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Publié par J.L.D.

Tango (danse) — Wikipédia

Le tango Argentin

Sensuel et magistral à la fois 

 

Le «tango» est une danse sociale et un genre musical rioplatense (c'est-à-dire du Rio de la Plata soit Bueno Aires et Rosario en Argentine et Montevideo en Urugay), né à la fin du xixe siècle.

Comme forme rythmique, il désigne le plus souvent une mesure à deux ou quatre temps plutôt marqués, mais avec un vaste éventail de tempos et de styles rythmiques très différents selon les époques et les orchestres.

Elsa Loupiana 

Le tango
histoire d’une danse et d’une musique

Affiche du Café Riche en 1914. Dessin de Georges Redon.

Inventé en Allemagne, exporté avec succès en Argentine, le bandonéon est devenu l'instrument emblématique du tango. Au programme, Piazzola bien sûr.

Astor Piazzola a élevé la musique d'Argentine (Tango et Milonga) a la hauteur de la musique classique. Ce n’est pas une musique.. C’est une histoire de passion, d’amour, de bonheur, de tristesse. Cet art, c’est la vie..

Les origines noires du tango La communauté noire issue de l' esclavage représente un poids important dans la société portègne du Río de la Plata , tout au long du xix e siècle et jusqu'au début du xx e siècle. La fin du régime de Juan Manuel de Rosas en 1852, régime qui lui était favorable, marque le début du lent déclin de cette population noire dans le Rio de la Plata, jusqu'à sa quasi-disparition de l' Argentine dans le début du xx e siècle. (Cette disparition questionne les historiens : guerres dont les bataillons seront composés d'esclaves noirs et dont peu reviendront, épidémies, rejet croissant des noirs dans la société, métissage, etc. 2 .) Les musiques et les danses de cette communauté noire constitueront l'un des piliers fondamentaux de la genèse du tango. 2 Premièrement, le terme lui-même, tango , qui circule depuis longtemps dans toute l'Amérique atlantique, du golfe du Mexique au Río de la Plata , est peut-être d'origine noire (le terme tambo pour désigner un lieu ou un lieu de réunion existe antérieurement dans la langue quechua). Le terme connaîtra différents sens, qui tous, sont marqués du sceau de l'esclavage, des Noirs et de l' Afrique : En langue kongo , il signifierait « lieu fermé », lieu dans lequel il faut être initié pour entrer et où se pratiquent des rituels et les tambours. Par antonomase , le terme aurait ensuite désigné les tambours eux-mêmes, puis la musique produite par ces tambours 2 . Le négrier appelait tango l'endroit où il parquait les esclaves avant l'embarquement. Plus tard, en Amérique, on appela tango le lieu où on les vendait. Divers sens apparaissent ensuite, comme: le lieu clos où l'on entreposait les tambours, puis enfin: Bailes de tangos : les danses et les jeux de tambours des noirs 2 . En 1788, une autorité de Buenos Aires considère scandaleux « que l'on ait permis depuis quelques années jusqu'à nos jours, à la multitude de Noirs libres et esclaves qui vivent dans cette ville, de se réunir pour faire leurs tambos et danses à l'extérieur de la ville, contrevenant aux lois divines et humaines » (Novati) 2 . À Montevideo en 1806, la municipalité s'énerve contre les "tambos bailes de Negros" , "los Negros con el tango" , et en 1816, à plusieurs reprises : « Se prohiban dentro de la ciudad los bayles conocidos por el nombre de tangos. » Mais, avant la fin du xix e siècle , le tango ne renvoie pas encore à une forme musicale ou dansée définie, mais à des musiques et des danses très diverses, plus au moins ritualisées, pratiquées par les populations d'origine noire. Genèse du tango dansé Au tournant du siècle, dans le Río de la Plata , les danses de salon venues d' Europe , mazurka , scottish , valse … subissent l'influence des Noirs . Danses de Blancs , danses de Noirs, habaneras , s'influencent et s'imitent mutuellement. Parmi elles, Il y a la milonga , qui appartient à cette catégorie de termes au contenu incertain (le terme est aussi d'origine africaine), et qui est aussi à l'origine du tango et dont l'origine se confond avec celui-ci. (Beaucoup d'œuvres intitulées milongas seront rebaptisées plus tard tangos ) R. Lynch Ventura écrit à propos de la forme dansée : « Ce sont les compadritos de la ville qui la dansent; ils l'ont inventée pour se moquer des danses que pratiquent les Noirs dans leurs bals. Elle a la même mesure que la habanera. »(mesure: croche pontée/ double croche/ croche/ croche) Michel Plisson écrit: « Les Noirs [anciens esclaves] empruntent de leurs anciens maîtres les danses de couples que la tradition africaine ignore. Les danses de salons européennes comme la mazurka, la polka se déforment à leur contact car les Noirs les investissent d'éléments culturels qui sont étrangers à ces danses. Le compadrito reprend des Noirs ces formules nouvelles, sans se rendre compte, qu'en se moquant des Noirs, il invente dans la danse des pas nouveaux. Issue des figures du candombe , c'est dans les bas-fonds et les bordels que cette alchimie se produit 2 . » À l'aube du xx e siècle, Tango et milonga sont des danses liées aux bordels . Il y a durant cette époque d'immigration massive, un déséquilibre dans la répartition homme/femme (54%/46%). La concurrence est donc rude et, du fait de la rareté des femmes, et surtout parce qu'il serait inconvenant pour une jeune femme de quitter seule la maison pour le faire, on s'entraîne souvent à danser entre hommes. Le tout sur fond de nostalgie du pays éloigné, de pauvreté, du désir inassouvi. Les accents de cette danse naissante inciteront, à leur tour, les musiciens à modifier les contours de la musique qui accompagne la danse. Dans ces petits orchestres, la guitare et la flûte prédominent, bien avant que ne s'impose progressivement le bandonéon . Le tango émerge de cette alchimie entre, d'un côté, les Noirs qui métissent leurs danses avec les danses européennes de salon, et de l'autre, les Blancs qui se moquent des Noirs en singeant leurs figures. Le tango dansé présente ainsi à cette époque un aspect provocant et insolent qu'il perdra au fur et à mesure de son ascension sociale 2 . On nomme souvent ce style originel du tango dansé, tango canyengue . Ce style caractéristique, révélant les origines noires du tango, est encore revendiqué par certains danseurs aujourd'hui. Il est relativement peu pratiqué en bal, mais régulièrement lors de démonstrations Pour la musique, Michel Plisson s'amuse à résumer ainsi le résultat de ce métissage qu'est le tango : « une rythmique afro , des musiciens italiens jouant sur des instruments allemands des mélodies d' Europe de l'Est avec des paroles qui viennent des zarzuelas espagnoles . » Opposition entre « tango rioplatense » et « tango de salon européen » Attention, en préalable, ne pas confondre "tango estilo de salon" qui est un style particulier du "tango rioplatense" , et "tango de salon européen", sujet du paragraphe suivant. Après la folie du tango en occident dans les années 1920 , le tango originel s'est démodé fortement, mais il s'y est transformé et est devenu une danse importante parmi les danses de salon européennes. Dans les années 1990, lors de la renaissance, en Europe et dans le monde, du tango originel du Rio de la Plata (mais qui, pendant le siècle, a beaucoup évolué, cf. styles historiques du tango ), celui-ci fut qualifié par l'adjonction du qualificatif argentin , pour éviter la confusion et le distinguer du tango de salon , qui, en Europe, fut le plus connu et le plus pratiqué pendant soixante ans, jusque dans les années 1990. En effet, le tango façon danse de salon est un enseignement constitué de figures types (corté, habanera : pas de marche avant-arrière, pas pivoté, promenade, carré, carré déboîté, renversés) qui se succèdent aux pas à la rythmique prédéfinie (Lent et Vite), où les bustes restent relativement fixes, plutôt pratiquée lors de bals dits rétro , parmi les autres danses de salon . Le tango du Rio de la Plata, quant à lui, est une danse qui permet l'improvisation , où aucun pas et aucune séquence ne se répète fondamentalement (les pas de danses se multiplient plus qu'ils ne s'additionnent ), que chaque danseur réinvente, dont les géométries fondamentales de déplacement sont la marche linéaire et le tour, et où les bustes sont plus souples et parfois mobiles. Même si les danseurs « tango de salon » peuvent aussi tronquer et modifier à souhait leurs figures, et qu'ils peuvent aussi le danser de manière plus ou moins improvisée, l'enseignement des deux danses reste fondamentalement différent. À partir des années 2000, avec le développement et le succès mondial du tango « argentin », le qualificatif argentin fut de moins en moins employé dans ce milieu, la confusion étant devenue moins probable avec le tango de salon , mais aussi par respect pour les Uruguayens : en effet, ils ne dansent pas moins le tango que les Argentins , et cette musique fait tout autant partie de leur culture que de celle de leurs voisins argentins. Et, même si la ville de Montevideo est aujourd'hui huit fois moins grande que Buenos Aires (au moment de la genèse du tango, à la fin du xix e siècle, l'écart entre les deux villes n'était pas si important), beaucoup de musiciens importants du tango sont uruguayens, par exemple : La Cumparsita , le tango le plus célèbre et le plus interprété (plus de 1500 interprétations enregistrées) est uruguayen . Francisco Canaro , le chef d'orchestre le plus prolifique du tango (le plus enregistré, et probablement de tout genres confondus dans le monde), était uruguayen . Aujourd'hui, dans le monde, quand on parle du « tango », sans qualificatif, il s'agit le plus souvent du tango rioplatense (de Rio de la Plata ). Ce qualificatif rioplatense n'est que parfois utilisé. On ne met, le plus souvent, plus aucun qualificatif : pour parler du tango du Rio de la Plata, on dit le « tango ». Sinon, pour parler du tango associé aux danses de salon , on dit généralement « tango de salon » . (…à ne pas confondre avec le style tango salon , un style des années 1940 du Rio de la Plata.) Néanmoins, le « tango » dans l'imaginaire collectif européen est encore souvent associé - en totale opposition avec ses origines, à une danse rétro, de salon , voire de cabaret , c'est-à-dire à un type d' énergie de danse très tonique et parfois sec, que les amateurs de tango rioplatense trouvent même parfois guindé ou raide , et qu'ils n'aiment pas beaucoup, car donnant aux gens une fausse image de leur danse, en totale opposition avec ce qu'elle est : le tango rioplatense a toujours été, dans les bals, une danse très fluide, souple, à terre et improvisée.

 

La Milonga

jeudi, mai 28, 2015 Super User Histoire Caminito de tango Reims 

Dès 1870, l’Argentine fait appel à l’immigration Européenne afin de pouvoir assurer son développement économique. Le port de Buenos Aires voit arriver des Italiens, des Espagnols, des Français, des Allemands, des Juifs d’Europe de l’est. Ces nouveaux immigrants se mêleront à la population locale très miséreuse dans des taudis au sud de la ville. Il s’agit de la communauté des paysans et gauchos qui ont quittés la pampa et la communauté des noirs, mulâtres et créoles descendants des anciens esclaves importés le siècle précédant. C’est ainsi que l’on voit apparaître dans ces faubourgs très peuplé, des petits bals improvisé, très humbles.
Le mélange de différents instruments et les pas de plusieurs danses traditionnelles du monde entier vont fusionner avec les rythmes et mélodies des payadores (chanteurs itinérants) et ceux des noirs des orillas (rives du rio de la Plata) pour donner naissance à une nouvelle danse populaire métissée spécifiquement argentine : la milonga

En raison du manque de femmes, 75% de la population est masculine, les hommes dansent entre eux en s’inspirant des leurs danses traditionnelles pour inventer des figures tout en imitant les danses locales et les danses cadencées des noirs, pour finalement donner naissance à la milonga canyengue (cadence en dialecte africain) qui devient ainsi le premier véritable style de tango dansé.

 Le soir les hommes se rendent dans les zones mal famées des faubourg, où ils vont boire, frimer et danser avec les filles de joies au son de vieux piano déglingués ou de petits orchestres improvisés d’un piano, violon et guitare.

Le véritable tango argentin naît ainsi dans des lieux de débauche évoquant le plus souvent la séduction de l’acte sexuel. 

C’est au cours de ces nuits que les premiers milongueros expriment leur virilité, leur machisme, mai saussi parfois, leurs nostalgie d’exil, leur peine de cœur et désirs inassouvis.
Petit à petit ils vont compliquer et codifier les pas simples et rapide de la milonga pour donner naissance au tango orillero, un nouvel art typiquement portègne du pas de deux et de l’abrazo 

 

 

Le tango : histoire d’une danse et d’une musique
Pieds d'un couple de danseurs pendant le championnat du monde de tango argentin à Buenos Aires., © Getty / Willy GS

Par Nathalie Moller

Des bas fonds de Buenos Aires aux riches salons parisiens, le tango est une musique qui se danse aussi bien qu’elle s’interprète. Histoire d’une culture à mille facettes.

Le tango est né à la fin du XIXe siècle, dans la région du Rio de La Plata (l’embouchure de l’Océan Atlantique qui sépare l’Argentine de l’Uruguay). Si on le classe désormais parmi les “danses de salon”, il s’est pourtant développé bien loin des appartements et palais feutrés. Le tango a émergé dans les faubourgs populaires de Buenos Aires, dans les conventillos où s’entasse à la fin du XIXe siècle la population pauvre d’Argentine. Dans les ports et barrios (quartiers), on trouve aussi bien des descendants d’esclaves, des anciens paysans marginalisés par la seconde révolution industrielle, et un grand nombre de travailleurs immigrés européens (espagnols, italiens, français, allemands…) venus tenter leur chance dans ce nouvel eldorado argentin. Pour s’amuser, se divertir ou se rappeler leurs terres d’origine, ces hommes - les femmes ne représentent plus qu’un quart de la population - dansent entre eux, mélangent leurs rythmes, leurs traditions et leurs chants. Et c’est ainsi que naît le tango : dans le barrios populaires de Buenos Aires, teinté d’un drôle de mélange entre habanera cubaine, candombe africain, danse gitane et chanson italienne… 

Si le quartier de La Boca à Buenos Aires est aujourd'hui associé au berceau du tango par (et pour) les touristes, le tango n’est cependant pas né dans un quartier spécifique.

Une danse de mauvais garçon

 Dans ces quartiers de la capitale, les _compadres (_voyous et chefs de bande) font la loi. Ce sont eux aussi qui dansent le tango. Leurs pas et mouvements ne ressemblent toutefois pas encore à ceux que l’on connaît aujourd’hui : ils sont plus rapides, plus suggestifs aussi ; car ce tango des origines est un tango canyengue, un tango canaille exécuté dans les bordels ou bals de rue par les mauvais garçons. Peu à peu la fièvre du tango contamine toute la ville : on le danse dans les bals, les guinguettes, et les premiers Orquestas típicas se forment. Au début du XXe siècle émerge ainsi ce qu’on appellera la Guarda Vieja, interprètes de la première heure, ceux qui vont codifier la musique et la danse et se faire gardiens de la tradition. Les musiciens d’un Orquesta típica (bandonéonistes, violonistes, pianistes et contrebassistes) n’ont alors qu’un seul et unique objectif : faire danser. Entraîner les couples sur la piste de danse. Naissent ainsi quelques-uns des plus grands standards du tango milonguero : El Entrerriano, El Choclo, La Cumparsita… Ces succès ne manquent pas d’installer le tango parmi les danses les plus populaires du Rio de la Plata. 

 La cumparsita a été composée par le musicien uruguayen Gerardo Matos Rodríguez.

Le premier tango à Paris 

Parce qu’il est dansé par les ouvriers et les marins, le tango voyage. Il traverse l’Océan Atlantique pour s’installer dans les cabarets et bordels des ports européens. Cette danse suggestive va même jusqu’à s’installer dans les beaux salons parisiens. Car dans la capitale française, en ce début de XXe siècle, c’est la Belle Époque (pour les plus aisés, du moins) : les bourgeois raffolent de divertissements exotiques ou coquins. 

Adopté par la jeunesse des beaux quartiers parisiens, le tango perd quelque peu de son caractère scandaleux, et ce succès mondain lui ouvre une nouvelle ère : celle, cette fois-ci, d’une danse de salon, d’un art adopté partout et par tous. 

Au même moment, en Argentine, des années 1920 à la décennie 1950, le tango triomphe. Quelques-uns de ses interprètes tels que Carlos Gardel, chanteur disparu tragiquement en 1935 dans un accident d’avion, s’érigent en ambassadeurs de la culture nationale. A Buenos Aires le tango est roi, et gare à celui qui, comme Astor Piazzolla, oserait s’y frotter. 

Affiche du Café Riche en 1914. Dessin de Georges Redon. Affiche du Café Riche en 1914. Dessin de Georges Redon. , © Getty / Apic/RETIRED

Le cas Piazzolla

Le compositeur argentin est né à Mar del Plata, mais il a grandi à New York, dans le quartier de Greenwich Village. Ce ne sont donc pas les Orquestas típicas et les tangos traditionnels de Buenos Aires qui ont bercé son enfance, mais le jazz des clubs de Harlem, le swing de Cab Calloway et de son orchestre.

Ce que Piazzolla a apporté au tango est d’ailleurs comparable à l’histoire des jazzmen. Alors que dans les années 1940-50, les musiciens be bop vont faire de leur musique un genre à part entière : une musique qui s’écoute sans forcément engager de mouvements, Piazzolla, lui, va émanciper le tango des pistes de danse. 

Son tango se fait complexe, varié. Il déconstruit les compas (rythmes) traditionnels, use et abuse du contrepoint, mêle quelques ingrédients du répertoire classique à celui des tangueros, inclut de nouveaux instruments dans l’orchestre (la guitare électrique, notamment)... S’il est d’abord fustigé par les gardiens de la tradition, par les représentants de la Guardia Vieja, Piazzolla finit tout de même par s’imposer parmi les maîtres incontestés du tango ou, plus précisément, du tango nuevo. 

Le tango en déclin 

Pendant que Piazzolla révolutionne l’art du tango et fait jouer cette musique aux accents populaires dans les plus prestigieuses salles de concert, le tango traditionnel, lui, souffre d’un important déclin. Sa sensualité et lascivité ne résistent pas face aux rythmes du jazz et aux mouvements enjoués du swing : la jeunesse argentine s’éprend davantage des nouvelles musiques venus du continent nord-américain que du folklore de leurs aînés. Nombreux orchestres sont dissous, nombreuses tanguerias ferment leurs portes ; c’est toute une part de la culture argentine qui se fait de plus en plus discrète alors que le pays connaît, par ailleurs, une période de graves instabilités politiques. 

Renaissance

Pourtant le tango va ressurgir, revenir au goût du jour. Il suffit de quelques spectacles et nouveaux interprètes pour redonner aux Argentins - et aux Européens - le goût pour cette marche dansante. Au cours de la décennie 1990, les milongas (bals traditionnels) et autres lieux rouvrent leurs portes et les cours de tango se multiplient. 

Côté danse, les interprètes se professionnalisent, puisent quelques pas ou mouvements dans d’autres danses, ou s’essayent à des exécutions plus acrobatiques, plus spectaculaires. Côté musique, le tango s’affranchit et se libère : après le Tango Nuevo de Piazzolla, sa guitare et son bandonéon électrique, place au tango electronico, celui de Malevo ou de Gotan Project. 

Qu’il soit dansé à Buenos Aires, dans le quartier de La Boca, à Paris ou à Tarbes, interprété par un Orquesta típica ou réarrangé par un artiste électronique, le tango conserve toutefois ses deux principaux ingrédients : la séduction et la nostalgie. La séduction s’exprime par un laisser aller, l’un des partenaires qui accepte de se laisser totalement guider par l’autre. Quant à la nostalgie, c’est celle originelle des faubourgs de Buenos Aires, celles des rêves brisés et des ambitions déçues. 

Histoire du Tango

Le tango est né à Buenos Aires à la fin du XIXème siècle, au bord du Rio de la Plata, dans les quartiers populaires de la capitale argentine.

La société de l'époque, issue de l'émigration européenne, écoutait et dansait des habaneras, polkas, mazurkas et des valses. Quant aux noirs, qui représentaient 25 % de la population de Buenos Aires au XIXème siècle, ils dansaient au rythme du candombe, plus marqué par les percussions que par la mélodie.

Origines du Tango

Le tango semble avoir trouvé ses origines dans la habanera hispano-cubaine, véhiculée lors des fréquents contacts marchands entre le port de La Havane à Cuba et celui de Buenos Aires en Argentine.

Au début, le tango est interprété par de petits groupes de musiciens jouant du violon, de la flûte, de la guitare et parfois en utilisant un peigne recouvert de papier à cigarettes en guise d'instrument à vent.
L'instrument mythique, le bandonéon, n'arrivera que plusieurs années plus tard, dans les années 1900, et remplacera peu à peu la flûte.

Dans un premier temps, le Tango se contente d'interpréter des mélodies déjà existantes, ou de leur donner des variantes qui ne sont jamais écrites puisque la plupart de ses interprètes ne savent ni lire ni écrire la musique.
Au bout de quelques années, les premiers tangos écrits ne seront pas signés par leurs auteurs mais par des interprètes qui eux savent écrire des partitions et qui vont profiter de la popularité de certaines oeuvres pour y apposer leur nom et gagner un peu d'argent.

Le mot "tango"

On peut se poser la question sur l'origine du nom même du Tango. La réponse sera bien difficile car chacun vous apportera sa version. On utilisait le mot "tango" au XIXème siècle en Espagne pour désigner un bâton. Le mot existe également dans certains pays africains; il est mentionné dans des documents espagnols pour parler de l'endroit où se réunissaient les esclaves noirs pour faire la fête. Certains disent que le mot proviendrait de l'incapacité des noirs africains à prononcer le mot tambour ou "tambor" en espagnol, et qui se serait transformé en "tango".

L'évolution du Tango

La chose la plus certaine, c'est bien sûr son lieu de naissance. A la fin du XIXème siècle, Buenos Aires est une ville qui vit une expansion démographique très importante, amplifiée par l'émigration en provenance de nombreux pays. Beaucoup d'espagnols et d'italiens, mais aussi une vague d'immigration très importante de d'allemands, de hongrois, d'arabes et de juifs. Tous ces émigrés vont former une classe ouvrière déracinée, pauvre, et avec peu de moyens de communications entre eux en raison de la barrière linguistique, et majoritairement masculine. Les hommes quittaient leur pays en quête de fortune, si bien que la population de Buenos Aires se composaient de 70% d'hommes.

De deux millions d'habitants en 1870, l'Argentine passe à quatre millions 25 ans plus tard. La moitié de cette population se concentre à Buenos Aires où le pourcentage d'étranger atteint 50%. Les Gauchos et les Indiens de l'intérieur du pays viennent aussi gonfler les chiffres.

La mauvaise réputation

On commence à danser le Tango dans des taudis et des lupanars, si bien que la nouvelle danse est vite associée à l'ambiance des bordels vu que les prostituées et les femmes de chambres sont les seules femmes présentes lors de ces réunions. L'univers très masculin de l'époque amène même les hommes à danser entre eux.
D'ailleurs, le Tango est dansé de façon très "corporelle", il est provocateur, explicite; c'est une danse très éloignée des moeurs puritaines de la bonne société de le l'époque.

Peu à peu, des chansons vont venir accompagner le tango. Mais les paroles sont la plupart du temps très obscènes et leurs titres peu équivoques : "Con qué tropieza que no dentra", "Dos sin sacarla", "Siete pulgadas", "Qué polvo con tanto viento"... Nous laissons la traduction à ceux qui maitrisent la langue espagnole. Pour mieux imager nos propos, nous dirons que cette vulgarité se retrouve même dans la fameuse chanson "El Choclo" qui littéralement veut dire "épi de maïs", mais dans un sens très figuré.

Vers les salons mondains

Avant de figurer dans les grands salons de danse du monde occidental, le tango va se transporter depuis son berceau très populaire jusqu'à Paris où il obtiendra ses titres de noblesse.
Mais comment est-il allé jusque là ? Difficile de répondre encore à cette question.

Les jeunes de "bonne famille" de Buenos Aires n'ont pas de scrupules à se rendre dans les quartiers populaires de la ville pour s'amuser, danser, tenter de draguer une jeune fille, une milonguita, qui n'attendait que cela d'ailleurs. Et pour s'approcher de la femme inconnue, rien de mieux que le Tango. Bien sûr, il n'est toujours pas question de danser le tango avec les demoiselles de "bonne famille"; la danse restera donc pendant quelques années dans les quartiers populaires de Buenos Aires.

Le succés parisien

Cependant, les voyages de ces jeunes de bonne famille en Europe, et principalement à Paris, vont être l'élément qui va tout changer. Paris n'est pas seulement la capitale du romantisme et de la mode, c'est une ville d'avant-garde où tout est bon pour y prendre plaisir et se divertir. Dans ce contexte, la danse créée à Buenos Aires n'aura aucune difficulté à s'y montrer, objet de curiosité au départ, puis mode et fureur ensuite.
Paris est la vitrine de l'Europe, de la mode, le berceau de tout ce qui est chic. Le Tango s'est donc répandu très rapidement à toutes les autres grandes capitales européennes.
Il va ensuite revenir à Buenos Aires, dans les salons mondains de cette bourgeoisie fraîchement émancipée de la tutelle espagnole, et désireuse de faire de leur capitale le Paris de l'Amérique.

Mais cette gloire est aussi entachée par le rejet d'une certaine couche de la société puritaine. Des censeurs apparaissent de toute part. Le pape Pie X l'interdit ainsi que l'empereur d'Allemagne à ses officiers. La Revue espagnole "La Ilustración Europea y Americana" juge le tango indécent, fait de gesticulations grotesques et répugnantes, et dont toute personne qui s'estime décente ne pourrait se laisser entraîner par cette danse.
Jugement repris en masse par des journaux anglais, allemands et même français.

Malgré tout, la réaction est tardive et le tango a triomphé. Il y a des robes pour le tango, la couleur tango, des tango thés... le tango est le roi des salons de danse de l'avant guerre.
Puis le Tango a suivi sa progression, donnant plus de place à la chanson où un homme allait l'incarner dans le monde entier: 
Carlos Gardel.

 

SANTA MARIA  GOTAN PROJECT

Hay milonga de amor                                           
Hay temblor de gotán
Este tango es para vos
Argentina
Buenos Aires
Hay milonga de amor
Hay temblor de gotán
Argentina
Buenos Aires
El Puerto de Santa Maria del Buen Ayre
Hay milonga de amor

Este tango es para vos
Argentina
Buenos Aires
Hay milonga de amor
Hay temblor de gotán

Este tango es para vos
Argentina
Buenos Aires
El Puerto de Santa Maria del Buen Ayre

SANTA MARIA GOTAN PROJECT

Il y milonga amour
Il y a des tremblements de gotán
Ce tango est fait pour vous
Argentina
Buenos Aires
Hay milonga amour
Il y a des tremblements de gotán
Argentina
Buenos Aires
Le Port de Santa Maria de la Bonne Ayre,
Hay milonga amour
Ce tango est fait pour vous
Argentina
Buenos Aires
Hay milonga amour
Il y a des tremblements de gotán
Ce tango est fait pour vous
Argentina
Buenos Aires
Le Port de Santa Maria de la Bonne Ayre

Gotan ProjectGotan Project

Initiateur du groupe, le DJ Philippe Cohen-Solal (né en 1962) est issu du cinéma. Dans les années 90, il est conseiller musical (Tavernier, Mikhalkov, Von Trier) et compositeur. On trouve déjà son nom en 1991sur l’une des premières compilations de la French Touch, "P.U.R". En 1999, il travaille avec Pierre Henry dont, sous le nom de Ken Abyss, il remixe le fameux "Psyché Rock". De son côté, le Suisse Christoph H. Müller (né en 1968) manipule les machines depuis son adolescence. Avant de s’installer à Paris, il fait partie de groupes fameux de la scène électro suisse dont Ten Mother Tongues.

1995 : Ya Basta !

En 1995, les deux musiciens se rencontrent à Paris et unissent leur passion des musiques électro et latino-américaines. Ils créent le label Ya Basta! d’après un livre du révolutionnaire mexicain, le sous-commandant Marcos. De 1996 à 2000, ils montent les expériences de Boys from Brazil, PCS Mind Food, Fruit of the Loop ou Stereo Action Unlimited qui préfigurent Gotan Project en fusionnant électro et sons du Brésil.

En 1999, la rencontre avec l’Argentin Eduardo Makaroff (né en 1955) marque le début du travail sur le tango. A Paris depuis 1990, le guitariste et chanteur a comme Cohen-Solal, un passé de compositeur dans le domaine du cinéma et de la télévision en Argentine. A Paris, Makaroff devient chef d’orchestre du Club Tango de la Coupole.

1999 : Gotan Project

En 1999, naît Gotan Project, nom formé à partir du verlan de tango. Le trio trouve dans le tango (mais aussi le milonga ou la chacarera, autres genres musicaux argentins) une musique porteuse selon eux, des mêmes éléments que la musique électronique: des bases percussives qui rappellent les racines africaines de la musique. Ils recherchent aussi une émotion dont l’électro est parfois dénuée. A propos de leur musique, on lira le mot "electrauthentica".

Le noyau historique s’entoure rapidement de musiciens triés sur le volet pour enrichir son travail: les Argentins Gustavo Beytelmann (piano), Nini Flores (bandonéon), Edi Tomassi (percussions), la Danoise Line Kruse (violon) et la Catalane Cristina Vilallonga au chant. Gotan Project sort un premier maxi CD, "El capitalismo Foraneo/Vuelvo al sur" en janvier 2000 sous le label Ya Basta!, distribué dans le monde par la maison de disques française Discograph. Il est tiré à 1.000 exemplaires seulement. En juin 2000, sort le second, "Triptico/Last Tango in Paris". Très vite, le groupe fait parler de lui et reçoit les louanges des meilleurs DJs dont l’Anglo-Suisse Gilles Peterson, et des médias spécialisés.

2001 : "La Revancha del Tango"

En avril 2001, sort avec succès un troisième maxi, "Santa Maria (del Buen Ayre)/Chunga’s revenge". Mais c’est leur premier album qui est très attendu. Il paraît en octobre 2001, distribué en France par Barclay/Universal, sous le nom de "La Revancha del Tango". Les réactions ne se font pas attendre. La presse européenne encense le disque, remarquable par l’élégance et l’érudition musicale de ses créateurs.

Gotan Project cherche aussi sa singularité dans son image. Les trois musiciens apparaissent toujours habillés d’un sombre costume et d’un chapeau à la façon argentine. Sur scène, ils jouent la carte visuelle via des vidéos, des images d’Argentine, parfois politiques, et une mise en scène qui les dévoile petit à petit. Une mise en scène souvent jugée cinématographique.

Gotan Project ne cesse de tourner dans les clubs d’Europe et dans les festivals. Ils sortent très vite du cadre confidentiel. C’est en Italie et au Portugal qu’ils suscitent les premières réactions les plus fortes. Dans ce dernier pays, ils décrochent d’ailleurs leur premier Disque d’or. Au cours de l’hiver 2001-2002, ils font un tour d’Europe. En France, ils font sensation lors de leur passage aux Transmusicales de Rennes en décembre 2001 et au Bataclan de Paris le 8 février 2002.

Enfin, en 2003, Gotan Project attaque une vaste tournée internationale qui traverse le Canada, les Etats-Unis, le Japon, l’Australie, le Brésil. Malheureusement, leur rêve de jouer en Argentine ne voit pas le jour. Cette même année, en février, ils reçoivent le prix "Best Newcomer" aux BBC World Music Awards. Dès 2002, la presse anglaise désigne "La Revencha del tango" comme un des meilleurs albums de l’année. Dans la foulée, le label anglais XL (White Stripes, Prodigy) signe le trio.

En septembre 2004, alors que le premier album atteint les 850.000 ventes, sort dans toute l’Europe "Inspiracion-Espiracion", un projet électronique mené par Philippe Cohen-Solal sous la forme d’une compilation. Mélange de tango, de hip hop et de techno, ce disque rassemble des inédits de Gotan Project mais aussi des chocs inattendus dont, par exemple la country alternative de Calexico ou le standard de Chet Baker, "Round around Midnight". En octobre, Cohen-Solal présente trois sets en Allemagne.

Un second opus n'est pas facile à réaliser quand le premier a eu le succès que l'on sait, un million d'albums vendus. Les membres de Gotan ne changent pas radicalement d'orientation ; ils vont continuer à explorer la richesse du tango. Ils imaginent faire appel au grand percussionniste argentin Domingo Cura qui pourrait apporter une rythmique bien particulière et très appréciée des Gotan. Malheureusement, le musicien meurt brusquement en décembre 2004.

2006 : "Lunático"

Gotan Project continue ses recherches, souhaitant se démarquer du tango electronico du précédent album sans pour autant le mettre totalement de côté. Cela donne finalement un disque dans la même veine mais pourtant différent : "Lunático" sort en avril 2006. Ce titre qui est aussi une des chansons de l'album, est en fait le nom du cheval que possédait Carlos Gardel. On entend d'ailleurs sa voix sur le morceau, façon de rendre hommage à cet artiste emblématique.  

Gotan Project convie sur cet album de fortes personnalités qui viennent donner une dimension tout à fait moderne au tango : le groupe Calexico sur "Amor porteño", Juan Carlos Caceres, admiré par Edouardo, qui avec "Notas" rend hommage aux racines noires du tango. Il y a aussi les rappeurs de Buenos Aires, Koxmoz, sur "Mi confesion", le noir argentin Jimi Santos sur "Domingo" (en hommage à Domingo Cura) ou encore la chanteuse Cristina Vilallonga. Le cinéma lui aussi s'invite sur "Lunático" avec la reprise du thème de "Paris Texas", le film de Wim Wenders. Le premier simple extrait de l'album, s'intitule "Diferente", comme pour accentuer l'impression que Gotan Project veut donner avec ce nouvel album.

Le trio embraye sur une tournée mondiale au début de l’été 2006. Il se produit à l’Olympia, à Paris, à l’Opéra de Vienne et au Hollywood Bowl, à Los Angeles. Le tour du monde dure un an et demi et est couronné par la sortie d’un double album live en 2008 et d’une… nouvelle tournée en fin d’année !

2009 est l’année des projets solos. Eduardo Makaroff s’occupe de son label Mañana et élabore avec Christoph Müller la bande originale du documentaire "El Gaucho", l’histoire d’un dompteur de chevaux argentin. Christoph Müller réussit enfin à boucler un album qui lui tenait à cœur : "Nuevos Sonidos Afro Peruanos", du groupe Radiokijada, qui explore la musique noire de la côte péruvienne. Enfin, Philippe Cohen-Solal va enregistrer aux Etats-Unis, dans le Tennessee, des titres de country et de bluegrass avec des musiciens de Nashville donnant ainsi naissance à "The moonshine sessions".

2010 : "Tango 3.0"

Chacun revient de ses escapades musicales gonflé d’inspiration et Gotan Project se remet au travail : en un mois, les trois musiciens composent vingt morceaux. Leurs préceptes créatifs restent les mêmes : amener le tango ailleurs et l’habiller d’influences diverses en le pimentant par exemple de guitares ou de cuivres. Le fruit de leur travail paraît en avril 2010 sous le nom de "Tango 3.0". "Gloria" en est le premier extrait. On y entend une nouvelle fois chanter Cristina Vilallonga. Plus surprenant, la contribution sur ce titre, du célèbre commentateur de football argentin, Victor Hugo Morales.

Gotan Project lance la tournée de "Tango 3.0" fin avril 2010 en Russie, point de départ d’un ensemble de dates à travers le monde dont une à l'Olympia, à Paris, le 17 mai. Le show qui se veut aussi très visuel avec la projection de films courts, se poursuit en Europe et en Amérique du Nord

Chanteurs et musiciens de Tango

Découvrez ci-dessous une sélection des meilleurs artistes de tango et quelques unes de leurs oeuvres les plus connues :

  • Carlos Gardel : (11/12/1890 - 24/06/1935) chanteur et compositeur de tango argentin - Discographie de Carlos Gardel
  • Astor Piazzolla : (11/03/1921 - 04/07/1992) joueur de bandonéon, compositeur et chef d'orchestre de tango argentin - Discographie de Astor Piazzolla

  • Gotan Project : (1999 - ) groupe franco-suisse-argentin de tango électronique - Discographie de Gotan Project

  • Aníbal Troilo : (11/07/1914 – 18/05/1975) joueur de bandonéon, compositeur et chef d'orchestre de tango argentin - Discographie de Anibal Troilo

  • Roberto Goyeneche : (29/01/1926 - 27/08/1994) chanteur de tango argentin - Discographie de Roberto Goyeneche

  • Adriana Varela : (09/05/1952 - ) chanteuse de tango argentine - Discographie de Adriana Varela

  • Susana Rinaldi : (25/12/1935 - ) actrice et chanteuse de tango argentine - Discographie de Susana Rinaldi

  • Libertad Lamarque : (24/11/1908 - 12/12/2000) actrice et chanteuse de tango argentine - Discographie de Libertad Lamarque

BRÈVE HISTOIRE DU TANGO ARGENTIN

Noël Blandinrépubliquedeslettres.fr
10 novembre 2002

Brève histoire du tango argentin
Histoire du tango
Les origines, 1870 — 1910

Le tango naît sur les rives marécageuses du Rio de la Plata, dans les faubourgs de Buenos Aires (Argentine) et de Montevideo (Uruguay), pendant le dernier quart du XIXe siècle. L'étymologie du mot reste aujourd'hui encore incertaine, les historiens proposant de nombreuses et diverses origines locales ou africaines.

L'Argentine, indépendante depuis 1810, a libéré ses esclaves noirs et unifié ses provinces. Elle se dote d'une capitale, Buenos Aires, et, en 1880, d'une Constitution fédérale. Dès 1870, elle fait appel à l'immigration européenne pour assurer son développement économique. Le port de Buenos Aires voit débarquer plusieurs millions d'immigrants, surtout italiens (notamment des napolitains qui exerceront plus tard une certaine influence sur les mélodies du tango chanté) et espagnols, mais aussi allemands, français, juifs d'Europe de l'Est, etc.

Tous rêvent de faire fortune sur les terres du nouveau monde mais beaucoup d'entre eux vont bientôt perdre leurs illusions. Ils s'entassent à la périphérie sud de la ville dans d'immenses taudis, appelés conventillos, où ils se mêlent à une population locale miséreuse. Celle-ci est composée essentiellement de deux communautés. Celle des anciens paysans et gauchos (gardiens de bétail) qui ont quitté la pampa (campagne argentine), descendants des populations indigènes d'origine amérindienne ou issues des anciens colonisateurs espagnols, et celles des noirs, mulâtres et créoles descendants eux des anciens esclaves importés le siècle précédent d'Afrique noire vers les Antilles, les Caraïbes et toute une partie du continent latino-américain.

Dans les faubourgs qui se peuplent à vue d'oeil, au coin des rues ou dans les patios des conventillos, s'improvisent alors d'humbles petits bals populaires avec quelques instruments de musique — flûte, guitare, parfois mandoline,... — et des pas de danses du monde entier. On danse notamment une version de la habanera, issue de la contradanza espagnole, elle-même issue de la contredanse française (voir par exemple le tango de Markowski, daté de 1854). Importée à Cuba par les colons espagnols et des Français venus de Haïti et de Louisiane, la contradanza est imitée et pastichée par les esclaves noirs et les créoles pour donner naissance à la habanera cubaine, qui elle-même inspirera à la fois le tango et la rumba. Parmi les autres influences européennes du tango naissant, mentionnons entre autres la tarantella et la canzione du sud de l'Italie, la polka, les danses traditionnelles tziganes et yiddish, et même la valse viennoise.

Noël Blandin,républiquedeslettres.fr
10 novembre 2002

Tango de Markowski (1854) reconstitué par D. Filimonov

Stephen Foster - Village Bells (Polka) 1850

Du continent africain, vient le candombé, rythmé par le son des tambours des noirs descendants d'esclaves regroupés dans certains quartiers des rives du Rio de la Plata, les orillas.

Noël Blandinrépubliquedeslettres.fr
10 novembre 2002

Candombé Milonga par le Central Ave Dance Ensemble

Tous ces rythmes, mélodies et pas de danse du monde entier évoluent en se mixant à ceux des payadores, sorte de troubadours criollos, musiciens et chanteurs indigènes qui parcouraient le pays. Leur chant, parfois composé sous forme de joute, se nomme la payada.

Noël Blandinrépubliquedeslettres.fr
10 novembre 2002

Payada (extrait du Martin Fierro de Leopoldo Torre Nilsson

Canción Proletaria du payador anarchiste Socrates Figoli (1906)

S'élabore ainsi, entre 1870 et 1890, une nouvelle danse populaire métissée spécifiquement argentino-uruguayenne: la milonga, qui donnera naissance vers 1890-1900 au tango argentin.

En raison du manque chronique de femmes — 75% de la population est masculine —, les hommes désoeuvrés dansent entre eux. Ils s'inspirent de leurs danses traditionnelles pour inventer de nouvelles figures tout en imitant, pour les pasticher, les danses picaresques locales et surtout les danses cadencées des noirs héritées du candombé africain et de la habanera cubaine. Cela donne la milonga canyengue ("cadence" en dialecte d'origine africaine), qui devient ainsi le premier véritable style de tango dansé.

Le soir, les hommes se rendent dans les lupanars et les bastringues qui fleurissent dans les faubourgs et dans les zones mal famées du port et des abattoirs de Buenos Aires. Ils passent la nuit à boire, à frimer et à danser avec les filles de joie au son de vieux pianos déglingués ou de petits orchestres improvisés avec piano, violon et guitare. C'est dans ces lieux de débauche que naît le tango argentin dansé, à la fois mélange des pas du canyengue et de nouvelles figures chorégraphiques — la coupe (Corte), la cassure (Quebrada), etc. — évoquant le plus souvent la séduction et l'acte sexuel.

Au cours de ces nuits émaillées de querelles, les premiers milongueros (danseurs de tango) expriment leur machisme et leur virilité mais aussi par moments leurs sentiments d'exil et de nostalgie, leurs peines de coeur et leurs désirs inassouvis. Progressivement, ils vont développer, codifier et complexifier les pas assez simples et rapides ainsi que les rythmes plutôt marqués et enjoués de la milonga pour donner naissance au tango orillero, un nouvel art typiquement portègne du pas de deux et de l'abrazo (enlacement) enrichi de figures lascives et de mouvements à connotation sexuelle qui scandalisent la bonne société puritaine du centre-ville.

Coté musique, apparaissent à partir de 1880 les premiers tango-milongas et tango-criollos aux couplets naïfs généralement assez obscènes. Citons quelques titres expressifs: Deux coups sans sortir, Secoue-moi la boutique, Un coup bien tiré, El Queco (Le bordel) ou encore Dame la lata (Donne-moi le jeton, le jeton étant le numéro remis par la mère maquerelle au client qui louait les services d'une prostituée).

Un peu plus tard, autour de 1900, naît un répertoire plus élaboré et précurseur d'un rythme musical plus lent (de 2/4 on passera à 4/8), celui de la Guardia vieja (Vieille Garde), qui compte les premiers grands tangos aujourd'hui encore universellement connus. Parmi eux citons entre autres El Entrerriano, composé en 1897 par le pianiste Rosendo Mendizabal, Don Juan d'Ernesto Ponzio en 1898, ou El Esquinazo (La Sérénade) et El Choclo (L'épi de maïs), écrits respectivement en 1902 et 1903 par le musicien chanteur Angel Villoldo.

La valse criollo, sur un rythme à trois temps, intègre progressivement le répertoire tango. Mixée avec les valses européennes (valse viennoise, valse musette, etc) et dansée sur la mesure des pas de tango, elle donnera à partir des années 1910-1920 la valse dite argentine, ou valse tango.

Noël Blandinrépubliquedeslettres.fr
10 novembre 2002

Les tous premiers mini-orquesta tipica (orchestres typiques) de la Vieille Garde apparaissent sur les estrades dans la première décennie du XXe siècle, introduisant une tonalité musicale plus sombre et plus mélancolique. La danse se codifie petit à petit en générant des figures de plus en plus sophistiquées.

Certains cajetillas, c'est-à-dire des fils de bonne famille tout prêts à s'encanailler pour découvrir les bas-fonds et y séduire éventuellement quelque petite milonguita, commencent à s'approprier la danse et à l'introduire dans les maisons closes bourgeoises du centre ville de Buenos Aires. De l'autre côté du fleuve, à Montevideo, les premières academias, qui deviendront plus tard des salles d'enseignement et de pratique du tango, commencent à fleurir.

Le bandonéon s'impose comme l'instrument majeur du tango et le piano remplace progressivement la guitare. Dans les ports européens, des marins argentins propagent les premières partitions. Selon certaines sources (contestées aujourd'hui), ils laissent notamment derrière eux, lors d'une escale à Marseille en 1906, La Morocha d'Enrique Saborido et El Choclo d'Angel Villoldo. L'année suivante, des producteurs de disques et quelques musiciens de la génération dite de 1910 viennent à Paris pour faire graver les premiers enregistrements de tango. De jeunes bourgeois argentins en voyage à Paris font également connaître cette nouvelle danse dans les milieux parisiens cosmopolites avides de culture exotique et de sensualité latine.

À partir de 1910, quoique jugé indécent et mis à l'index par l'archevêque de Paris, le tango fait fureur dans les salons parisiens à la mode. Une véritable tangomania s'empare bientôt de toute l'Europe.

Noël Blandinrépubliquedeslettres.fr
10 novembre 2002

La Cumparsita de Gerardo Matos Rodriguez (1915)

Milonga Sentimental par le groupe contemporain La Truca

Les origines du Tango à nos jours

Charlotte Millour   www.danserletango.com/histoire 

Au départ le Tango est le patrimoine d’une zone assez limitée

 le Tango est la musique de la région du Rio de la Plata.

rio de la plata - Google Maps

Il est né des 2 côtés du fleuve, à Montevideo et à Buenos Aires entre la fin du XIXème et les débuts du XXème siècle. Il serait né de la réunion des esclaves noirs de ces 2 rives qui dansaient les dimanches et jours fériés au son des musiques venues de la terre de leurs ancêtres. L’Étymologie du mot Tango est rattachée, par les chercheurs Argentins et Uruguayens, à des termes africains: il pourrait se traduire comme « lieu fermé » où se pratiquaient des rituels religieux. Ces rituels étaient accompagnés de rythmes de tambour. Par la suite « Tango » désigna les tambours.

Juan Carlos Caceres (né à Buenos Aires en 1936) a sorti deux albums dans lesquels il part à la recherche des origines noires du Tango (Milonga, Candombe, Murga) en déclarant lui-même : “C’est dans les origines que se trouve la modernité”. TocaTango et Tango Negro sont deux de ses milongas les plus connues et dansées en bal.

Avec la fin de l’esclavagisme qui commençait mi-XIX, les noirs participèrent au carnaval de Buenos Aires. Leur danses et leurs rythmes reçurent le nom de « bailes de Tango ». Tango apparaissait aussi comme synonyme de Candombe, terme qui désigne encore aujourd’hui des rythmes marqués par une forte influence africaine. A Cuba aussi on parlait à l’époque de « rythme de Tango » ou « rythme habanera ». Le terme « Milonga » viendrait lui aussi de l’Afrique et serait antérieur au Tango. 

Le Tango est donc un fond de musique noire. Fin XIXème, de ce métissage Noirs/Blancs, le Tango devint une danse de couple enlacé, torse contre torse et joue contre jour, poignée de mains en bas (au niveau du bassin) et les jambes pliées de manière parfois exagéré, impensable dans la danse des salons bourgeois. C’était alors une musique jouée par des trios ou des quatuors – composés de flûte, violon et guitare – et dansée dans des milieux marginaux, des espaces où la population noire et métisse se réunissait pour danser, des bars où les hommes dansaient entre eux ou avec des femmes à la réputation douteuse: l’immigrant, sans famille, danse dans les faubourgs de la ville – grâce au son délivré par l’orgue de Barbarie – et s’entraîne avec ses compères avant d’aller retrouver une femme dans un lupanar. Aux coins des rues, il était fréquent de voir s’afficher des couples d’hommes dont les démonstrations de danse étaient interrompues par la police.

 

C’est ainsi qu’ El Entrerriano fut composé en 1879 en l’honneur d’un riche client originaire de la province Entre Rios (d’où Entrerriano) ébloui par la vivacité mélodique canyengue « marcher en cadence ». Ce serait le premier Tango sur Record (enregistrement avec droit d’auteur) sorti en 1896. Beaucoup de Tango composés à l’époque sont perdus du fait que peu de compositeurs écrivaient leur partition ou pouvaient rémunérer quelqu’un pour le faire.



Cine Nacional – TANGO 1933 – Ernesto Ponzio ( El Pibe Ernesto ) Juan Carlos Bazan interprètent ” El Entrerriano ” de Mendizabal dans le film “El Cachafaz “, célèbre danseur de Tango (José Ovidio Bianquet, 1885-1942) qui se produisait souvent avec sa compagne Carmen Calderon en vêtement traditionnel gaucho.

En 1870, bien que l’esclavage eut été abolit, la marginalisation des noirs s’est accentuée avec la vague d’immigration des Européens qui devinrent concurrents des noirs sur le marché du travail. Disparus ou marginalisés, les Noirs restèrent présents à travers tous les apports musicaux et chorégraphiques transmis aux Blancs.
Michel Plisson: “Sans l’énorme impact des cultures afro-américaines et le jeu complexe d’attirance/répulsion/domination/soumission entre Blancs et Noirs, le Tango portègne n’aurait pu exister”. La musique n’est jamais un fait isolé: elle participe pleinement de la vie sociale et elle reflète les grandes inflexions. Aussi, tout le processus d’évolution de la musique de Buenos Aires est-il parallèle à l’histoire sociale de cette ville.

C’est ce rythme rapide, allègre et secoué de ses origines qui caractérise le Tango de la Vieille Garde (Guardia Vieja) jusqu’en 1920. Celle qui commença avec El Entrerriano et qui était très liée à la tradition musicale de la campagne. La Milonga Campera existe en Argentine depuis le milieu du XVIIIe siècle: le premier payador dont on se souvient est Santos Vega. Je vous conseille d’écouter José Larralde qui a rendu hommage à ce dernier et dont voici certains albums:
La Guardia Vieja c’est le temps des compositions qui forment le socle du Tango: El Entrerriano de Rosendo Mendizabal (1897) / Don Juan de Ernesto Ponzio (1898) / El Sargento Cabral de Manuel Oscar Campoamor (1er Tango enregistré par la Garde Républicaine de Paris, 1907) / Union Civica de Domingo Santa Cruz (1904) / La Morocha de Enrique Saborido (1905).
Une figure domine à l’époque: le compositeur, pianiste, guitariste, chanteur et parolier Angel Villoldo (1864 – 1919), surnommé le “père du Tango” tant il est prolifique: El Esquinazo (1902), El Portenito (1903), El Choclo (1903). “Avec ce Tango (el Choclo) est né le Tango / Et comme un cri / Il est sorti du quartier sordide / Cherchant le Ciel”. Enrique Discépolo (1901 – 1951)

En 1907, le Tango commence à voyager à Paris – notamment grâce à Alfredo Eusebio Gobbi (1877 – 1938) accompagné de sa femme, la chanteuse chilienne Flora Rodriguez, et Angel Villoldo – étape fondamentale de son internationalisation car elle est considérée, par l’Argentine, comme l’une des capitales culturelles les plus importantes au monde. En 1911, le Figaro affirmait: “ce que nous danserons cet hiver sera le Tango Argentin, une danse gracieuse, ondulante et variée”. La Tangomanie envahit Paris! Son apogée a lieu en 1913 avec les thés-tango, conférences-tango, exposition-tango, champagne-tango, matinée-tango, concerts à la Coupole…. Le Tango touche la mode, les couleurs, les cocktails… Sans compter sur l’éloge “à propos du Tango”, écrit et récité par le poète Jean Richepin devant les 5 Académies de Paris. Le Tango conquiert Londres, Berlin, Moscou, Saint-Pétersbourg, le roi d’Espagne, New-York…

Le Tango revient victorieux de Paris et même de Rome puisque le Pape ne l’a pas condamné. En parallèle, la classe moyenne, enhardie par l’obtention du suffrage universel masculin à bulletins secrets en 1912, investit les lieux de plaisir. Le Tango acquiert ainsi sa reconnaissance sociale: il sort des lieux mal famés pour fréquenter des lieux académiques et des cabarets comme le Royal Pigall dont Juan Maglio “Pacho” compose un Tango en 1913. Le Tango acquiert également ses principales figures et sa codification. Deux danses commencent à exister: le Tango de Salon, dont les figures sont simples avec des appuis sur le temps et les partenaires assez éloignés, et le Tango Milonguero aux figures plus complexes, utilisant les syncopes rythmiques, plus provoquant, plus sensuel et où les partenaires se touchent.

En musique, la syncope est un procédé rythmique: il consiste à démarrer un son sur un temps faible de la mesure ou sur la partie faible d’un temps et à le poursuivre sur le temps fort de la mesure suivante ou bien sur la partie forte du temps suivant. C’est un procédé très employé en jazz.

Les premiers orchestres détrônent les trios et quartettes d’antan. Les musiciens professionnels apportent leur technique, leur culture – tels les napolitains qui apportèrent avec eux un style d’interprétation plus lyrique du violon et une influence mélodique de la chanson napolitaine – donnant naissance à cette beauté mélodique caractéristique du tango argentin. La vague 1910 est l’une des plus fécondes de l’histoire du Tango avec les chefs d’orchestres Francisco Canaro (1888 – 1964) et Roberto Firpo, également pianiste (1884 – 1869) qui contribuent à structurer l’Orchestre Typique.

C’est à cette même période qu’entre en scène le mythique bandonéon, probablement apporté par des immigrants allemands vers les années 1880. Inventé par un certain M. Band, né probablement à Hambourg, le bandonéon n’est rien de moins qu’un orgue portatif à 69 voix. L’instrument s’incorpore rapidement à la musique populaire, intégrant les quatuors (guitare, flûte, violon). L’importance musicale du bandonéon augmente après l’abandon de la flûte. L’arrivée des trios avec piano (imposé par Firpo et qui sédentarise le Tango dans les salles de spectacle du centre), et surtout de la “Orquesta Tipica” lui donne une importance qui n’a jamais été remise en question jusqu’à aujourd’hui.

Au début, le Tango était donc rapide et sautillant: iIl avait ce rythme habanera de 2/4 que permettaient violons, flûtes et guitares. Pour nombre de vieux musiciens, c’est le bandonéon qui initia le son traînant et lié du Tango. Le Tango ralentit alors la cadence pour un quatre temps 4/8 et devient plus triste. Le bandonéon est “la voz del Tango”. Par ses possibilités d’articulation, il est proche de la voix humaine, et comme elle, il peut gémir, crier, être rageur, frémir et en même temps exprimer une douceur extrême ou une plainte lancinante. Il prend en charge la partie rythmique et polyphonique, laissant au violont la partie mélodique. Vicente Greco et Edouardo Arolas ont joué un rôle essentiel à l’ancrage du bandonéon, instrument sans réel héritage: ni maître, ni méthode, ni répertoire… Il fallut tout créer.


En 1916, Roberto Firpo créateur du sextet (2 bandonéons, 2 violons, 1 piano et 1 contrebasse) – formation classique de la Orquesta Tipica – se voit présenter une marche par un jeune uruguayen appelé Gerardo Matos Rodriguez et accepte de l’arranger en Tango. Le résultat donnera La Cumparsita (petite fanfare) qui deviendra le Tango le plus connu au monde, et par décret présidentiel du 2 février 1998, l’hymne populaire et culturel de l’Uruguay. Ce n’est quand 1924 que des paroles furent ajoutées par Enrique Maroni et Pascal Contursi pour l’intégrer à l’un de leur spectacle. La Cumparsita est traditionnellement diffusée – encore aujourd’hui – pour clôturer le bal  (la Milonga).

En 1917, Francisco Canaro systématise la contrebasse qui donne le Tempo. Il représente la tête de file du Tango Traditionnel.

Avec la mort de Angel Villoldo en 1919, se termine l’époque de la Guardia Vieja, marqué par el Choclo en 2/4 et la Cumparsita en 4/8.

En 1920, l’Orquesta Tipica est composé d’une douzaine de musiciens, dont un ou deux chanteurs, en gardant la formation de violons, bandonéons, contrebasse en base. Stimulés par l’engouement pour le bandonéons, les musiciens développent une technique comparable à celle du piano jazz: le jeu est staccato sur un tempo vif. La sonorité est ensorcelante. L’histoire est marquée par les plus grands bandonéonistes tels Eduardo Arolas, Pedro Maffia, Vicente Greco, Pedro Laurenz, Osvaldo Fresedo, Anibal Troilo (qui imposera violoncelle et alto), Leopoldo Federico, Astor Piazzolla, et cetera.

Le Tango qui danse devient le Tango qui pense.

«Pour les Argentins, le tango est un sentiment triste qui se danse. Expression profonde de l’âme populaire, à la fois tendre et violente, cette poésie désespérée est née au début du siècle dans les bas-fonds de Buenos-Aires» Enrique Discépolo.

Charlotte Millour  www.danserletango.com/histoire 

Le tango Argentin

 Par Elsa Loupiana

En langue Kongo, il signifierait « lieu fermé », lieu dans lequel il faut être initié pour entrer et où se pratiquent des rituels et les tambours. Par antonomase, le terme aurait ensuite désigné les tambours eux-mêmes, puis la musique produite par ces tambours.

Le négrier appelait tango l'endroit où il parquait les esclaves avant l'embarquement. Plus tard, en Amérique, on appela tango le lieu où on les vendait. Divers sens apparaissent ensuite, comme: le lieu clos où l'on entreposait les tambours, puis enfin: Bailes de tangos : les danses et les jeux de tambours des noirs.

En 1788, une autorité de Buenos Aires considère scandaleux « que l'on ait permis depuis quelques années jusqu'à nos jours, à la multitude de Noirs libres et esclaves qui vivent dans cette ville, de se réunir pour faire leurs tambos et danses à l'extérieur de la ville, contrevenant aux lois divines et humaines » (Novati).

À Montevideo en 1806, la municipalité s'énerve contre les "tambos bailes de Negros", "los Negros con el tango", et en 1816, à plusieurs reprises : « Se prohiban dentro de la ciudad los bayles conocidos por el nombre de tangos 2.

 Mais, avant la fin du XIX° siècle, le tango ne renvoie pas encore à une forme musicale ou dansée définie, mais à des musiques et des danses très diverses, plus au moins ritualisées, pratiquées par les populations d'origine noire.

Au tournant du siècle, dans le Rio de la Plata, les danses de salon venues d’Europe, mazurkas, scottishs, valses… subissent l'influence des Noirs. Danses de Blancs, danses de Noirs, habaneras, s'influencent et s'imitent mutuellement.

Parmi elles, Il y a la milonga, qui appartient à cette catégorie de termes au contenu incertain (le terme est aussi d'origine africaine), et qui est aussi à l'origine du tango et dont l'origine se confond avec celui-ci. (Beaucoup d'œuvres intitulées milongas seront rebaptisées plus tard tangos) R. Lynch Ventura écrit à propos de la forme dansée : « Ce sont les compadritos de la ville qui la dansent; ils l'ont inventée pour se moquer des danses que pratiquent les Noirs dans leurs bals. Elle a la même mesure que le tambour du Candombe. » (mesure: double croche/ croche/ double croche/ croche/ croche/)

 Le tempo et le rythmes des tangos joués (mais aussi des milongas et des valses) se ré-accélère un peu (globalement), et se diversifie considérablement. Parmi les chefs d'orchestres les plus populaires de l'âge d'or, Anibal Troilo et Osvaldo Pugliese sont unanimement appréciés par les danseurs.

On recense à la fin des années 1940, près de 600 orchestres de tango tournant à plein régime à travers l'Argentine, avec une concentration d'activité sur le grand Buenos Aires (qui compte 5 millions d'habitants au milieu des années 1940).

Gustavo Beytelmann, pianiste et compositeur, raconte que le village de son enfance, Venato Tuerto, comptait à l'époque une demi-douzaine d'orchestres tipica, pour moins de 7 000 habitants.

Les clubs sportifs ouvrent leurs terrains, de football, de basket-ball, aux danseurs : Pujol décrit la piste couverte de Boca Juniors accueillant, en 1941, 15 000 couples.

L’histoire d’une passion

En langue Kongo, il signifierait « lieu fermé », lieu dans lequel il faut être initié pour entrer et où se pratiquent des rituels et les tambours. Par antonomase, le terme aurait ensuite désigné les tambours eux-mêmes, puis la musique produite par ces tambours.

 Le négrier appelait tango l'endroit où il parquait les esclaves avant l'embarquement. Plus tard, en Amérique, on appela tango le lieu où on les vendait. Divers sens apparaissent ensuite, comme: le lieu clos où l'on entreposait les tambours, puis enfin: Bailes de tangos : les danses et les jeux de tambours des noirs.

En 1788, une autorité de Buenos Aires considère scandaleux « que l'on ait permis depuis quelques années jusqu'à nos jours, à la multitude de Noirs libres et esclaves qui vivent dans cette ville, de se réunir pour faire leurs tambos et danses à l'extérieur de la ville, contrevenant aux lois divines et humaines » (Novati).

À Montevideo en 1806, la municipalité s'énerve contre les "tambos bailes de Negros", "los Negros con el tango", et en 1816, à plusieurs reprises : « Se prohiban dentro de la ciudad los bayles conocidos por el nombre de tangos 2.

 Mais, avant la fin du XIX° siècle, le tango ne renvoie pas encore à une forme musicale ou dansée définie, mais à des musiques et des danses très diverses, plus au moins ritualisées, pratiquées par les populations d'origine noire.

Au tournant du siècle, dans le Rio de la Plata, les danses de salon venues d’Europe, mazurkas, scottishs, valses… subissent l'influence des Noirs. Danses de Blancs, danses de Noirs, habaneras, s'influencent et s'imitent mutuellement.

Parmi elles, Il y a la milonga, qui appartient à cette catégorie de termes au contenu incertain (le terme est aussi d'origine africaine), et qui est aussi à l'origine du tango et dont l'origine se confond avec celui-ci. (Beaucoup d'œuvres intitulées milongas seront rebaptisées plus tard tangos) R. Lynch Ventura écrit à propos de la forme dansée : « Ce sont les compadritos de la ville qui la dansent; ils l'ont inventée pour se moquer des danses que pratiquent les Noirs dans leurs bals. Elle a la même mesure que le tambour du Candombe. » (mesure: double croche/ croche/ double croche/ croche/ croche/)

 Le tempo et le rythmes des tangos joués (mais aussi des milongas et des valses) se ré-accélère un peu (globalement), et se diversifie considérablement. Parmi les chefs d'orchestres les plus populaires de l'âge d'or, Anibal Troilo et Osvaldo Pugliese sont unanimement appréciés par les danseurs.

On recense à la fin des années 1940, près de 600 orchestres de tango tournant à plein régime à travers l'Argentine, avec une concentration d'activité sur le grand Buenos Aires (qui compte 5 millions d'habitants au milieu des années 1940).

Gustavo Beytelmann, pianiste et compositeur, raconte que le village de son enfance, Venato Tuerto, comptait à l'époque une demi-douzaine d'orchestres tipica, pour moins de 7 000 habitants.

Les clubs sportifs ouvrent leurs terrains, de football, de basket-ball, aux danseurs : Pujol décrit la piste couverte de Boca Juniors accueillant, en 1941, 15 000 couples. 

Selon certains collectionneurs de tango, le nombre des enregistrements de Francisco Canaro en tant que chefs d'orchestre - entre les différents orchestres qu'il dirigeait simultanément (Tipica, Quinteto Pirincho) - dépasserait celui de Duke Ellington, ce qui ferait de lui l'artiste ayant enregistré le plus de disques au monde de tous les temps. (des milliers d'enregistrement réalisés des années 1910 aux années 1950)

 Le tango se danse à tous les âges, et les maestros de tango se produisent la plupart du temps jusqu'à leur mort. On raconte même, qu'à Buenos Aires, un danseur très âgé s'économisait de marcher et restait en fauteuil roulant, ne se levant que sur la piste du bal pour danser.

Il n'existe pas de pas ou séquence conventionnelle qu'il faudrait reproduire, ou apprendre par cœur. Le « pas de base », dit « salida », est enseigné aux débutants car il a des vertus pédagogiques, mais il est rarement pratiqué en bal : un danseur qui guide sa partenaire n'a pas de raison d'effectuer cette séquence particulière, et il apprend à se déplacer sur la piste sans penser aux pas. Les pas ne forment pas des séquences. Chaque danseur danse selon son propre ressenti. Il n'y a pas, et il n'y a pas lieu d'avoir, d'« école » de tango proprement dite. Deux personnes ayant suivi les mêmes cours, pourront avoir des styles très différents.

Bien qu'il soit une danse d'improvisation, le tango et la milonga au fil de leur histoire sont devenus des danses très structurées. Il n'y a pas de figures mais plutôt des éléments techniques qui portent des noms, et une technique qu'il faut apprendre afin de pouvoir danser au gré de l'interpretation et de façon fluide par la suite, en compagnie du partenaire. Quelques mots suffisent à illustrer le propos: abanico, gancho, boleo, sentada, corridita, traspie, finta, aguja, lapiz, ochos, caminata, base cruzada, ocho cortado, punteo, barrida, bicicleta, enlazado, enrosque… sont autant d'éléments techniques qui peuvent être mélangées au gré de l'imagination des danseurs. C'est donc une technique très structurée, de même que les comportements en milonga, même si de nos jours cette structure souffre de nombreuses libertés. Ces éléments techniques peuvent être pratiqués différemment selon les styles, et c'est là une autre source de richesse du tango: Styles orillero, salon, fantasia, milonguero, canyengue… L'essentiel du tango dansé reste cependant dans l'abrazo, c'est-à-dire la façon de se tenir embrassés et d'évoluer à la fois en harmonie et avec énergie, personnalité et fantaisie. À travers l'abrazo qui transmet l'énergie d'un partenaire à l'autre, c'est l'homme qui propose au travers de marques définies « le terme exact est marcar » et sa partenaire dispose… le guidage est donc le travail de l'homme, même s'il est impossible de tout guider à proprement parler.

Elsa Loupiana 

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