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Publié par J.L.D.


Le milieu du XVe siècle voit l’Occident entrer dans la phase de son histoire qui nous introduit à la Modernité c’est-à-dire un ensemble de traits et de caractères qui préfigurent le monde actuel.
•La pensée humaniste qui entend revaloriser l’Homme dans sa dignité.

•La mise au point de l’imprimerie qui inaugure la révolution du livre.
• Les réformes religieuses qui vont favoriser l’émergence de la liberté de conscience.
• Les Grandes Découvertes vont renouveler la vision du Monde des Occidentaux.
Ces éléments sont issus, pour l’essentiel, du monde urbain qui connaît au XVe siècle un essor significatif. Les milieux urbains sont le foyer de développement de nouveaux modes de vie et de comportements qui vont donner naissance à une nouvelle culture centrée sur des valeurs laïques et profanes. Une nouvelle aristocratie de l’argent apparaît et déploie ses fastes par un mécénat artistique qui donne un élan décisif aux lettres et aux arts visuels, phénomène qui est à l’origine de la Renaissance artistique du XVIe siècle.

Sur le plan musical, on verra une évolution stylistique différente pour les musiques sacrées ou d'église (da chiesa) et la musique à destination profane ou de chambre (da camara).
Ainsi, une vie musicale très riche se développe au sein des cours princières, des palais et des résidences des grandes familles qui contrôlent les républiques ou les principautés, les duchés ou les villes. La musique, ainsi que les autres arts, occupe une grande place dans la vie sociale des petites cours princières où elle est largement pratiquée par les gens de qualité qui ont eu la chance de recevoir une bonne éducation. Chaque centre d’importance possède, outre des musiciens pour le divertissement de cour, une chapelle privée pour la célébration des offices. 
Le luth devient un instrument très prisé dans les milieux aristocratiques de cette époque car sa résonance convient bien à l’ambiance feutrée de la musique de chambre. Il en va de même pour les instruments de la famille des violes qui se développent à cette époque. En Angleterre le virginal et l’épinette joueront le même rôle que le luth en Italie. La musique de la Renaissance demeure ainsi un plaisir raffiné réservé à une petite élite cultivée.

Louise Forget, 

https://sites.google.com/site/musiquedelarenaissance/home

La musique de la Renaissance

En musique, le XV è siècle et le XVI è siècle se situent à la fois en continuité et en rupture avec le Moyen-âge. C’est l’apogée d’un style vocal polyphonique, à plusieurs voix, lié aux rites religieux tandis que se forment plusieurs genres nouveaux qui annoncent l’essor de la musique profane : les madrigaux, chansons à quatre voix et les œuvres instrumentales

Depuis sa naissance, le christianisme imposait une discipline rigoureuse à la pratique musicale et considérait la musique comme un moyen de prière (chant grégorien). Les humanistes de la Renaissance remettent en cause l’Eglise romaine et les différentes réformes religieuses s’accompagnent d’une évolution des formes musicales. L’humanisme exalte la beauté, les sentiments humains, la nature. La musique profane va devenir réaliste, expressive et donner naissance à la mélodie accompagnée. On passe, dans cette période de transition, d’une conception horizontale de la musique où les lignes mélodiques indépendantes se multiplient et s’entrelacent au détriment du texte à une conception verticale de la musique, plus épurée, où le texte reprend ses droits. Le style le plus caractéristique de la musique de la Renaissance est la polyphonie imitative qui consiste à reproduire ou à imiter un motif mélodique aux différentes voix : le « sujet » est énoncé par l’une des voix et repris « en imitation » par les autres. Cette technique apporte plus de clarté dans l’écoute, donne des repères à l’auditeur, permet aussi une meilleure compréhension du texte. La création de l'imprimerie musicale favorisera la diffusion des oeuvres de façon rapide et étendue. C'est en 1501 que l'imprimeur vénitien Petrucci publie un premier recueil dans lequel on trouve 96 œuvres dont des chansons françaises.

Anne Foucher, cpd.musique16@ac-poitiers.fr

1. La musique vocale 

Une approche savante et élitiste Les œuvres des compositeurs franco flamands Jean Okeghem (1410-1497) et Josquin Des Prés (1440-1521) atteignent un degré de complexité dans l’écriture polyphonique jamais égalé. La conduite des voix superposées constitue le critère de perfection de l’œuvre, au détriment du texte. Peinture imaginaire de Josquin, par Housez (XIX° siècle), Hôtel de ville de Condé .  Impact des mouvements religieux Musique épurée, nouveau rapport texte/musique. En Allemagne, la Réforme influence la musique vocale avec Luther (1483-1546). Ses cantiques, appelés chorals sont chantés en langue vernaculaire, à l’unisson* dans le culte protestant et favorisent le chant collectif accessible à tous. Le compositeur français Claude Goudimel (1515-1572), réalise en 1564 et 1565 deux œuvres élaborées, issues de psautiers, recueils de psaumes, huguenots. Claude Lejeune (1528-1600) compose également à partir d’un recueil de psaumes en 1598 : le Dodécachorde. Après le Concile de Trente, le catholique Giovanni Da Palestrina (1526-1594) revient à une musique vocale "a cappella", sans accompagnement instrumental, qui mêle pureté mélodique, science du contrepoint* et intelligibilité du texte. Il laisse un grand nombre d’œuvres religieuses : messes, motets, livres de psaumes, Offertoires, Magnificat. Son contemporain Roland de Lassus (1532-1594) se distingue autant dans la musique religieuse que dans la chanson profane. Par son œuvre immense, il reste le musicien le plus illustre de la Renaissance. Son écriture polyphonique, en particulier dans ses motets, marque l’évolution vers une conception verticale, harmonique* de la musique. *L’unisson : son de même hauteur produit simultanément par un groupe de musiciens. *Le contrepoint : art de composer de la musique en superposant des lignes mélodiques. *L’harmonie c’est la science de l’enchaînement des accords. Un accord est une superposition d’au moins trois sons.

Anne Foucher, cpd.musique16@ac-poitiers.fr

Influence humaniste Essor de la chanson populaire, expressivité musicale, nouveau rapport texte/musique.

En 1571 le poète Jean Antoine de Baïf fonde une Académie de musique et de Poésie, fréquentée entre autres par des poètes de la Pléiade comme Ronsard. Ils souhaitent unir musique et poésie à la manière des Grecs et des Latins. Il en résulte des chansons polyphoniques où le rythme suit la métrique de la langue avec l’alternance de valeurs longues et de valeurs brèves et des recherches dans l’écriture musicale pour traduire les émotions exprimées dans les textes. Clément Janequin (1485-1558) apparaît comme un maître de la chanson polyphonique à cette époque. Il met en musique des poèmes de Ronsard et de Marot. En Italie naît un genre très proche de la chanson française, le madrigal, spécificité du musicien Carlo Gesualdo (1560-1613). Cette pièce à quatre parties tout d'abord, s'exécute bientôt par une seule voix accompagnée d'instruments. Monteverdi en deviendra le maître incontesté à l’époque baroque.

La musique instrumentale 

Héritage médiéval L’iconographie du Moyen âge témoigne de l'emploi des instruments de musique par les troubadours, trouvères ou autres ménestrels, au moment de grands événements et dans les châteaux. Ils sont alors utilisés pour l'accompagnement de la voix ou de la danse. On différencie déjà les « hauts instruments », joués à l’extérieur et les « bas instruments », joués à l’intérieur.  L’instrumental s’affranchit du vocal Dès le XIII è siècle, les instruments s’associent de manière plus fréquente à la musique vocale, dans les offices religieux comme dans les manifestations païennes. Petit à petit, les instruments doublent des voix et exécutent même des parties indépendantes. A la Renaissance, le statut des musiciens évolue. Attachés au service des cours princières ou protégés par les aristocrates, ils participent à la valorisation de leurs mécènes à cette époque où les arts deviennent un

Anne Foucher, cpd.musique16@ac-poitiers.fr

Histoire des Arts/Musique

Signe de pouvoir et de richesse. La multiplication des cérémonies publiques favorise le développement de la musique instrumentale. Au XVI è siècle, la facture des instruments s’améliore. Le luth et l’orgue sont les instruments de prédilection. Le joueur de luth. Gravure de Hans Brosamer. Allemagne, 1531. Les « tablatures » se répandent. Premières partitions instrumentales, elles représentent, par un schéma, le placement des notes sur le clavier ou sur le manche d’un instrument à cordes. Tablature pour luth Les violons et les violes se perfectionnent dans la deuxième moitié du XVI è siècle. L'étendue sonore augmente et pour la première fois, les sons produits par les instruments dépassent les limites de la voix. En Angleterre, l’usage du Virginal, ancêtre du clavecin, se généralise. Certains instruments comme les flûtes constituent des familles aux sonorités homogènes. D’ailleurs, deux sortes d’ensembles se forment : les « full consort » regroupant des instruments de même famille et les « broken consort » mélangeant les timbres.

Anne Foucher, cpd.musique16@ac-poitiers.fr

Histoire des Arts/Musique 

Les formes instrumentales qui se développent sont de deux origines : issues de transcriptions d’œuvres vocales ou en continuité d’une tradition instrumentale d’improvisation et de variation. Elles donnent alors naissance à un genre autonome « symbole de l’esprit nouveau de la renaissance » (1).  Des compositeurs de musique instrumentale En Angleterre, William Byrd (1542-1623), organiste de la Chapelle Royale est le premier à composer pour une voix avec accompagnement. Orlando Gibbons (1565-1650), virginaliste de la cour, est rendu célèbre par ses fantaisies pour violes. Giovanni Gabrieli (1557-1612), compositeur et organiste italien emploie de grands ensembles instrumentaux. Auteur des « Sacrae symphoniae » vocales et instrumentales, il diversifie les timbres et les rythmes. Lexique : Des techniques de composition : polyphonie vocale, polyphonie imitative, contrepoint, harmonie. Des formes : messe, motet, psaume, chanson polyphonique, madrigal, fantaisie, danse, variation, improvisation. Des instruments : orgue, luth, virginal, violes, violons, flûtes. Sources : Histoire de la musique, M.C. Beltrando Patier, éditions Bordas.(1) Dictionnaire des compositeurs, R.de Candé, éditions du Seuil. Outils pour la classe : Le chant dans l’histoire et dans le monde Le monde des instruments des origines à nos jours Collection Mélomaniac, éditions Fuzeau.

Anne Foucher, cpd.musique16@ac-poitiers.fr

À côté de la musique religieuse, austère et complexe, les compositeurs franco-flamands vont sacrifier au goût de l'époque pour des formes musicales plus simples et plus légères comme la chanson, forme profane du motet, et qui connaîtra une longue postérité. De façon générale, le texte tend à s'imposer à la musique.

Au XVe siècle, la puissance de la Bourgogne est à son apogée. Une brillante vie de cour, raffinée et cultivée, se déploie dans l'entourage des ducs. La musique est omniprésente pour animer les fêtes et ajouter du faste aux cérémonies publiques (bals, banquets, entrées des souverains dans une ville, victoires à immortaliser...) On y pratique un style de musique plus libre et plus léger dont la chanson est le genre de prédilection. Gilles de Binche, dit Binchois (1400-1460), chapelain de Philippe le Bon, est le représentant le plus célèbre, avec Dufay, de la chanson "bourguignonne".

  • Louise Forget, 
  • https://sites.google.com/site/musiquedelarenaissance/home

 

L'école franco-flamande 

Se réfère à la production musicale de plusieurs générations de musiciens et de compositeurs formés dans les maîtrises du Nord de l'Europe et qui vont, par la suite, répandre leur art dans les grands centres européens (particulièrement en Italie) où ils sont très en demande. Les maîtrises sont en fait des "écoles" de musique attachées au service des églises importantes. Elles recrutent de jeunes chanteurs auxquels elles dispensent un enseignement musical complet. La maîtrise de la cathédrale de Cambrai constitue le centre de formation musicale le plus renommé en Europe. Cette école s'ouvre avec l'oeuvre de Guillaume Dufay (1400-1474), atteint son apogée avec Josquin des Prés (1440-1521) et se termine avec Roland de Lassus (1532 - 1594). 

Le contexte historique
À la faveur des troubles qui règnent en France à la fin du Moyen Âge, la culture musicale se déplace dans les régions du Nord de la France, en Flandre (Belgique actuelle) ainsi qu'en terre bourguignonne. Pendant cette période troublée, artistes et musiciens se réfugient dans des lieux plus accueillants, telle la cour de Bourgogne qui rayonne alors de tous ses feux. Les musiciens de partout se rencontrent (flamands, français, bourguignons et anglais), ce qui contribue aux échanges et à la diffusion de musiques nouvelles. Les maîtres formés au coeur de cette effervescence culturelle vont dépasser les limites de l'Ars nova et porter la polyphonie et l’art du contrepoint à ses plus hauts sommets.

 

LouiseForget,                                                                                            https://sites.google.com/site/musiquedelarenaissance/home



 
Le duc de Bourgogne Philippe le Bon, par Rogier van der Weyden (1400-1464)

 
 

La cour de Bourgogne au XVe siècle

Le duché de Bourgogne s'étend de la Bourgogne aux Pays-Bas (la Franche-Comté, la Lorraine, le Luxembourg, la Picardie et l'Artois dans Nord de la France et les Flandres (Belgique). Cet ensemble territorial est plus puissant et plus prospère que le royaume de France empêtré dans un conflit séculaire avec l'Angleterre. Jean sans Peur (1404-1419) agrandit et tente d'unifier ses territoires en États. Sous Philippe le Bon (1419-1467), l'apogée de la puissance bourguignonne est atteint. Avec l'échec de Charles le Téméraire(1467-1477), c'est la fin des ambitions bourguignonnes.

Les ducs de Bourgogne ont entretenu un mécénat artistique à la mesure de leurs ambitions politiques. Le faste de leur cour, la somptuosité de leur Chapelle attirent les poètes les musiciens de toutes sortes et les meilleurs talents en composition musicale. Le rayonnement de l'école franco-flamande, tant de sa polyphonie religieuse que de sa chanson profane doit beaucoup à la vie de cour des ducs de Bourgogne.
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L'origine du style franco-flamand
Héritier de la polyphonie française dominée par Guillaume de Machaut, le style franco-flamand résulte de la synthèse de deux influences principales :
L'Ars nova italien dont le charme mélodique contribue à simplifier la polyphonie austère et savante des maîtres du Nord. On sait que le jeune Dufay a séjourné en Italie pour parfaire sa connaissance dans l'art de "bien écrire et de bien chanter ".
Combiné avec la sensibilité de la musique anglaise, la fameuse "contenance angloise" qu'évoque le poème de Martin Le Franc, Le Champion des dames (~1440). Il mentionne dans ce poème au sujet de Dufay et de Binchois, qu' "...ils ont nouvelle pratique de faire frisque concordance (...) et ont pris de la contenance angloise, et ensuy Dompstaple ; Pour quoy merveilleuse plaisance rend leur chant joieux et notable.
"
Le poème réfère à John Dunstable (~1390-1453), compositeur anglais d'une grande renommée et qui eut une influence déterminante sur la musique en Europe. On croit qu'il séjourna en France entre 1422 et 1435 alors que les armées anglaises occupent une partie de la France dans le cadre de la guerre de Cent Ans.

La musique anglaise s'exprime dans une sonorité particulière qui résulte de l'emploi systématique d'intervalles de tierces et de sixtes (considérées comme consonances imparfaites sur le continent) ainsi que par une plus grande souplesse dans la mélodie et dans le rythme. Les musiciens anglais généralisent le contrepoint imitatif : l'imitation consiste à reprendre une même motif mélodique et à l'attribuer successivement aux autres voix. Le plus ancien exemple connu, Sumer is Icomin in, ("l'été est venu") date de la fin du XIIIe siècle. Les Italiens reprendront le genre dans la "caccia" ("la chasse") caractéristique de l'Ars nova dans ce pays. Ce procédé donnera naissance au canon et à la fugue.

Dans l'ensemble, la musique anglaise dégage une "douceur angélique" comparée à la musique continentale.
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Le grand essor de la musique franco-flamande s'oriente dans deux directions :

  • La musique religieuse enseignée dans les maîtrises des cathédrales du Nord (Cambrai, Tournai, Bruges, Anvers, etc.)
  • La chanson polyphonique pour les divertissements de la cour des ducs (principalement à la cour de Dijon).
 
Les grands maîtres Guillaume Dufay, près d'un orgue portatif pour symboliser
la musique religieuse, et Gilles Binchois, qui tient une harpe, symbole de la chanson profane.

La diffusion de la grande polyphonie franco-flamande

Le grand épanouissement de la polyphonie franco-flamande s'amorce avec Guillaume Dufay (1400-1474) formé à la maîtrise de Cambrai. À peine formé, il voyage en France et en Italie où il est appelé à la chapelle du pape à Rome. L’œuvre de Dufay ouvre la voie à un renouvellement de la polyphonie. 

  • En épurant les lignes mélodiques de l’excès de l’ornementation de l’Ars subtilior et en donnant plus de rigueur à l’écriture musicale.
  • Il abandonne la stricte isorythmie pour l'emploi de plusieurs rythmes (polyrythmie).

Les musiciens des maîtrises du Nord sont en demande partout, mais c'est l'Italie qui attire surtout les plus talentueux. Les princes et les grands seigneurs, influencés par la cour papale (Avignon puis Rome), veulent donner du faste à leur chapelle et à leur cour. Par ailleurs, le XVe siècle voit un retour à la dévotion religieuse comme le montre la prolifération des chapelles privées dans les cours princières. Ce mécénat privé stimule le développement musical dans toutes les branches du répertoire ainsi que le montre la profusion des motets, des messes polyphoniques qui foisonnent à l'époque.

  • Johannes Ockeghem (~ 1425 - 1497), membre de la chapelle royale de Paris, est l'auteur d'un motet à 36 voix ! Il a en outre composé la première messe de Requiem (pour le repos des morts ) qui nous soit parvenue.
  • LouiseForget,                                                                    https://sites.google.com/site/musiquedelarenaissance/home

L'évolution de la musique religieuse                            les messes et les motets
La messe et le motet constituent les deux formes principales de la musique religieuse. Les musiciens franco-flamands mèneront à son apogée la technique polyphonique héritée de l'époque précédente. Ils enrichissent la polyphonie en développant les procédés du canon et de l'imitation, ils renversent les thèmes, les développent par augmentation ou diminution, font circuler une même ligne mélodique d'une voix à l'autre, etc. 

Les messes

À partir de Dufay, les compositeurs commencent à penser la messe (composée de diverses parties) comme une oeuvre unitaire (l'exemple de Machaut fut une exception au siècle précédent). Une façon de procéder consiste à employer un thème commun pour toutes les parties de la messe. Ce thème est emprunté au répertoire religieux autant que profane. Il devient le cantus firmus. (Le cantus firmus est une ligne mélodique de valeurs longues sur laquelle se construit une polyphonie). Ainsi, la chanson l'Homme armé a servi de cantus firmus à plus de 60 messes. Le thème peut aussi être inventé. Il est entendu que le thème est utilisé pour servir de principe unificateur à l'oeuvre. Cette origine profane finit par irriter les puristes qui profiteront du concile de Trente pour interdire les timbres profanes (1545), ce qui aura pour effet de faire disparaître les messes à cantus firmus.

On distingue la messe à teneur (la plus ancienne). Le thème choisi est exposé à la voix de teneur où il se répète autant que nécessaire. Par la suite, les autres voix reprendront elles aussi le thème avec un traitement plus libre.

La messe paraphrase consiste dans le sectionnement du thème en fragments mélodiques qui servent de bases au développement des autres voix.

La messe "parodie", qui se développera surtout au XVIe siècle, est l'adaptation d'un motif polyphonique du répertoire religieux (ex. un motet) et de le transformer en messe.

Les motets

À partir du XVe siècle le motet prend un sens uniquement religieux. Il s'agit d'un chant en latin qui ne fait pas partie de la liturgie obligatoire, mais qui peut être chanté à l'office. Il retient les 3 voix du motet antérieur, mais ne conserve qu'un seul texte que développeront une voix principale sur laquelle se définiront les deux autres voix, la teneur et la contreteneur. Comme le précise Jacques Chailly, "... il reste une partie vocale sous laquelle évoluent deux parties instrumentales : c'est l'écriture type du XVe siècle, tant dans le motet que dans la chanson". (Dans la chanson les deux autres voix sont confiées aux instruments.) Le matériau initial du motet peut être une mélodie préexistante ou être inventé. Chaque voix entre successivement sur le thème initial à une distance de quarte ou de quinte. Elles entrent en "strette" c'est-à-dire avant que la voix qui les précède n'ait achevé sa phrase. Elles poursuivent ensuite librement pendant que les autre voix entrent à leur tour.

LouiseForget,                                                                                            https://sites.google.com/site/musiquedelarenaissance/home

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