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Publié par J.L.D.

Orgue Dom Bedos de Celles, Abbatiale Saint-Croix de Bordeaux CC BY-SA 4.0

RenaissanceOrgue, Baroque (Période) Publié le  par Nathalie Ccoronvaux

Histoire de l'orgue - Renaissance et période baroque

Histoire d'un instrument vieux de plus de deux millénaires... Texte d'Anne Genette 

La Renaissance

L’orgue est prêt à se mêler à la polyphonie. Au XVème siècle, pour diversifier les possibilités du grand orgue, on adjoint à celui-ci un orgue positif jouable par un seul organiste. Les claviers des deux orgues sont bientôt superposés et jouables l’un par l’autre par accouplement. Le buffet du positif vient prendre place dans le dos de l'organiste. Vers la moitié du 15ème siècle, une innovation technique permet d’isoler  des rangées de tuyaux en « jeux » ce qui rend possible la création de sonorités inédites : les registres. Ainsi le plein jeu unit la famille de principaux de 16, 8, 4, 2 pieds (selon la longueur des tuyaux) et les premières quintes 5 1/3, 2 2/3, 1 1/3 (sons partiels du son fondamental) Plusieurs familles de tuyaux sont distinguées comme les flûtes (tuyaux à bouche) et les anches (lamelle métallique vibrante). Se développe alors tout un vocabulaire pour nommer chaque registre : dans la famille des principaux : la montre, le prestant, la doublette, le sifflet ; chez les flûtes : le bourdon, le nasard, le larigot, la tierce ou cornet ; dans la famille des anches : le hautbois, la trompette, le clairon, la régale, le cromorne. 

La facture d’orgue s’individualise selon les régions. Ainsi en France, l’instrument comporte une dizaine de jeux logés dans un meuble rectangulaire encadré de tourelles pour contenir les tuyaux les plus gros. Le pédalier est rudimentaire. 

La période baroque

L’orgue français connaît à cette époque un élargissement : le positif de dos est complété et une trompette est ajoutée au pédalier qui couvre alors plus de deux octaves. Cet ajout au pédalier permet de jouer des parties de basse mais aussi de ténor ce qui a un impact sur la littérature. Aux deux claviers de base (positif et grand orgue) viennent se joindre un demi-clavier de cornet qui deviendra plus tard le récit et un clavier d’écho de trois octaves dont les tuyaux sont enfermés dans le soubassement de l'orgue pour en assourdir le son. Le pédalier réuni aux claviers par une tirasse peut utiliser les jeux du grand orgue et bénéficier de sons beaucoup plus graves de 16 et 32 pieds.  Au niveau des registres, l’instrument est des plus complets qu’il soit : en combinant les jeux de base, on obtient des mélanges comme le plein jeu, le jeu de tierce, le cornet. Le chœur des anches comprend trompette, clairon,  voix humaine, cromorne et hautbois. Après 1660, quelques changements donnent naissance à ce qu’on appelle l'orgue français classique : acquisition de fonds de 32 pieds et d'anches de 16 pieds actionnés par un cinquième clavier, la bombarde. Dans ce type d’instrument, tout est fait pour diversifier les timbres, principe dont la littérature pour l’orgue tire le meilleur parti.  En Allemagne, deux tendances se dessinent : l’Ecole de l’Allemagne du Nord et celle du Sud. Dans le nord, l'essor économique permet la construction de grands instruments à quatre claviers: positif, grand orgue, Brustwerk et Oberwerk. Chacun d'eux possède une triple série de fonds : bourdons, flûtes douces ou gambes et flûtes larges. Les jeux harmoniques sont nombreux : mixtures, cymbale, quintes ou nasards, tierces étroites ou sesquialtère et jeux d’anches, le tout basé sur une pédale renforcée Au sud et en Alsace, l’esprit est maintenu dans des dimensions plus humbles. Trois claviers sont logés dans un meuble unique ; les plans sonores sont bien individualisés. L'orgue espagnol est très spécifique : les claviers sont divisés en basse et dessus diversifiant ainsi les timbres. Les jeux d’anches sont nombreux et souvent disposés horizontalement, en chamade. Leur émission sonore est très directe tandis que le pédalier reste de taille modeste. L'orgue anglais s’apparente plutôt à un positif  à quelques jeux. Proscrit pendant le Puritanisme, l’usage des instruments fut prohibé. Après cet épisode, l’orgue prend en Angleterre l’aspect d’un petit instrument à deux claviers sans pédale indépendante. Dans nos régions, se rencontrent plusieurs options de facture venues des pays limitrophes.  

 

 

 Histoire de l'orgue
 

 1. Introduction
 

Les 3 mots de la langue française qui se conjuguent au masculin singulier et au féminin pluriel sont : amour, délice et orgue. D'après Grévisse, le genre du mot "orgue" a été hésitant dès le moyen-âge, à cause de l'initiale vocalique (relatif aux voyelles). C'est par réaction éthymologique (le latin organum est neutre) que ce nom est devenu masculin, du moins au singulier. Là n'est pas le seul paradoxe de notre "boîte à musique". L'orgue est à la fois un instrument à vent et à clavier. C'est aussi le seul instrument qui puisse être classé "monument historique" et pour lequel se créent des associations type "loi 1901", qui désirent conserver, restaurer ou faire construire cet instrument à caractère historique, patrimonial et aussi social. De tous les instruments, l'orgue est le plus difficile à décrire car le plus complexe. Il fait un peu figure d'isolé parmi les instruments de musique, puisqu'il est le seul à présenter un caractère utilitaire : l'homme ne lui a t-il pas demandé de servir un Dieu ? De part la variété de ses timbres, il doit pouvoir traduire tous les sentiments de l'être qui prie : depuis le désespoir jusqu'à l'exaltation. D'où ce paradoxe qui affecte l'orgue. En principe, comme tout instrument, il tend à servir une musique, détachée de toutes contingences humaines. En pratique son existence répond à une fin propre et son concours n'est pas désintéressé. Ce caractère sacré s'attache au "tuyau" et éloigne malheureusement bon nombre d'amateurs de musique, désireux de ne pas confondre musique et religieux.

2. L'orgue un instrument païen

CSTESIBIUS, un mathématicien grec vivant à Alexandrie au 3ème siècle avant J.C, réussit à construire un sommier supportant une rangée de tuyaux, à y comprimer l'air de manière constante et à doter cet appareil d'une primitive rangée de touches (futur clavier), dont les mécanismes permettaient de faire chanter les tuyaux. Ce principe de l'air emmagasiné sous la pression de l'eau, qui sert sonc de régulateur au réservoir d'air, donnera naissance à l'orgue hydraulique ou "hydraule".
Dès l'époque de l'empereur Auguste, un facteur dont l'identité nous échappe, devait un jour abandonner les 2 corps de pompe de l'orgue à eau, et les remplacer par 2 soufflets de cuir. D'hydraulique, l'instrument devient pneumatique.
On a retrouvé en Hongrie à AQUINCUM les restes d'un orgue pneumatique romain datant de 228 après J.C, comprenant 4 séries de 13 tuyaux chacune, et le clavier groupait 13 touches. Le fait important réside dans la découverte de registres à glissière en bronze, prouvant qu'au 3ème siècle, les artistes connaissaient un type de sommier mécanique à coulisses, assez proche de celui d'aujoud'hui.
Hydraulique ou pneumatique, c'est sous l'une ou l'autre de ces formes que l'orgue essaime le bassin méditerranéen oriental, ce que nous apprennent textes, miniatures et iconographies. L'orgue gagne l'Europe à l'époque romaine et se fait entendre au théâtre ou au cirque. Du fait des invasions barbares, l'orgue ne subsiste qu'au royaume de Byzance. Il reviendra en Occident à l'occasion des mariages princiers ou des processions au palais, à l'hippodrome, au théâtre ou encore à la porte des églises, l'orgue étant interdit aux offices religieux.
Les annales officielles nous apprennent que l'empereur romain Constantin COPRONYME envoya en 727 un orgue à Pépin Le Bref.

3. L'orgue devient un instrument sacré 

C'est en 827, Georges, lque 'abbé de St Savin introduisit à Aix-la-Chapelle le premier orgue à usage liturgique. Ce moine s'était dit capable de construire un orgue à la manière byzantine, puis il enseigna son art à ses moines. C'est ainsi que plusieurs monastères devinrent des centres de facture d'orgue. Il existe des traités de facture d'orgue dont l'un d'entre-eux aurait été rédigé à la basilique de St Benoît sur Loire (Loiret). La période médiévale des X°, XI° et XII° siècle assiste à l'apparition encore timide de l'orgue d'église : Munich, Erfurt, Winchester, Reims, Limoges, Fécamp.
Dès le début du 13ème siècle, certaines églises possèdent un orgue, que l'on ne joue qu'aux jours de fête. L'instrument connaîtra une évolution très rapide, et on aboutira au 15ème siècle à des instruments de grande importance (1500 à 2000 tuyaux, 20 jeux). De tous ces instruments antérieurs au 16ème siècle, il ne reste qu'un seul et unique témoin, que l'on peut encore admirer et entendre à Sion (Suisse). Cet orgue datant de 1437, est le plus vieil orgue du monde. Mais à Lorris (Loiret), nous pouvons entendre et visiter ce joyau de la Renaissance qui a fêté allègrement ces 500 ans en 2001. Ne nous y trompons pas cependant, avant le 16ème siècle, l'orgue n'est pas aussi répandu qu'on pourrait le croire. Sa diffusion coïncide avec celle de la polyphonie à 4 parties.
L'orgue du 15ème siècle est un orgue synthétique, celui du 16ème est plutôt un instrument analytique et de transition. L'orgue du 17ème est une synthèse du moyen-âge et des fantaisies du 16ème. L'apogée de l'orgue se situe entre 1680 et 1790 avec différents types nationaux. Le 19ème nous donne un orgue romantique, voulant ressembler à un orchestre, dont il utilise certains timbres. Le premier orgue romantique apparaît en 1841 à la basilique de St Denis. L'orgue du 20ème devient "néo-classique". Moins qu'un retour à l'esprit des 17 et 18ème, il marque une synthèse de 2 tendances : classique et romantique. Le buffet aux lignes épurées, est parfois supprimé où seuls les tuyaux de façade demeurent, créant ainsi un décor austère mais imposant.

4. L'orgue, instrument sacré ou païen ?

Saint AMBROISE (340-397) avait banni l'orgue des cérémonies religieuses
Saint AUGUSTIN (354-430) déclare "l'harmonie de l'orgue peut conduire au salut par une oreille intérieure, juge et guide naturel du beau"
Raban MAUR (780-847) compare les musiques d'orgue avec "les voix de la divine révélation"
ERASME (1467-1536) affirme que "seul le diable peut jouer de l'orgue"
Martin LUTHER (1483-1546) recommandait l'orgue pour les offices
Jean CALVIN (1509-1564) consiérait l'orgue comme diabolique
W.A.MOZART (1756-1791) disait de l'orgue "le roi des instruments".

http://orgue-saint-cyr-en-val.wifeo.com/   Président, Rémy ECHE

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