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Publié par J.L.D.

"Vivre pour des idées" 

Leny Escudero, devenu célèbre dans les années 1960 et 1970 avec des titres comme Pour une amourette et Ballade à Sylvie est décédé à 82 ans. Pas de risque que Macron et autres bourgeois lui réservent un hommage. Leny Escudero n'était ni fraudeur, ni flagorneur, ni pseudo "américain". Il était et reste avec les chansons qu'il a composé et chanté, de l'autre monde, celui des poètes et des rebelles.

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Poète militant aux textes doux amer, Leny Escudero s'est inspiré de ses errances à travers le globe pour nourrir son oeuvre comme "Vivre pour des idées" ou encore "La planète des fous". Des ballades plus légères, notamment "Pour une amourette" ont également rencontré le succès.

C'est une Espagne, ravagée par la guerre civile, que quitte la famille Escudero en 1939.
A l'heure du certificat d'études, Leny Escudero , installé dans le quartier populAIRe parisien de Belleville, alterne les "petits boulots", terrassier, carreleur ou encore métreur, jusqu'à sa rencontre avec le directeur artistique, Léo Missir en 1962. L'ascension est fulgurante. "Pour une amourette" le propulse en tête des hits parade.

Loin d'être emporté par la vague yeyée qui déferle en radio, Leny Escudero, un personnage attachant et sensible loin des Cloclo, Johnny et Sylvie, séduit également les médias qui se l'arrachent. Mais indifférent ou presque à cette médiatisation, l'artiste se laisse emporter par ses désirs d'ailleurs. Il entreprend un tour du monde, Orient, Occident, Asie...

Ses illusions perdues, qui s'expriment dorénavant à travers ses textes, sont mises à rude. Refusant la fatalité, à la manière d'un Cervantès il narre sa quête d'idéal, dépassant les railleries.

En 1971, il est récompensé par le prix de l'Académie Charles Cross qui salue "Van Gogh" ou encore "Le vieux Jonathan". Quelques mois plus tard, sa plume fertile donne naissance à "Escudero 71". Se nourrissant des autres, il se produit sur scène pour proposer de nouveaux textes... il chante, donc il écrit "Vivre pour des idées", "Une femme seule", "Merci mon adjudant" ou encore "Le cancre".

Suivent également les albums "La planètes des fous" (1977), "Grand père" (1980) ou encore "Dérives" (1984). .
En 1997, l'artiste, qui inlassablement continue de tisser le fil d'Ariane entre son public et lui, sort " Leny Escudero chante la liberté". Il y reprend des chants militants, "L'affiche rouge" de Louis Aragon, "Le temps des cerises" de Jean-Baptiste Clément, "Les Canus" d'Aristide Bruand, ou encore "Le déserteur" de Boris Vian.

Après la sortie de "Tiers amour" en 1999, le chanteur revient quatre ans plus tard à la faveur d'un DVD sur lequel on le retrouve lors de son passage à Paris au théâtre Dejazet en 1991.

2007 est l'année du grand retour. Et pour cause, le chanteur fête ses quarante ans de carrière. Pour marquer l'évènement sort un Best of : "ItinérAIRe", deux CD comprenant quarante de ses plus grands succès. Une tournée est également organisée. Elle le mène notamment sur la scène parisienne de l'Olympia en avril.

Toujours à fleur de peau, Leny Escudero poursuit sa quête de l'autre pour alimenter ses révoltes et ses "en vies" d'ailleurs ... Un monde en demi teinte pour Leny Eccudero comme il l'interprète en 1980 dans "Royaume perdu", "(...) Mon beau grenier est mort. Trop petit pour mes rêves".

Ses parents, tous deux républicains espagnols, se réfugient en France en 1939 pour fuir la guerre d’Espagne. Après avoir grandi à Mayenne, Leny part vivre à Paris avec son épouse, où il exerce plusieurs métiers pour subvenir à leurs besoins.Il finit par changer de voie en 1957 et devient chanteur. Son premier album éponyme sort en 1962. 

Le succès est au rendez-vous puisqu’il vend plus de deux millions d’albums. La célébrité ne l’intéresse toutefois guère et il décide de mettre sa carrière entre parenthèses pour parcourir le monde. De retour en France, il sort Escudero 71 en 1971. L’album est un immense succès et remporte le grand prix du disque de la chanson française. Ses textes engagés en font l’un des chanteurs phares de l’époque. 

En plus de la chanson, Leny Escudero s’adonne à une autre passion : la comédie. Dès 1964, il participe à des séries télévisées. Il apparaît dans Amigos del martes, le téléfilm Les femmes aussi ont perdu la guerre en 1974 et les sériesDocteur Sylvestre en 1998et Louis la Brocante en 2002. Il décroche également quelques rôles au cinéma dans La Femme flic en 1980, Rouget le Braconnier en 1989 et Le Dénommé en 1990. Après avoir participé à la tournée Âge tendreet têtes de bois en 2007, il prend ses distances avec la scène. 

« On m'a reproché d'avoir un vocabulaire qui ne dépasse pas mille mots. J'ai fait avec ce que j'avais. C'est long de reprendre leurs mots aux riches » - Leny Escudero

Joaquim Leni (dit Leny) Escudero est né (d'un père gitan) le 5 novembre 1932, dans le village navarrais d'Espinal, sur le contrefort des Pyrénées. Ses parents, républicains espagnols et analphabètes, sont contraints de fuir leur pays en 1939. Il conservera toute sa vie l'amère nostalgie du déracinement (évoqué, par exemple, dans « Malenfance »). Il a en effet grandi, dans de rudes conditions, au sein de ce quartier parisien et populaire de Belleville, où la famille d'immigrés s'est installée, alors que le petit garçon n'était âgé que de sept ans. Après avoir obtenu son certificat d'études, il occupe divers petits boulots (d'apprenti métreur à carreleur, en passant par simple man?uvre ou terrassier), mais est également confronté au chômage.

Et la chanson l'emporte dans ses tourbillons, comme un destin à l'antique et un désir irrépressible : il saute le pas en 1957. Il se propose dans tous les cabarets de la rive gauche parisienne ; tous le refusent. Jusqu'à ce qu'un certain Jacques Canetti, grand découvreur de talents devant l'éternel et patron des Trois Baudets, lui propose la scène de son établissement. Il l'occupera trois saisons durant.C'est le directeur artistique Léo Messir (secondé par son épouse), qui lui met le pied de sa carrière à l'étrier du métier : il enregistre son premier disque - « Pour une amourette » (la chanson sera reprise par Danielle Darieux, Michèle Arnaud et... Sarah Vaughan), « Ballade à Sylvie », « Vingt ans après », « Parce que tu lui ressembles » - en 1962. C'est un triomphe (un million deux cent mille exemplaires vendus). Les programmes de télévision raffolent alors de ce contre-emploi, qui rompt avec la vague du twist et des copains d'alors. Dans le contexte, même les grands anciens (Charles Aznavour, Georges Brassens, Gilbert Bécaud) sont ébranlés et Leny Escudero a besoin de toute l'amplitude de sa voix rauque pour se faire entendre.

Après des débuts, certes, à contre-courant de la vagué yéyé d'alors, mais dans le moule d'une certaine tradition romantique de la chanson française, Leny Escudero fuit néanmoins le jeu des apparences, en vogue dans le marché de la musique, afin de s'octroyer des voyages de par le monde, avec ce que cela suppose de rencontres. Il se rend ainsi en Amérique du Sud, puis en Union soviétique, au Moyen-Orient, dans le sud-est asiatique, aux Etats-Unis... à une époque où les voyages ne sont pas aussi coutumiers qu'aujourd'hui.

Tout n'est pas rose tendre dans ces pérégrinations, mais le souvenir de cette école qu'il aide à construire au Bénin (à l'époque où ce Royaume Dan s'appelait Dahomey) longtemps lui réchauffe le c?ur. Entre deux voyages, il fait escale dans les studios, pour remplir les caisses et vider son âme, et enregistre quelques brûlots (« Tant pis pour Verdun »), et des chansons plus positives (« La Vérité », « Garde espoir »).

Son retour à la chanson et à la lutte sociale se fait dans le contexte d'une poésie de combat et humaniste (« Je t'attends à Charonne »). Il doit alors batailler à contre-courant contre une certaine désaffection du public. Mais, en acceptant de se produire dans les salles de province les plus modestes, Leny Escudero parvient peu à peu à reconstituer une audience de fidèles. En 1971, il se voit décerner le prix de l'Académie Charles-Cros (grâce à l'album Escudero 71 et des chanson illuminées, comme « Van Gogh » ou « Le Vieux Jonathan »). Deux ans plus tard, il compose une chanson particulièrement emblématique de sa carrière : « Vivre pour des idées », évocation des combats pour la liberté, en particulier de la guerre d'Espagne. 

En 1974, un nouvel album accueille l'un des non moins synthétiques fleurons de la carrière de Leny Escudero : « Merci mon adjudant », ainsi que le référencé « Le Poing et la rose ». Il tourne également pour le cinéma ou la télévision, lorsqu'on lui confie des rôles - pas vraiment de composition - d'immigré, de militant révolutionnaire ou de gitan. Dans l'album Leny Escudero Chante la Liberté (1997), il interprète les grandes partitions du répertoire insurrectionnel, signées Louis Aragon (« L'Affiche rouge », sur une musique de Léo Ferré), Joseph Kessel et Maurice Druon (« Le Chant des Partisans »), Boris Vian (« Le Déserteur ») ou Jean-Baptiste Clément (« Le Temps des cerises »).

Leny Escudero réside à Giverny, près de Vernon, en Normandie. Il est père de trois enfants. L'un de ses garçons l'a accompagné sur scène durant toute sa carrière, timide vis-à-vis de sa propre carrière, et a mis en musique la plupart de ses textes. Ce sont désormais ses petits-enfants qui l'entourent en concert : le chanteur les appelle sa tribu. En 2013 est publiée son autobiographie, Ma vie n'a pas commencé. L'annonce de sa mort, à l'âge de 82 ans, est faite le 9 octobre 2015.

Ses parents qui fuient le franquisme arrivent en France au moment où la Seconde guerre mondiale éclate. Il a alors sept ans. Il grandit à Belleville. Adulte, il exerce plusieurs métiers manuels (carreleur, cantonnier). A la fin des années 50, tout en continuant à travailler dans le bâtiment, Lény Escudero auditionne dans les cabarets parisiens, sans succès. Il rencontre deux éditeurs de musique, Barnatier et Poggi, qui viennent de créer une école de music-hall à Bobino. Il y chante. Accompagné par un ami à la guitare, il enregistre, sous le nom de Lény Varin, un disque souple qu'il envoie à Jacques Canetti. « Avec un nom pareil, lui dira Canetti, on ne prend pas de pseudonyme ! » Il l'engage aux Trois-Baudets, le fait tourner aux côtés de Raymond Devos et Jacques Brel, en lever de rideau. Un contrat est signé. Canetti, malade, part se reposer pendant un an. A son retour, il retrouve les dirigeants de chez Philips acquis à la « cause » yéyé et s'apprête à quitter la maison de disques. On demande alors à Escudero d'enregistrer des adaptations de succès américains, il refuse : ce sera ses propres chansons ou rien. 

Libéré au bout de trois ans de « frigo » — avec interdiction d'enregistrer ailleurs —, Lény est bientôt découvert par la femme du directeur artistique Léo Missir dans une maison d'édition où il venait essayer de placer ses chansons. Léo Missir l'engage sur le nouveau label, Bel Air. Au mois de mai 1962 paraît son premier super 45 tours sur lequel se trouvent trois succès : Ballade à Sylvie, Pour une amourette, Parce que tu lui ressembles, des ballades romantiques qui contrastent avec l'univers musical dominant en 1962, l'année de la création du mensuel Salut les Copains. Un premier album 25 cm voir le jour au mois de novembre. Accompagné par Paul Mauriat et son orchestre, Escudero enregistre une trentaine de titres pour Bel Air en deux ans. Plusieurs de ses chansons sont reprises : À Malypense (Simone Langlois), Ballade à Sylvie, Pour une amourette (Michèle Arnaud, Danielle Darrieux et... Sarah Vaughan qui en enregistre l'adaptation américaine sous le titre Only). 

Le label Bel Air ayant disparu, Lény Escudero signe alors avec Polydor. Entre 1965 et 1967, il enregistre pas moins de six super 45 tours et 3 33 tours. Peu de succès mais des chansons plus ambitieuses, engagées (Tant pis pour Verdun, Je t'attends à Charonne). Entre temps, il décide de quitter la France et de faire le tour du monde (Afrique, Amérique latine, Israël). Vingt ans avant Balavoine et Berger, il vient en aide aux populations africaines : au cours d'un séjour au Dahomey, il construit une école en pleine brousse. À son retour, il est engagé par Lucien Morisse. Pour AZ, la nouvelle maison de disques que l'animateur d'Europe 1 vient de créer, il enregistre trois super 45 tours, douze chansons où l'on remarque L'an 3000, chanson écologique avant l'heure qu'il réenregistrera par la suite. À la fin des années 60, il est interprété par Juliette Gréco (Je t'attends à Charonne), Pia Colombo (Garde l'espoir). 

À partir de 1970, il enregistre sur le label Riviera (groupe Barclay) plusieurs 45 tours et un album, « Escudero 71 », qui sera récompensé par l'Académie-Charles-Cros. Six ans après, il remonte sur scène (Théâtre de la Gaité-Montparnasse, Théâtre de la Ville, en 1971, Bobino en 1972). Son nouveau répertoire aborde des thèmes plus profonds, ses chansons sont devenues plus théâtrales, plus longues aussi (Van Gogh, Le vieux Jonathan). En 1973, il crée sa propre maison de production, les disques À Malypense, qui seront longtemps distribués par Barclay. Il sort Vivre pour des idées, chanson sur la guerre d'Espagne, reprend L'an 3000. L'année suivante, il chante en duo avec Martine Clémenceau (Le voyage), réorchestre deux de ses anciens succès et crée Le cancre, monologue qui lui vaut un triomphe sur scène, comme, en 1977, Fils d'assassin, charge contre la justice de classe. « La grande farce », l'album qui paraît en 1978 témoigne de son engagement, Lettre au Père Noël, Le suspect, et, surtout, La grande farce, chanson de près de huit minutes dans laquelle, avec une rare violence, Jésus s'en prend à Dieu, à qui il reproche de l'avoir abandonné... Ces dernières années, il chante souvent à Paris (Théâtre de Boulogne-Billancourt en 1975 et 1978, Olympia en 1978, Théâtre d'Orsay en 1979).

En 1979, Lény Escudero fait paraître son premier disque enregistré en public, accompagné par son fils Julian à la guitare et par Michel Godot à l'accordéon, compilation de ses plus fortes chansons de scène. En 1980, il chante au Théâtre de la Gaité-Montparnasse, l'année suivante à l'Olympia. Trois autres albums suivent. En 1984, il décide d'arrêter la scène mais revient sur sa décision. Au printemps 1985, il passe trois semaines au Théâtre de Paris. Il y triomphe et doit prolonger son récital de trois semaines. En 1986, Escudero réenregistre vingt de ses chansons des années 60, sur des arrangements de Roland Romanelli.(«Lény Escudero 1986»)

Au début des années 90, Lény Escudero se fait plus rare. Au mois de mars 1991, il se produit sur la scène du TLP-Déjazet à Paris pour quatre semaines. En 1994, il fait paraître un album avec des nouvelles chansons, « Comme un voyageur secret ».

R. B.

Note : biographie non actualisée (1994).

18 déc 2017

Né à Espinal, dans la province espagnole de Navarre. En 1939, alors qu'il n'a sept ans ses parents, républicains espagnols d’origine gitane, se sont réfugiés en France, en Mayenne puis Paris (voir documentaire ci-dessous)

Léna a exercé différents métiers, comme terrassier et carreleur, avant de devenir une vedette de la chanson avec Pour une amourette, sortie en 1962. Dans les années 2000, il a participé à la tournée « Age tendre » et a triomphé une dernière fois à l’Olympia en 2007.

Communiste convaincu, il n’a jamais totalement accepté les règles du show-business, et a composé au long de sa carrière plusieurs chansons engagées comme Vivre pour des idées ou Je t’attends à Charonne. 

 

Leny Escudero Autoportrait © Juan Alonso
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