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Publié par J.L.D.

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Manu Dibango, coup d'oeil dans le rétro
Naissait à l'aube des années 1970, la "world music" avec le titre "Soul Makossa" Son auteur, Manu Dibango, est un personnage-clé de la fin du XXe siècle. Que son œuvre soit inégale, c'est une évidence. Parce qu'il ne cherche pas le sans-faute et le succès à tous les coups. Manu Dibango est au moins autant journaliste, anthropologue ou philosophe, que musicien. Sans lui, la "world" aurait sans doute fini par exister : mais au moins cinquante ans plus tard !

Biographie: 

Le 12 décembre 1933 naît à Douala au Cameroun Emmanuel N'Djoké Dibango. Son père est issu de l'ethnie Yabassi, sa mère est douala. Cette différence est importante dans un pays qui vit selon les rites ancestraux. Chez lui, le jeune Manu parle essentiellement le douala. Son père est fonctionnaire. Sa rigueur morale est un exemple pour son fils. Sa religion n'y est sans doute pas étrangère. En effet, les Dibango sont protestants. Le soir, Manu va au temple et sa mère s'occupe de la chorale.

Sa scolarité commence par l'école du village et se poursuit à "l'école des blancs". C'est là qu'il fait l'apprentissage du français. Une fois son certificat réussi, son père veut l'envoyer faire ses études en Europe.

Saint-Calais

Au printemps 1949, le jeune Manu, ravi d'aller à la découverte du monde, effectue un long périple en bateau et accoste à Marseille. Sa famille d'accueil se trouve en réalité à Saint Calais dans la Sarthe, un département de l'ouest de la France. Il est inscrit à l'internat. En 1950, il va au lycée à Chartres, un peu plus au sud. Il y retrouve quelques Africains, généralement des fils de bonne famille. Mais cet environnement lui convient mieux. Il se sent plus à l'aise.

Il fait ses débuts musicaux en grattant d'abord la mandoline, puis en apprenant le piano. Lors d'un séjour dans un centre de colonie réservé aux enfants camerounais résidents en France, il rencontre Francis Bebey, un peu plus âgé que lui, qui est un fan de jazz. Armstrong et Sidney Bechet sont pour lui, les deux figures emblématiques du jazz noir américain. Les deux jeunes gens forment à cette occasion un petit groupe où chacun s'essaie à la pratique de son instrument favori.

C'est à cette époque-là qu'il découvre aussi le saxophone. Il commence à prendre des cours. La musique est un hobby, mais en aucun cas, il ne pense à en faire un métier. Il passe donc la première partie de son baccalauréat à Reims, ville dans laquelle il a trouvé une nouvelle école. L'année scolaire suivante est marquée par son embauche pour les week-ends dans une boîte de nuit locale, le Monaco. S'il pense faire par la suite une école de commerce, son projet tourne court. En effet, il échoue à la seconde partie du baccalauréat. En cette année 1956, son père mécontent, lui coupe les vivres.

Coco

Fin 1956, il décide d'aller tenter sa chance à Bruxelles. Par le biais d'un ami, il est embauché au Tabou, cabaret à la mode dans la capitale belge. Il fait la connaissance d'un mannequin, Coco qui deviendra par la suite sa femme. Malheureusement après une brouille avec le patron du Tabou, il se retrouve au chômage. Quelques semaines après, on lui propose une mini-tournée avec un orchestre sur les bases américaines en Europe. Après un passage au Moulin Rouge d'Ostende et au Scotch d'Anvers, il signe en 1958, un contrat de deux ans au Chat Noir à Charleroi.

En 1960, il est embauché dans une boîte bruxelloise, les Anges noirs que les politiciens et intellectuels zaïrois fréquentent assidûment. En effet, nous sommes dans l'effervescence des négociations d'indépendance et la ville est devenue un carrefour d'influences.

Dans cette atmosphère, Manu Dibango, chef de l'orchestre des Anges noirs, flirte avec la véritable musique africaine. Jusque-là, il jouait essentiellement de la musique pour les Occidentaux, cha cha, tango, variété en tout genre… Le premier contact se fera avec la musique moderne congolaise, déjà très développée. C'est sa rencontre avec le grand Joseph Kabasélé et l'African Jazz qui va tout déclencher et lui ouvrir les portes d'un monde qu'il a oublié. Après plusieurs années d'exil en Europe, Manu Dibango est un musicien nourri au Jazz. Il retrouve le son du continent africain avec Kabasélé. Celui-ci l'embauche comme saxophoniste dans son orchestre. Ensemble, ils enregistrent une quarantaine de morceaux dans un studio à Bruxelles pendant quinze jours. En Afrique, les disques sont bien accueillis et se forgent un beau succès.

Fort de ce bon départ discographique, Manu désire maintenant faire un enregistrement solo. "African soul" mélange jazz, rumba et rythmes latino. Même si le résultat est honorable, Manu ne réussit pas à le faire produire.

Aventure zaïroise

Après ce coup du sort, Kabasélé (toujours lui !) donne une seconde chance au musicien. Il lui propose d'accompagner l'African Jazz en tournée au Zaïre durant le mois d'août 1961. Manu Dibango accepte et s'envole pour Kinshasa avec sa femme. Une fois le contrat rempli, le couple prend en gérance l'Afro-Negro, boîte dont le succès est rapidement assuré. Deux ans après, Manu décide d'ouvrir son propre établissement, le Tam Tam. Il assure la direction de l'orchestre et propose ses propres compositions. Libre de tout contrat, il joue désormais avec qui il veut, étendant ainsi le réseau de ses connaissances. Début 1962, il lance la mode du twist à Kinshasa avec "Twist à Léo". Grand succès.

Après des retrouvailles avec ses parents et l'insistance de son père, Manu décide d'aller s'installer au Cameroun. Fin janvier 1963, il inaugure une boîte à Douala, nommée comme la précédente, le Tam Tam. Pendant six mois, les galères vont s'accumuler, descentes de police, jalousies en tous genres, soucis financiers. Après un passage à Yaoundé, Manu et sa femme Coco reviennent à Paris, fatigués de l'aventure africaine.

Manu Dibango reprend tout à zéro. Sans argent, il est urgent de reprendre la musique. Après un séjour au casino de Saint-Cast en Bretagne, fin 1965, il revient à Paris et se met à courir les cachets. Il est d'abord embauché dans l'orchestre de Dick Rivers, grande vedette des années 1960, puis dans celui de Nino Ferrer où il joue de l'orgue Hammond. Quand Nino Ferrer s'aperçoit que c'est un excellent saxophoniste, il l'emploie comme tel et lui donne même la direction de l'orchestre. Les tournées se succèdent et Manu retrouve un peu de sa superbe musicale.

1972 : "Soul Makossa"

Début 1969, il se sépare du chanteur et signe un premier contrat d'édition avec la compagnie Tutti. À l'automne sort le "Saxy Party" chez Philips. Cet album est constitué de reprises et de compositions personnelles. Le son est délibérément jazzy, renforcé par le travail d'un producteur américain. Ses réels débuts discographiques sont seulement couronnés d'un succès d'estime. Rolande Lecouviour de la firme Decca, prend contact alors avec lui et propose d'enregistrer un second album. Aussitôt dit, aussitôt fait et c'est ainsi que ce disque sans nom lance Manu sur les pistes africaines et notamment camerounaises. Plus dansant, il évoque aussi des faits de société. Le succès africain ravit le musicien qui dorénavant fait de fréquents allers et retours en Afrique.

À l'occasion de la Huitième coupe d'Afrique des Nations, grand événement footballistique qui se déroule à Yaoundé en 1972, Manu compose un hymne dont la face B du 45 tours n'est autre que le plus gros tube africain de tous les temps, "Soul Makossa".

Si dans un premier temps personne ne semble apprécier ce morceau à Yaoundé comme à Paris, quelques Américains en visite chez Decca, embarquent le 45 tours et réussissent à le passer sur les radios. Il est même classé dans certains charts américains. Le décalage entre l'Europe et les États-Unis devient très important et seule, Rolande Lecouviour semble croire à la bonne étoile de Manu qui enregistre un album "O boso" sur lequel on retrouve le fameux titre (qui sera par la suite plagié par Michael Jackson)

Devant l'évidence du succès américain, Decca prend contact avec Atlantic et négocie une tournée d'un mois dans le pays de l'Oncle Sam dont dix jours de représentation au célèbre Appollo d'Harlem. Nous sommes en 1973. Si l'Amérique était un fantasme pour Manu et ses musiciens, elle devient réalité en quelques jours. La notoriété du musicien est importante et son succès, énorme. Les noirs américains voient là l'expression de leur terre originelle.

Les médias français comprennent enfin que cet instrumentiste difficilement classable est un artiste de talent et son passage à Paris à l'Olympia à la fin de l'année 1973 est un triomphe. Il effectue ensuite une grande tournée américaine avec le Fania All Stars, grande "famille" de musiciens et chanteurs latino.

Kingston

Si ses voyages l'amènent le plus souvent à Paris, New York ou Yaoundé, c'est à Abidjan, capitale de la Côte d'Ivoire qu'il pose ses valises en 1975. En effet, il est convié à diriger le nouvel Orchestre de la Radio-télévision Ivoirienne. Il y restera quatre ans.

Alors qu'il vient d'enregistrer "Manu 76", son père meurt à Douala le 13 janvier. Quelques mois après, sa mère à son tour, disparaît alors qu'il se trouve à Abidjan. C'est à peu près à cette époque que Manu et sa femme Coco adoptent la jeune Georgia, fille d'une cousine du musicien.

En 1978, il enregistre l'album "Home Made" avec des musiciens ghanéens et nigérians. Ses contacts avec ces derniers se font au fur et à mesure des allers et retours entre Abidjan et Lagos. Manu y côtoie aussi Fela, le roi de l'Afrobeat. Le succès de cet album assure à Manu une grande notoriété au Nigéria et lui permet de jouer à l'Olympia à Paris, puis de partir pour la Jamaïque.

Il en profite pour enregistrer un nouvel album "Gone clear" avec la participation des célèbres Robbie Shakespeare et Sly Dunbar. La rencontre entre l'Afrique et la Jamaïque inspire Manu Dibango, qui après l'épisode riche, mais éprouvant de l'ORTI, semble vouloir reprendre son souffle et sa respiration.

De retour à Paris en octobre 1979, Manu Dibango s'installe avec femme et enfant dans un appartement près du cimetière du Père-Lachaise. Mais il souffre du mal du pays et fait d'incessants voyages au Cameroun. Fin 1981, il monte un nouveau club à Douala. Mais il le reconnaît lui-même, il n'a pas le sens des affaires. Au bout de six mois, il est obligé de fermer.

1982 : "Waka Juju"

En 1982, sort un nouvel album "Waka Juju", retour à l'"afrosound". On y entend des titres comme "Douala serenade" ou "Ma Marie". Mais Manu est un vieux routier et a l'habitude de s'ouvrir à tous les courants musicaux intéressants. En 1984, déboule le 45 tours "Abele Dance" produit par Martin Messonnier. Étonnant de modernité, mélange de hip-hop et de musique africaine, ce titre est un véritable tube en Europe, en Afrique et à New York et précède de quelque peu l'album "Surtention". Un an plus tard, il enregistre à Paris un nouvel album "Electric Africa". Quelques grandes pointures du jazz sont venues apporter leur contribution : Bill Laswell, Bernie Worrel et surtout le grand Herbie Hancock. S'efforçant de jeter des ponts entre différents courants musicaux, il est souvent là où on ne l'attend pas.

Celui qui est considéré par beaucoup comme le précurseur de la musique africaine "moderne" reçoit le 14 mars 1986 la médaille des Arts et des Lettres par le ministre de la Culture français, Jack Lang. Cette distinction apporte une contribution flatteuse à l'édifice de sa carrière. Il en est très ému.

Son intérêt pour le continent qui l'a vu naître ne s'amenuise pas avec les années. En 1985, il arrange et fait jouer les meilleurs musiciens africains de la place de Paris pour apporter une contribution à l'Éthiopie avec l'opération "Tam tam pour l'Éthiopie".

Sa production discographique est toujours aussi régulière et en 1986, il sort un nouveau disque intitulé "Afrijazzy". Si le continent noir est une inépuisable source d'inspiration, le jazz est une passion très ancienne. Ce disque rappelle "Waka Juju" et fait aussi appel à une grande famille de musiciens comme Ray Lema, Hugh Masekela, Paco Sery, Michel Alibo, Paul Personne, et d'autres encore… Le 10 décembre, Manu présente son nouvel opus au New Morning, club de jazz parisien renommé, devant un parterre d'aficionados.

1990 : "Polysonic"

Le 12 juillet 1988, le Festival des Francofolies de La Rochelle organise un concert intitulé "La fête à Manu". Quelques invités viennent le rejoindre sur scène : Le Forestier, Paul Personne, son ancien "patron" Nino Ferrer, les Congolais N'Zongo Soul et Zao ainsi que ses compatriotes, les Têtes Brûlées. La magie opère et les participants à cette grande rencontre honorent leur hôte avec talent. En décembre un double album live de ce concert est commercialisé, "Happy Reunion".

La décennie suivante commence avec de nombreux projets qui ne tardent pas à se réaliser : en 1990, sort en effet, "Trois kilos de café", autobiographie de Manu, écrite avec Danielle Rouard du Monde, qui permet de faire l'éclairage sur ses débuts parfois difficiles, mais toujours riches d'enseignements, sur la scène musicale franco-africaine. Il publie en même temps le volume un des "Négropolitaines", disque de reprises revues et corrigées, du fameux "Indépendance cha cha" du grand Kallé au "Pata pata" de Myriam Makeba. Fluide, le saxo du grand Manu redonne vie à des morceaux d'anthologie.

Démontrant une fois de plus sa grande adaptation à tous les courants musicaux, le plus grand saxophoniste africain publie en 90, un album original intitulé "Polysonic". Sans perdre de vue ses racines, il joue les sorciers de la musique en concoctant un mélange sonore entre jazz, rap et traditionnel. À presque 60 ans, son ouverture d'esprit lui permet d'aborder toute sorte de rivages.

Son passage en 1991 à Paris dans la célèbre salle de l'Olympia puis au festival du Printemps de Bourges lui donne la possibilité de sortir un enregistrement live "Live 91". Si Manu promène sa grande silhouette sur les scènes françaises et d'ailleurs, il passe aux plateaux de télévision à partir d'octobre. En effet, à cette date, il présente une émission musicale sur la troisième chaîne française, "Salut Manu". Ravi d'avoir une nouvelle corde à son arc, le musicien au vu de sa grande expérience, cherche à lancer de nouveaux talents, conscient qu'il sert pour un certain nombre de référence dans le milieu.

Wakafrica

En 1993, il est récompensé par la Victoire du meilleur album de musique de variétés instrumentales de l'année 1992 (France) pour le deuxième volume des "Négropolitaines".

À l'occasion de son soixantième anniversaire, Manu Dibango sort un disque "Wakafrica ou l'Afrique en route". Projet ambitieux de réunification musicale de l'Afrique, Manu propose de revisiter le patrimoine de la chanson en invitant les ténors Youssou N'Dour, King Sunny Ade, Salif KeitaAngélique KidjoRay Lema et quelques autres. Il se produit ensuite, au Casino de Paris en mai pour une série de concerts.

Infatigable semble être l'adjectif qui convient le mieux au "parrain" camerounais. En 1996, Manu sort un autre album "Lamastabastani". Sa femme décédée subitement en 1995, lui inspire des morceaux nostalgiques. Son saxo si brillant donne vie aux gospels et rhythm'n'blues où quelques nouveaux talents comme le bassiste Willy N'for, la chanteuse Charlotte M'bango et le percussionniste Brice Wassy viennent le soutenir. Ses souvenirs d'enfance aussi remontent à la surface, quand sa mère dirigeait la chorale de l'église.

Depuis le début de sa carrière, Manu a su imposer son style tout en visitant les différents courants musicaux qui pouvaient l'intéresser. "African Soul, the very best of" sort en mars 1997. "Makossa man" comme certains l'appellent depuis 1972 propose ici, une collection de titres qui ont fait sa célébrité.

En 1998, Manu Dibango choisit Saint-Calais pour monter "Soirs au village", un festival consacré aux musiques africaines. Dès sa deuxième édition fin août 1999, ce petit festival confirme son succès en partie dû à l'aspect familial. En effet, les artistes sont reçus comme des amis et le mélange des artistes régionaux et africains fonctionne très bien auprès du public.

2000 : "Mboa'su"

Pour son nouvel album, "Mboa'su", qu'il sort en avril 2000, Manu s'entoure de jeunes artistes, mais aussi de noms confirmés comme Gino Sitson ou Mario Canonge. Le titre de l'album signifie "Chez nous" et illustre l'état d'esprit de l'artiste qui se sent partout chez lui, mais qui par ailleurs, regarde un peu dans le rétroviseur de sa longue carrière. Consacré Camerounais du siècle au début de l'année, en compagnie du footballeur Roger Milla, Manu effectue un vrai retour sur lui-même et vers le Cameroun, sa terre natale. En outre, lors des REMY au mois de mai (Rencontres musicales de Yaoundé), le musicien est fêté comme il se doit.

L'année suivante, le 13 mars, il donne un concert exceptionnel à Paris dans la salle mythique de l'Olympia. Il est accompagné du London Community Gospel Choir dirigé par le Révérend Bazil Meade. Des invités prestigieux viennent apporter leur contribution à ce spectacle unique : le bluesman camerounais Douleur, le crooner congolais Werrason, Kali, Pablo Master, etc.

Quelques semaines plus tard, sort un nouvel album intitulé "Kamer feeling". Accompagné par les chanteuses Ruth Kotto et Koko Ateba, Pablo Master et les pianistes Omar Sosa et Mario Canonge, Manu propose un mélange de reggae, de rap et de rythmes issus de la musique camerounaise, s'éloignant un peu plus du jazz pur, mais gardant quand même son côté swing. Un album enlevé qui peut plaire au plus grand nombre.

Jamais à court d'idées, Manu revient en mai 2002 avec une nouvelle compilation qu'il intitule "B Sides". Elle regroupe des titres enregistrés à l'origine entre 1971 et 1983, et que le musicien revisite avec de nouveaux instruments, marimba et xylophone. On trouve aussi sur ce disque un remix de "Soul fiesta" réalisé en collaboration avec un spécialiste de musique électro, DJ Gilb'R. Manu Dibango donne des concerts depuis le début de l'année avec cette formule instrumentale et s'installe au Café de la Danse à Paris les 18 et 19 avril.

2003 : 30 ans de "Soul Makossa"

2003 est l'année des 30 ans de "Soul Makossa" et de ses 70 ans. Toujours aussi actif, Manu travaille chez lui avec Ray Lema à la recherche du Bantou Beat, cocktail jazzy de groove de l'Afrique centrale. Le 14 mars, il fait son grand retour à Douala, sa ville natale, où il n'avait pas joué depuis 27 ans. Il se produit dans la nouvelle salle de La Pêche à l'invitation des Rencontres internationales des musiques du sud (Rims) accompagné des membres du groupe Macase que produit son fils Michel.

Manu a participé auparavant, le 20 janvier, au premier spectacle  lors du Midem de Cannes de "Gaïa World Event", une création du musicien nantais Alan Simon qui réunit des artistes du monde entier pour sauver la planète et son environnement. Outre Roger Hogson de Supertramp, on retrouve Zucchero, Midnight Oil, Jane BirkinAnggun et Cesaria Evora sur le disque qui sort le 21 mars, jour du printemps.

La veille, il entreprend la première date française du nouveau spectacle qu'il a créé avec son complice Ray Lema. Deux soirées durant, ils partent à la recherche du "Bantou Beat" dans la salle parisienne du New Morning qui affiche complet lors des deux concerts.

En mai 2004, Manu Dibango est nommé Artiste de l’Unesco pour la paix par le Directeur général de l'organisation, Koïchiro Matsuura, "en reconnaissance de sa contribution exceptionnelle au développement des arts, de la paix et du dialogue des cultures dans le monde". Le musicien donne un concert le 27 mai à l'occasion de la cérémonie de nomination au siège de l’Unesco à Paris, juste avant l’ouverture des Journées de l’Afrique.

En octobre, il se produit au Barbican centre à Londres entouré de 13 musiciens, dont une section de cuivres issue de l’Orchestre de la Lune dirigé par Jonathan Handelsman. Trois mille personnes sont présentes dans la salle.

Tous les projets basés sur l'échange et le mélange des cultures intéressent l'artiste. En janvier 2005, il joue sur la scène du Palais Omnisports de Bercy avec l'Orchestre de Paris, dirigé par Laurent Petitgirard, président de la Sacem.

Quelques mois plus tard, inspiré par l'expérience londonienne, il monte un nouvel orchestre, le Maraboutik Big Band et se produit au New Morning à Paris, les 11 mars, le 1er avril et le 12 mai. Hormis son propre répertoire, il s'attaque aux grands standards du jazz, les revisitant façon funk et makossa.

En décembre, le public découvre le nouveau film d’animation du réalisateur français Michel Ocelot, "Kirikou et les bêtes sauvages" La grande majorité de la bande originale est signée nu Dibango.

En septembre de l'année 2006, un DVD intitulé "Manu Dibango et le Soul Makossa Gang" capté en 2005 à l’occasion du Festival Uriage en Voix sort dans les bacs. 

On retrouve le grand homme le 19 décembre 2006 au Petit journal Montparnasse à Paris avec son Maraboutik Big Band pour une soirée intitulée "Bon anniversaire Mr Manu".

2007 : "Manu Dibango joue Sydney Bechet"

Toujours aussi actif, intéressé par tous les genres musicaux, Manu revient à ses amours d'adolescent et sort en mars 2007 "Manu Dibango joue Sydney Bechet", un hommage au compositeur et instrumentiste noir américain originaire de la Nouvelle-Orléans.

En juillet 2007, on découvre une autre facette du compositeur à travers le disque "AfricaVision – Le Cinéma de Manu Dibango" : le CD réunit les musiques de bandes originales de films qu'il a composées entre 1976 et 2004.

Deux projets discographiques se succèdent en 2011 : d’abord en juin "Ballad Emotion", qui réunit une vingtaine de classiques ("What a Wonderful World", "Cry Me a River", "Summertime"…) revisités sous un angle électro jazzy par le saxophoniste ; puis en novembre, l’album "Past Present Future". Ces nouvelles compositions s'accompagnent de nombreux invités comme Pit Baccardi ou Passi. Pour la réalisation, Manu a fait appel au Britannique Wayne Beckford, avec qui il propose une relecture de son tube "Soul Makossa". Qui devient alors "Soul Makossa 2.0"

C'est sur la scène du Casino de Paris, le 17 novembre 2011, qu'il interprète les morceaux de cet album. On le retrouve aussi au Petit Journal Montparnasse à Paris les 7 et 8 février 2012 ainsi que sur plusieurs scènes françaises et étrangères pendant les mois suivants.

Il participe au concert que Yannick Noah donne à Lyon pendant les Nuits de Fourvière le 27 juin.

À l’occasion de ses 80 ans, le vétéran camerounais multiplie les événements : après avoir fêté en avance cet anniversaire en mai par un concert à la mairie de Paris, il s’embarque dans une tournée d’une trentaine de dates qui fait escale dans des festivals de renom (Africajarc, Festival du bout du monde…). Suit un nouvel ouvrage autobiographique, "Balade en saxo : dans les coulisses de ma vie", accompagné par l’album "Balade en saxo" qui propose une relecture de classiques français ("Maladie d’amour", "Le Sud"…) et internationaux ("Killing me Softly With His Song", "Isn’t She Lovely"…).

Les célébrations se poursuivent en 2014, notamment à L’Olympia où la prestation enregistrée fait l’objet d’un DVD, et par trois concerts spécifiques au Musée du Quai Branly - Jacques Chirac. Il participe aussi à l’album du Dany Doriz Big Band, patron d’un des plus anciens clubs de jazz parisien et ami de longue date.

En décembre 2015, quarante ans après son premier passage à l’Apollo Theatre d’Harlem, il remonte sur la scène de ce lieu mythique de la musique afro-américaine à New York. Quelques semaines plus tard, il se produit en Côte d’Ivoire, et poursuit en Allemagne, au Canada… Nommé Grand témoin de la francophonie par l’Organisation internationale de la Francophonie, il est mandaté pour défendre les valeurs de la francophonie aux Jeux olympiques de Rio de Janeiro au Brésil en août 2016, où il joue également avec l’Orchestre national du Brésil.

Honoré en février 2017 d’un Lifetime Award pour l’ensemble de sa carrière qui lui est remis à la cérémonie des Afrima (All Africa Music Awards) organisée au Nigeria, Manu Dibango participe peu après au festival international de jazz du Cap en Afrique du Sud où il collabore avec le saxophoniste mozambicain Moreira Chonguica. Fin 2018, c’est le musicien angolais Bonga qui le fait venir pour jouer ensemble à Luanda.

Pour ses 60 ans de carrière, et ses 85 ans, le saxophoniste imagine un nouveau projet baptisé "Safari symphonique". Une représentation a lieu en juillet 2019 au festival Jazz à Vienne, avec l’Orchestre national de Lyon. Le Camerounais a aussi deux invités spéciales : la Brésilienne Flavia Coelho et l’Ivoirienne Manou Gallo. Dans la salle parisienne du Grand Rex, en octobre, il renouvelle l’expérience, accompagné cette fois par l’Orchestre Lamoureux.

Le 18 mars 2020, le musicien est hospitalisé pour cause de coronavirus, alors que la pandémie se généralise à travers le monde. Le 24, Thierry Durepaire, gérant des éditions musicales de l'artiste annonce le décès de celui-ci. Les réactions sont nombreuses. 

Mars 2020.

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Six décennies après des débuts bruxellois et congolais, le saxophoniste figure toujours à 86 ans l’un des exemples les plus parfaits du métissage des musiques africaines avec le jazz, la soul et la francophonie. Dans l’un de ses éclats de rire désormais légendaires, le plus français des Camerounais annonce cette fois « un safari musical retraçant toutes les influences qui m’ont nourri. Un Safari Symphonique ! ». Poussé au climax par les treize musiciens du Soul Makossa Gang, alangui sur les cordes de l’Orchestre national de Lyon, Papagroove déroule la partition de sa vie entre afro jazz, funk pilipili, vibrations makossa, afrobeat, rumba surannée et un bouquet de madeleines nostalgiques. Invité en 2018 sur l’album de la bassiste Manou Gallo, Manu convie en retour à son safari l’incroyable musicienne d’Abidjan. L’autre invitée de l’infatigable patriarche est Flavia Coelho. La chanteuse native de Rio se balade d’une voix charnelle et joyeuse, parfois enfantine, du forro au ragga sur son troisième album Sonho Real.

Line-up : Manu Dibango (s), Flavia Coehlo (v), Manou Gallo (b), Julien Agazar (k), Raymond Doumbe (b), Patrick Marie-Magdelaine (g), Guy Nwogang (dms), Marie-Line Marolani (v), Isabel Gonzalez (v), Valérie Belinga (v)

Le mot du Directeur Artistique

 

Manu Dibango, précurseur de la « World Music », est né le 12 décembre 1933 à Douala au Cameroun. Il meurt le 24 mars 2020, à Paris, après avoir été contaminé par le Covid-19.

Il est initié très tôt à la musique par sa mère qui s’occupe de la chorale d’un temple protestant. C’est en France, au printemps 1949, qu’il apprend à jouer de la mandoline, du piano et du saxophone. C’est également à cette époque qu’il découvre le jazz et fait ses premières armes dans les cabarets en France puis à Bruxelles.

Au début des années 60, il ouvre son propre club de jazz en Afrique. En 1969, il sort son premier album aux sons très jazzy : « Saxy Party ». En 1973, c’est la déferlante « Soul Makossa ». Ce morceau aux accents très africains était, à l’origine, la face B de l’hymne de la 8ème coupe d’Afrique des Nations. Il devient en quelques mois un succès planétaire. La carrière de Manu Dibango est alors lancée.

De concerts en enregistrements d’albums, Manu Dibango s’enrichit à chacun de ses voyages et à chacune de ses rencontres musicales. Il n’hésite pas à mélanger jazz, musiques africaines ou jamaïcaines au Gospel et au Rythm’n’Blues. C’est la réussite de cette alchimie qui signe son succès.

Fidèle à lui-même, le jazzman se lance à 71 ans dans une nouvelle aventure musicale. Il crée sa propre formation « Le Maraboutik Big Band ». Cet ensemble - composé de 13 musiciens dont une belle section de cuivres - l’accompagne pour une série de concerts.

Novembre 2006 marque la sortie du DVD exceptionnel “Manu Dibango et le Soul Makossa Gang“. Ce DVD comporte un concert Live de plus de 90 minutes et des moments rares d'intimité avec l'artiste, en coulisses, seul, avec ses musiciens ou avec ses amis.

En 2007, Manu revient à ses premières amours, le jazz, en publiant un album hommage au “cousin Sidney Bechet“ : un véritable anti-dépresseur inoculé par des musiciens de haut niveau... Et le 14 juillet 2010, Manu Dibango est fait chevalier de la Légion d'honneur.

Depuis des décennies, derrière son large sourire, Manu Dibango invite à l'unité, la tolérance, l'écoute, l'altruisme, des valeurs universelles qui animent son esprit créatif et déterminent son engagement citoyen.

Discographie

1969 : Saxy Party
1972 : O'Boso
1974 : Super Kumba
1975 : Africadelic
1976 : Manu 76
1979 : Gone Clear
1981 : Ambassador
1982 : Waka Juju
1983 : Soft and Sweet
1983 : Mélodies africaines (vol. 1 et 2)
1984 : Surtension
1986 : Afrijazzy
1987 : Seventies
1989 : Negropolitaines (vol.1)
1990 : Polysonik
1991 : Live 91
1992 : Negropolitaines (vol. 2)
1994 : Wakafrica
1995 : Lamastabastani
1996 : Papa Groove Live 96
1997 : African Soul (compilation)
1998 : Cubafrica
2001 : Kamer Feelin
2002 : B Sides Africajazzy Experience
2003 : Best of Africadelic (compilation)
2007 : Manu joue et chante Sidney Bechet
2011 : Ballad Emotion
2011 : Past Present Future
2013 : Africa Boogie
2013 : Aloko Party
2013 : Lagos Go Slow
2013 : Balade En Saxo

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