mu mère
L'écart-je suis trop
La chanson « Aquell vaixell » de Lluís Llach est une profonde réflexion sur l'amour authentique et courageux. Llach, connu pour sa poésie lyrique et son engagement en faveur de la liberté et de la justice, utilise cette chanson pour décrire un amour qui n'a besoin d'aucun embellissement ni artifice. Dès le premier couplet, l’artiste précise qu’il n’a pas besoin de symboles traditionnels comme les étoiles ou les roses pour exprimer son amour. Recherchez plutôt un amour silencieux mais sûr, capable de briser les chaînes et d’affronter sans crainte n’importe quelle adversité.
Le refrain de la chanson renforce cette idée d’un amour courageux et résilient. Llach parle d'un amour qui ne craint ni la punition ni le sort cruel, un amour fort et déterminé. Cette métaphore s'étend tout au long de la chanson, comparant l'amour à un navire qui navigue courageusement vers l'ouest, affrontant sans crainte les tempêtes et les éclairs. Ce navire symbolise la force et la détermination nécessaires pour maintenir le véritable amour, même dans les moments les plus difficiles.
Lluís Llach, à travers « Aquell vaixell », nous invite à reconsidérer nos conceptions de l'amour. Il nous encourage à rechercher un amour qui ne dépend pas de circonstances extérieures ou de gestes grandioses, mais qui est intrinsèquement fort et courageux. Ce message résonne profondément dans un monde où l’apparence est souvent plus valorisée que la substance. La chanson est un appel à l’authenticité et au courage amoureux, nous rappelant que le véritable amour est celui qui peut affronter n’importe quelle tempête et avancer avec détermination.
Lluís Llach (1970) - "Aquell vaixell"
No em cal per dir-te amor
ni el bell estel ni una rosa
ni oferir-te aquella flor
que del jardí és la més roja.
Vull l'amor silent
que, segur i valent,
trenca les cadenes per anar al ponent
i no té por a les penes
ni al destí cruent.
Així serà el teu, així serà el meu.
No em cal per dir-te amor
l'empar melós de la nit fosca,
ni em cal obrir el teu cor
mentre m'esmunyo entre les obres.
Vull l'amor silent...
No em cal per dir-te amor
ni el blau del mar ni aquelles ones
que es desfan en deu mil brots
en esclatar contra les roques.
Vull aquell vaixell
que, segur i valent,
trenca les tempestes
i se'n va al ponent
i no té por als vespres
ni al llampec roent.
Així serà el teu, així serà el meu.
Traduction
Pour te dire je t'aime, je n'ai pas besoin
de la belle étoile ou d'une rose
ni de t'offrir cette fleur
la plus rouge du jardin.
Je veux l'amour silencieux
qui, sûr et courageux,
brise les chaînes pour aller vers l'ouest
et n'a pas peur des chagrins
ni du sort sanglant.
Le vôtre aussi, le mien aussi.
Je n'ai pas besoin de la brume mielleuse de la nuit noire pour te dire mon amour ,
ni d'ouvrir ton cœur
pendant que je me glisse entre les œuvres.
Je veux un amour silencieux...
Je n'ai pas besoin du bleu de la mer ou de ces vagues
qui se brisent en dix mille pousses
lorsqu'elles se brisent contre les rochers pour dire je t'aime .
Je veux ce navire
qui, sûr et courageux,
traverse les tempêtes
et se dirige vers l'ouest
et ne craint ni les soirées
ni les éclairs brûlants.
Le vôtre aussi, le mien aussi.
Lluís Llach
Lluís Llach, est né le 7 mai 1948 à Verges, dans la province de Gérone. Ce chanteur, compositeur, écrivain et ancien député catalan, fut lui aussi une figure emblématique de la Nova Cançó et défendit l’identité catalane sous la dictature franquiste.
Les paroles des chansons de Lluís Llach font preuve d’engagement politique et de poésie puisque ce chanteur a aussi mis en musique de nombreux poèmes catalans. Sa chanson la plus connue est L’Estaca, qui s’est convertie en hymne contre la répression et a été traduite dans de nombreuses langues.
Lluís Llach s’est un temps exilé à Paris pendant la dictature franquiste, ce qui explique son succès en France. Il s’est notamment produit à l’Olympia.
Paroles de El bandoler par Lluís Llach
Era el segle XIX
Amb el nom d′en Joan Serra
Es coneix un bandoler
Per tothom en "La Pera"
Li agradava la sang
I el xiprer encara recorda
Tots els crits que allà han pregat
Pietat, pietat
No em mateu
Que tinc dos fills i una esposa
Us daré tot mon diner
Però no em claveu eixa daga
No em mateu
Us demano per ma mare!
Reseu l'últim "Crec en Déu"
Pietat, pietat"
L′endemà
Davant la Verge del Carme
De genolls està pregant
I a dos ciris encén la flama
Però altre cop surt del bosc
Un gemec que el vent escampa
I el botxí no escoltarà
Pietat, pietat
No em mateu
Que tinc dos fills i una esposa
Us daré tot mon diner
Però no em claveu eixa daga
No em mateu
Us demano per ma mare!
Reseu l'últim "Crec en Déu"
Pietat, pietat
Però, Joan Serra
Avui t'ha mancat la sort
Dos soldats t′han pres ben fort
I ara estàs entre barrots
L′endemà de bon matí
Veu la forca preparada
En "La Pera" dóna un crit
és l'última pregària
Quan jo sigui ben mort
I penjat de l′alta forca
I defalleixi mon cor
I m'aneu a posar a la fossa
Que algú resi una pregària
Davant la Verge del Carme
I que dos ciris tinguin flama
Ningú no ho va fer
Writer(s): Luis Maria Llach Grande
Traduction
C'était au 19ème siècle
Avec le nom de Joan Serra
Un bandit est connu
Pour tout le monde à "La Pera"
Il aimait le sang
Et le cyprès se souvient encore
Tous les cris qui ont prié là-bas
Miséricorde, miséricorde
ne me tue pas
Que j'ai deux enfants et une femme
Je te donnerai tout mon argent
Mais ne me plante pas ce poignard
ne me tue pas
Je te demande ma mère !
Priez le dernier "Je crois en Dieu"
miséricorde, miséricorde"
le lendemain
Devant la Vierge du Carmel
Il est à genoux en train de prier
Et deux bougies allument la flamme
Mais il sort encore du bois
Un gémissement que le vent disperse
Et le bourreau n'écoutera pas
Miséricorde, miséricorde
ne me tue pas
Que j'ai deux enfants et une femme
Je te donnerai tout mon argent
Mais ne me plante pas ce poignard
ne me tue pas
Je te demande ma mère !
Priez le dernier "Je crois en Dieu"
Miséricorde, miséricorde
Mais Joan Serra
Tu n'as pas eu de chance aujourd'hui
Deux soldats t'ont pris très fort
Et maintenant tu es derrière les barreaux
Tôt le lendemain matin
Il voit la potence prête
Dans "La Pera", il pousse un cri
c'est la dernière prière
Quand je serai mort
Et suspendu à la potence
Et laisse mon cœur défaillir
Et tu vas me mettre dans la fosse
Laisse quelqu'un dire une prière
Devant la Vierge du Carmel
Et laisse deux bougies avoir une flamme
Personne ne l'a fait
Scénariste(s) : Luis María Llach Grande
Cecilia, la chanteuse populaire et féministe espagnole qui a défié le franquisme
Brice Miclet – Édité par Yann Guillou – 21 août 2022
Sur : https://www.slate.fr/culture/lautre-club-des-27/cecilia-chanteuse-populaire-folk-espagne-franquisme-mort-accident-censure
En peuplant sa musique de double-sens politiques et de références à la guerre d'Espagne, Cecilia est devenue une icône espagnole dans les années 1970. Disparue tragiquement à 27 ans, elle était alors au sommet de sa gloire.
«Cecilia, you're breaking my heart
You're shaking my confidence daily
Oh Cecilia, I'm down on my knees
I'm begging you please to come home»
« Cécilia, tu me brises le cœur
Tu ébranles ma confiance tous les jours
Oh Cécilia, je suis à genoux
Je t'en supplie, s'il te plaît, rentre à la maison »
En 1970, le duo américain Simon & Garfunkel entonne ces quelques mots en introduction de sa chanson «Cecilia», sur l'album Bridge Over Troubled Water. Diffusée dans le monde entier, elle traverse l'Atlantique pour atterrir en Espagne, dans les oreilles d'une jeune femme nommée Evangelina Sobredo Galanes, alors âgée de 22 ans. Elle est chanteuse, lance sa carrière, et choisit le nom de scène Cecilia en hommage à cette chanson d'amour, à cette déclaration à une femme insaisissable et mystérieuse. Une femme forte et indépendante, peu soucieuse du bonheur des hommes qui accompagnent ses nuits, qui renverse les carcans établis.
Placée sous le signe de l'insolence, la carrière d'Evangelina Sobredo Galanes démarre donc en 1971, en pleine Espagne franquiste, en pleine mainmise du pouvoir sur le contenu culturel et musical du pays. Sur la pochette de son premier album, sobrement intitulé Cecilia, la chanteuse pose droite, fixant l'objectif sans sourire, cadrée juste en dessous du buste. Mais lorsque l'on tourne l'objet, que l'on en regarde le verso, le bas de son corps apparaît, dévoilant un énorme gant de boxe enveloppant son poing droit.
Le rejet de son éducation
Evangelina est née à Madrid le 11 octobre 1948. Son père, José Ramón Sobredo, est un grand diplomate espagnol qui prend successivement ses fonctions en Angleterre, aux États-Unis, en Jordanie, au Portugal, ou encore en Algérie et en Chine. Alors, Eva, comme tout le monde l'appelle, et ses frères et sœurs voyagent beaucoup et sont éduqués aussi bien dans la langue espagnole qu'en anglais.
Dans les années 1960, lorsqu'elle commence à s'intéresser sérieusement à la chanson, elle se passionne pour la musique de Bob Dylan, de Bob Seeger ou de Simon & Garfunkel, les as de la folk moderne américaine qui parlent à toute une génération. Elle s'enregistre à la guitare et au chant, et reprend les titres de ceux qu'elle admire. Difficile pourtant d'être un relais espagnol aux textes parfois insolents de ces grands noms. Le régime franquiste voit d'un très mauvais œil l'influence états-unienne sur la jeunesse. Alors, celle qui s'appelle désormais Cecilia s'exprime en espagnol, écrit des textes en apparence inoffensifs, parfois patriotiques sans être propagandistes pour autant.
Son premier album, Cecilia, paru chez Sony en 1972, contient son premier succès, à savoir la chanson «Dama, Dama». Déjà, Cecilia y fait preuve de désinvolture dans un pays conservateur. «Dama, Dama» critique presque frontalement les modes de vie bourgeois et religieux qu'elle ne connaît que trop bien par ses propres origines sociales, freins à l'émancipation des femmes, farouches opposants au féminisme dont la chanteuse commence à se revendiquer.
L'idée de ce morceau lui est venu au Costa Rica, lors d'un dîner caritatif auquel participaient ses parents, et donc sa mère, effacée devant la prestance du père. Ce dernier ne parviendra jamais à lui inculquer profondément ses valeurs. Cecilia se construit en réaction à son éducation, écrit ses textes sous cet angle. Mais elle doit déjà adoucir les paroles de «Dama, Dama» pour éviter les représailles politiques.
Convocations et nouvelles censures
Ce sera l'histoire de sa courte vie: glisser, subrepticement, des messages politiques dans ses chansons sans se faire attraper par la patrouille. D'ailleurs, son père l'aide en relisant certains de ses textes pour vérifier qu'ils passeront bien les tests des censeurs. S'il ne voit pas la carrière artistique de sa fille d'un très bon œil, ni son goût pour la provocation, il l'accepte, respecte sans cautionner. Leur relation personnelle ne pâtira jamais de leurs différences morales.
Le premier album de Cecilia est un succès fulgurant. Il la propulse en figure hippie dans une Espagne partagée entre l'ordre et les désirs de liberté portés par le mouvement Rollo Underground, première période de la Movida qui explosera dans les années 1980. Cecilia en est une représentante plutôt sage, plus populaire que les rockers. Mais elle y est respectée. Sa photo arborant un gant de boxe fait sensation, référence à la chanson «The Boxer» écrite par Paul Simon, moitié de Simon & Garfunkel. En 1973, elle enchaîne avec un deuxième album au nom limpide: Cecilia 2.
Au sommet de sa gloire, Cecilia incarne une jeunesse qui parviendra à se défaire du franquisme. Elle ne verra pourtant jamais son pays libéré de ce joug politique.
Cecilia y chante, entre autres, le titre «Un Millón de sueños» («Un million de rêves», en français). Elle souhaite le sortir en single, mais, convoquée devant le strict tribunal de l'ordre public franquiste qui a le droit de vie ou de mort sur le contenu culturel diffusé en Espagne, elle se voit opposer un refus. La chanson est en effet une référence aux millions de victimes de la guerre d'Espagne (1936-1939) qui a vu Franco prendre le pouvoir. Elle se justifie, expliquant que non, les paroles ne font pas écho à l'histoire du pays, mais à la guerre des Six Jours, dont elle a été témoin lorsqu'elle vivait en Jordanie en juin 1967. Rien n'y fait, «Un Millón de sueños» voit sa diffusion en radio interdite, mais sort tout de même discrètement en face B d'un autre single.
Le détail grammatical
Plus les années passent, et plus Cecilia prend de l'assurance. En 1974, elle publie son troisième album, Un Ramito de violetas («Un bouquet de violettes», en français). Son plus politique, son plus frontal. Le premier single est «Mi Querida España», ode au pays. Cecilia y chante un certain patriotisme, mais teinté de divisions, de déchirement.
Sa première phrase est la suivante:
«Mi querida España
Esta España mia
Esta España nuestra»
(«Ma chère Espagne
Cette Espagne est la mienne
Cette Espagne est la nôtre»).
À l'origine, pourtant, Cecilia avait écrit et chanté
«Mi querida España
Esta España viva
Esta España muerta»,
dépeignant une Espagne vivante et l'autre morte.
Plus loin, une variante de la même phrase, déclinée sur le thème de l'Espagne blanche et de l'Espagne noire, a également été modifiée, par la censure bien évidemment. Vidée d'une partie de sa substance contestataire, la chanson est pourtant celle qui sera son plus grand succès. Le public sait bien qu'elle est faite de double-sens, tout le monde les a compris. D'ailleurs, dans le livret du disque, les paroles sont celles d'origine, ce détail ayant échappé aux autorités morales.
Le franquisme vit alors ces dernières années au pouvoir. Cette ambiance de fin de règle pousse les artistes à oser plus, à transgresser plus. Lors d'un concert retransmis à la télévision publique, Cecilia interprète son nouveau succès. Elle ne s'embarrasse pas des conventions: «Mi Querida España» est entonnée avec les premières paroles, celles qui n'avaient eu l'aval du tribunal de l'ordre public. Tant pis pour les conséquences.
Putain de charrue…
Ce troisième album reste également dans la mémoire collective pour un détail crucial: ses laïsmes. Dans la langue espagnole, le complément d'objet indirect est toujours masculin. Ainsi, lorsque l'on parle d'une femme à qui quelqu'un offre des fleurs, on dit: «le mandaba flores». Mais Cecilia, comme une partie de l'intelligentsia madrilène, dit, écrit, et chante «LA mandaba flores». En français, cela équivaut à dire «il la offre des fleurs» au lieu de «il lui offre des fleurs».
Le single éponyme, «Un Ramito de violetas», est truffé de laïsmes, prouvant que la lutte féministe par la grammaire ne date pas des années 2010, loin, très loin de là. Cecilia est alors au sommet de sa gloire en Espagne. Elle se produit dans tout le pays, incarne une jeunesse qui parviendra à se défaire du franquisme. Elle ne verra pourtant jamais son pays libéré de ce joug politique.
Le 1er août 1976, elle est en concert à Vigo. Elle doit être en studio le lendemain, le rendez-vous a été fixé à 10h, à Madrid. Les deux villes sont distantes de 600 kilomètres. Après son concert, Cecilia monte à bord d'une voiture Seat 124 LS en compagnie de trois de ses musiciens. C'est le batteur qui conduit. Ils partent vers 3h du matin, passent par la province de Zamora, près de la ville de Benavente.
À 5h40, le convoi est alors au niveau de la petite localité de Colinas de Trasmonte, à peine 200 habitants. Il fait encore nuit, la voiture roule trop vite, le chauffeur ne voit pas qu'une charrue tirée par des bœufs avance devant eux bien plus lentement et sans phares arrière. Ils en percutent l'arrière à toute vitesse. Cecilia, qui dormait sur la banquette, est morte sur le coup, comme le chauffeur.
Les deux autres musiciens survivront à leurs blessures, tout comme la mémoire de Cecilia qui, après sa mort, demeure une icône des années 1970 en Espagne, une chanteuse encore très populaire dont le féminisme et la défiance envers le franquisme inspirent encore le respect.
Lyrics of Un Ramito De Violetas by Cecilia
Era feliz en su matrimonio
Aunque su marido era el mismo demonio
Tenía el hombre
Un poco de mal genio
Y ella se quejaba de que nunca fue tierno
pre-chorus
Desde hace ya
Más de tres años
Recibe cartas de un extraño
Cartas llenas de poesía
Que la han devuelto la alegría
chorus
¿Quién la escribía versos, dime, quién era?
¿Quién la mandaba flores por primavera?
¿Quién cada nueve de noviembre
Como siempre, sin tarjeta
La mandaba un ramito de violetas?
verse
A veces sueña y se imagina
¿Cómo será aquel
Que tanto la estima?
Sería un hombre más bien de pelo cano
Sonrisa abierta y ternura en las manos
pre-chorus
No sabe quién sufre el silencio
Quién puede ser
Su amor secreto
Y vive así de día en día
Con la ilusión de ser querida
chorus
¿Quién la escribía versos, dime, quién era?
¿Quién la mandaba flores por primavera?
¿Quién cada nueve de noviembre
Como siempre, sin tarjeta
La mandaba un ramito de violetas?
verse
Y cada tarde
Al volver su esposo
Cansado del trabajo, la mira de reojo
No dice nada porque lo sabe todo
Sabe que es feliz así, de cualquier modo
pre-chorus
Porque él es quien
La escribe versos
Él, su amante, su amor secreto
Y ella, que no sabe nada
Mira a su marido y luego calla
chorus
¿Quién la escribía versos, dime, quién era?
¿Quién la mandaba flores por primavera?
¿Quién cada nueve de noviembre
Como siempre, sin tarjeta
La mandaba un ramito de violetas?
hook
La-rai-ra
La-rai-ra
La-rai-ra
Ra, ra-rai-ra
hook
La-rai-ra
La-rai-ra
La-rai-ra
Ra, ra-rai-ra
outro
La-rai-ra
La-rai-ra
La-rai-ra
Ra, ra-rai-ra
Paroles de Cecilia
Il était heureux dans son mariage
Même si son mari était le diable lui-même
L'homme avait-il
Un peu de mauvaise humeur
Et elle s'est plainte que ce n'était jamais tendre
pré-refrain
Depuis maintenant
Plus de trois ans
Recevoir des lettres d'un inconnu
Des lettres pleines de poésie
Qu'ils lui ont redonné la joie
chœur
Qui a écrit ses vers, dis-moi, qui était-ce ?
Qui lui a envoyé des fleurs au printemps ?
Qui tous les 9 novembre
Comme toujours, pas de carte
Lui a-t-il envoyé un brin de violettes ?
voir
Parfois il rêve et imagine
Comment cela va-t-il se passer ?
Combien l'estimez-vous ?
Ce serait un homme aux cheveux gris.
Sourire ouvert et tendresse dans les mains
pré-refrain
Tu ne sais pas qui souffre du silence
qui peut être
Son amour secret
Et vivre ainsi au jour le jour
Avec l'illusion d'être aimé
chœur
Qui a écrit ses vers, dis-moi, qui était-ce ?
Qui lui a envoyé des fleurs au printemps ?
Qui tous les 9 novembre
Comme toujours, pas de carte
Lui a-t-il envoyé un bouquet de violettes ?
voir
et tous les après midi
Quand son mari revient
Fatigué du travail, il la regarde de travers
Il ne dit rien parce qu'il sait tout
De toute façon, il sait qu'il est heureux comme ça.
pré-refrain
Parce que c'est lui
Il écrit des vers
Lui, son amant, son amour secret
Et elle, qui ne sait rien
Regarde ton mari et puis tais-toi
chœur
Qui a écrit ses vers, dis-moi, qui était-ce ?
Qui lui a envoyé des fleurs au printemps ?
Qui tous les 9 novembre
Comme toujours, pas de carte
Lui a-t-il envoyé un brin de violettes ?
crochet
La-rai-ra
La-rai-ra
La-rai-ra
Ra, ra-rai-ra
crochet
La-rai-ra
La-rai-ra
La-rai-ra
Ra, ra-rai-ra
autre
La-rai-ra
La-rai-ra
La-rai-ra
Ra, ra-rai-ra
Evangelina Sobredo Galanes, plus connue sous le nom de Cecilia (1948-1976), était une auteure-compositrice-interprète espagnole décédée dans un accident de voiture à l'âge de 27 ans, alors qu'elle était au sommet de son succès. Sa carrière artistique fut courte, mais il acquit une grande popularité avec des chansons comme "Un ramito de violettes", "Mi querida España" ou "Dama, dama", qui devinrent un succès en Espagne dans les années 1970. C'est un sujet de critique, de l'ironie aux coutumes hypocrites de certaines dames de la haute bourgeoisie madrilène (avec des références au Teatro Real). Les paroles ont été adoucies dans les versets qui disent "Gardien ponctuel du troisième commandement, certains glissent dans le sixième", laissant la fin du verset comme ceci : "... quelques glissements décousus"
DAMA, DAMA
Letra y música: Cecilia
Dama dama de alta cuna
De baja cama, señora de su señor,
Amante de un vividor.
Dama que hace lo que
le viene en gana
Esposa de su señor,
Mujer por un vividor.
Devoradora de esquelas,
partos y demás dolores
Emisora de rumores,
asidua en los sepelios
De muy negros lutos ellos.
El sábado arte y ensayo,
el domingo en los caballos
En los palcos del real,
los tés de caridad
Jugando a remediar, es una...
Dama dama de alta cuna
De baja cama, señora de su señor,
Amante de un vividor.
Dama que hace lo que
le viene en gana
Esposa de su señor,
Mujer por un vividor
DAME, DAME
Paroles et musique : Cécilia
Dame bien née
Du lit bas, dame de votre seigneur,
Amoureux d'un condamné à perpétuité.
Dame qui fait quoi
ça lui plaît
Épouse de son seigneur,
Femme à perpétuité.
Dévoreur de nécrologies,
accouchement et autres douleurs
Station de rumeurs,
assidu aux funérailles
Ils sont dans un deuil très noir.
Le samedi art et répétition,
Dimanche à cheval
Dans les loges royales,
thés de charité
Jouer au remède, c'est un...
Dame bien née
Du lit bas, dame de votre seigneur,
Amoureux d'un condamné à perpétuité.
Dame qui fait quoi
ça lui plaît
Épouse de son seigneur,
Femme à perpétuité
La magie de Cancione
En juin 1975, l'auteure-compositrice-interprète Evangelina Sobredo Galanes, plus connue sous le nom de "Cecilia", publie son dernier ouvrage "Un ramito de violettes". Quelques mois auparavant, le jeune chanteur avait présenté deux des chansons de cet album au festival « Musical Mallorca 75 », dont la populaire « Mi Querida España ». En raison de la répression franquiste à l'époque, Cecilia a écrit cette chanson. La censure a modifié les paroles, qui parlaient en fait d'une Espagne en déclin. Les autorités du régime ont interdit les paroles originales et ont maquillé la chanson en faisant l'éloge d'une Espagne merveilleuse. L'auteur-compositeur-interprète a parlé de la réalité des « deux Espagnes », donnant la parole à l'Espagne qui dort dans des fosses communes à cause de l'autre Espagne victorieuse : « cette Espagne vivante, cette Espagne morte », modifiée par « cette Espagne qui est la mienne ». , cette "Notre Espagne". Cecilia a contourné la censure lors de ce festival et l'a chanté dans sa version originale devant les caméras de la Televisión Española, la seule télévision qui existait à cette époque.
Letra:
Mi querida España
Esta España VIVA,
esta España MUERTA.
De tu SANTA SIESTA
ahora TE DESPIERTAN
versos DE POETAS.
.
¿Dónde ESTÁN tus OJOS?
¿Dónde ESTÁN tus MANOS?
¿Dónde TU CABEZA?
Mi querida España.
Esta España MÍA,
esta España NUESTRA.
Mi querida España.
Esta España NUEVA,
esta España VIEJA.
De las ALAS QUIETAS,
De las VENDAS NEGRAS
Sobre CARNE ABIERTA.
¿Quién pasó TU HAMBRE?
¿Quién BEBIÓ TU SANGRE
cuando estabas SECA?
Mi querida España
Esta España MÍA,
esta España NUESTRA.
Mi querida España
Esta España EN DUDAS,
esta España CIERTA.
Pueblo DE PALABRAS
y de PIEL AMARGA.
DULCE TU PROMESA.
quiero ser TU TIERRA,
quiero ser TU HIERBA
cuando yo ME MUERA.
Mi querida España
Esta España MÍA,
esta España NUESTRA.
Mi querida España
Esta España MÍA,
esta España NUESTRA.
Lettre:
Ma chère Espagne
Cette Espagne est VIVANTE,
Cette Espagne est MORTE.
De ta SAINTE SIESTE
maintenant ils te réveillent
vers DE POÈTES.
.
Où SONT tes YEUX ?
Où SONT tes MAINS ?
Où est TA TÊTE ?
Ma chère Espagne.
Cette MINE d'Espagne,
C'est NOTRE Espagne.
Ma chère Espagne.
Cette NOUVELLE Espagne,
Cette VIEILLE Espagne.
Des ailes immobiles,
Des BANDES NOIRES
À propos de la VIANDE OUVERTE.
Qui a dépensé VOTRE FAIM ?
QUI BOIT TON SANG
Quand étais-tu SEC ?
Ma chère Espagne
Cette MINE d'Espagne,
C'est NOTRE Espagne.
Ma chère Espagne
Cette Espagne est DANS LE DOUTE,
Cette Espagne est CERTAINE.
VILLAGE DES MOTS
et avec une peau amère.
DOUCE VOTRE PROMESSE.
Je veux être TA TERRE,
Je veux être TA HERBE
quand je MOURIR.
Ma chère Espagne
Cette MINE d'Espagne,
C'est NOTRE Espagne.
Ma chère Espagne
Cette MINE d'Espagne,
C'est NOTRE Espagne.
CECILIA Evangelina Sobredo Galanes avait (a et continuera d'avoir, dans ses enregistrements) une voix exquise, elle composait également. C'est-à-dire : elle était et sera... Une grande poète, et ses chansons avaient aussi des paroles révolutionnaires qui luttaient pour la libération des femmes, et qui luttaient contre les maisons de disques multinationales, contre la guerre. , contre les établis... (Qui sont les mêmes qui gouvernent aujourd'hui nos pays, nos provinces, nos cantons)…
Aujourd'hui, alors que beaucoup de choses ont changé (grâce aux luttes) mais pas trop, puisque l'hypocrisie continue de régner, et que les conservateurs qui, dans les années 70 du siècle dernier, dénonçaient les « subversifs », défendent aujourd'hui les mouvements des Droits de l'Homme, de nombreuses guérilleros de l'époque sont répertoriés dans les îles Caïmans, les gouvernements fascistes ont plus de femmes ministres que d'hommes, en raison des quotas obligatoires obtenus par ces luttes, et où les grandes - et moins grandes - entreprises multimédias de divertissement, elles sont ceux qui imposent les modes, les dirigeants et ce sont eux qui gouvernent véritablement...
Aujourd'hui, les chansons de Cecilia sont toujours d'actualité, et continueront de l'être dans les années à venir de lutte pour la vraie liberté et pour la mort des fléaux corrompus qui nous dominent...
Voici quelques-unes de leurs chansons... appréciez-les... ou appréciez-les encore...
Paroles originales
Me quedaré soltera
Yo quisiera tener alguien cerca, aquí.
Yo no quiero vestir sedas de soltera,
Santos de madera: eso no es para mi.
Y si muero de vieja
sin tener pareja,
Dime quien llorará a una solterona.
Llantos de verdad en su funeral.
Me quedaré soltera
aunque yo no quiera
¿con quien casaré
Si mi cuerpo está viejo?
No miente el espejo
Cuando me miro en él.
Dicen que es mejor ser monja
que estar así,
Como lo estoy yo, con mi perro viejo,
Mi loro que llora, mi gato tuerto.
Soy como un verso suelto
sin rima, sin par.
Soy un alma en pena contando lunas,
Apenas me quedan ni para contar.
Me quedaré soltera…
Traduction
Je resterai toute seule
Moi, j'aimerais avoir quelqu'un près de moi, ici.
Je veux pas mettre l'habit de célibataire,
Saintes de pierre: ce n'est pas pour moi
Et si je meurs vieille,
sans partenaire,
Dis-moi qui pleurera une vieille fille.
Pleurs de vérité à ses funérailles.
Je resterai toute seule
que je le veuille ou pas
Qui voudra m'épouser
quand mon corps est vieilli?
Le mirroir ne ment pas
quand je me regarde là.
C'est mieux d'être religieuse
que d'être comme ça,
Comme je le suis, avec mon vieux chien,
ma perruche triste, mon chat borgne.
Je suis comme un vers seul
sans rime, sans paire.
Je suis une âme en peine, comptant les lunes,
qui me restent, pas même pour le dire.
Je resterai toute seule
Publié par marcos.sullivan Sam, 14/02/2015
Droits d’auteur :
Writer(s): Evangelina Sobredo Galanes
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No Nos Moveran (We Shall Not Be Moved)
(original)
Sube a nacer conmigo, hermano
Dame la mano desde la profunda zona de tu dolor diseminado
No volveras del fondo de las rocas
No volveras del tiempo subterraneo
No volvera tu voz endurecida
No volveran tus ojos taladrados
Yo vengo a hablar por vuestra boca muerta
A traves de la tierra juntad todos los silenciosos labios derramados
Y desde el fondo habladme toda esta larga noche
Como si estuviera con vosotros anclado
Contadme todo, cadena a cadena, eslabon a eslabon, y paso a paso
Afilad los cuchillos que guardasteis
Ponedlos en mi pecho y en mi mano
Como un rio de rayos amarillos
Como un rio de tigres enterrados
Y dejadme llorar horas, dias, anos, edades ciegas, siglos estelares
Dadme el silencio, el agua, la esperanza
Dadme la lucha, el hierro, los volcanes
Apegadme los cuerpos como imanes
Acudid a mis venas y a mi boca
Hablad por mis palabras y mi sangre
No, no, no nos moveran!
no, no nos moveran!
Como un arbol firme junto al rio
No nos moveran
Unidos en la lucha, no nos moveran
Unidos en la lucha, no nos moveran
Como un arbol firme junto al rio
No nos moveran
No, no, no nos moveran!
no, no, no nos moveran!
Como un arbol firme junto al rio
No nos moveran
Unidos en la huelga, no, no, no nos moveran!
Unidos en la huelga, no, no, no nos moveran!
Como un arbol firme junto al rio
No nos moveran, no nos moveran!
(Traduction)
Grimpe pour naître avec moi, frère
Donne-moi ta main de la zone profonde de ta douleur dispersée
Tu ne reviendras pas du fond des rochers
Tu ne reviendras pas du temps souterrain
Ta voix ne s'endurcira pas
Ils ne rendront pas tes yeux percés
Je viens parler par ta bouche morte
À travers le pays rassemblent toutes les lèvres silencieuses renversées
Et d'en bas parle moi toute cette longue nuit
Comme si j'étais ancré avec toi
Dis-moi tout, chaîne par chaîne, maillon par maillon, et pas à pas
Aiguisez les couteaux que vous avez gardés
Mets-les sur ma poitrine et dans ma main
Comme une rivière d'éclairs jaunes
Comme une rivière de tigres enterrés
Et laisse-moi pleurer des heures, des jours, des années, des âges aveugles, des siècles stellaires
Donne-moi le silence, l'eau, l'espoir
Donne-moi la guerre, le fer, les volcans
Accrochez-vous à mon corps comme des aimants
Va dans mes veines et dans ma bouche
Parle à travers mes mots et mon sang
Non, non, ils ne nous déplaceront pas !
non, ils ne nous déplaceront pas !
Comme un arbre ferme au bord de la rivière
Ils ne nous déplaceront pas
Unis dans la lutte, ils ne nous feront pas bouger
Unis dans la lutte, ils ne nous feront pas bouger
Comme un arbre ferme au bord de la rivière
Ils ne nous déplaceront pas
Non, non, ils ne nous déplaceront pas !
non, non, ils ne nous déplaceront pas !
Comme un arbre ferme au bord de la rivière
Ils ne nous déplaceront pas
Unis dans la grève, non, non, ils ne nous feront pas bouger !
Unis dans la grève, non, non, ils ne nous feront pas bouger !
Comme un arbre ferme au bord de la rivière
Ils ne nous déplaceront pas, ils ne nous déplaceront pas !
Publié le 23 avril 2014 Rédigé par DBCDF
Sur : http://dbcdf.com/a-propos-de-la-chanson-no-nos-moveran/
Ils ne nous bougeront pas de là / Ils ne passeront pas :
petit historique du slogan
Joan Baez la grande chanteuse étasunienne née d’un père mexicain, interpreta de nombreuses fois cette chanson, et elle s’est inspirée d’une autre phrase : “¡No pasarán!”. Cette fameuse phrase devint, durant la guerre civile espagnole (1936-1939), popularisée par Dolores Ibárruri Gómez (La Pasionaria, une des fondatrices du Parti Communiste Espagnol), et qui devint le leitmotiv des républicains voulant empêcher que les fascistes arrivent à Madrid.
Pourtant, ce slogan naquit vingt ans avant en France. L’historien et écrivain Néstor Luján situe son origine à la bataille de Verdun. Celle-ci fut la plus grande de la Première Guerre Mondiale et la seconde plus sanglante après la Bataille de la Somme. La bataille de Verdun fut célèbre pour le fameux « Ils ne passeront pas ! » déclaré par le commandant français Robert Nivelle, et non – c’est ce que soutient l’historien Pedro Voltes – de Pétain qui ne brillait pas par sa rhétorique.
Dès la fin des années 30, « ils ne passeront pas » (en anglais : “They shall not pass”) devint le slogan utilisé pour exprimer la détermination à défendre une position contre l’ennemie. Il apparut après sur des affiches de propagande, comme celle de Maurice Neumont après de la Seconde Bataille de la Marne, avec la forme « On ne passe pas ! », qui sera la forme adoptée sur les plaques des uniformes de la Ligne Maginot.
“¡No pasarán!” est devenu un slogan international antifasciste, utilisé dès que l’on veut montrer qu’on a pris conscience du danger (on est clairvoyant !) et qu’on est prêt à le combattre (on est un héros !) jusqu’aux « ultimes conséquences » (on aime aussi voir son héroïsme dans la glace, surtout lorsque le danger est loin et encore abstrait).
Una canción [Pont du Pueblo de España pour chanter]
1972
Jésus López Pacheco
La contestation et les mouvements de libération (1967-1979)
#antifascistes
¡Pont Pueblo de España pour chanter ! Les gens qui chantent ne mourront pas ! Une chanson, une chanson, remplit les rues de la ville. Canta el martillo, canta el motor, ya canta el brazo trabajador. Les agriculteurs continuent de chanter. L'ouvrier le chante. Toutes les mains doivent être levées, un seul coup de poing les unira. ¡Pont Pueblo de España pour chanter ! Les gens qui chantent ne mourront pas ! Les gens qui chantent ne mourront pas !
Information
Jesús López Pacheco a probablement écrit ce poème à la fin des années 1950, il est contenu (attribué à une personne anonyme, pour protéger son auteur) dans Michele Straniero, Sergio Liberovici Canti della résistance espagnol 1940-1961, Einaudi, 1962
Adolfo Celdrán mettra le poème en musique, en le publiant sur l'album "Silencio" (1972), qui contient plusieurs chansons basées sur des paroles de Pacheco
Source
Adolfo Celdrán, LP, Silencio, Movieplay 1972
Feuille de chant Auteurs de textes
Jésus López Pacheco
Auteurs de musique
Adolfo Cheldrán
Année 1972
Langue
Espagnol/castillan
Période
La contestation et les mouvements de libération (1967-1979)
Balises
antifascistes
Audio
https://youtu.be/Tbt9fpThfaY
Youtubehttps://youtu.be/Tbt9fpThfaY
TraductionUne chanson [Les Espagnols commencent à chanter]
Publié parilDeposito
Paroles de Pueblo de España ponte a cantar -
Una cancion par Adolfo Celdrán
Una canción
Una canción
Llena las calles
De la ciudad
Canta el martillo
Canta el motor
Ya canta el brazo
Trabajador
Las herramientas
Tienen cantar
Lo canta el hombre
Al trabajar
Todas las manos
Se van a alzar
Un solo puño
Las unirá
¡Pueblo de España
Ponte a cantar!
¡Pueblo que canta
No morirá!
Pueblo que canta
No morirá
Traduction
une chanson
une chanson
remplir les rues
de la ville
Le marteau chante
Le moteur chante
Le bras chante déjà
Travailleur
Les outils
Ils doivent chanter
L'homme le chante
Quand on travaille
toutes les mains
Ils vont se lever
un seul poing
les unira
Peuple d'Espagne
Commencez à chanter !
Les gens qui chantent
Je ne mourrai pas !
Les gens qui chantent
ne mourra pas
Canción del Esposo Soldado
He prolongado el eco de sangre a que respondo
Y espero sobre el surco como el arado espera
He llegado hasta el fondo
Espejo de mi carne, sustento de mis alas
Te doy vida en la muerte que me dan y no tomo
Mujer, mujer, te quiero cercado por las balas
Ansiado por el plomo
Escríbeme a la lucha siénteme en la trinchera
Aquí con el fusil tu nombre evoco y fijo
Y defiendo tu vientre de pobre que me espera
Y defiendo tu hijo
Es preciso matar para seguir viviendo
Un día iré a la sombra de tu pelo lejano
Y dormiré en la sábana de almidón y de estruendo
Cosida por tu mano
Para el hijo será la paz que estoy forjando
Y al fin en un océano de irremediables huesos
Tu corazón y el mío naufragarán, quedando
Una mujer y un hombre gastados por los besos
He poblado tu vientre de amor y sementera
Traduction
Chanson de l’époux-soldat
J’ai peuplé ton ventre d’amour et de semence
J’ai prolongé l’écho de sang à qui je réponds
Et j’attends sur le sillon comme la charrue attend
Je suis arrivé au fond
Reflet de ma chair, soutien de mes ailes
Je te donne vie dans la mort qu’ils me donnent et ne prend
Femme, femme, je t’aime, cerné par les balles
Convoité par le plomb
Ecris-moi au combat, sens-moi dans la tranchée
Ici, avec le fusil, j’évoque ton nom et le fixe
Et je défends ton ventre d’infortunée qui m’attend
Et je défends ton fils.
Il est nécessaire de tuer, pour continuer à vivre
Un jour, je marcherai à l’ombre de ta chevelure lointaine
Et je dormirai dans le drap amidonné et tumultueux
Cousu par ta main
Pour l’enfant, ce sera la paix que je forge
Et à la fin, dans un océan d’os irrémédiables
Ton cœur et le mien feront naufrage, restant
Une femme et un homme usés par les baisers.
J’ai peuplé ton ventre d’amour et de semence.
Publié par tabbydog Lun, 28/06/2021
Dernière modification par Diazepan MedinaDiazepan Medina 2023-06-20
Commentaires de l’auteur·e :
Miguel Hernández a écrit le poème « Esposo soldado » en 1937 lequel fut inclus dans son œuvre « Viento del pueblo » (Vent du peuple) publiée la même année. Ce poème correspond à la seconde étape où l’auteur de cette œuvre se consacre à écrire des poésies avec des influences révolutionnaires. Ce poème s’adresse à son épouse Josefina Manresa pour exprimer ses sentiments quand il apprit qu’elle était enceinte.
Publié par La IsabelLa Isabel 2022-01-26
Dernière modification par La IsabelLa Isabel 2023-05-15
Une courte biographie du militant anarchiste, poète et auteur-compositeur espagnol Chicho Sánchez Ferlosio
Soumis par Boris Badenov le 3 juin 2010
Sur : https://libcom.org/article/ferlosio-chicho-sanchez-1940-2003
Chicho (de son vrai nom José Antonio Julio Onésimo Sánchez Ferlosio) est né le 8 avril 1940 dans une famille très liée au régime franquiste - son père, Rafael Sánchez Mazas, avait été l'un des fondateurs du mouvement phalangiste. Jeune homme, Chicho s'est révélé être un esprit rebelle, prenant du retard à l'école, étant arrêté pour blasphème et s'associant à l'opposition anti-franquiste. (1) Après une année de camp d'entraînement en Afrique du Nord, Chicho est retourné en Espagne et s'est installé, fondant une famille. En 1961, il a publié Narraciones Italianas , un recueil de contes traditionnels italiens. Ce sera le seul livre à voir le jour de son vivant, car peu après, Chicho s'est exprimé plus ouvertement sur son opposition au régime.
En 1964, avec l'aide de son ami écrivain Alfonso Grosso, Chicho enregistre anonymement un certain nombre de chansons antifranquistes et militantes sur une cassette qui est ensuite introduite clandestinement en Suède sous le titre Spanska motståndssånger (Chants de la résistance espagnole). Lorsque la cassette revient en Espagne, les chansons se révèlent immensément populaires et, compte tenu de leur anonymat et de leur ton militant, beaucoup pensent qu'elles remontent à l'époque de la guerre civile. Parmi les plus connues, on trouve La Huelga (La Grève), La Paloma (La Colombe) et Gallo Rojo, Gallo Negro (Coq rouge, coq noir), qui deviendront de véritables hymnes du mouvement antifasciste.
[youtube]WpvLwi710EM[/youtube][youtube]u7r24w3nAhA[/youtube]
Bien qu'initialement proche du Parti communiste espagnol, Chicho se décourage progressivement face à la gauche stalinienne. Comme il l'explique dans le documentaire/interview de 1982 Mientras el Cuerpo Aguante , c'est après un voyage en Albanie et avoir été témoin des horreurs du régime stalinien qu'il rompt complètement avec le SPC. Après une courte période de flirt avec d'autres courants de gauche, Chicho s'intéresse aux idées libertaires et anarcho-syndicalistes et rejoint la Confédération nationale du travail (CNT) en 1976.
Après la chute de Franco, Chicho continue à rester actif, aussi bien artistiquement que politiquement. En 1978, il enregistre son seul LP officiel, A Contratiempo (sorti en CD en 2007), qui comprend certaines de ses anciennes chansons politiques, ainsi que de nouvelles compositions. Il continue à écrire des poèmes et à rédiger des articles dans divers journaux comme El País , Diario 16 et ABC sur la corruption du gouvernement socialiste de l'époque, la « sale guerre » en Argentine ou, plus récemment, la guerre en Irak et le sort des travailleurs de Sintel.
En 1999, il collabore avec Albert Boadella et Jean Louis Comolli pour un documentaire sur la vie de l'anarchiste espagnolBuenaventura Durruti . Dans le film, Chicho est vu en train d'interpréter plusieurs chansons décrivant différents moments de la vie de Durruti, des chansons comme Historia de tres amigos (sur l'amitié entre Durruti, Ascaso et Garcia Oliver) ou Por allí viene Durruti . Son dernier projet fut le film Soldados de Salamina
(Soldats de Salamina) de 2003 , dans lequel il avait un rôle mineur. Il est décédé la même année, laissant derrière lui peu de matériel publié mais une richesse de chansons, poèmes et histoires. La plupart de ses écrits ont été récemment publiés dans une anthologie intitulée De Chicho: Canciones, poemas y otros textos (De Chicho: chansons, poèmes et autres textes). Les chansons de Chicho ont été reprises par une variété d'artistes, de l'icône folk des années 60 Joan Baez, au groupe de punk hardcore espagnol Puagh.
(1) Rafel Vetusto, « Chicho Sánchez Ferlosio, a contramuerte », http://www.nodo50.org/Chicho-Sanchez-Ferlosio-a.html, consulté le 3 juin 2010.
Chicho Sánchez Ferlosio - Canción de soldados (1964)
Paroles originales
Canción De Soldados
Canción De Soldados
Dicen que la patria es
Un fusil y una bandera
Mi patria son mis hermanos
Que están labrando la tierra.
Mi patria son mis hermanos
Que están labrando la tierra
Mientras aquí nos enseñan
Como se mata en la guerra.
Ay que yo no tiro que no
Ay que yo no tiro que no
Ay que yo no tiro
Contra mis hermanos.
Ay que yo tiraba que sí
Ay que yo tiraba que sí
Contra los que ahogan
Al pueblo en sus manos
Nos preparan a la lucha
En contra de los obreros
Mal rayo me parta a mí
Si ataco a mis compañeros.
La guerra que tanto temen
No viene del extranjero
Son huelgas igual que aquellas
Que lograron los mineros.
Ay que yo no tiro que no
Ay que yo no tiro que no
Ay que yo no tiro
Contra mis hermanos.
Ay que yo tiraba que sí
Ay que yo tiraba que sí
Contra los que ahogan
Al pueblo en sus manos.
Si mi hermano se levanta
Estando yo en el cuartel
Tomo el fusil y la manta
Y me hecho al monte con el.
Oficiales oficiales
Tenéis mucha valentía
Veremos si sois valientes
Cuando llegue nuestro día.
Ay que yo no tiro que no
Ay que yo no tiro que no
Ay que yo no tiro
Contra mis hermanos.
Ay que yo tiraba que sí
Ay que yo tiraba que sí
Contra los que ahogan
Al pueblo en sus manos.
Traduction
Chanson de soldats
Ils disent que la patrie est
Un fusil et un drapeau
Ma patrie, ce sont mes frères
Qui labourent la terre.
Ma patrie, ce sont mes frères
Qui labourent la terre
Tandis qu'ici on nous apprend
Comment tuer à la guerre.
Ah non, je ne tirerai pas, non
Ah non, je ne tirerai pas, non
Ah non, je ne tirerai pas
Contre mes frères.
Ah oui, je tirerais bien
Ah oui, je tirerais bien
Contre ceux qui étouffent
Le peuple entre leurs mains.
On nous prépare à la lutte
Contre les ouvriers
Que le ciel me tombe sur la tête
Si j'attaque mes camarades.
La guerre qu'ils craignent tant
Ne vient pas de l'étranger
Ce sont des grèves telles que celles-là
Qu'ont remporté les mineurs
Ah non, je ne tirerai pas, non
Ah non, je ne tirerai pas, non
Ah non, je ne tirerai pas
Contre mes frères.
Ah oui, je tirerais bien
Ah oui, je tirerais bien
Contre ceux qui étouffent
Le peuple entre leurs mains.
Si mon frère se soulève
Tandis que je suis à la caserne
Je prendrai le fusil et la couverture
Et je le rejoindrai dans le maquis.
Officiels, officiels,
Vous avez beaucoup de bravoure
Nous verrons si vous êtes courageux
Quand notre jour viendra.
Ah non, je ne tirerai pas, non
Ah non, je ne tirerai pas, non
Ah non, je ne tirerai pas
Contre mes frères.
Ah oui, je tirerais bien
Ah oui, je tirerais bien
Contre ceux qui étouffent
Le peuple entre leurs mains.
Publié par citlālicuecitlālicue 2014-04-22
Dernière modification par Valeriu RautValeriu Raut 2020-01-23
Balada de las prisiones, de verano de 1968
En la trena lo tienen aún
a Jaime la prenda
de la buena compañía
en chirona está Paco Gil498
que así se sonreía
y Miguel en Carabanchel
y en las Ventas las tres Marías
para Izquierdo, Aldecoa y Giral
y Emilio y David
son número los días
y también a la sombra está
Josefa García.
Los jueces como es natural
se van a la Toja
o si no a Fuenterrabía
su permiso irá a disfrutar
el blanco policía
la justicia descansa al sol
pero no muere todavía
mariscales, ministros y Dios
tostándose están
las panzas respectivas
y también a la sombra está
Josefa García.
La señora que va de bazar
jarrones, visillos
sábanas, mantelerías
la empleada el sábado al fin
el tren de cercanías
cada cual en su condición
todo el mundo a vivir su vida
y en el apartamento dos mil
con yelo y con yin
el disco se vacía
y también a la sombra está
Josefa García.
No están ni por fu, ni por fa
ni culpa ni causa
ni pasión ni ideología
sino porque guerra, la paz
porque la noche, día
por la misma razón que aún
cruje el arco y gime la lira
el peón que quedó sin jornal
aquella que ya
más flores no le envían
y por eso a la sombra está
Josefa García.
Porque llaman amor a la ley
y ley a la fuerza
y verdad a la mentira
y por eso el sol sabe a hiel
y el pan a cobardía
y los libros a muerto y
a sin sal la sabiduría
y los besos de hombre y mujer
a cal y el amor
a reja y celosía
desde que ella a la sombra está
Josefa García.
En el patio central del penal
hay una morera
que florece a mediodía
de palabra al vuelo que va
por esas galerías:
"Libertad no sabéis lo que es
pero sí penitenciaría".
El que quiera romper la prisión
que encuentre la luz
negando cielo arriba
que en el cielo Dios ya la sombra está
Josefa García.
Letra: Agustín García Calvo/
Música: Chicho Sánchez Ferlosio
Traduction
Ballade des prisons, été 1968
Ils l'ont toujours dans le train
à Jaime le gage
de bonne compagnie
Paco Gil est dans la chirona
c'est comme ça qu'il a souri
et Miguel à Carabanchel
et dans les Ventas les trois Marías
pour Izquierdo, Aldecoa et Giral
et Emilio et David
les jours sont des nombres
et c'est aussi dans l'ombre
Josefa García.
Les juges bien sûr
ils vont à Toja
ou bien à Fuenterrabía
votre permission ira en profiter
la police blanche
la justice repose au soleil
mais il n'est pas encore mort
les maréchaux, les ministres et Dieu
ils rôtissent
les ventres respectifs
et c'est aussi dans l'ombre
Josefa García.
La dame qui va au bazar
vases, rideaux
draps, nappes
l'employé samedi enfin
le train de banlieue
chacun dans son état
à chacun de vivre sa vie
et dans l'appartement deux mille
avec de la glace et du yin
le disque est vide
et c'est aussi dans l'ombre
Josefa García.
Ils ne sont ni pour le plaisir ni pour le plaisir
ni faute ni cause
ni passion ni idéologie
mais parce que la guerre, la paix
parce que la nuit, le jour
pour la même raison que
l'arc grince et la lyre gémit
l'ouvrier qui s'est retrouvé sans une journée de salaire
celui qui déjà
plus de fleurs envoyées
et c'est pourquoi c'est dans l'ombre
Josefa García.
Parce qu'ils appellent la loi l'amour
et la loi pour forcer
et la vérité aux mensonges
et c'est pourquoi le soleil a un goût de glace
et le pain à la lâcheté
et les livres sont morts et
sagesse sans sel
et les baisers de l'homme et de la femme
à la chaux et à l'amour
avec clôture et treillis
puisqu'elle est dans l'ombre
Josefa García.
Dans la cour centrale de la prison
il y a un mûrier
qui fleurit à midi
de mots au vol qui s'en va
pour ces galeries :
"La liberté tu ne sais pas ce que c'est
mais c'était un pénitencier.
Celui qui veut briser la prison
puis-je trouver la lumière
nier le ciel au-dessus
qu'au ciel Dieu est déjà dans l'ombre
Josefa García.
Paroles : Agustín García Calvo
Musique : Chicho Sánchez Ferlosio
Couplets de temps. Deuxième. Critique générale (1963)
Chicho Sánchez Ferlosio était revenu du Sahara espagnol, où il avait effectué son service militaire, à l'été 1963. C'est alors qu'il enregistra les chansons qui servirent à l'édition suédoise de l'album Chansons de la résistance espagnole (Clarté, 1963), dont la composition commencerait en avril 1962, lorsque les grèves éclatèrent dans les Asturies.
L'EP original s'ouvre sur une chanson connue sous le nom de « Coplas del tiempo » , mais qui a une introduction dans laquelle Chicho lui-même dit : « Coplas del tiempo. Première partie. "Les mineurs en grève." Cela signifie que la chanson en question comporte une deuxième partie qui n’a pas été publiée.
En effet, cette deuxième partie existe dans l'enregistrement original, mais n'apparaît pas sur l'album « suédois », peut-être parce qu'elle fait allusion avec des noms et prénoms aux nouveaux ministres que Franco avait nommés pour son « IXe gouvernement national » (avec l'ajout de Rafael García Valiño 1 ), qui a prêté serment le 10 juillet 1962 – NODO . D’éventuelles plaintes internationales pour diffamation n’ont pas été exclues. De plus, l'album « suédois » de 1964 était destiné à un public européen qui ignorerait ces personnages.
Les distiques font également allusion au pape Montini (Paul VI) 2 , élu le 21 juin 1963, ce qui permet de dater sans aucun doute l'enregistrement original des chansons de Chicho entre fin juin et fin juillet. à partir de 1963 .
Couplets de temps. Deuxième partie : Critique générale
[1]
Los periódicos de Franco
son bastante lamentables
dicen que los comunistas
somos seres despreciables.
No se dan cuenta
cuánto hemos mejorado
desde el 40.
Las encíclicas de ahora
son encíclicas curiosas
vienen dando al comunismo
la razón en muchas cosas.
Con el marxismo
va coincidiendo ahora
el Papa mismo.
Puede que Dios nos ayude
a volver nuestra tortilla
haciendo a Montini Papa
a Franco le ha hecho papilla.
El Padre Eterno
no parece que apruebe
nuestro gobierno
El Vaticano
ha tenido un criterio
bastante sano
[2]
Los ministros españoles
lo hacen todo del revés,
unos andan de cabeza
y otros piensan con los pies.
Romeo Gorría,
ha incrementado mucho
la plusvalía.
Alonso Vega,
parece una persona
bastante ciega.
[/column][column]Los estudiantes
dicen que el pobre Fraga
no es el de antes.
Lora- Tamayo,
ponerle de ministro
ha sido un fallo.
Pobre Castiella
qué hermoso par de cuernos
le ha puesto ella.
Cómo es posible
que haya una camarilla
tan increíble.
[3]
Son Valiño y Muñoz Grandes,
de los que no se reprimen,
forman con Martín Alonso
el sindicato del crimen.
García-Valiño,
jugaba con pistolas
desde muy niño.
Era muy raro,
que no se le escapara
ningún disparo.
Es evidente
que nunca Muñoz Grandes
fue inteligente.
Las opiniones,
dice Martín Alonso
que son traiciones.
No es muy frecuente,
hallar un argumento
tan contundente.
Es obsesivo,
saber que hay un ministro
tan impulsivo.
Hay criminales
que llevan las estrellas
de generales.[/column]
Traduction
[1]
Les journaux franquistes
sont assez pitoyables,
ils disent que les communistes
sont des êtres méprisables.
Ils ne réalisent pas
à quel point nous nous sommes améliorés
depuis 1940.
Les encycliques d'aujourd'hui
sont de curieuses encycliques
, elles donnent raison au communisme
sur bien des points.
Le pape lui-même est désormais d'accord avec le marxisme
Peut-être que Dieu nous aidera
à renverser la situation
en obligeant Montini Papa
à transformer Franco en bouillie.
Le Père éternel
ne semble pas approuver
notre gouvernement
Le Vatican
a eu un critère
assez solide
[2]
Les ministres espagnols
font tout à l’envers,
certains marchent avec la tête
et d’autres pensent avec les pieds.
Romeo Gorría ,
a considérablement augmenté
la plus-value.
Alonso Vega ,
semble être une
personne plutôt aveugle.
[/column][column]Les étudiants
disent que le pauvre Fraga
n'est plus le même qu'avant.
Lora-Tamayo ,
le nommer ministre
a été une erreur.
Pauvre Castiella,
quelle belle paire de cornes
elle lui a offerte.
Comment est-il possible
qu’il existe une clique aussi incroyable
?
[3]
Ce sont Valiño et Muñoz Grandes ,
ceux qui ne se retiennent pas, ils forment le syndicat du crime
avec Martín Alonso .
García-Valiño ,
jouait avec des armes
depuis qu'il était enfant.
C'était très étrange qu'aucun coup de feu ne
lui échappe .
Il est évident que Muñoz Grandes
n’a jamais été intelligent.
Les opinions,
dit Martín Alonso
, sont des trahisons.
Il n'est pas très courant
de trouver un argument aussi convaincant
.
C'est obsessionnel
de savoir qu'il existe
un ministre aussi impulsif.
Il y a des criminels
qui portent les étoiles
des généraux.[/column]
Cette deuxième partie des "Coplas del tiempo" n'a jamais été publiée sur disque, et ce ne sont pas non plus des chansons largement chantées par Chicho, puisqu'elles appartiennent à ce qu'il appelle lui-même "des chansons de circonstances". ." , ou « chansons à usage unique » . Cependant, nous disposons de documents ultérieurs, comme cette version que l'auteur a enregistrée pour le documentaire de Fernando Trueba (Madrid, 1955), intitulé Tant que le corps dure (1982), qui comprend ce qui doit être la chanson originale complète mais dans la Version 19 ans plus tard (à partir de la minute 1:45) 3
Coplas del tiempo. Segunda parte: Los ministros españoles
Los ministros españoles
lo hacen todo del revés,
unos andan de cabeza
y otros piensan con los pies.
Romeo Gorría,
ha incrementado mucho
la plusvalía.
Lora Tamayo,
ponerle de ministro
ha sido un fallo.
Son Valiño y Muñoz Grandes,
de los que no se reprimen,
forman con Martín Alonso
el sindicato del crimen.
García Valiño,
jugaba con pistolas
desde muy niño.
[/column][column]Era muy raro,
que no se le escapara
ningún disparo.
Alonso Vega,
parece una persona
bastante ciega.
Las opiniones,
dice Martín Alonso
que son traiciones.
No es muy frecuente,
hallar un argumento
tan contundente.
Es obsesivo,
saber que hay un ministro
tan impulsivo.
Hay criminales
que llevan las estrellas
de generales.[/column]
Traduction du texte
Les ministres espagnols
font tout à l’envers,
certains marchent avec la tête
et d’autres pensent avec les pieds.
Romeo Gorría ,
a considérablement augmenté
la plus-value.
Lora Tamayo ,
le nommer ministre
a été une erreur.
Ce sont Valiño et Muñoz Grandes ,
ceux qui ne se retiennent pas, ils forment le syndicat du crime
avec Martín Alonso .
García Valiño ,
jouait avec des armes
depuis qu'il était enfant.
[/column][column]C'était très étrange qu'aucun coup de feu ne
lui échappe .
Alonso Vega ,
semble être une
personne plutôt aveugle.
Les opinions,
dit Martín Alonso
, sont des trahisons.
Il n'est pas très courant
de trouver un argument aussi convaincant
.C'est obsessionnel
de savoir qu'il existe
un ministre aussi impulsif.
Il y a des criminels
qui portent les étoiles
des généraux.[/column]
Il s'agit d'une version censurée par Trueba lui-même , qui émet un bip sur les mots les plus controversés (il faut tenir compte du fait qu'en 1982 certains des personnages nommés étaient encore en vie). Ce sont les phrases censurées du film : « ils forment le syndicat du crime avec Martín Alonso » ; « García Valiño , jouait avec des armes depuis qu'il était enfant » et « il y a des criminels qui portent les étoiles des généraux ».
Nous disposons également d'une version écrite de ces distiques , intitulée « Les ministres espagnols », compilée par sa compagne Rosa Jiménez (qui apparaît également dans le documentaire), et qui se trouve à la page 57 du livre désordonné publié par Hiperión en 2008. appelé De Chicho Sánchez Ferlosio. Chansons, poèmes et autres textes .
Les deux versions diffèrent quelque peu ; D'une part, la troisième strophe n'apparaît pas : [Lora Tamayo/…] et d'autre part, elle comprend deux autres strophes : [Les étudiants/…] et [Très peu de gens/…], ce qui probablement en raison de leur contenu , sont postérieurs à 1963. Cette deuxième partie des « Coplas del tiempo » se termine comme la première partie [La police / s'ils entendaient ces chansons / seraient en colère].
Los estudiantes,
dicen que el pobre Fraga
no es el de antes.
Muy poca gente
piensa que Muñoz Grandes
sea inteligente.
La policía,
si oyera estas canciones
se enfadaría.
Traduction du texte
Les étudiants
disent que le pauvre Fraga
n'est plus le même qu'avant.
Très peu de gens
pensent que Muñoz Grandes
est intelligent.
La police,
si elle entendait ces chansons,
serait en colère.
Ce qui n'est révélé que dans le film original de 1963, c'est l' allusion au ministre Castiella , peut-être en raison de sa satire intime, ainsi que le point culminant final :
Pobre Castiella
qué hermoso par de cuernos
le ha puesto ella.
Cómo es posible
que haya una camarilla
tan increíble.
Traduction du texte
Pauvre Castiella,
quelle belle paire de cornes
elle lui a offerte.
Comment est-il possible
qu’il existe une clique aussi incroyable ?
García Valiño a occupé, entre 1962 et 1964, le poste de capitainerie de la Ière Région Militaire, c'est-à-dire celle de Madrid ↩
Le cardinal de Milan, Montini , avait demandé la grâce en avril 1963 pour que Julián Grimau ne soit pas exécuté, sans succès. Par conséquent, son élection comme pape deux mois plus tard fut un coup dur contre Franco et justifia l'espoir de Ferlosio dans l'intervention de l'Église catholique dans les affaires espagnoles. ↩
Chicho raconte ici en 1982 que la partie sur les "nouveaux ministres" a été composée un an ou deux après "Les mineurs des Asturies", qui date de 1962. En fait, le film original de 1963 l'inclut, de manière beaucoup plus complète. ↩
https://www.chants-de-lutte.com/espagne-36-revolution-contre-revolution-et-chansons/
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Il est très important de se souvenir de nos luttes passées. Celle qui s’est déroulée en Espagne, en 1936-37, restera à jamais gravée dans nos cœurs. La générosité des révolutionnaires espagnols a bien failli renverser le vieux monde, c’est pourquoi toutes les forces contre-révolutionnaires se sont liguées contre eux, des fascistes aux stalinistes, en passant par l’anarchisme officiel.
Il nous reste des traces chantées de cette période révolutionnaire. Tentons d’en faire le tour et commençons par un chant anonyme, Amarrado a la cadena (Rivé à la chaîne) :
Amarrado a la cadena
Canción anarquista publicada en el Cancionero Revolucionario de Ediciones Tierra y Libertad (Burdeos, 1947). La música es de la canción "Torna Sorrento".
Amarrado a la cadena
de la inicua explotación
con amor camina el paria
hacia la revolución
Marcha en pos de la anarquía,
y el yugo debe finir
con amor, paz y alegría
de una existencia feliz.
Donde los hombre sean libres,
libres cual la luz del sol,
donde todo sea belleza,
libertad, flores y amor.
¡Libertad amada,
tu eres mi único anhelo,
tu eres mi ensueño,
tu eres mi amor!
En la celda del castillo
de Montjuich, número cuatro
no llevaron conducidos
presos e incomunicados
Sin delito cometido
nos llevan a prisión,
debilitan nuestras fuerzas
y aumentan nuestro valor.
Ya cansado estoy del yugo,
obreros, no más sufrir,
que el burgués es un verdugo,
tirano y policía vil.
¡Libertad amada,
tu eres mi único anhelo,
tu eres mi ensueño,
tu eres mi amor!
Las cárceles y castillos
tendremos que derribar,
nos engañan los caudillos,
nos roban la libertad.
Traduction
attaché à la chaîne
Chanson anarchiste publiée dans le Recueil de chansons révolutionnaires des Ediciones Tierra y Libertad (Bordeaux, 1947). La musique est tirée de la chanson "Torna Sorrento".
attaché à la chaîne
de l'exploitation inique
avec amour marche le paria
vers la révolution
Marche à la poursuite de l'anarchie,
et le joug doit prendre fin
avec amour, paix et joie
d'une existence heureuse.
Où les hommes sont libres,
libre comme la lumière du soleil,
où tout est beauté,
liberté, fleurs et amour.
Liberté bien-aimée,
tu es mon seul désir,
tu es mon rêve,
tu es mon amour!
Dans la cellule du château
de Montjuich, numéro quatre
ils n'étaient pas conduits
prisonniers et au secret
Aucun crime commis
Ils nous emmènent en prison,
affaiblir notre force
et augmenter notre valeur.
Je suis déjà fatigué du joug,
les travailleurs, ne souffrent plus,
que le bourgeois est un bourreau,
tyran et vil policier.
Liberté bien-aimée,
tu es mon seul désir,
tu es mon rêve,
tu es mon amour!
Prisons et châteaux
nous devrons démolir,
les dirigeants nous trompent,
Ils volent notre liberté.
En Espagne, au début du 20ème siècle, comme partout, l’exploitation est inhumaine, la répression des luttes, impitoyable. Passons rapidement en revue quelques mouvements insurrectionnels, au 19ème siècle:
– A partir de 1808, il y a une immense résistance contre les armées napoléoniennes, venues envahir l’Espagne.
Tres de Mayo – Goya
– Puis les insurrections s’enchaînent : Madrid 1834, Barcelone 1842 et 1855 ; dans les années 40, les carbonari s’organisent secrètement et fomentent plus d’une insurrection : 1857 en Andalousie, 59 en Estrémadure, 61 à Loja, 67 à Montilla. En 1873, la première République espagnole est proclamée et la reine Isabelle II exilée. Aux Républicains maintenant de réprimer les luttes sociales. Justement l’occasion leur en est donnée avec le soulèvement dit cantonaliste, en 1873-74.
– Après la Commune de Paris en 1870-71, la plupart des révolutionnaires se désignent un peu partout dans le monde comme socialistes révolutionnaires ou carrément anarchistes-communistes… alors que les faux socialistes, les démagogues, les opportunistes, etc., se désignent plus volontiers comme démocrates. En Espagne, dans les années 1870, les révolutionnaires, ceux qui veulent en finir avec le vieux monde, sous quelque bannière que ce soit, sont, comme en Russie, contraints à la clandestinité. L’appellation Mano negra fait débat sur son origine : utilisée par nos camarades et puis après par l’Etat comme épouvantail pour criminaliser un mouvement insurrectionnel ? L’Etat a de tout temps utilisé cette tactique. Bref, leurs actions clandestines sont en lien avec les résistances et les luttes dans les campagnes. La répression est terrible. Souvenons-nous que les condamnés à mort sont tués via le vil garrot, cet immonde instrument de torture, qui écrase lentement le cou du condamné.
– Les luttes continuent, plus ou moins fortes, Jerez en 1892, Barcelone en 1893, etc.
Une chanson décrit la misère et son refus, En la plaza de mi pueblo (Sur la place de mon village), chanson anonyme, collectée et enregistrée en 1931 par Federico Garcia Lorca (assassiné par les franquistes en 1936) :
(assassiné par les franquistes en 1936) :
Canción de la guerra civil
Lletra/Letra
Llengua/Idioma: Castellano
En la plaza de mi pueblo
dijo el jornalero al amo
"Nuestros hijos nacerán
con el puño levantado".
Esta tierra que no es mía
esta tierra que es del amo
la riego con mi sudor
la trabajo con mis manos.
Pero dime, compañero,
si estas tierras son del amo
¿Por qué nunca lo hemos visto
trabajando en el arado?
Con mi arado abro los surcos
con mi arado escribo yo
páginas sobre la tierra
de miseria y de sudor
chanson de la guerre civile
Lettre/Lettre
Langue/Langue : Espagnol
Sur la place de ma ville
dit l'ouvrier au maître
"Nos enfants naîtront
avec le poing levé."
Cette terre qui n'est pas la mienne
cette terre qui appartient au maître
Je l'arrose avec ma sueur
Je le travaille avec mes mains.
Mais dis-moi, mon pote,
Si ces terres appartiennent au maître
Pourquoi ne l'avons-nous jamais vu
travailler sur la charrue ?
Avec ma charrue j'ouvre les sillons
avec ma charrue j'écris
pages sur la terre
de misère et de sueur
Si beaucoup de chansons de lutte sont anonymes, c’est pour protéger leurs auteurs qui, sinon, en paieraient le prix fort : prison, amende, exécution.
La violente grève des métallurgistes, à Barcelone, en 1902, préfigure la célèbre Semaine rouge en 1909, dans toute l’Espagne, mais surtout à Barcelone. Ce mouvement insurrectionnel avait démarré contre la guerre au Maroc. Des barricades, des fusillades, plus d’une centaine de morts, des milliers de blessés et d’emprisonnés. L’armée mettra une semaine à imposer l’ordre. Mais plus d’une église ont brûlé : on comptera 112 édifices publics incendiés, dont 80 religieux ! Le prolétariat révolutionnaire cible le clergé en tant que propriétaire terrien et tortionnaire des corps et des esprits. La plupart des écoles sont tenues par les prêtres. La haine contre l’Eglise se comprend aisément.
Si la CNT (Confédération nationale du travail), créée en 1910, est, en tant qu’institution, un organe de conciliation des classes, en son sein, de nombreux militants ont une démarche tournée vers la contestation, la résistance, le combat social. Les adhérents seront un million et demi en 1936. Ce courant, dit anarcho-syndicaliste, tire ses influences de l’AIT, l’Association Internationale des Travailleurs, créée en 1864.
Une chanson, de nouveau anonyme, du 19ème siècle, est considérée comme l’hymne de la CNT, Hijos del pueblo (Fils du peuple), ici dans l’une de ses multiples versions :
Il y a un autre grand syndicat, en Espagne, encore plus collaborationniste celui-là, c’est L’UGT (Union Générale des Travailleurs), créée en 1888, et qui est lié au PSOE (Parti Socialiste Ouvrier d’Espagne).
En réponse à la force de la lutte de notre classe, s’ouvre, à partir de 1919, une période de répressions extrêmement brutales et nombre de militants ouvriers sont tout simplement éliminés physiquement, par des tueurs à gage, payés par le patronat espagnol. C’est ce qui est connu comme le pistolérisme. Alors notre classe sociale réagit et s’organise. Sont créés des « groupes d’action » dont les plus notoires s’appellent Los Justicieros, en 1920, qui deviendra Los Solidarios, en 1922 et Nosostros, en 1931. Les révolutionnaires anarchistes à l’origine de ces groupes rendent coup pour coup aux tueurs patronaux… coups de feu, bien entendu !
Une chanson raconte la geste de ces pistoleros révolutionnaires, Historia de tres amigos (Histoire de trois amis), écrite dans les années ’60 par Chicho Sánchez Ferlosio. Voir Gallo negro, gallo rojo, dans la rubrique Analyses.
Ascaso mourra sur les barricades de juillet 1936, Durruti, lors de la bataille de Madrid, en novembre 1936… et Garcia Oliver deviendra ministre de la justice !
En 1923, le général Primo de Rivera prend le pouvoir et instaure un régime de terreur. Les prisons se remplissent, le mécontentement grandit. La CNT est interdite et nombre de militants passent à la clandestinité.
Durant les années vingt, partout dans le monde, la contre-révolution est occupée à liquider les derniers vestiges des mouvements révolutionnaires de cette puissante vague de luttes mondiale, dynamisée par Février 1917, en Russie. Ainsi, qu’on les appelle fasciste, stalinien ou républicain, ces régimes doivent remettre la classe ouvrière au boulot et liquider les diverses expressions révolutionnaires. C’est ce contre quoi, par exemple, résistaient les camarades de Los Solidarios.
En 1927, est créé la FAI (Fédération Anarchiste Ibérique) qui cristallise l’activité de militants qui assument la réponse violente ouvrière.
Une autre chanson a été emblématique de 1936, il s’agit de A las barricadas (Aux barricades). Cette chanson se chante sur l’air de La Varsovienne… chant de résistance polonais, au début du 19ème siècle, qui a lui-même une longue histoire. En tout cas, les paroles de la version que nous proposons ont été publiées, en novembre 1933, dans la revue anarcho-syndicaliste Tierra y Libertad de Barcelone :
Mais le régime de fer de Primo de Rivera n’arrive pas à endiguer la colère des exploités espagnols ! La bourgeoisie, dans son immense souplesse, va rejouer alors la carte républicaine. Le roi Alphonse XIII abdique, Primo de Rivera est renversé et en 1931, la deuxième République est proclamée. Les régimes changent, mais la misère et l’exploitation continuent. Commentaire d’un prolétaire : « La République c’est le même chien avec un nouveau collier. » Les luttes renaissent de plus belle : par exemple à Llobregat, à Barcelone, à Séville. A chaque fois la réponse républicaine est la même : exécutions, prisons, déportations.
La tentative de coup d’Etat du colonel Sanjurjo, en août 1932, va servir de repoussoir à l’Etat républicain avec le raisonnement suivant : voyez ce qui vous attend si vous ne soutenez pas la République ! Laquelle République ne va pas tarder à montrer son vrai visage, en janvier 1933, avec le massacre de Casas Viejas, petit village d’Andalousie qui avait osé attaquer la caserne locale : toute la population est massacrée, femmes et enfants compris !
En trois ans, la répression directe des luttes fait 400 morts et neuf mille prisonniers ! De nouvelles élections, en novembre 1933, donnent la majorité à la droite, avec un gouvernement Lerroux, soutenu par l’extrême-droite, dont la célèbre CEDA (Confédération espagnole des droites autonomes) de Gil Roblès. Premier fait d’arme de ce gouvernement, l’écrasement sanglant de l’insurrection des ouvriers anarchistes de Saragosse, en Aragon, en décembre 1933.
Pour contrer la droite, les partis de gauche créent une Alliance Ouvrière, qui préfigure le futur Front populaire. Cette opposition politicarde servira l’Etat capitaliste qui a besoin de ce spectacle de radicalité pour se maintenir. La situation sociale est bouillante, partout en Espagne, et les grèves se succèdent, qui tendent à devenir insurrectionnelles.
Arrêtons-nous un instant pour écouter une chanson écrite à cette époque et qui dénonce les violences policières. Il s’agit de Arroja la bomba ! (Jette la bombe !). Voici un commentaire trouvé sur internet, à propos de cette chanson :
« La légende dit qu’elle a été composée en 1932 dans une cellule du quartier général de la police à Barcelone par un camarade anarchiste nommé Aznar Aragon, en réponse aux interrogatoires brutaux auxquels il avait été soumis. Considérée politiquement incorrecte à cause du texte violent et instigateur, elle fut ensuite partiellement édulcorée dans les versions ultérieures, mais l’original reste le meilleur. »
Vous jugerez vous-mêmes, en lisant les paroles ci-dessous.
Leggenda vuole che sia stata composta nel 1932 in una cella
della questura di Barcellona da un compagno anarchico
di nome Aznar Aragona in risposta ai brutali interrogatori
cui era stato sottoposto. Ritenuta politicamente scorretta
a causa del testo troppo violento e istigatorio, venne poi
parzialmente edulcorata nelle versioni successive,
ma l'originale resta pur sempre la migliore.
Arroja la bomba
que escupe metralla.
Coloca petardo
empuña la Star.
Propaga tu idea revolucionaria
hasta que consigas
amplia libertad.
¡Acudid los anarquistas
empuñando la pistola
hasta el morir
con petróleo y dinamita
toda clase de gobierno
a combatir y destruir!
Es hora que caiga
tanta dictadura
vergüenza de España
por su proceder
No más militares
beatas ni curas
Abajo la Iglesia
que caiga el Poder
¡Acudid los anarquistas
empuñando la pistola
hasta el morir
con petróleo y dinamita
toda clase de gobierno
a combatir y destruir!
Traduction
Leggenda vuole che sia stata composta nel 1932 dans une cellule
La quête Barcelone donne un compagnon anarchique
nommer Aznar Aragona en réponse aux interrogateurs brutaux
cui era stato sottoposto. Ritenuta politiquement scorretta
à cause du texto troppo violent et incitatif, viens poi
partiellement sucré dans les versions successives,
Ma l'originale reste toujours la meilleure.
Lâchez la bombe
qui crache des éclats d'obus.
placer un pétard
Manie l'étoile.
Diffusez votre idée révolutionnaire
jusqu'à ce que tu obtiennes
une grande liberté.
Les anarchistes arrivent !
tenir le pistolet
jusqu'à la mort
avec de l'huile et de la dynamite
toutes sortes de gouvernement
combattre et détruire !
Il est temps de tomber
tellement de dictature
honte de l'Espagne
pour son comportement
Plus de militaires
bienheureux ou prêtres
A bas l'Église
laisse tomber le pouvoir
Les anarchistes arrivent !
tenir le pistolet
jusqu'à la mort
avec de l'huile et de la dynamite
toutes sortes de gouvernement
combattre et détruire !
Pour casser l’élan révolutionnaire, l’Alliance Ouvrière appelle à une grève générale pacifique… un crime quand on sait que dans certaines régions, à Barcelone, à Madrid et dans les Asturies, en octobre 1934, l’ambiance est insurrectionnelle. Quand l’insurrection démarre en Asturies, elle est isolée, les autres centres restant prisonniers du pacifisme.
Il y avait déjà eu des luttes très fortes en 32 et 33, en Asturies. Le 5 octobre 1934, les ouvriers, principalement les mineurs, contre les consignes de leurs directions, s’emparent de plusieurs villes et villages. En 24 heures, tous les postes de la Garde Civile de la zone minière sont neutralisés. Sama de Langreo, Mieres et La Felguera, où sont institués des comités révolutionnaires locaux, deviennent les bastions de la lutte. Des colonnes de milices ouvrières se forment et marchent sur Oviedo, la capitale provinciale, que les révolutionnaires contrôlent le 7 octobre.
Le 9 octobre, l’aviation gouvernementale bombarde la population civile à Gijón et à Sama. Des renforts gouvernementaux venus de tout le pays commencent à arriver, principalement des troupes levées au Maroc et des mercenaires du Tercio : en tout 40.000 hommes. Des navires de guerre croisent au large de Gijón. Ces troupes progressent en pratiquant destructions systématiques, pillages, viols et en utilisant les prisonniers, femmes et enfants compris, comme boucliers humains pour avancer à couvert. La résistance ouvrière est acharnée et courageuse, mais le rapport de forces est inégal et la révolution est battue après quinze jours.
La répression, la terreur blanche, est impitoyable et fera 5.000 morts, 7.000 blessés et 40.000 prisonniers. Le général Doval se dit « déterminé à exterminer la semence révolutionnaire jusque dans le ventre des mères ! »
Deux chansons témoignent du combat, en 1934, dans les Asturies. La première, c’est Ceux d’Oviedo, écrite en 1934 par Paul Lançois ::
Lors de cette lutte formidable s’est produite une farouche volonté d’unité, parmi les ouvriers insurgés, parfaitement résumée dans les initiales du sigle de leur organisation, UHP Uníos Hermanos Proletarios (Unissez-vous, frères prolétaires), un cri de guerre sociale et de fraternité.
Cette lutte est réprimée par la République. On insiste parfois sur le fait que c’est le général Franco qui a dirigé la répression, mais c’est un gouvernement républicain qui l’employait.
La lutte dans les Asturies fut un combat d’avant-garde important et nombre de prolétaires en Espagne se sont radicalisés après son massacre. Après octobre 34, la volonté de libérer les camarades enfermés, partout en Espagne, dont les 40.000 prisonniers des Asturies, va pousser le prolétariat à agir.
En 1935, est créé le POUM (Parti ouvrier d’unification marxiste), d’orientation trotskyste, qui soutiendra la formation du gouvernement populaire et comptera jusqu’à 30.000 adhérents, en 1936. Même si de nombreux militants au sein du POUM seront du côté de la révolution, ce parti, en tant que tel, contribuera aussi à la désorganisation et à la confusion des ouvriers révolutionnaires, prônant d’une part, une alliance, même critique, avec les partis ouvertement contre-révolutionnaires et appuyant, d’autre part, la politique liquidatrice qui dit vouloir d’abord gagner la guerre avant de faire la révolution. Les militants poumistes seront pourchassés et torturés par les staliniens, au même titre que beaucoup d’anarchistes, ou de sans-partis.
Le PCE (Parti communiste espagnol), créé en 1920, réunira toute la petite bourgeoisie inquiète de la révolution, les petits commerçants, les petits propriétaires, les contremaîtres, etc. Il luttera de toutes ses forces contre les tentatives de prise en main des prolétaires de leur outil de travail, de survie, au moyen des collectivisations, des expropriations, etc., et défendra avec acharnement la propriété privée. Le PCE passera de quelques milliers d’adhérents début 36 à 100.000 membres à la fin de l’année.
Une autre chanson témoigne de cette lutte dans les Asturies, en 1934, c’est Santa Barbara (Sainte-Barbe), aussi connue sous le titre En el pozo Maria Luisa (Au puits Marie-Louise) et elle aussi est anonyme. Voir Santa Barbara dans la rubrique Analyses. Ecoutons une autre chanson anonyme, A luchar obreros (Luttons, ouvriers) :
Aux élections de février 1936, c’est la gauche qui gagne. Rappelons qu’à cette occasion, les anarchistes ont appelé leurs adhérents à voter, ce qui est en totale contradiction avec l’une de leur position historique, critique du cirque parlementaire. Bref, avec la revendication « libération des prisonniers des Asturies » la gauche fait pression sur le gouvernement Azaña. Mais les prolétaires n’attendent pas une décision de l’Etat, leur ennemi de toujours, et attaque quelques prisons pour libérer leurs frères de classe. Le gouvernement de Front populaire est mis devant le fait accompli. La droite se radicalise et la gauche commence à la traiter de « fasciste », polarisant la société entre fascisme et révolution, cassant la réelle opposition capitalisme/révolution. Et dans capitalisme, il faut comprendre toutes les forces qui le soutiennent, y compris celles de gauche.
D’ailleurs, au printemps 36, c’est bien le Front populaire qui désavoue diverses grèves importantes qui revendiquaient augmentation des salaires et réintégration de camarades licenciés. En juin, les ouvriers de Madrid font même le coup de feu contre les syndicalistes de l’UGT, aux ordres du patronat.
La fièvre monte et la droite prépare un coup d’Etat, quasi à découvert. La gauche est débordée. Elle n’a pas d’alternative révolutionnaire à proposer, elle en a horreur !
Le 17 juillet 1936, commence le soulèvement de certains généraux, qu’on va vite appeler « putschistes ». L’Etat, c’est-à-dire le Front Populaire, refuse de donner des armes aux prolétaires qui leur réclament pourtant. Le putsch s’étend rapidement dans les tous premiers jours. Du fait de l’inertie de l’Etat, qui négocie avec Mola et Franco, des milliers de prolétaires sont massacrés dans différentes régions, à Séville par exemple, où il y a 20.000 assassinats. Il est évident que l’Etat craint plus les ouvriers armés que les nationalistes. Dans de nombreux endroits, dont Madrid et Barcelone, ce sont les prolétaires eux-mêmes qui vont organiser la défense. Quand l’Etat, le 19 juillet, décide d’armer les ouvriers, ceux-ci le sont déjà ! Les prolétaires, partout, créent des comités de défense, ou bien des comités révolutionnaires, qui forment aussitôt des milices armées.
Arrêtons-nous un instant pour écouter une chanson écrite en 1999, parSerge Utgé-Royo, Juillet 1936, dans l’album Contrechants de ma mémoire :
Serge UTGE ROYO
con
Jean-Marie, DZUBA, arreglo
Luc GRAILET, violín
Beatriz GAZON, violín
Jean-Peul DESSY, violonchelo
Ernan, MINDER, guitarra
Extracto del documental "Otro futuro: la España roja y negra" de Richard Prost disponible en línea: http://anarchism.org/videos/fr/Un_aut...
Letra (encontrada (y ligeramente editada) en el sitio web Theyliewedie.org):
julio de 1936
En el cuartel catalán
La muerte golpea a las milicias
Y la gente cuenta sus armas.
En pueblos y aldeas
Tierra del grupo campesino
En una rica pieza
Y pasa el viento libertario
Pienso en ustedes viejos compañeros
Cuyo joven está en la aduana
Y perdona si mi canción
Vuelves a lastimar a tu España
Pero necesito enseñarte
quiero ser como tu
Gritaré para que podamos escuchar
lo que me enseñaste
Dame tu mano camarada
Préstame tus compañeros de corazón
Reconstruiremos las barricadas
Como ayer la confederación
A pocas horas de Barcelona
Unidos son carpinteros
Y sin jefe todo vuelve a funcionar
Sonreímos en los talleres.
En la plaza del ayuntamiento
Que cambiamos en el jardín de infantes.
Las mujeres se hicieron cargo de la lavandería
Y sacar la ropa al sol
Dame tu mano camarada
Préstame tus compañeros de corazón
Reconstruiremos las barricadas
Y la vida, ganaremos
Allí es la muerte la que avanza.
Mientras esté aquí: Ah señora
es anarquía
Libertad en la esperanza
Ellos también se atrevieron a vivirlo.
Señora, mano compañera.
me di tu corazon
Barricadas levantaremos
Cómo ayer la confederación
Traduction
Serge UTGE ROYO
avec
Jean-Marie, DZUBA, arrangement
Luc GRAILET, violon
Beatrice GAZON, violon
Jean-Peul DESSY, violoncelle
Ernan, MINDER, guitare
extrait du film-documentaire "Un autre futur - L'Espagne Rouge et Noir" de Richard Prost disponnible en ligne : http://anarchism.org/videos/fr/Un_aut...
Paroles (trouvées (et légèrement retouchée) sur le site Theyliewedie.org) :
Juillet 1936
Dans les casernes catalanes
La mort bute sur les milices
Et le peuple compte ses armes
Dans les villages et les hameaux
Les paysans groupent les terres
En un seul et riche morceau
Et passe le vent libertaire
Je pense à vous vieux compagnons
Dont la jeunesse est à la douane
Et pardonner si ma chanson
Vous refait mal à votre Espagne
Mais j'ai besoin de vous apprendre
J'ai envie de vous ressembler
Je gueulerai pour qu'on entende
Ce que vous m'avez enseigné
Donne-moi ta main camarade
Prête-moi ton cœur compagnons
Nous referons les barricades
Comme hier la confédération
A quelques heures de Barcelone
Se sont groupés des menuisiers
Et sans patron tout refonctionne
On sourit dans les ateliers
Sur la place de la mairie
Qu'on a changé en maternelle
Des femmes ont pris la blanchisserie
Et sortent le linge au soleil
Donne-moi ta main camarade
Prête-moi ton cœur compagnons
Nous referons les barricades
Et la vie, nous la gagnerons
Là-bas, c'est la mort qui s'avance
Tandis qu'ici: Ah madame
C'est l'Anarchie
La liberté dans l'espérance
Ils ont osé la vivre aussi
Dame tu mano companero
I presta me tu corazon
Barricadas leventaremos
Como ahier la confederacion
« Donne-moi ta main, camarade/Prête-moi ton cœur compagnon/Nous referons les barricades/Et la vie nous la gagnerons! »
Il existe une version de Binamé que Serge Utgé-Royo n’a pas désavouée.
Notre classe sociale se soulève, s’arme en allant forcer les arsenaux, ouvre les prisons et libère nos frères de classe, attaque les grosses propriétés, dont elle brûle les titres de propriété, brûle les archives de la police, constitue de nombreuses communes paysannes, s’affronte aux nationalistes, etc., etc. Le 21 juillet, elle se dote d’un organisme unificateur, le Comité Central des Milices Antifascistes. Dans ces milices, les volontaires refusent l’uniforme, le salut militaire et autres marques de respect à la hiérarchie. Les officiers sont élus. Les groupes locaux, les centuries, les bataillons forment les colonnes, comme par exemple la célèbre Colonne de fer ou la Colonne Durruti, dirigée par Durruti.
Homme et femmes de la milice défilant dans les rues espagnoles, en juillet 1936
L’Etat prend peur. Il ne contrôle pas suffisamment ces troupes combatives, organisées, radicales et décide, dès l’été, de les intégrer dans la nouvelle Armée populaire de la République espagnole. Prendre la direction du prolétariat armé et déterminé est une nécessité pour la conservation du système en place. Pour ce faire, il faut imposer de se concentrer sur la seule lutte antifasciste et abandonner cette volonté de révolution. Mais le mot d’ordre répété, matraqué sans cesse aux prolétaires : « Gagner la guerre avant de faire la révolution » ne sera pas facile à imposer. Ce rappel à l’ordre, à la discipline, à l’obéissance, etc., est très mal perçu par les camarades.
Le front s’enlise et se stabilise vite. Dès le 28 juillet, le camp nationaliste se renforce avec les premiers avions italiens et allemands (la célèbre Légion Condor et des chars ultra modernes). Très vite, des troupes de ces pays suivront.
Du côté républicain, vers la fin 1936, l’URSS enverra des avions, du matériel militaire, mais surtout des instructeurs et des commissaires, chargés de faire régner une discipline impitoyable. Pour cette aide l’Etat russe met la main sur les 460 tonnes d’or de la banque d’Espagne!
On a beaucoup parlé des célèbres Brigades internationales, sous le contrôle sévère de l’URSS et des différents PC nationaux, qui paieront un tribut très lourd à leur engagement et seront envoyées systématiquement en première ligne : à Brunete, à Teruel, à Madrid, sur l’Ebre, etc. Au fil des mois, il y a de plus en plus de désertions, de refus de servir de chair à canons. Le Front populaire crée alors un camp de concentration où des milliers de réfractaires sont emprisonnés et certains fusillés…
L’Etat républicain refuse d’armer les milices rétives à leur incorporation dans l’armée officielle, de plus en plus contrôlée par les staliniens. La guerre bourgeoise, front contre front, a pour objectif d’éloigner les troupes incontrôlées des centres urbains et industriels, de les isoler, comme dans les montagnes d’Aragon, par exemple. Cette politique vise à détruire l’élan insurrectionnel de juillet. Les putschistes gagnent du terrain. Le moral des camarades baisse… l’Etat républicain réussira-t-il à endiguer le torrent révolutionnaire ?
Une chanson, anonyme bien sûr, va participer à la mémoire de la révolution, en Espagne. Il s’agit de Sin pan (Sans pain). Voici la version d’Oscar Chavez, en 1975:
Paroles de Sin pan
Sin pan, sin pan, sin pan,
Sin pan, sin pan, sin pan,
Sin pan, sin pan, sin pan,
Y trabajar
San Antonio pa' comer,
San Antonio pa' cenar,
San Antonio pa' comer y trabajar. [x2]
Sin pan, sin pan, sin pan,
Sin pan, sin pan, sin pan,
Sin pan, sin pan, sin pan,
Y trabajar
Una gracia pa' comer,
Una gracia pa' cenar,
Una gracia pa' comer y trabajar. [x2]
Sin pan, sin pan, sin pan,
Sin pan, sin pan, sin pan,
Sin pan, sin pan, sin pan,
Y trabajar.
Paroles de Sans pain
Sans pain, sans pain, sans pain,
Sans pain, sans pain, sans pain,
Sans pain, sans pain, sans pain,
et travailler
San Antonio pour manger,
San Antonio pour le dîner,
San Antonio pour manger et travailler. [x2]
Sans pain, sans pain, sans pain,
Sans pain, sans pain, sans pain,
Sans pain, sans pain, sans pain,
et travailler
Une grâce de manger,
Une grâce de dîner,
Une grâce pour manger et travailler. [x2]
Sans pain, sans pain, sans pain,
Sans pain, sans pain, sans pain,
Sans pain, sans pain, sans pain,
Et du travail.
Publié par citlālicue 2014-07-08
Dernière modification par Valeriu Raut 2018-04-05
Les fascistes, comme les républicains (CNT comprise), ont tout fait pour écraser ou interdire le mouvement d’expropriations et de collectivisations, dans les campagnes. Les chars russes ratissent les villages les plus reculés d’Aragon pour détruire les comités révolutionnaires et imposer l’ordre républicain. Les staliniens imposent la liberté de commerce contre l’organisation populaire de l’alimentation, créant ainsi la famine.
Durant tout l’été et l’automne 1936, des groupes se forment qui organisent la résistance à la militarisation. Certains se nomment Los Incontrolados (les Incontrôlés). Un magnifique texte, connu comme le Testament d’un Incontrôlé, dénonce la militarisation, qu’on peut lire ici :
http://debordiana.chez.com/francais/protestation.htm
Très vite, le Front Populaire ordonne aux prolétaires de rendre les armes, organise la conscription obligatoire et les nouvelles troupes sont bien équipées et armées, contrairement aux miliciens récalcitrants, crevant de froid face à l’ennemi, manquant d’armes et de munitions. La police stalinienne intensifie sa répression sélective, et emprisonne, torture et élimine de plus en plus de militants ouvriers. Interdiction de faire grève, baisse des salaires, augmentation des cadences, etc.
Il est impossible de résumer toute l’épopée révolutionnaire de l’Espagne 36-37. Face à la contre-révolution, des militants anarchistes regroupés autour de Camillo Berneri, et de son journal Guerra di classe, tentent de se maintenir sur un terrain de classe et s’opposent ouvertement à la politique de la CNT. Berneri est assassiné par les staliniens en mai 37.
Le groupe Los amigos de Durruti, dirigé par Jaime Balius, avec les militants des Jeunesses libertaires, tentent aussi de résister au rouleau compresseur liquidateur de la révolution.
L’agitation ouvrière grandit dans les zones sous domination républicaine, face aux mesures imposant des sacrifices. Les heurts avec la police se multiplient. Les cadavres de militants, torturés par la GPU, se comptent par centaines. Les prisons sont pleines à craquer. Tout cela va amener à mai 1937, dernier sursaut révolutionnaire.
Des milliers de prolétaires, enragés par la politique anti-ouvrière du gouvernement, écœurés par la contre-révolution stalino-anarchiste, vont se diriger vers Barcelone. Des milliers de déserteurs s’y rendent aussi.
Le lundi 3 mai, les Gardes d’Assaut, commandé par le stalinien Rodriguez Salas tentent de s’emparer du Central téléphonique de Barcelone. Les prolétaires résistent. La nouvelle se répand à toute vitesse. Barcelone se couvre de barricades. La grève est générale et les ouvriers s’arment, s’organisent, font le coup de feu contre la police républicaine ! Les leaders anarchistes Garcia Oliver et Federica Montseny, ainsi que toute la direction de la CNT, montent au créneau et appellent à déposer les armes :
« Le retour à la normalité est nécessaire. Persister dans l’inactivité industrielle équivaut, en ces moments de guerre antifasciste, à collaborer avec l’ennemi… Ainsi donc, il est ordonné aux travailleurs de la CNT et de l’UGT de reprendre le travail. »
Les Amis de Durruti répondent :
« Travailleurs, exigez avec nous : une direction révolutionnaire. Le châtiment des coupables. Le désarmement de tous les corps armés qui participèrent à la répression. La dissolution des partis politiques qui se sont dressés contre la classe ouvrière ! Ne cédons pas la rue ! La révolution avant tout ! »
Les journées de mai est une chanson anonyme tirée de l’album Pour en finir avec le travail, que les Situationnistes ont sorti en France, en 1974, qui résume cette lutte de mai 37, à Barcelone :
Version mai 68 en France
Chant des journées de Mai
Cette version de Ay Carmela est apparue sur les barricades de Mai 68, en souvenir des tragiques évènements de mai 1937 à Barcelone.
--
La garde d'assaut marche
Boum badaboum badaboum bam bam
Au central téléphonique
Ay Carmela Ay Carmela
-
Défi aux prolétaires
Boum badaboum badaboum bam bam
Provocation stalinienne
Ay Carmela Ay Carmela
-
On ne peut laisser faire
Boum badaboum badaboum bam bam
Le sang coule dans la ville
Ay Carmela Ay Carmela
-
POUM et FAI et CNT
Boum badaboum badaboum bam bam
Avaient seuls pris Barcelone
Ay Carmela Ay Carmela
-
La République s'arme
Boum badaboum badaboum bam bam
Mais d'abord contre nous autres
Ay Carmela Ay Carmela
-
A Valence et à Moscou
Boum badaboum badaboum bam bam
Le même ordre nous condamne
Ay Carmela Ay Carmela
-
Ils ont juré d'abattre
Boum badaboum badaboum bam bam
L'autonomie ouvrière
Ay Carmela Ay Carmela
-
Pour la lutte finale
Boum badaboum badaboum bam bam
Que le front d'Aragon vienne
Ay Carmela Ay Carmela
-
Camarades ministres
Boum badaboum badaboum bam bam
Dernière heure pour comprendre
Ay Carmela Ay Carmela
-
Honte à ceux qui choisissent
Boum badaboum badaboum bam bam
L'aliénation étatique
Ay Carmela Ay Carmela
Le 6 mai, le Front Populaire déplace du front de Jarama une colonne de 5.000 gardes d’assaut pour réprimer l’insurrection. L’armée fasciste interrompt les hostilités pour faciliter cette manœuvre. En chemin, les tueurs massacrent des prolétaires à Tortosa et Tarragona. Le 7 mai, la répression commence à Barcelone. Elle fera 500 morts directs et mille blessés, plus les arrestations, tortures et assassinats dans les semaines qui suivront, dont les militants insoumis dénoncés aux sbires de la GPU par les leaders de la CNT. Il y a 15.000 militants emprisonnés à Barcelone ou dans les camps de concentration créés à cet effet.
Après mai 37, il n’y aura plus de réactions prolétariennes d’envergure. La responsabilité de la contre-révolution, du côté républicain, va clairement aux anarchistes légalistes et aux staliniens, qui enverront, jusqu’en hiver 1939, les prolétaires se faire décimer sur les divers fronts.
En 1938, il y a une terrible bataille sur l’Ebre. Une chanson, célèbre elle aussi, raconte cet épisode, il s’agit d’El paso del Ebro (l’Armée de l’Ebre), chantée ici par Leny Escudero :
El Paso Del Ebro
(Ay Carmela)
by Maria Farantouri
El Paso del Ebro (Crossing the Ebro) is a Republican song of the Spanish Civil War.
(spanish lyrics)
El Ejército del Ebro
El Ejército del Ebro,
rumba la rumba la rumba la.
El Ejército del Ebro,
rumba la rumba la rumba la
una noche el río pasó,
¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela!
una noche el río pasó,
¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela!
Y a las tropas invasoras,
rumba la rumba la rumba la.
Y a las tropas invasoras,
rumba la rumba la rumba la
buena paliza les dio,
¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela!
buena paliza les dio,
¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela!
El furor de los traidores,
rumba la rumba la rumba la.
El furor de los traidores,
rumba la rumba la rumba la
lo descarga su aviación,
¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela!
lo descarga su aviación,
¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela!
Pero nada pueden bombas,
rumba la rumba la rumba la.
Pero nada pueden bombas,
rumba la rumba la rumba la
donde sobra corazón,
¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela!
donde sobra corazón,
¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela!
Contraataques muy rabiosos,
rumba la rumba la rumba la.
Contraataques muy rabiosos,
rumba la rumba la rumba la
deberemos resistir,
¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela!
deberemos resistir,
¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela!
Pero igual que combatimos,
rumba la rumba la rumba la.
Pero igual que combatimos,
rumba la rumba la rumba la
prometemos combatir,
¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela!
prometemos combatir,
¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela!
Le col de l'Èbre
(Oh Carmela)
par Maria Farantouri
El Paso del Ebro (Traversée de l'Èbre) est une chanson républicaine de la guerre civile espagnole.
Paroles en Français
L'Armée de l'Èbre
L'Armée de l'Èbre,
rumba la rumba la rumba la.
L'Armée de l'Èbre,
rumba la rumba la rumba la
une nuit la rivière est passée,
Ô Carmela ! Ô Carmela !
une nuit la rivière est passée,
Ô Carmela ! Ô Carmela !
Et aux troupes d'invasion,
rumba la rumba la rumba la.
Et aux troupes d'invasion,
rumba la rumba la rumba la
il leur a donné une bonne raclée,
Ô Carmela ! Ô Carmela !
il leur a donné une bonne raclée,
Ô Carmela ! Ô Carmela !
La fureur des traîtres,
rumba la rumba la rumba la.
La fureur des traîtres,
rumba la rumba la rumba la
Son aviation le télécharge,
Ô Carmela ! Ô Carmela !
Son aviation le télécharge,
Ô Carmela ! Ô Carmela !
Mais les bombes ne peuvent rien faire,
rumba la rumba la rumba la.
Mais les bombes ne peuvent rien faire,
rumba la rumba la rumba la
où il y a beaucoup de cœur,
Ô Carmela ! Ô Carmela !
où il y a beaucoup de cœur,
Ô Carmela ! Ô Carmela !
Contre-attaques très furieuses,
rumba la rumba la rumba la.
Contre-attaques très furieuses,
rumba la rumba la rumba la
il faut résister,
Ô Carmela ! Ô Carmela !
il faut résister,
Ô Carmela ! Ô Carmela !
Mais juste au moment où nous nous battons,
rumba la rumba la rumba la.
Mais juste au moment où nous nous battons,
rumba la rumba la rumba la
nous promettons de nous battre,
Ô Carmela ! Ô Carmela !
nous promettons de nous battre,
Ô Carmela ! Ô Carmela !
Versão francesa ou "Franco-Espanhola" da canção "Ay Carmela" ou "Paso del ebro", composta originalmente em 1808 contra a invasão francesa na Guerra da Independência Espanhola e posteriormente cantada pelos soldados republicanos como uma das canções da Guerra Civil Espanhola.
Eu iria enviar este vídeo ontem pois era o dia da Proclamação da Segunda Republica Espanhola, porém não tive tempo...
Version française ou "Franco-Espanhola" de la chanson "Ay Carmela" ou "Paso del Ebro", composée à l'origine en 1808 contre l'invasion française lors de la guerre d'indépendance espagnole et chantée plus tard par les soldats républicains comme l'une des chansons des Espagnols. Guerre civile.
J'enverrais cette vidéo immédiatement car c'était le jour de la Proclamation de la Deuxième République Espagnole, donc ce n'est pas encore l'heure...
▪Letra/Lyrics:
El Ejército del Ebro
¡Rumba la rumba la rum bam bam!
C'est la grande armée de l'Èbre
¡Rumba la rumba la rum bam bam!
Una noche el río pasó,
¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela!
Et passé l'Èbre la nuit
¡Ay Carmela! ¡Ay Carmela!
Y a las tropas invasoras
¡Rumba la rumba la rum bam bam!
Et aux troupes étrangères
¡Rumba la rumba la rum bam bam!
Buena paliza les dio,
¡Ay, Carmela, ay, Carmela!
Elle inflige la défaite
¡Ay, Carmela, ay, Carmela!
El furor de los traidores
¡Rumba la rumba la rum bam bam!
La fureur de tous ces traîtres
¡Rumba la rumba la rum bam bam!
Lo descarga su aviación,
¡Ay, Carmela, ay, Carmela!
Tombe de tous leurs avion
¡Ay, Carmela, ay, Carmela!
Pero nada pueden bombas
¡Rumba la rumba la rum bam bam!
Mais rien ne peuvent les bombes
¡Rumba la rumba la rum bam bam!
Donde sobra corazón,
¡Ay, Carmela, ay, Carmela!
Contre nos soldats sans peur
¡Ay, Carmela, ay, Carmela!
Contrataques muy rabiosos
¡Rumba la rumba la rum bam bam!
Aux attaques les plus dures
¡Rumba la rumba la rum bam bam!
Deberemos resistir
¡Ay, Carmela, ay, Carmela!
Nous avons su résister
¡Ay, Carmela, ay, Carmela!
Pero igual que combatimos
¡Rumba la rumba la rum bam bam!
Et comme on a su combattre
¡Rumba la rumba la rum bam bam!
Prometemos resistir,
¡Ay, Carmela, ay, Carmela!
Nous serons combattre encore
¡Ay, Carmela, ay, Carmela!
Un commentaire trouvé sur internet relativise l’enthousiasme de la chanson :
« Or, si dans la chanson, l’armée de l’Ebre met une bonne raclée aux troupes des envahisseurs, la réalité ne fut point si optimiste. La bataille de l’Ebre fut cruciale dans le déroulement de la guerre. C’est la bataille la plus longue, la plus meurtrière : elle se déroula entre le 25 juillet et le 16 novembre 1938, faisant cent trente mille morts dans les deux camps et dévastant l’armée républicaine, précipitant ainsi son échec. »
L’air de cette chanson provient d’une chanson, écrite en 1808, et qui chante la résistance du prolétariat espagnol à l’invasion française. En fait, El paso del Ebro exprime et glorifie la défaite du prolétariat révolutionnaire, embrigadé dans la guerre, dans le massacre.
La suite des événements est connue : en 1939, la guerre est définitivement gagnée par les armées franquistes et la répression nationaliste fera en tout un million de morts. Les prolétaires tentent de passer en France c’est la Retirada, la fuite devant les massacreurs. Là, ils sont accueillis par l’armée française qui les désarme et les parque dans des camps de concentration, dans le sud de la France. Ils seront environ 500.000 personnes, à souffrir de faim, de froid, de mauvais traitements. On ne le sait pas assez, mais il y aura entre 8.000 et 12.000 morts dans ces camps! Une chanson parle de ça, c’est La canción de Bourg-Madame (la chanson de Bourg-Madame), qui, bien sûr, est anonyme elle aussi :
José Peirats, dans son livre Les anarchistes espagnols (1976), dénonce Pablo Neruda l’organisateur, en 1939, de l’exil pour le Chili des seuls staliniens, au détriment des anarchistes… encore une réputation usurpée !
Après 1939, la lutte continue ! Hé oui, même sous Franco, il y a des résistances, des grèves, des mouvements divers. Bien sûr, beaucoup moins forts que pendant les années 1934-36. La répression des contestations les plus minimes sont terribles et la torture est régulièrement appliquée aux contestataires, hommes comme femmes.
En 1962, Chicho Sánchez Ferlosio écrit A la huelga (A la grève), chantée ici par Rolando Alárcon :
Chansons reprises : A la huelga
Publié le 5 Décembre 2019 par : carolita
http://cocomagnanville.over-blog.com/2019/12/chansons-reprises-a-la-huelga.html
A la huelga
Chicho Sánchez Ferlosio
A la huelga, compañero;
no vayas a trabajar.
Deja quieta la herramienta
que es la hora de luchar.
A la huelga diez, a la huelga cien,
a la huelga, madre, yo voy también.
A la huelga cien, a la huelga mil,
yo por ellos, madre, y ellos por mí.
Contra el gobierno del hambre
nos vamos a levantar
todos los trabajadores,
codo a codo con el pan.
Desde el pozo y la besana,(1)
desde el torno y el telar,
¡vivan los hombres del pueblo,
a la huelga federal!
Todos los pueblos del mundo
la mano nos la van a dar
para devolver a España
su perdida libertad.
La versión citada es la de Chicho Sánchez Ferlosio. Rolando Alarcón canta:
(1) Desde el pozo y el arado
A la grève
A la grève, compagnon ;
ne vas pas travailler.
Laisse l'outil immobile
il est temps de se battre.
A la grève dix, à la grève cent,
à la grève, mère, j'y vais aussi.
À la grève cent, à la grève mille,
moi pour eux, mère, et eux pour moi.
Contre le gouvernement de la faim
nous allons nous lever
tous les travailleurs,
côte à côte avec le pain.
Depuis le puits et le sillon
depuis le tour et le métier à tisser,
vivent les hommes du peuple,
à la grève fédérale !
Tous les peuples du monde
vont nous donner leur main
pour que revienne à l'Espagne
sa liberté perdue.
Chicho Sánchez Ferlosio traduction carolita
Chansons reprises : A la huelga
Publié le 5 Décembre 2019 par : carolita sur :
http://cocomagnanville.over-blog.com/2019/12/chansons-reprises-a-la-huelga.html
Parmi les chansons emblématiques de la révolution en Espagne, il y a l’inévitable Hierba de los caminos (L’Herbe des chemins), restée longtemps anonyme avant qu’on découvre son prudent auteur, Chicho Sànchez Ferlosio. Nous proposons, parmi les différentes versions, celle de Los Guaraguaos, lors d’un concert en plein air, en 1974, à St-Domingue. On appréciera le son authentique de l’enregistrement :
La Hierba de los Caminos
La hierba de los caminos
la pisan los caminantes
y a la mujer del obrero
la pisan cuatro tunantes
de esos que tienen dinero.
Los señores de la mina
se han comprado una romana
para pesar el dinero
que toditas las semanas
le roban al pobre obrero
Qué culpa tiene el tomate
que está tranquilo en la mata
y viene un hijo de puta
y lo mete en una lata
y lo manda pa’ Caracas.
Cuándo querrá el Dios del cielo
que la tortilla se vuelva
que los pobres coman pan
y los ricos mierda, mierda.
Traduction
L'herbe des chemins
L'herbe des chemins
La foulent les marcheurs
Et la femme de l'ouvrier
La foulent quatre canailles
De ceux qui n'ont pas d'argent.
Se sont acheté une romaine
Pour peser l'argent
Que chaque semaine
Ils volent au pauvre ouvrier.
En quoi est-ce la faute de la tomate
Qui est tranquille sur l'arbuste
Lorsque vient un fils de pute
Qui la met dans une boîte de conserve
Et l'envoie à Caracas.
Quand le Dieu du ciel voudra bien
Que la situation se renverse
Que les pauvres mangent du pain
Et les riches, de la merde
Publié par ajmjaajmja 2015-01-26
Il existe beaucoup d’autres chants, souvent anonymes, à la gloire de la révolte, la résistance, la révolution. Pointons-en trois :
A las mujeres (Aux femmes), Hacia la Revolucion (Vers la révolution) et Si me quieres escribir (Si tu veux m’écrire), qui, elle aussi, a connu d’innombrables versions. Voir l’interview de Serge Utgé-Royo à propos de cette chanson dans la rubrique Censures.
Viva la revolucion !
https://www.chants-de-lutte.com/espagne-36-revolution-contre-revolution-et-chansons/
Paroles
Arroja la bomba !
Arroja la bomba
Que escupe metralla
Coloca petardo
empuña la Star
Propaga tu idea
revolucionaria
Hasta que consigas
Amplia libertad.
¡Acudid los anarquistas
empuñando la pistola
hasta el morir
con petróleo y dinamita
toda clase de gobierno
a combatir y destruir!
Es hora que caiga
tanta dictadura
vergüenza de España
por su proceder
No más militares
beatas ni curas
Abajo la Iglesia
que caiga el Poder
Lance la bombe
Qui crache des éclats d’obus
Place le pétard
manie le « Star »
Diffuse ton idée révolutionnaire
jusqu’à ce que tu aies une
complète liberté.
Venez anarchistes
tenant le pistolet
jusqu’à la mort,
avec du pétrole et de la dynamite,
de toutes sortes de gouvernements
à combattre et à détruire!
Il est temps que tombe
une telle dictature
honte de l’Espagne.
Pour se faire
Plus de militaires, de
pieux ou de prêtres.
A bas l’Église
que le Pouvoir tombe.
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De Franco à Loukachenko, comment une chanson catalane des années 60 est devenue un classique de la contestation
"L'Estaca" du chanteur Lluis Llach, écrit il y a plus de 50 ans, a été reprise par les opposants au présidents Loukachenko, en Biélorussie. Un chant de liberté qui a beaucoup voyagé : d'abord symbole de la lutte contre l'oppression franquiste en Catalogne, elle est devenue un symbole de la lutte pour la liberté.
Article rédigé par Yann Bertrand - Edité par Pauline Pennanec'h Radio France
https://www.francetvinfo.fr/monde/espagne/referendum-en-catalogne/de-franco-a-loukachenko-comment-une-chanson-catalane-des-annees-60-est-devenue-un-classique-de-la-contestation_4084755.html
Lluis Llach ne pensait certainement pas que son histoire de pieu, le fameux Estaca en catalan, métaphore de la privation de liberté sous Franco, écrite en 1968, accompagnerait tant de luttes. Lors des manifestations contre la réélection d'Alexandre Loukachenko, le célèbre chant contestataire a été repris par la foule. Une version traduite... En biélorusse.
Le titre du chanteur catalan accompagnait déjà l'opposition en Russie. La variante russe, écrite par Kirill Medvedev et interprétée par le groupe Arkadiy Kotz, est connue depuis 2012 sous nom de Стены (Les Murs). Sa traduction s'est imposée naturellement dans les rues de Minsk.
"L'Estaca", folklore populaire en Catalogne
Le chanteur Lluis Llach clôturait ses concerts sur scène avec cette hymne contre la dictature de Franco, comme en 1985 lors d'une représentation au Camp Nou, le stade de football de Barcelone. Extrêmement populaire en Catalogne, les paroles de ce chant, dialogue entre un grand-père et son petit-fils, sont une métaphore de la lutte pour la liberté. "Ne vois-tu pas le pieu où nous sommes tous attachés ? Si nous ne pouvons nous en défaire, jamais nous ne pourrons nous échapper ! (...) Si nous tirons tous, il tombera. Cela ne peut durer plus longtemps. C’est sûr il tombera, tombera, tombera."
L'Estaca fait aujourd'hui partie du folklore populaire catalan et il est régulièrement entonné lors des rassemblements en Catalogne. Lluis Llach a d'ailleurs été vu aux côtés de Carles Puigdemont lors des manifestations indépendantistes en 2019.
Hymne de la "révolution de jasmin" en Tunisie
La chanson a été traduite en corse, en basque, en breton, en occitan, en niçois, et reprise par de nombreux artistes, comme le collectif musical réuni autour du groupe Zebda sur l'album Motivés. Adaptée en polonais, elle est devenue dans les années 80 l'hymne du syndicat Solidarność, qui a contribué à la chute du régime communiste. C'est en arabe tunisien, spécifiquement en darja, qu'elle retentit sous le titre Dima Dima, chantée par Emel Mathlouthi, l'une des figures artistiques de la révolution tunisienne en 2011, qui chassait le dictateur Ben Ali du pouvoir et marquait le début des printemps arabes.
Lutte contre le fascisme, l'oppression, hymne de liberté ou de rassemblement, L'Estaca est également reprise par les supporters du club de rugby de Perpignan, l'USAP. De Franco à Loukachenko en passant par Ben Ali, ce titre est devenu synonyme de résistance.
Article rédigé par Yann Bertrand - Edité par Pauline Pennanec'h Radio France
https://www.francetvinfo.fr/monde/espagne/referendum-en-catalogne/de-franco-a-loukachenko-comment-une-chanson-catalane-des-annees-60-est-devenue-un-classique-de-la-contestation_4084755.html
En la plaza de mi pueblo
Paroles
Sur la place de ma ville, le journalier a dit au maître
En la plaza de mi pueblo dijo el jornalero al amo
Sur la place de ma ville, le journalier a dit au maître
En la plaza de mi pueblo dijo el jornalero al amo
Nos enfants naîtront les poings levés
Nuestros hijos nacerán con el puño levantado
Nos enfants naîtront les poings levés
Nuestros hijos nacerán con el puño levantado
Cette terre qui n'est pas à moi, cette terre qui est au maître
Esta tierra que no es mía, esta tierra que es del amo
Cette terre qui n'est pas à moi, cette terre qui est au maître
Esta tierra que no es mía, esta tierra que es del amo
Je l'arrose avec ma sueur, je le travaille avec mes mains
La riego con mi sudor, la trabajo con mis manos
Je l'arrose avec ma sueur, je le travaille avec mes mains
La riego con mi sudor, la trabajo con mis manos
Mais dis-moi mon pote si ces terres appartiennent au maître
Pero dime compañero si estas tierras son del amo
Mais dis-moi mon pote si ces terres appartiennent au maître
Pero dime compañero si estas tierras son del amo
Parce qu'on ne l'a jamais vu travailler à la charrue
Porque nunca lo hemos visto trabajando en el arado
Parce qu'on ne l'a jamais vu travailler à la charrue
Porque nunca lo hemos visto trabajando en el arado
Avec ma charrue j'ouvre les sillons, avec ma charrue j'écris
Con mi arado abro los surcos, con mi arado escribo yo
Avec ma charrue j'ouvre les sillons, avec ma charrue j'écris
Con mi arado abro los surcos, con mi arado escribo yo
Page sur le pays de la misère, de la misère et de la sueur
Pagina sobre la tierra de miseria y de miseria y de sudor
Page sur le pays de la misère, de la misère et de la sueur
Pagina sobre la tierra de miseria y de miseria y de sudor
Source : Musixmatch
Paroliers : Juan Ignacio Cuadrado Bueno
Paroles de En la plaza de mi pueblo © Warner Dial
Madre Anoche en las Trincheras
Caminando por el campo
En me promenant dans le champ
En el suelo vi que había
Sur le sol j'ai vu
Una carta ensangrentada
Une carte ensanglantée
De 40 años hacía
Datant d'il y 40 ans
verse
Era de un paracaidista
Elle est d'un parachutiste
De la octava compañía
De la huitième compagnie
Que a su madre le escribía
A sa mère il avait écrit
Y la carta así decía:
La carte disait ceci :
verse
Madre anoche en las trincheras
Maman, hier soir dans les tranchées
Entre el fuego y la metralla
Entre le feu et la mitrailleuse
Vi al enemigo correr
J'ai vu l'ennemi courir
La noche estaba cerrada
La nuit était basse
verse
Apunte con mi fusil
Visant avec mon fusil
Al tiempo que disparaba
Tout en tirant
Y una luz iluminó
Et une lumière qui illumina
El rostro que yo mataba
Le visage que j'avais tué
verse
Era mi amigo José
C'était mon ami José
Compañero de la escuela
Mon ami de l'école
Con quien tanto yo jugué
Avec qui avant j'avais joué
A soldados y a trincheras
Aux soldats et aux tranchées
verse
Ahora el juego era verdad
Maintenant le jeu est devenu la réalité
Y a mi amigo ya lo entierran
Et mon ami a été enterré
Madre yo quiero morir
Maman je veux mourir
Ya estoy harto de esta guerra
J'en ai marre de cette guerre
verse
Madre si vuelo a escribir
Maman si je t'écris de nouveau
Tal vez sea desde el cielo
Ça sera peut-être du ciel
En donde encontraré a José
Où je reverrai José
Y jugaremos de nuevo
Et nous jouerons de nouveau
verse
Si mi sangre fuera tinta
Si mon sang était de l'encre
Y mi corazón tintero
Et mon cœur un encrier
Con la sangre de mis venas
Avec le sang de mes veines
Te escribiría "te quiero"
Je t'écrirai " je t'aime"
outro
Lara, lara, lara, la (Param, pam, pam)
Lara, Lara,Lara, la
La-ra, la-ra, la-ra, la-ra (Uh, ah-uh)
La-ra,la-ra,la-ra,la-ra,
Lara, lara, lara, la (Param, pam, pam)
Lara, Lara,Lara, la
La-ra, la-ra, la-ra, la-ra
La-ra,la-ra,la-ra,la-ra,