la musique des reducciones jésuites en Amerique Latine
Jésuite est le terme communément employé pour désigner les membres de la Compagnie de Jésus. Cet ordre religieux catholique, créé au XVIème siècle, cherche à se distinguer par ses valeurs. En effet, ses intégrants aspirent généralement à un haut niveau d’éducation, en particulier en sciences et en arts, et s’engagent à obéir directement au pape, plaçant donc les lois divines avant toute autre forme de pouvoir. Depuis ses débuts, cet ordre s’est beaucoup porté sur l’évangélisation des peuples. Lors de l’époque coloniale, il s’est ainsi répandu un peu partout dans le monde et en particulier en Amérique du Sud.
Dans le bassin du Río de la Plata, anciennement territoire des peuples guaranis (aujourd’hui divisé entre le Paraguay, l’Argentine et le Brésil), ce sont trente missions qui ont été construites aux XVIIème et XVIIIème siècles.Ces missions jésuites guaranis sont aussi appelées réductions, du latin reducere qui signifie regrouper, en l’occurrence des peuples originaires dans des villages dans le but de les sédentariser et de les évangéliser. Ces réductions ont une architecture commune. On y trouve une place centrale avec son église, un cabildo (siège du pouvoir colonial), un collège, les habitations des jésuites, le cimetière et, plus loin, les habitations pour les familles guaranis et des parcelles de terre pour la culture.
Certains présentent les réductions comme une première expérience coloniale réussie. Ils voient dans les jésuites des hommes instruits, capables de parler les langues autochtones comme le guarani et de les protéger des attaques d’esclavagistes pour établir une nouvelle organisation sociale qui leur a permis une certaine stabilité et croissance. D’autres dénoncent l’acte colonial, puisque les jésuites ont imposé leur culture et leur mode de vie aux peuples natifs. Ils les ont aussi condamnés aux travaux forcés en leur imposant la construction des réductions et de leurs immenses églises.
Finalement, à la fin du XVIIIème siècle, accusés de manque d’obéissance à la couronne espagnole, les jésuites sont expulsés de toutes les missions. Ils laissent derrière eux un important héritage architectural et historique. Aujourd’hui toutes en ruines, sept de ces réductions sont classées au patrimoine mondial culturel de l’UNESCO.
Domenico Zipoli (17 octobre 1688 - 2 janvier 1726) était un compositeur baroque italien qui travailla et mourut à Cordoue, dans la vice-royauté du Pérou, Empire espagnol (actuellement en Argentine). Il est devenu jésuite afin de travailler dans les Réductions du Paraguay où il a enseigné la musique au peuple guarani. On se souvient de lui comme du musicien le plus accompli parmi les missionnaires jésuites. Zipoli est né à Prato, en Italie, où il a reçu une formation musicale élémentaire. Cependant, il n'y a aucune trace de son entrée dans le chœur de la cathédrale. En 1707, et sous le patronage de Cosme III, grand-duc de Toscane, il fut l'élève de l'organiste Giovani Maria Casini à Florence. En 1708, il étudia brièvement sous Alessandro Scarlatti à Naples, puis à Bologne et enfin à Rome sous Bernardo Pasquini. Deux de ses oratorios datent de cette première période: San Antonio di Padova (1712) et Santa Caterina, Virgine e martire (1714). Vers 1715, il fut nommé organiste de l'Église du Gesù (paroisse jésuite, église mère de la Compagnie de Jésus), à Rome, poste prestigieux. Au tout début de l'année suivante, il acheva son œuvre la plus connue, une collection de pièces pour clavier intitulée Sonate d'intavolatura per organo e cimbalo. Zipoli continue d'être bien connu aujourd'hui pour sa musique au clavier; beaucoup d'entre eux sont bien dans les capacités des joueurs débutants à intermédiaires, et apparaissent dans la plupart des anthologies standard. Ses compositions italiennes ont toujours été connues mais récemment une partie de sa musique d'église sud-américaine a été découverte à Chiquitos, en Bolivie: deux messes, deux arrangements de psaume, trois hymnes de bureau, un laudame Te Deum et d'autres pièces. Une messe copiée à Potosí, en Bolivie en 1784, et conservée à Sucre, en Bolivie, semble une compilation locale basée sur les deux autres messes. Sa musique dramatique, comprenant deux oratorios complets et des portions d'un troisième, a pratiquement disparu. Trois sections de l '«Opéra de la mission» de San Ignacio de Loyola - compilé par Martin Schmid à Chiquitos plusieurs années après la mort de Zipoli et conservées presque entièrement dans des sources locales
La musique dans les Réductions Jésuites- Un dossier Cyrano
Evangelina Burchardt Amerindiens, baroque, musique des jésuites, paraguay, Zipoli
Les reducciones (réductions) sont des territoires administrés par les jésuites, où les autochtones ont été conquis par l’évangélisation et non les armes. Elles forment comme un Etat théocratique que jalousent les autres colons. Leur présence sur le nouveau continent s’étend de 1561 à 1767, année de leur expulsion du continent américain. Leur intense activité, leur expérience unique de réduction, se situent surtout dans les provinces de Maynas, Moxos et Chiquitos (aujourd’hui Santa Cruz-Bolivie) qui comptait 18 villages, et la province du Paraguay fondée en 1607 (aujourd’hui territoire argentin, brésilien et paraguayen), qui comptaient 30 réductions.
Ainsi donc, des plain-chants introduits par les premiers missionnaires jusqu’au langage extraverti du baroque, adopté comme leur étant propre par les indigènes, passèrent 150 ans. Les missionnaires trouvèrent dans l’art, et spécialement la musique, le support idéal de l’évangélisation.
Pour connaître le monde musical de ces réductions, nous devons avant tout parler des maîtres les plus importants de la musique et des arts qu’eurent les missions. Aujourd’hui inconnus, peu, voir jamais enregistrés, ils ont pourtant façonné un continent.
Le premier, Jean Vaisseau (1584-1617), un jésuite Belge, participa au théâtre d’Albert d’Autriche, de qui il reçut des applaudissements et fut également maître de Chapelle de Charles V. Pedro Comentale (1595-1665), jésuite napolitain, musicien et mathématicien, partit en 1620 pour les missions guaranis jusqu’à sa mort. C’est grâce à son action que la réduction de San Ignacio devint le premier centre musical de cette région des Amériques. Quant au Français Louis Berger (1587-1639), il fut à la fois peintre, orfèvre, musicien, danseur, et facteur d’instruments. Avec sa musique, il se rendit très populaire parmi les indiens du Paraguay, laissant d’innombrables disciples. D’après Berthod chroniqueur de l’époque, «il enseignait selon le bon goût français », et «le suivaient les indiens comme captivés ; à l’écouter chanter et jouer ils restaient jusqu’à quatre heures comme immobiles ». De lui, le père Durand écrit : « les indiens ont appris avec une admirable facilité à chanter et à jouer des instruments, ayant comme premier maître notre frère Louis Berger, cithariste illustre. » Entre 1634 et 1639, il est envoyé au Chili à la demande du provincial de la Compagnie de ce pays pour y introduire la musique
Le père Lozano dans ses lettres annuelles de 1735-1743, nous livre une réflexion du père Gabriel Novat concernant la dévotion des indiens, notamment lors de la Semaine Sainte : « Durant la Semaine Sainte tous les indiens et indiennes assistaient à tous les offices, chantant durant la matinée les matines à deux chœurs et de manière aussi parfaite (…). Les Prophéties et les Lamentations étaient chantés par les enfants sopranos, non pas de n’importe quelle manière sinon avec les modulations de style italien. La passion, les répons et les prophéties s’alternent sans interruption avec aires et motets. Tout s’effectue avec une rigueur et dévotion et je suis étonné que les musiciens aient autant d’endurance. J’ai partagé mon admiration au père Curé pour tout ce que j’y ai vu.»
Le Père Cattaneo enfin, s.j. , nous raconte : « Parmi les danses qu’ils possédaient, une particulièrement gracieuse qui pouvait être vue avec plaisir par n’importe quel européen consistait en douze jeunes hommes vêtus à la manière des anciens nobles incas du Pérou, et tous venaient avec un instrument, quatre avec des petites harpes pendant à leur cou, d’autres avec guitares et d’autres avec des petits violons ; et eux-mêmes jouaient et dansaient en même temps, mais avec une telle rigueur dans les cadences et un tel ordre dans les figures, qu’ils gagnaient les applaudissements et l’approbation de tous. C’étaient la même chose avec toutes les danses, le plus admirable étant à mon avis l’exactitude du temps et de l’ordre, sans une erreur aussi longues fussent-elles, Nous nous réjouissions aussi avec leurs arcs et flèches et autres exercices d’armes. Cependant, le meilleur était la musique de tous les jours dans l’église, qui durait tout au long des messes, c’est à dire, quasiment toute la matinée, répartie en deux chœurs l’un en face de l’autre, se succédant l’un après l’autre »
Evangelina Burchardt amerindiens, baroque, musique des jésuites, paraguay, Zipoli
SONATE DANS UNE MAJEURE - Domenico Zipoli (1688-1726).
Interprète: Cantoria de la Basilique de Notre-Dame du Secours. Images: Reducciones (Réductions) jésuites.
La sonate classique est une œuvre composée de trois ou quatre mouvements, écrite pour un ou plusieurs instruments. Au départ, les formes à trois mouvements prédominaient, mais à mesure que leur complexité et leur durée augmentaient, les formes à quatre mouvements devinrent populaires. À l'époque baroque, le terme sonate était utilisé relativement librement pour décrire des œuvres réduites de nature instrumentale, par opposition à la cantate, qui comprenait des voix. Domenico Zipoli (Prato, Italie, 1688 - Córdoba, Argentine, 1726); était un compositeur italien du baroque. Il est considéré comme le compositeur européen le plus célèbre à avoir voyagé en Amérique à l'époque coloniale,
Domenico Zipoli, grand maître du baroque jésuite
Dans notre dossier sur la musique des Jésuites, il faut réserver une place particulière à Domenico Zipoli (1688-1726). Né à Prato – Italie, il étudia la musique avec le maître de Chapelle du duc de Florence, qui, au vu de ses talents musicaux, l’envoya à Naples où il se perfectionna avec le maître Alejandro Scarlatti. Il rejoignit Rome en 1709 pour étudier avec Bernard Pasquini, et il devint maître de Chapelle de l’Eglise du Gesú, vivant au contact des pères Jésuites.
En 1712 se joue pour la première fois à Rome ses Vespri e Mesa per la festa di San Carlo, et l’année suivante son Oratoire Sant’Antonio di Padova, puis en 1714 l’Oratoire Santa Caterina, Vergine e Mártire. Au début de 1716, il publie un volume qu’il intitule Sonate d’intavolatura per organo e cimbalo. Mais alors que les musiciens romains s’enchantent avec la musique de Zipoli, celui-ci, devenu jésuite entre-temps, se trouve à Séville dans l’attente d’être embarqué pour Buenos Aires.
Et c’est en juillet 1717 qu’il débarque en Amérique, en compagnie de 54 jésuites, parmi lesquels se trouve l’historien Pedro Lozano. Il s’installe immédiatement à Córdoba, au centre de l’Argentine, pour achever son cursus ecclésiastique. En 1724, bien qu’ayant terminé ses études, il ne put être ordonné faute d’Evêque. Zipoli utilise alors son temps libre pour composer toutes les messes et vêpres qui constituent sa production américaine. Il meurt deux ans plus tard en 1726 sans avoir pu être ordonné.
Son œuvre musicale américaine eut un grand retentissement et une très forte reconnaissance dans les réductions, comme le raconte Lozano, où « des heures avant que ne joue Zipoli, l’église de la Compagnie se remplissait, tous désireux d’écouter ces harmonies aussi nouvelles que supérieures ». Comme le confirme également le Père Peramás dans son livre publié en 1793 « De vita et moribus » (se trouvant en Italie suite à l’expulsion des jésuites), « certains prêtres excellents dans l’art de la musique étaient venus d’Europe, enseignèrent aux indiens des villages à chanter et à jouer des instruments. Mais personne ne fut plus illustre ni prolifique que Dominque Zipoli, autre musicien romain, dont la parfaite harmonie des plus douces et des plus travaillées pouvait s’imposer. Les vêpres qui duraient toute l’après-midi étaient particulièrement exquises. Il composait différentes œuvres pour le temple, qu’on lui demandait par courrier jusqu’à la ville même de Lima »
Dans une lettre du père Jaime Olivier datée de 1767 (année de l’expulsion) on lit : « Tous les villages ont leur musique complète d’au moins 30 musiciens. Les sopranos son très bons, en effet ils sont choisis parmi les meilleurs voix de tout le village, les faisant participer depuis leur plus jeune âge à l’école de musique. Leurs maîtres travaillent avec une grande rigueur et attention, et méritent réellement le titre de maître ; en effet ils connaissent la musique avec perfection et la composent parfaitement ; bien qu’ils n’en aient pas besoin puisqu’ils possèdent des compositions parmi les meilleurs d’Italie et d’Allemagne, mais également des œuvres du frère Zipoli…
Les instruments sont excellents ; il y des orgues, des clavecins, des harpes, des trompes marines et trompes de chasse, beaucoup d’excellents clairons, violons, contrebasses, bassons et chimirias. Dans toutes les fêtes, il y avait dans l’après-midi des avant-vêpres solennelles avec toute la musique divisée en deux chœurs ». L’influence de Zipoli ne se limite pas seulement à Córdoba. Le vice roi du Perou sollicita depuis Lima ses compositions.
En 1959, le musicologue Robert Stevenson trouva une Messe en Fa pour chœur à trois voix, deux violons, orgue et orgue continue de Zipoli dans les Archives Capitulaire de la ville de Sucre en Bolivie. Un autre travail, publié en 1994 par le Docteur Piort Nawrot, présenta une compilation de Musique de Vêpres de Domingo Zipoli et autres maîtres jésuites anonymes correspondant aux Archives épiscopales de Concepción de Chiquitos, Santa Cruz (Bolivie). De même, Nawrot réalisa d’autres travaux de recompilation comme la Messe des Apôtres de Zipoli.
Sa musique fit de nombreux et fervents admirateurs de son vivant comme après sa mort.
Enfin, ’apport de Martin Schmid (1694-1772), Suisse, musicien et architecte, fut lui aussi fondamental. Son activité principale se situe à San Javier de Chiquitos où il travailla durant 36 ans. C’est lui qui introduisit la musique polyphonique baroque arrangeant et composant des œuvres musicales, les enseignant aux indiens, construisant des orgues et beaucoup d’instruments. Son œuvre architecturale perdure dans les 3 églises construites par lui et conservées jusqu’à aujourd’hui : San Rafaël, San Javier et Concepción.
Article paru en décembre 2013 – enregistré en duplex sur RCF méditerranée en juin 2010
ADAGIO (Domenico Zipoli, 1688-1726) pour Hautbois, Violoncelle, Orgue et Orchestre (élaboré par Francesco Giovannini) Hautbois: Pierre Pierlot, Violoncelle: Bernard Fonteny, ORGUE: Anne-Marie Beckensteiner, ORCHESTRE DE CHAMBRE JEAN-FRANCOIS PAILLARD, DIRECTEUR: Jean-François Paillard
La tradition musicale des Missions jésuites
Fondée en 1689 par les jésuites, la mission de San Ignacio de Mojos dans la nord de la Bolivie (Beni) a non seulement conservé son église et de nombreuses traditions religieuses et sociales, mais aussi un important patrimoine musical.
Celui-ci nous est parvenu surtout grâce aux “Taitas”, les anciens du village qui ont conservé les partition de musique baroque du XVIIe en les retranscrivant de génération en génération.
Chez les Chiquitos, autre peuple indien, il est vraisemblable que la musique apprise avec les jésuites se soit intégralement préservée jusqu’en 1850, date à laquelle l’intervention des blancs qui profitent de la main d’œuvre commence à bouleverser les structures sociales des villages.
Aujourd’hui, en faisant appel à la tradition orale, les Indiens de Mojos ou Moxos continuent d’interpréter certaines œuvres pendant les fêtes religieuses, mais ils ne sont plus capables de déchiffrer les partitions et de transmettre ce patrimoine aux plus jeunes.
Mais depuis plusieurs années, de nombreux manuscrits, gardés par plusieurs générations de Mojos, ont été découverts.
En 2001, 800 partitions ont été trouvées, contenant quinze messes à trois et quatre voix. D’autres manuscrits ont été retrouvés dans un grand meuble à tiroirs fermés à clés et jalousement gardés par les “tatias” de San Ignacio !
La musique est écrite en latin, espagnol, italien, mais aussi en mojeno et d’autres langues de Mojos. Plusieurs hymnes ont des accompagnements pour flûtes, violons, bajones.
Fait extraordinaire : pour un même opéra, les partitions de certaines voix ont été retrouvées à Conception et celles des voix complémentaires à San Ignacio ! Ce qui prouve que des échanges ou trocs de partitions avaient lieu entre ces deux missions pourtant éloignées l’une de l’autre.
Les Jésuites ont développé les dons et les goûts innés des indigènes pour la musique. Ils l’ont utilisé comme moyen d’évangélisation. Et les indigènes se convertirent en de magnifiques musiciens, chanteurs et même compositeurs !
Les jésuites ont également composé de nombreuses pièces pour les indiens, notamment le jésuite italien Domenico Zipoli qui formera plusieurs Guaranis à Cordoba (Argentine). A leur tour, les Guaranis formeront des plus jeunes qui iront propager cette musique baroque si originale dans toutes les autres réductions, jusqu’aux missions des Mojos et Chiquitos.
Dans les missions, il était possible de se consacrer exclusivement à la musique. La formation musicale se faisait au sein de la mission, dans les écoles où ils avaient des cours de solfèges, composition, chant, pratique d’un instrument, etc. Ils fabriquaient également leurs propres instruments (violons, violoncelles, flûtes et bajones, orgues, harpes). Chaque réduction comptait un choeur et orchestre formé de plus ou moins 40 musiciens.
Des écoles de musiques et de fabrication d’instruments perpétuent encore aujourd’hui ce savoir faire.
Enrique Guerrero
Psaume Beatus Vir de Domenico Zipoli (1688-1726) par le Coro y Orquesta de San Ignacio de Moxos (Bolivie), direction Raquel Maldonado. Donné au musée de Sarrebourg en septembre 2011 dans le cadre du Festival International de Musique de Sarrebourg. Cette pièce figurait dans les archives de Moxos ou de Chiquitos.
L’IMPORTANCE DU PATRIMOINE DES MISSIONS JÉSUITES EN BOLIVIE
ETONNANT VESTIGE DE LA RÉPUBLIQUE JÉSUITE, UN PATRIMOINE ENCORE VIVANT EN PLEIN CŒUR DE L’AMAZONIE BOLIVIENNE.
Musicien organique et compositeur, c’est en jouant de la musique et en chantant que le père jésuite Martin Schmid vécut ses 37 années en Chiquitanía, fomentant ainsi un patrimoine musical polyphonique baroque en plein cœur de l’Amérique du Sud. S’appuyant sur les dons et les talents musicaux des natifs, le compagnon de Jésus développa une véritable ferveur pour la musique, instruments et chants baroques chez les nouveaux fidèles. Cette transmission s’articula autour de la mise en place d’ateliers de fabrication d’instruments de musique, d’écoles et de spectacles liturgiques. Dans les plaines de Chiquitos, il semblerait que la musique enseignée par les jésuites ait été intégralement préservée près d’un siècle après l’expulsion des pères et consciencieusement transmises de génération en génération. Par la suite, l’arrivée de nouveaux migrants bouleversa la structuration sociale des villages.
Quand le compagnon architecte Hans Roth, père de la restauration des églises, arriva en Bolivie en 1972, il trouva près de 5000 partitions de musique baroque dans les églises : messes, vêpres solennelles, hymnes, motets et pièces pourorgue, dont certaines œuvres majeures composées par Martin Schmid lui-même ou bien encore par Domenico Zipoli, un compositeur italien élève de Scarlatti.
Certains anciens connaissaient alors encore des chants de l’époque des jésuites et l’on pouvait entendre résonner quelques violons dans les chapelles. Hans Roth entreprit ainsi de restaurer les temples et de relancer l’enseignement de la musique baroque dans les anciennes missions. Aujourd’hui, grâce à son initiative, cet héritage musical est bel et bien toujours présent. Provenant d’une époque qui a marqué la Chiquitanía pour toujours, il donne aujourd’hui un souffle nouveau à la région et à ses jeunes artistes. En atteste notamment le Festival international de musique baroque organisé tous les deux ans à Concepción.
Au-delà de son œuvre de restauration des églises et de sa valeur historique, le projet du père Roth a eu des impacts considérables en impulsant un nouvel essor, tant musical, architectural que social et économique, dans une région encore très isolée le siècle dernier.A l’origine de ce projet de conservation se trouve être le père Felix Alfred Plattner, biographe le plus important de Martin Schmid et de son œuvre. Lorsque Hans Roth en eut vent, il demanda au père Plattner que lui en fut confiée la charge. A son arrivée, il se trouva face à des églises en piteux état, dans une zone à l’écart des techniques modernes.
https://www.bolivia-excepcion.com/tout-savoir/missions-jesuites-bolivie/patrimoine-missions-jesuites
"Sonata Chiquitana IV" de autor ANÓNIMO (Siglo XVIII) proveniente del Archivo Musical de Chiquitos, Bolivia.
Sonata “Chiquitana” No. IV (AMCH 264 -So i8)
Allegro
Andante
Minuete
En 1990, l'UNESCO a déclaré Chiquitos patrimoine culturel de l'humanité, avec six villes voisines, déclarant expressément que la récupération de ces trésors musicaux, il doit être considéré comme l'une des découvertes culturelles les plus importantes du XXe siècle. Les partitions trouvées ont permis de connaître en profondeur le travail de ces musiciens jésuites, qui ont eu le mérite de transférer la splendeur du baroque de l'Europe opulente (Bach, Vivaldi, Händel, Scarlatti ...), à la simplicité des habitants des jungles sud-américaines . Peu de temps après avoir commencé leur travail, les jésuites s'étonnaient de la facilité avec laquelle les indigènes assimilaient les œuvres complexes du baroque. Ils ont non seulement immédiatement eu des musiciens, mais aussi des compositeurs. Bientôt, ces habitants ont pris place dans la chorale, en tant que solistes, instrumentistes, copistes, facteurs d'instruments et même maîtres de chapelle. Beaucoup ne savaient ni lire ni écrire et maîtrisaient cependant la lecture de musique. Pour les jésuites, la musique avait une fonction essentiellement religieuse, c'est pourquoi la plupart des œuvres conservées dans les archives sont destinées à la liturgie.Les indigènes ont hérité de cette valeur de la musique et ont conservé avec zèle les partitions, les copiant encore et encore pour à mesure qu'ils se détérioraient. Dans les œuvres destinées à la liturgie, il était de règle de ne pas enregistrer le nom de l'auteur, mais les jésuites, défiant la rigueur des interdits ecclésiastiques, ils permettaient aux nouveaux musiciens de signer leurs œuvres, plaçant certains signes au bas de la partition comme un code secret. Grâce à cette ressource, un certain record de toute une dynastie de musiciens autochtones est resté. Le répertoire instrumental conservé dans les archives musicales de Chiquitos se compose de deux grandes collections: la musique pour un ensemble instrumental et la musique pour clavier. Parmi la collection de musique instrumentale, on trouve des quatuors, des danses, des jeux, des concerts, des symphonies et des sonates, ces dernières étant les plus nombreuses. Des versions simplifiées ou recréées de sonates en trio (deux violons et bc) d'A. Corelli, ou de Vivaldi, et des pièces pour orgue ou clavecin de D. Zipoli peuvent être trouvées dans les archives; aussi un groupe de sonates en trio dans une langue nettement pré-classique à la manière de Boccherini. La musique instrumentale, ainsi que vocale, est solidement fondée sur le style italien. En aucun cas les partitions n'indiquent le nom de l'auteur. »- (Alicia R. Illa). À Sucre, il y a deux splendides collections musicales qui témoignent de la grandeur et de l'importance que la cathédrale métropolitaine et les églises voisines ont eues dans la vie musicale de cette époque. La première collection, maintenant conservée à la Bibliothèque et archives nationales de Bolivie, comprend plus de 1 400 œuvres polyphoniques, pour la plupart des chants de Noël, qui proviennent de la cathédrale et de l'église de San Felipe Neri. Le second est composé des livres dits de chœur: trente-quatre livres gigantesques (certains pesant jusqu'à 20 kilos) avec de la musique simple qui était pratiquée dans ladite cathédrale. Au cours des deux dernières décennies, la collection musicale qui a reçu le plus d'attention, de la part des chercheurs et des musiciens, est celle des anciennes réductions de Chiquitos, trouvées à San Rafael et Santa Ana de Chiquitos, et aujourd'hui conservées à Concepción. Plus de 5 500 pages de musique de l'époque des réductions chiquitaniennes, constituent le document le plus important au monde, pour démontrer le rôle que la musique a joué dans l'évangélisation des peuples américains. Seule la collection de musique conservée à San Ignacio de Moxos pouvait être égalée en importance et en signification à celle de Concepción.
Œuvre extraite de l'album: Bolivian Baroque Vol 3. Musique des Missions et de La Plata. Ils interprètent: Chorale Florilegium & Arakaendar Bolivie. Réalisations: Ashley Solomon. Records de Channel Classics. Música Virreinal, Música Colonial
L’élan évangélisateur de la Compagnie de Jésus, fondée par Ignace de Loyola en 1540, a très vite atteint les extrémités du monde. Mais sa réalisation la plus originale fut sans conteste la création de Missions chez les peuples amérindiens.
Le pape François, premier pape jésuite et latino-américain, est l'héritier de cette utopie généreuse, qui n'a pas craint d'affronter les puissances de l'argent.
À la fin du XVIe siècle, des rapports inquiétants arrivent à Madrid concernant le sort des Amérindiens dans les colonies du Nouveau Monde. C’est aussi à cette époque que les Jésuites arrivent dans le bassin du Paraná (Paraguay, nord-est de l’Argentine et sud du Brésil actuels).
De leur vision originale du monde et du choc avec la réalité coloniale naît l’idée de «réductions indiennes», c’est-à-dire du regroupement des populations natives en vue de favoriser leur évangélisation et les préserver de la rapacité des colons et des grands propriétaires, en quête de main-d’œuvre corvéable.
En 1607, le roi d'Espagne Philippe III promulgue de premiers décrets qui protègent les futures Missions jésuites en leur garantissant une complète autonomie par rapport aux autorités locales.
Surmontant les obstacles, les Jésuites parviennent à convaincre les Guaranis disséminés dans la forêt tropicale de se regrouper sous leur protection dans des villages de grande taille.
Cela n'a pas l'heur de plaire aux grands propriétaires portugais du Brésil, gourmands en main-d’œuvre, qui pratiquent l'esclavage dans les plantations de canne à sucre ou dans les mines d’or, selon le principe colonial de l'encomienda...
À leur initiative, les chasseurs d'esclaves ou bandeirantes de Sao Paulo multiplient les attaques contre les réductions jésuites et enlèvent leurs habitants en vue de les asservir.
Entre 1628 et 1632, ils détruisent de la sorte les Missions du Guayrá (aujourd’hui province de Paraná, au Brésil) et capturent quelque 60.000 indigènes. C’est alors que la Couronne espagnole autorise les Jésuites à armer les Guaranis.
Les Pères forment des milices indigènes, au total 4200 hommes armés d'arcs, de frondes, de javelots... ainsi que de 300 arquebuses. Le 11 mars 1641, à Mbororé, ils remportent une nette victoire militaire sur une armée de plusieurs centaines de bandeirantes partis de Sao Paolo.
Rassurée sur l'avenir de ses missions, la Compagnie décide pour plus de sûreté de se replier sur le territoire paraguayen et la colonie du Río de la Plata (Argentine). Les Missions connaissent alors leur plus grand essor sur un territoire comparable à la France. Chaque village abrite jusqu'à cinq mille habitants et l'on en compte trente dans la région guarani. À la fin du XVIIe siècle, la Compagnie étend la fondation de «reductiones» au peuple chiquitano, en Bolivie (actuels départements de Santa Cruz et Beni) ; une vingtaine en tout. À la différence des missions guaranis dont il ne reste que des ruines, ces réductions boliviennes, beaucoup moins connues, ont traversé le temps. Il en existe encore une demi-douzaine : San Francisco Javier, Concepción, Santa Ana, San Miguel, San Rafael et San José.
Les Missions jésuites en Amérique du Sud
De 1610 à 1767, les Pères jésuites organisent la défense des Amérindiens de la forêt tropicale, contre les exactions des colons et les marchands d'esclaves venus du Brésil (les bandeirantes). Ils les regroupent dans de grands villages fortifiés, les réductions, qui fonctionnent sur un mode communautaire et démocratique. Les principales de ces réductions se trouvent dans le bassin du Parana (République du Paraguay et État argentin des Misiones), dans le domaine des Indiens Guaranis. D'autres missions sont développées avec succès dans le domaine des Chiquitos (Bolivie actuelle). Les missions de l'Amazonie n'arrivent pas, quant à elles, à se développer. L'ensemble des missions jésuites couvre un territoire d'environ 500.000 km2, avec une cinquantaine de réductions et quelques centaines de milliers d'Indiens...
Une vie communautaire
À partir de 1640, une paix relative permet aux réductions de prospérer. D’un peu plus de 40.000 Guaranis habitant les trente villages jésuites de la région paraguayenne, on passe à 140.000 vers 1730.
Les villages s’organisent suivant un plan géométrique autour d’une place centrale bordée par l’Église et la résidence des Pères, les entrepôts et les ateliers. Le tout est ceinturé par les maisons à pergola des familles indiennes.
Deux Pères jésuites suffisent à assurer le bon fonctionnement de chaque communauté villageoise en veillant à la formation et à la vie spirituelle des Amérindiens, avec une discipline stricte.
Les villageois exploitent les terres en commun selon un principe que l'on retrouvera plus tard dans les kolkhozes soviétiques ou les kibboutzim de Palestine. Ils produisent des céréales, du coton, de la canne à sucre et de la yerba mate (maté). Chaque famille dispose aussi d’une parcelle en propre pour compléter sa consommation.
Les Jésuites respectent la langue native des Amérindiens et même promeuvent le guarani en lui donnant une forme écrite. C'est aujourd'hui la deuxième langue officielle du Paraguay, au côté de l'espagnol.
Les Guaranis et les Chiquitanos font eux-mêmes preuve d'une extraordinaire capacité d'adaptation et maîtrisent parfaitement les techniques enseignées par les Pères, comme le montre la belle architecture baroque des églises en bois et adobe, qui subsistent notamment en Bolivie.
Les missions jésuites face aux Lumières
Les hommes des Lumières ne pouvaient pas rester indifférents aux missions jésuites en Amérique du Sud. Plaçant l'Homme au cœur de leur préoccupation, ils observèrent avec le plus grand intérêt cette expérience grandeur nature de mise en place d'une société égalitaire. De Bougainville à Montesquieu et Diderot en passant par Voltaire, voici un survol de leurs réflexions, tantôt féroces, tantôt émerveillées.
La fin de l’aventure
Un traité entre l'Espagne et le Portugal, en 1750, modifie les limites entre leurs domaines américains respectifs.
Sept missions jésuites proches du fleuve Uruguay se retrouvent en territoire portugais et doivent donc être déplacées. Mais les Guaranis refusent le déplacement. Il s'ensuit une guerre locale qui finit mal pour les Amérindiens et envenime également les relations déjà tendues des Jésuites avec les colons.
Plus grave, en Europe, la Compagnie de Jésus, soupçonnée de vouloir gérer un État à l’intérieur de l’État et jalousée pour son aura intellectuelle, est en butte à l'hostilité croissante des élites.
En 1767, le roi Charles III d’Espagne signe l’ordre d’expulsion de la Compagnie de Jésus de ses domaines. Les Pères jésuites s'inclinent sans faire de résistance.
C'en est fini de leur utopie sud-américaine en laquelle Voltaire lui-même, pourfendeur des Jésuites et de l'Église, voyait un «triomphe de l’humanité».
Publié ou mis à jour le : 2019-05-14 16:32:53 Par :
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. Enrique Guerrero
Sacris Solemnis- DOMENICO ZIPOLI ~Música del Archivo Musical de Chiquitos (S.XVIII)
"Sacris Solemnis" (AMCh 179) par DOMENICO ZIPOLI (1688-1726).
Il est né le 17 octobre 1688, à Prato, en Italie, une petite ville, à l'époque une place fortifiée avec un mur et une citadelle construite au 14ème siècle. Motivé par la vocation sacerdotale, il se rend à Séville, en Espagne, et rejoint la Compagnie de Jésus à la mi-1716. Le 5 avril 1717, une expédition organisée par les jésuites part en direction du Río de la Plata. Zipoli, avec l'historien Pedro Lozano, les missionnaires Nussdorfer, Asperger et Lizardi et les architectes Primoli et Bianchi, ont fait le voyage de trois mois pour travailler sur les désormais célèbres réductions jésuites au Paraguay. En juillet, il arrive à Buenos Aires et en août il s'installe au couvent des jésuites de Cordoue où il poursuit ses études théologiques. et il a composé de la musique qui a ensuite été envoyée par des émissaires dans les 30 villes qui faisaient partie des réductions. Le souci de ce que serait l'activité de Zipoli, au milieu de la jungle et sans les instruments appropriés, est perçu dans la lettre du P. Alonso Barzana du 3 septembre 1594, dans laquelle, en se référant aux peuples indigènes, il note: « Beaucoup de Córdoba ont l'habitude de chanter et de danser. Et après avoir travaillé toute la journée, ils dansent et chantent dans des chœurs presque toute la nuit. Zipoli devint rapidement célèbre, comme le mentionnent de nombreux documents: «Personne n'était plus illustre, ni n'a-t-il réalisé des choses, que Domenico Zipoli, un ancien musicien romain, dont l'harmonie parfaite rien de plus doux ou de plus travaillé ne pouvait venir avant ... Plus en composant différentes compositions pour le temple, que de la même ville principale d'Amérique du Sud, Lima, on lui a demandé de lui être envoyé sur de grandes distances avec des messagers spéciaux »(Faenza, 1793). L'historien P. Lozano, qui a réussi à entendre les compositions sud-américaines de Zipoli, a écrit: «Il a donné une grande solennité aux fêtes religieuses à travers la musique, avec un grand plaisir à la fois des Espagnols et des néophytes ... Immense était la multitude de des gens qui sont venus dans notre église, voulant l'entendre jouer magnifiquement. Au cours de la brève huit ans et cinq mois d'activité dans les réductions jésuites, Zipoli a composé une énorme quantité de musique, qui jusqu'à récemment était inconnue, car la plupart de son œuvre a été détruite, après l'expulsion des jésuites en 1767. Ce n'est qu'en 1959 que le musicologue nord-américain Robert Stevenson découvrit, à Sucre, Bolivie copie de sa messe en Fa (copiée à Potosí en 1784 à la demande du vice-roi de Lima) et surtout en 1972, découverte de plus de 10 000 manuscrits dans la réduction de Chiquitos, en Bolivie par l'architecte suisse Hans Roth; Cette découverte est considérée comme la plus importante pour la musicologie de l'Amérique latine au cours des dernières décennies. Parmi ces manuscrits figurent de nombreuses messes, motets, hymnes et pièces pour orgue. À l'automne 1725, Zipoli tomba malade de la tuberculose, pour laquelle il fut transféré à l'Estancia Santa Catalina, lieu de repos des pères jésuites, à 50 kilomètres de Cordoue, où il mourut le 2 janvier 1726 à l'âge de 38 ans. Il a reçu l'ordre sacerdotal et a été enterré au cimetière de Santa Catalina. Parmi les nombreux manuscrits trouvés en Bolivie, Outre les plus de 23 œuvres complètes déjà documentées et étudiées par des musicologues de différents pays, il existe des copies des sonates susmentionnées, écrites et publiées en Europe. La copieuse production sud-américaine de Zipoli est étudiée depuis 1986 par Carlos Seoane de Bolivie, Frank Kennedy des USA, Luis Szarán du Paraguay, Burckhard Jungcurt d'Allemagne, Bernardo Ilari, W.Axel Roldan, Leonardo Waisman, Carmen García Muñoz d'Argentine, Piotr Nawrot de Pologne et autres. Le catalogue des manuscrits, la plupart déjà transcrits et édités dans des versions modernes, comprend vingt-trois ouvrages de Zipoli, parmi lesquels: La Messe des Saints Apôtres, La Messe de Saint Ignace, Litanie, Tamtum Ergo, Huit numéros de la Sonate d'Intavolatura (5 du premier volume et 3 du second), Hymne Te Deum Laudamus, Himno Jesu Corona, Laudate Pueri, Laudate Dominum, Beatus vir, Confitebor tibi, Domine ad adjuvandum, Ave Maris Stella, Pièce pour orgue «Retrait de l'empereur des domaines SS». La plupart des pièces sacrées sont écrites à trois voix (soprano, alto et ténor, ce dernier à l'unisson avec la partie continue de basse), Deux violons, orgue au continu, parfois élaboré. Œuvre extraite de l'album: ZIPOLI L'Américain. De la série: Les Chemins du baroque, Vol.6 Interprétée par: Coro de Niños Cantores de Córdoba, Affetti Musicali / Bueno Aires, Ensemble Elyma. Réalisé par: Gabriel Garrido. K617. Musique Viceregal, Musique coloniale ce dernier à l'unisson avec la partie de basse continue), Deux violons, orgue avec le continu, parfois élaboré. Œuvre extraite de l'album: ZIPOLI L'Américain. De la série: Les Chemins du baroque, Vol.6 Interprétée par: Coro de Niños Cantores de Córdoba, Affetti Musicali / Bueno Aires, Ensemble Elyma. Réalisé par: Gabriel Garrido. K617. Musique Viceregal, Musique coloniale ce dernier à l'unisson avec la partie de basse continue), Deux violons, orgue avec le continu, parfois élaboré. Œuvre extraite de l'album: ZIPOLI L'Américain. De la série: Les Chemins du baroque, Vol.6 Interprétée par: Coro de Niños Cantores de Córdoba, Affetti Musicali / Bueno Aires, Ensemble Elyma. Réalisé par: Gabriel Garrido. K617 Musique Viceregal, Musique coloniale
La musique et les compositeurs sont originaires de ces terres de San Ignacio de Moxos. Les jésuites, du début des années 1600 à la fin des années 1700, ont composé, interprété, enseigné et formé des maîtres indigènes inconnus, ces compositeurs de magnifiques pièces liturgiques, de pièces sacrées et de pièces profanes baroques, les combinant avec des danses, de la musique et des instruments indigènes. De concert avec les cordes européennes, les peuples ont accumulé depuis cette époque de grandes quantités d'expressions artistiques autochtones et métisses, et que ce groupe nous interprète et nous donne en les diffusant
ZUIPAQUI - Domenico Zipoli (1688 - 1726). "Archives Musicales Chiquitos" (AMCh). Interprètes: - Camerata Renacentista de Caracas. - Camerata baroque de Caracas. - Collegium Musicum Fernando Silva-Morván. Directeur: Isabel Palacios. Images: Région de Chiquitos. En Bolivie, de nombreuses et volumineuses collections ont été conservées avec des musiques de l'époque coloniale et de l'époque de la première évangélisation des peuples américains. À Sucre, il y a deux splendides collections musicales qui témoignent de la grandeur et de l'importance que la cathédrale métropolitaine et les églises voisines ont eues dans la vie musicale de cette époque. La première collection, maintenant conservée à la Bibliothèque et archives nationales de Bolivie, comprend plus de 1400 œuvres polyphoniques, pour la plupart des chants de Noël, qui proviennent de ladite cathédrale et de l'église de San Felipe Neri. Le second est constitué des soi-disant livres de chœur: trente-quatre livres gigantesques (certains pesant jusqu'à 20 kilos) avec de la musique de chanson simple qui était pratiquée dans ladite cathédrale. Au cours des deux dernières décennies, la collection musicale qui a reçu le plus d'attention, de la part des chercheurs et des musiciens, est celle des anciennes réductions de Chiquitos, trouvées à San Rafael et Santa Ana de Chiquitos, et aujourd'hui conservées à Concepción. Plus de 5 500 pages de musique de l'époque des réductions Chiquitanas, constituent le document le plus important au monde, pour démontrer le rôle que la musique a joué dans l'évangélisation des peuples américains. Seule la collection de musique conservée à San Ignacio de Moxos pouvait être égalée en importance et en signification,
Outre leur intérêt artistique, ces missions représentent les initiatives sociales et économiques qui ont accompagné la christianisation du bassin du Río de la Plata par la Compagnie de Jésus aux XVIIe et XVIIIe siècles.
Les Missions jésuites de La Santísima Trinidad de Paraná et de Jesús de Tavarangue font partie d’un ensemble de 30 missions du bassin du Río de la Plata établies par la Compagnie de Jésus (les Jésuites) au cours des XVIIe et XVIIIe siècles. Sept de ces missions étaient situées au Paraguay et les autres sur l’actuel territoire de l’Argentine et du Brésil. Les ensembles des différentes missions étaient rattachés à des villages appelés « réductions », dotés d’une structure urbaine unique. Selon les périodes, les missions ont adopté différents styles, mais toutes ont associé des éléments autochtones à des attributs chrétiens et à un symbolisme témoignant d’influences baroques, romanes et grecques, dans le cadre d’un processus d’acculturation sans précédent.
Les Jésuites sont arrivés dans la province de Guayrá en 1588. Avec l’autorisation du roi Philippe II d’Espagne, les missionnaires avaient pour objectif de christianiser la population autochtone et de la protéger du système de travail colonial de l’encomienda, un quasi-esclavage. Les habitants étaient donc réunis et engagés à se sédentariser et à se convertir au christianisme mais, contrairement à d’autres missions du Nouveau Monde, ils n’étaient pas forcés de s’européaniser. Beaucoup de traditions autochtones étaient maintenues et encouragées, comme la culture de la yerba maté (Ilex paraguariensis ou te jesuita en espagnol), qui est toujours un produit régional représentatif.
Les missions sont situées à environ 10 km l’une de l’autre, chacune étant entourée de sa propre zone tampon. Bien qu’aujourd’hui les missions soient essentiellement constituées de ruines et de vestiges archéologiques, leur plan initial toujours apparent montre des similarités : l’église constituait l’unité de base, le noyau urbain et le centre de la vie spirituelle. Près de l’église se trouvait la résidence des pères jésuites et tout à côté, la maison des caciques. Le reste de la mission comprenait une cour, des cloîtres servant d’ateliers, un jardin, le tupa mbaé, le cimetière et la prison. Juste à côté de l’église se trouvait une vaste place orientée vers les quatre points cardinaux et comportant des croix ou des statues et des sanctuaires aux quatre coins. Des rues de 16 à 18 m de large partaient des places. Les maisons des résidents autochtones étaient des bâtiments rectangulaires à arcades, de 60 m de long.
La mission de la Santísima Trinidad del Paraná est l’ensemble urbain le mieux préservé. Bien qu’établie en 1706, après la plupart des autres réductions, c’était aussi la plus ambitieuse des missions, avec son ensemble de bâtiments couvrant une superficie d’environ 8 ha. La grande église de pierre comportait un beau dôme et une décoration très soignée. Elle a été construite vers 1745 d’après le projet de l’architecte milanais Juan Bautista Prímoli. En plus de l’église principale, il reste des vestiges de la petite église, du collège ou de l’école, du cloître, des cimetières, des potagers, du beffroi, des maisons des autochtones et des ateliers.
La structure urbaine de Jesús de Tavarangue subsiste sous forme de ruine archéologique. Cette réduction a été fondée à un autre endroit en 1685 et transférée quelques années plus tard à son emplacement actuel quand on construisit la mission. Elle était constituée de l’église (restée inachevée), de la Grand-Place, de l’école rattachée à l’église et dont il ne subsiste qu’une pièce, et des maisons pour les orphelins et les veuves appelées coty guazú (grandes maisons). La mission comprenait aussi un verger pour les pères.
La mission de Jesús de Tavarangue en tant qu’expression architecturale se caractérise par l’association de différents styles, notamment le style mudéjar (christiano-arabe) avec ses arches trilobées. Il n’existe pas d’autres exemples de ce style, du temps des jésuites, dans la région qui constituait autrefois la Province du Paraguay ou Paracuaria. La Santísima Trinidad de Paraná et Jesús de Tavarangue sont des exemples exceptionnels des missions jésuites construites aux XVIIe et XVIIIe siècles dans toute cette région. Les ruines archéologiques de ces ensembles urbains représentent une fusion des cultures par laquelle le processus de christianisation permettait à la population autochtone de conserver des éléments de leur culture traditionnelle.
L'Ensemble Moxos est issu de l'école de musique du village de San Ignacio de Moxos, une ancienne mission jésuite de l'Amazonie bolivienne qui a gardé jusqu'à aujourd'hui la tradition culturelle et religieuse léguée par les jésuites depuis sa fondation en 1689. Les flûtes de Pan géantes typiques de la région sont appelées bajones en espagnol. Après leur expulsion en 1767, les jésuites sont revenus à San Ignacio de Moxos en 1984, l'ancienne église missionnaire a été restaurée et un Musée Archéologique et Religieux conservant plus de 5000 partitions d'époque a été construit La grande fête annuelle du village, la Ichapekene Piesta, a été inscrite sur la liste du Patrimoine Culturel Immatériel de l'Humanité en 2012. L'Ensemble Moxos a été créé en 2005.
"Chapie Zuichupa" pour 4 voix, violon-trombas et continue (en Chiquitano) par Domenico Zipoli (1688-1726). Domenico Zipoli est né en Toscane, en Italie, étudiant avec Alessandro Scarlatti à Naples. En 1716, il rejoint la Compañía de Jesús et l'année suivante, il se rend au Paraguay avec une mission jésuite. Domenico Zipoli était organiste et compositeur à Cordoue jusqu'à sa mort. Bien que sa musique n'ait jamais été oubliée dans les terres américaines, elle a été redécouverte il y a seulement quelques années par des experts dans le domaine, révélant que Zipoli était extrêmement populaire parmi les Indiens Chiquitanos en Bolivie qui copiaient et interprétaient ces œuvres régulièrement au cours des siècles suivant la mort de musicien. Œuvre extraite de l'album: Tupasi Maria, Chant sacré des indies Guarani, Chiquitos & Moxos. Interpreté par: Ensemble Louis Berger (Argentine) Mise en scène: Ricardo Massum. K617. Musique Viceregal, Musique coloniale
Redécouverte de la musique baroque de Bolivie interprétée par Florilegium avec des solistes boliviens. L'ensemble Florilegium entreprend un voyage sous la direction du metteur en scène Ashley Solomon dans les terres latines afin de collaborer avec le musicologue polonais Piotr Nawrot pour rendre audible une musique restaurée du XVIIe siècle. Trois albums ont été enregistrés depuis la première tournée en 2004.